lundi 21 décembre 2009

culte du 20 décembre à La Ciotat et du 27 décembre à Aubagne

Juges 131 – à 1631 Luc 1 46 à 55 1 Samuel 2 1 à 10

Le récit de la naissance de Jésus, tel que relaté par Luc, est en lien avec un réseau de récits bibliques mis en forme au 6me siècle AJC.
Dans ce temps de Noël il m’a paru opportun d’apporter quelques éclairages sur l’ancrage de ce récit dans la matrice vétéro testamentaire.
Il y a de cela 3 200 ans, les douze tribus hébraïques, souvent rebelles aux volontés de leur Dieu Yahvé, étaient,en partie ou en totalité , temporairement, dirigée par des chefs de guerre suscités par Yahvé pour tenir à distance les tribus cananéennes ou les Philistins. Le nom de juge leur était attribué.
Le territoire promis aux hébreux du temps de Moïse ne leur revenait jamais en totalité du fait des fautes constamment répétées du peuple élu.
Samson fut l’avant dernier des juges. Son histoire nous est familière.
Morceau de choix des catéchètes qui présentent, sûrs de leur succès, le récit haletant d’un héros biblique pourfendant les ennemis de Dieu, à l’instar des justiciers de tout poil peuplant les livres pour enfants.
Le texte biblique concernant Samson est écrit à la manière d’un conte.
L’auteur manie le miraculeux, l’épique, les conquêtes féminines, les trahisons des siens, la rouerie des femmes, la haine et la vengeance.
Pour clore ce morceau de bravoure, Samson, tel un kamikaze antique, provoque un mémorable massacre dans les populations civiles Philistines.
L’attentat du 11 septembre sur les twin tower n’est pas pire que le massacre des Philistins dans le temple de leur Dieu Dagon.
Cette saga fait furieusement penser à celle d’Héraclès (Hercule pour les romains) citée dès le huitième siècle AJC par Hésiode.
De fait les similitudes entre les deux héros sont troublantes.
Leur naissance est miraculeuse.
Hercule est le fruit des amours de Zeus et d’une femme.
Samson est réservé pour Dieu, il est ce que la bible appelle un nazir.
Les deux héros sont protégés par les dieux.
Héraclès est immortel car il a tété le lait de la déesse Héra épouse de Zeus dont les gouttes échappées aux lèvres goulues de l’enfant ont formé la voie lactée.
Samson lui, est un nazir particulier.
Il est dédié à Dieu, selon la promesse de l’envoyé de Dieu à sa mère, pour toute la durée allant du stade fœtus à sa mort.
Samson et Héraclès ont une force hors du commun, mais aussi un caractère ombrageux conduisant aux pires massacres.
Héraclès tue, entre autres, son maître de musique à coups de cithare sur le crâne puis plus tard sa femme et ses enfants dans un emportement démentiel.
Samson soutient très bien la comparaison, massacrant allégrement en un premier temps 30 Philistins qui ne lui avaient rien fait, puis mille Philistins avec une mâchoire d’âne, sans compter ceux abattus lors des autres combats et pour finir, comme le ferait le pire terroriste islamique, il emporte avec lui dans la mort 3000 personnes.
Les deux héros sont d’effarants séducteurs, leur comportement est débridé avec les femmes, Samson allant jusqu’à fréquenter des prostituées Philistines !
Cette attitude engendre la ruse de la gent féminine à l’encontre de ces mâles violents et infidèles.
Les deux héros ont en commun d’être isolés, ils ne sont pas à la tête de confédérations et d’armées nombreuses.
Les exploits de l’un et l’autre se ressemblent, ils tuent tous deux un lion, c’est pour Hercule le lion de Némée qu’il étouffe dans ses bras et pour Samson un lion qu’il déchire.
Dans les deux cas aucune arme ne leur est nécessaire.
Hercule plante deux colonnes de pierre de part et d’autre du détroit de Gibraltar.
Samson transporte les montants et la porte de l’enceinte entourant Gaza au sommet de la montagne située en face d’Hébron.
Leur mort à tous deux est brutale et induite par une femme.
Héraclés, la peau brûlée par une tunique empoisonnée remise par sa dernière épouse Déjanire, s’immole sur un bûcher.
Samson les yeux crevés, suite aux défis de Dalila, se laisse ensevelir par les pierres dont il a induit la chute.
Bien entendu cette similitude dans les deux récits épiques n’est pas fortuite, l’histoire de Samson est inspirée par celle d’Héraclès.

Le livre des Juges et les autres textes historiques qui le précèdent ou le suivent, Josué, Samuel 1 et 2, Rois, Chroniques 1 et 2, ont été écrits lors de l’exil des juifs à Babylone.
Bien évidemment le peuple déporté, humilié et asservi ne pouvait qu’apprécier un récit flattant son rêve de revanche.
Mais à bien regarder, Samson est un nazir peu orthodoxe.
Il est bizarrement voué au naziréat dès le ventre de sa mère et c’est sa mère qui doit s’abstenir de respecter les principes alimentaires imposés aux nazirs.
Dans Nombres 6, Dieu indique à Moïse ce qu’est un nazir et ce que celui-ci doit faire « Pendant tous les jours de son vœu de naziréat le rasoir ne passera pas sur sa tête…. il sera saint.
Pendant tous les jours qu’il a mis à part pour le seigneur il ne s’approchera pas d’un mort, il ne se rendra pas impur car il porte sur la tête un signe de mise à part pour son Dieu »
Le texte de Lévitique 19 indique comment Dieu veut être servi, il apporte des précisions sur ce que signifie la sainteté.
Il y est dit, en particulier, « tu ne te vengeras pas, tu aimeras ton prochain comme toi-même »
Samson ne cesse de transgresser les devoirs de sainteté, et il le sait d’ailleurs, comme en témoigne cette réflexion suscitée par le massacre de sa femme par les Philistins relatée en Juge 15 : « cette fois ci je ne serai pas coupable envers les Philistins si je leur fait du mal »
Autrement dit avant j’étais coupable.
Comment ne le serait il pas, un nazir doit rester pur, c'est-à-dire ne pas se souiller par le sang, ne pas toucher un cadavre, ne pas s’approcher d’un mort, ne pas fréquenter les prostitués, ne pas tromper par des mensonges avérés …
Samson ne communique pas avec Dieu, sauf dans le péril extrême, pour échapper à la mort par déshydratation par exemple ou retrouver de la force pour assouvir sa vengeance.
Se venger, il ne songe qu’à cela, le sort du peuple d’Israël ne le préoccupe pas.
Il joue avec les femmes dans un rapport sado masochiste et leur ment sans cesse.
Il se croit en effet invulnérable, puisque Dieu a annoncé à sa mère qu’il serait nazir du ventre maternel, jusqu’à la mort.
Mais à ce jeu, Dieu perd patience, reprend sa promesse et l’abandonne « Samson ne savait pas que Dieu s’était retiré de lui » (Juge 16 21)
Triste histoire d’une confiance trahie, pervertie.
Samson est le symbole de ce peuple au cou raide qui sans cesse oublie et renie son Dieu, s’abandonne aux pires excès et adore les dieux Baal et autres Astarté.
C’est seulement quand la situation est désespérée qu’Israël appelle au secours.
La petite troupe des juifs exilée à Babylone cherche elle aussi, désespérément, l’énergie pour demeurer le peuple nazir.
Mais Dieu, ne serait il pas lassé ? Le temple est détruit, les hébreux sont dispersés, déjà la plupart de ceux demeurés en Judée s’’intégrent à la population victorieuse et adoptent le culte des idoles païennes.
Le texte relatant l’histoire de Samson est ainsi écrit dans l’angoisse.
Il y a toutefois un joyau inséré dans ce récit, un joyau qui parle d’espérance en un renouveau.
C’est l’épisode concernant le combat de Samson avec un fauve.
Samson, lui, n’a tiré aucun enseignement de la péripétie du combat avec un jeune lion, il y trouve seulement l’occasion de poser une énigme aux Philistins, invités à son mariage, afin de leur chercher querelle.
Tentons de pallier à cette lacune.
Samson est de la tribu de Dan et selon Moïse « Dan est un jeune lion qui s’élance sur Basan » Deut 33.
Ainsi le jeune lion déchiré par Samson symbolise la tribu à laquelle appartient Samson.
Cette tribu habitait alors le sud d’Israël dans un pays coincé entre la Palestine des Philistins et le territoire de la tribu de Juda.
La tribu de Dan, en grande difficulté, comme le relate le dernier chapitre du livre des Juges, dut s’exiler vers le Nord près du Golan Syrien
La tribu, dès lors, devint si négligeable qu’elle disparut de la liste des tribus citées dans les généalogies dressées dans les chroniques (1 Chr 2-9).
Dan devint une tribu morte.
C’est dans la dépouille du lion, ou du peuple de Dan si vous préférez, que s’installent les abeilles.
En hébreux, abeille se dit Dbure issu du de la racine Dbr signifiant la parole. Or Yahvé crée par la parole, le souffle.
L’abeille purifie par le feu de son dard et ouvre l’accès à l’intelligence par son rapport au soleil qui la guide, elle assure la félicité par la douceur de son miel.
La terre promise est supposée ruisseler de miel.
Ainsi Dieu pose un signe.
De la force aveugle de Samson, sur sa dépouille ensevelie sous les pierres, naîtra par la volonté de Dieu, un nazir conduisant enfin à la félicité un peuple réconcilié avec son Dieu.
Effectivement, après la mort de Samson, un prophète, cette fois exemplaire, surgit. Il s’agit de Samuel, lui aussi né miraculeusement d’une femme stérile.
Sa mère Anne le consacre comme nazir.
Prosternée devant Dieu elle prie, (1 Samuel 2 1 à 10), le texte de cette oraison est magnifique, la prière de Marie (Luc 1 46 à 55) en reprendra les thèmes
« Le seigneur fait mourir et il fait vivre, il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter. C’est le seigneur qui rend pauvre ou riche, c’est lui qui abaisse et qui élève. De la poussière il relève le faible, du fumier il élève le pauvre pour les faire asseoir avec les nobles.. »
Samuel était agréable au seigneur aussi bien qu’aux hommes.
Samuel attentif à l’interpellation de son Dieu exprime son attente par cette exclamation célèbre : « Parle ! Moi, ton serviteur, j’écoute »
Ainsi en prise directe avec Dieu, Samuel, dés qu’il devint juge sur tout Israël, obtint la victoire puis la paix avec les Philistins.
Samuel, l’inspiré est l’opposé parfait de Samson.
Samson échoue malgré sa force inouïe et son élection.
Il doit cet échec à un esprit de vengeance étroit, un égo surdéveloppé, et une quasi absence de relation avec Dieu et les 12 tribus juives. Samuel réussit grâce ; à la relation permanente qu’il entretient avec Dieu et à la quête de sainteté régissant ses comportements.
Il assura son rôle de Juge sur les douze tribus réconciliées et institua la royauté en oignant les deux premiers rois d’Israël, Saül puis David.
Samuel est ainsi le prophète qui assure l’instauration d’une ère nouvelle pour Israël : le temps des rois.
Mais notez bien que Samuel refuse la royauté, c’est Dieu qui lui impose de oindre les rois « écoute le peuple, ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, ils ne veulent plus que je sois roi sur eux ».
Avant de mourir, Samuel une dernière fois exprimera son désaccord « ainsi vous verrez bien que vous avez très mal agis au yeux du seigneur en demandant un roi » (1 Sam 12 17)
Si le règne des rois David et Salomon représente pour les Juifs la période bénie de leur histoire, il n’en reste pas moins que la confiscation du pouvoir, y compris religieux par une lignée royale est une régression par rapport au type de relation directe que les Hébreux pratiquaient auparavant avec leur Dieu.
Le rêve de Samuel, ce n’est pas la royauté, c’est une relation étroite de tous les membres du peuple avec un Dieu qui règne sur leur cœur.

Le tandem des nazirs Samson et Samuel est homologue à celui constitué par Jean le baptiste et Jésus.
L’évangile de Luc présente l’histoire de Jean et Jésus selon les règles de l’historiographie antique déjà utilisées par les Juifs exilés à Babylone et les narrateurs des légendes Grecques.
Il ne cherche pas plus que les rédacteurs du sixième siècle AJC à faire œuvre d’historien.
La naissance de Jean et Jésus est miraculeuse comme celle de Samson et Samuel.
Les mères de Samuel et de Jésus prient de façon semblable, la prière d’Anne et le magnificat de Marie sont d’une très grande proximité.
Jean et Samson sont les représentants d’une époque révolue, ils introduisent tous deux à un stade nouveau envisagé par Samuel et réalisé par Jésus.
Luc au chapitre 4 de son évangile relate la lecture par Jésus, dans la synagogue de Nazareth, du texte de Esaie 61 « l’esprit du seigneur est sur moi, parce qu’il m’a conféré l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le retour à la vue, pour renvoyer libre les opprimés. Jésus roula le livre et il se mit à leur dire : aujourd’hui cette écriture que vous venez d’entendre est accomplie »
Jésus comme il est dit en Luc 1 32 sera grand, il sera appelé fils du très haut et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père.
Jésus est ainsi enraciné dans la royauté Davidique selon les récits prophétiques.
Seul parmi les 4 évangélistes, Luc selon ses propres termes, manifeste sa volonté d’ordonner les événements dès le premier chapitre de son évangile
« il m’a paru bon, à moi aussi, après m’être soigneusement informé de tout à partir des origines, d’en écrire pour toi, un récit ordonné ».
Luc a la conviction que le salut ne se dit pas hors de l’histoire.
C’est pourquoi je vous ai invité ce matin à explorer les livres anciens. Entre les lignes de leurs textes s’insinuent les racines d’une semence qui prendra une dimension inouïe.
Cette semence, c’est un bébé dans le plus complet dénuement veillé par les plus misérables des hommes, les bergers.
Comme le dit Luc, ceci est pour vous un signe.

Une ère nouvelle, comparable à celle inaugurée par David le grand roi, est instaurée par Jésus.
Jésus accompli bien mieux encore, il réalise le rêve de Samuel, où, chaque homme est saisi par la parole agissante de son Dieu, proche comme il fut proche de Samuel, agissant comme il le fut chaque foi que Samuel l’appela.
Je vois très bien Samuel, ce nazir si dépité de devoir oindre des rois, exulter à l’unisson de Siméon criant sa joie « maintenant Maître tu laisses ton esclave s’en aller en paix selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, celui que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour la révélation aux nations et gloire de ton peuple, Israël » (Luc 2 29 à 32).
En ces temps de Noël, il m’est apparu intéressant de vous faire partager ma recherche sur les derniers Juges, car elle éclaire d’un jour particulier le récit de la naissance de Jésus rédigée par Luc.
La quête du peuple élu dure depuis 4000 ans et soulève l’admiration.
Le sursaut des juifs déportés durant l’exil à Babylone est miraculeux; des hommes inspirés ont déployé un enthousiasme hors du commun pour mettre en forme les traditions orales et écrites afin de communiquer la foi qui les anime.
Ils ont ordonnés leurs informations, puis ils ont rédigé et diffusé.
Six cents ans plus tard, le même enthousiasme induit chez Luc la même envie de faire partager ce qui le fait vivre.
La forme littéraire est au service de son désir de nous faire comprendre, par les voies du cœur l’action de notre Dieu, il utilise pour ce faire le miraculeux, le merveilleux, l’invraisemblable.
Mais tout était déjà indiqué, préparé dans les écrits relatant cette histoire que le peuple juif tisse avec son Dieu.
Si la transcription, par Luc, des relations entre Dieu et les hommes n’est pas scrupuleusement historique, et il s’en faut de beaucoup, il n’en reste pas moins que l’émotion nous saisi toujours à leur écoute et en particulier à celle de la naissance du sauveur.
En ce temps de Noël laissons-nous imprégner par l’espérance merveilleuse suscitée par un petit enfant vagissant entouré par les plus pauvres, mais aussi les plus savants.
Tout doit se taire pour donner place à notre prière et notre jubilation au plus profond de la nuit, de notre nuit.

samedi 24 octobre 2009

culte du 25 octobre 2009 Aubagne

Prédication sur Marc 10 versets 46 à 52

Au cours de la liturgie nous avons lu divers textes qui appartiennent tous au chapitre 10 de l’évangile de Marc.
Il est en effet nécessaire pour analyser le texte du jour de bien comprendre les circonstances qui entourent le récit.
Jésus est à Jéricho ou plus précisément sort de Jéricho.
Comme le font habituellement les nombreux juifs de Galilée qui se rendent à Jérusalem pour la Pâque, il a fait halte, pour la nuit, dans la cité des palmiers, sur les rives du Jourdain, afin d’aborder, dès l’aube suivante, un dur cheminement d’une dizaine d’heures à travers le désert de Judée.
Il est certainement très tôt, le départ se fait à l’aube.
Jésus n’a pas passé une nuit apaisée, pour la troisième fois il vient d’apprendre à des disciples, bien lents à comprendre, le sort qui sera le sien.
Je monte à Jérusalem, je serai condamné à mort puis je me relèverai au terme d’une période de trois jours.
Les 12 sont effrayés, apeurés et essaient dans leur désarroi d’obtenir des avantages.
Il en est ainsi pour Jean et Jacques, complètement décalés, demandant des places privilégiées aux côtés d’un Jésus qu’ils imaginent déjà en majesté.
Rabroués les fils de Zébédée apprennent de la bouche de leur rabbi que parmi les disciples ceux qui veulent être les premier seront les esclaves de tous.
Quant à la gloire de Jésus elle n’est pas celle attendue par la foule, Jésus ne cesse d’affirmer qu’il ne vient pas pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude.
Ce n’est en rien l’attitude du messie tout puissant espéré par la foule.
Cette foule rêve d’un messie capable de galvaniser les juifs dans leur lutte contre l’occupant.
Elle rêve d’un prophète et d’un roi réinstaurant le peuple élu dans sa primauté spirituelle.
Mais Jésus, en dépit des aspirations des siens, sort de Jéricho.
Marc habilement signale par un « ils » pluriel que tous sont d’accord pour venir à Jéricho, mais pour en sortir, en prenant le chemin de la montagne vers Jérusalem, c’est un « il » au singulier qui est utilisé.
Il sort de Jéricho, c’est là la décision de Jésus, c’est pourquoi ce Jésus là marche seul, suivi à distance par les disciples.
Les disciples savent maintenant ce qui les attend ils n’ont aucune envie de poursuivre leur route, ils trainent les pieds derrière un Jésus qui les bouscule.
Mais, ils suivent encore car ils ont été appelés, remémorez vous le texte de Marc 1 19,
« Il vit jacques fils de Zébédée et Jean son frère qui étaient assis dans le bateau à réparer les filets. Aussitôt il les appela et ils s’en allèrent à la suite »
La force d’attraction qui les relie à Christ les dépasse, ce ne sont pas eux qui ont adhéré à Christ, c’est lui qui les a choisis.
Il émane de cet homme investi par Dieu une force invincible.
C’est cette force là qui renversera Paul de son cheval sur le chemin de Damas.
Mais pour le moment Jésus chemine seul suivi par une troupe de fidèles, bien sûr il récite en sa tête le psaume 121 et pourquoi pas, le chante pour galvaniser les siens.
« Je lève les yeux vers les montagnes, d’où me viendra le secours ? Celui qui te garde ne sommeille pas »
La montagne qui se dresse à l’horizon, c’est celle de la tentation où 40 jours durant le diable le défia.
Il avait engrangé là sa première victoire.
Mais il avait renoncé, pour régner, à la puissance, à la magie, à la compromission.
Cette renonciation aux moyens ordinaires, pour triompher dans ce monde, allait le conduire à l’amer parcours de la passion balisé par l’ignominie de la croix.

Dans le tumulte des pensées de Jésus, un mendiant appelle, qui est-il ?
Curieusement Marc, contrairement à Mathieu et Luc, donne un nom à cet aveugle : Bartimée, le fils de Timée précise t’il pour des lecteurs non juifs très certainement hellénistes convertis.
Or Timée est le nom d’une œuvre de Platon célèbre écrite en -358.
Elle décrit la genèse du monde physique et de l’homme. Ce nom, Timée est d’origine Grecque.
Ainsi les lecteurs de l’évangile de Marc se reconnaissent évidemment en cet aveugle.
Eux aussi baignent dans une culture nourrie par la philosophie Grecque.
Eux aussi connaissent la cécité des peuples non élus
Une guérison de l’organe de la vision les concerne au premier chef, comme elle nous concerne aussi, car aveugle nous sommes si nous ne nous laissons pas saisir par les paroles du Christ.
Quand Paul tomba à terre ses yeux ne voyaient plus.
Ce membre d’un peuple élu avait perdu tout discernement et n’était plus qu’un handicapé que l’on prend par la main comme Bartimée.
Pendant l’espace de temps de la passion de Christ, 3 jours, Saül fut comme une chrysalide dans un cocon.
Aveugle, certes, mais en transformation intérieure.
La nouvelle énergie accumulée dans cette noire passion lui permet de jaillir, renouvelé par un baptême qui ôte le voile obstruant ses yeux.
Il peut alors rejeter les défroques d’une croyance obsolète, il est nu, débarrassé des oripeaux entravant ses mouvements

Avoir un nom, c’est être une personne.
Bartimée est une personne décidée.
Au petit matin il s’est déplacé à la sortie de Jéricho et hèle les passants pour obtenir de quoi subsister, assis, comme tous les mendiants qui se font tout petit.
Il sait que l’abaissement induit la compassion réflexe des passants..
Toutefois, l’espoir l’habite encore, il pense contre toute évidence que l’impossible est envisageable, car il est un homme comme ceux qui passent devant lui sans le voir, il est Monsieur Bartimée.
Posté le long du chemin emprunté par les Galiléens, il a saisi les propos de passants.
Un certain Jésus fait des miracles, il serait, disent certains, le messie tant espéré.
Peut être est-ce ma chance pense l’aveugle, il n’est pas lui choisi par Jésus comme le furent les disciples, alors il s’impose, il crie pour qu’on l’appelle.
Il a saisi que le créateur ne peut pas vouloir pour l’homme, sa créature, une destinée sans horizon sans espérance et sans projet.
Il a foi en la bonté du plan de Dieu et saisit sa chance.
Malgré les rebuffades de ceux qui devraient se rappeler comment Jésus les a choisis, il hurle à celui qu’il nomme instinctivement fils de David, « aie compassion de moi ».
Alors que les disciples hésitent encore sur la nature exacte de Jésus, lui, l’invalide, le non voyant voit clair et distingue la nature messianique de ce rabbi.
Jésus stoppe, il est sorti de ses pensées par cette misérable vie d’où émane une énergie amplifiée par l’espérance.
Jésus l’appelle, comme il l’a fait pour les disciples.
Et contrairement au jeune homme riche, Bartimée se dépouille de sa seule protection, son manteau. Il bondit libre de ses mouvements, offert à ce Jésus qui dispose de sa destinée.
Il est écrit en Exode 22 25 « si tu prends en gage le manteau de ton prochain tu le lui rendras avant le coucher du soleil ; car sa seule couverture c’est le manteau qu’il a sur la peau, dans quoi coucherait-il ? S’il crie vers moi je l’entendrai, car je suis clément. »
Bartimée est comme un enfant, avec tout l’enthousiasme et l’insouciance juvénile qui font bondir, rire et chanter.
Il crie vers son Dieu car il le sait clément, car il sait qu’il l’entend.
Et bien sûr il est guéri.
Mais plus encore, une fois le voile obstruant son regard déchiré, il emboite le pas à Jésus spontanément, sans que Jésus ne lui dise, comme il le demanda au jeune homme riche, « donnes tout aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis moi »
Il s’engage sans assurance, sans manteau, mais notez bien que Adam et Eve étaient nus dans le jardin d’Eden.
Se dénuder comme le fait Bartimée c’est devenir le nouvel Adam, celui que la main de Dieu a façonné à partir de la glaise.
Nu, il se laissera investir par le verbe de Jésus pour une nouvelle naissance, il se laissera modeler comme l’argile dans la main du potier.
La voilà jetée aux orties, la vieille peau donnée par le créateur pour sauvegarder la vie à deux fugitifs fuyant le paradis.
Nous qui sommes en Christ, comme le dit Paul dans sa lettre aux Colossiens 10 « nous nous sommes dépouillés de l’homme ancien avec ses agissements et nous avons revêtu le nouveau qui se renouvelle en vue de la connaissance selon l’image de celui qui l’a créé ».

Au seuil de la passion vécue à Jérusalem, Marc place cet épisode qui ouvre la perspective de conversion des non juifs.
Jésus sera suivi, par ceux que l’on n’attend pas, qui hantent les bords de chemin, ceux des castes inférieures, les laissés pour compte de tous bords, esclaves déportés hors de leur continents ou corps souffrants de mille maux.
Entre Jéricho l’opulente, cité aux mille palmiers, et Jérusalem la puissante, une suite de ravins pierreux et d’oueds asséchés jalonnent le chemin.
Ces paysages là s’accordent bien avec les préférences d’un Jésus qui se place résolument aux côtés des petits au seuil de cette Pâque.
L’épreuve du rejet, qu’a connu un Bartimée aux yeux inopérants, il va la vivre, il va lui aussi perdre son manteau tombé au bas de la croix.
Et il criera Abba père pourquoi m’as-tu abandonné ? il criera lui aussi car il sait que le père est clément, l’entend et répond.
Jésus a dit en Marc 11 22-23 « tout ce que vous me demandez, croyez que vous l’avez reçu, et cela vous sera accordé ».
L’homme Jésus démontrera par sa résurrection la véracité de son affirmation.

A chaque cri montant vers lui et déchirant les lourds pans des servitudes et des aliénations, Jésus répond et demande « que veux tu que je fasse pour toi ? »
Cette phrase est la réponse faites aux demandes importunes des fils de Zébédée mais aussi celle faite à Bartimée.
Aux deux premiers Jésus dit « vous ne savez pas ce que vous demandez », au troisième « va ta foi t’as sauvé »
Ainsi à chaque demande sa solution, aux fils de Zébédée il est donné de réfléchir sur l’incongruité de leur demande, à Bartimée il est donné d’accéder au royaume offert à celui qui suit le Christ.
A nous de poser de vraies questions dont les solutions seront dévoilées si elles sont posées en confiance.
A nous de peser les termes de nos interrogations qui doivent échapper à la gamme des préoccupations futiles de ce monde sur lesquelles Jésus n’a pas de prise.
Jésus attend de notre foi l’approfondissement de la relation que nous tissons avec lui.
Cet approfondissement est le fruit d’un travail permanent sur nous même. Il est obtenu par la méditation décapante des textes bibliques enrichie de l’apport des réflexions de nos frères et sœurs en Christ.
Lors de l’arrestation de Jésus « Tous l’abandonnèrent et prirent la fuite. Un jeune homme le suivait, vêtu seulement d’un drap.
On l’arrête mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu ». Ce jeune homme c’est Marc lui-même (Marc 14 51-52).
L’évangéliste a lui aussi jeté son manteau, s’abandonnant comme Bartimée en toute confiance à Christ.
Oui ce bon combat vaut un manteau et aussi tout ce bric à brac et ces sécurités à qui nous vouons un attachement démesuré.

Frères et sœurs, dans une lettre pastorale, Jean nous exhorte :
« L’assurance que nous avons auprès de Christ, c’est que, si nous demandons quoi que ce soit, selon sa volonté, il nous entend.
Et si nous savons qu’il nous entend, quoique nous demandions, nous savons que nous avons ce que nous lui avons demandé » (1 jean 5-14).
Seigneur donne-nous l’assurance et la foi de Bartomée.

lundi 8 juin 2009

Marc 2 versets 1 à 12

Le texte qui vient d’être lu est situé en tête du chapitre 2.
A la fin du premier chapitre il est conté qu’après après un périple en Galilée, Jésus ne pouvait plus entrer publiquement dans une ville et se tenait en dehors, dans les lieux déserts et l’on venait à lui de toutes parts.
Comme pour les cévenols du temps de Louis 14, les réunions se font hors des synagogues, tant la peur d’une arrestation est grande.
De fait Jésus a guéri aussi bien la belle mère de Pierre atteinte par une fièvre persistante que le lépreux ou des démoniaques, il tend les mains, touche les chairs et met debout les affligés.
C’est le prédicateur d’une doctrine nouvelle, mais aussi un être ouvert à l’émotion, pleinement compatissant à l’égard des êtres souffrants.
Jésus n’est pas une idole de pierre figée dans une attitude immuable, c’est un homme de chair, mobile, à l’écoute de chacun, accessible, communiquant non seulement par le discours mais aussi par le geste.
Au milieu de Capharnaüm, les gens se pressent vers le logement de Jésus, ils sont si nombreux qu’ils obstruent la rue, alors, Jésus répond à leur pressante demande.
Dans cette foule où chacun bouscule l’autre pour mieux voir et entendre, les personnes n’ont pas les mêmes habitudes, le même âge, les mêmes centres d’intérêt et pas non plus, malgré les apparences, les mêmes opinions.
Et pourtant une foule risque de faire de ses participants, non pas des gens uniques, mais des composantes sans personnalité d’un agrégat incontrôlé.
Foule curieuse, attentive qui se soucie peu de savoir si la personne, l’être distinct de tous les autres trouvera une place, sa place au milieu d’elle.
Devant cette maison, la personne, celle qui ne peut se joindre à la foule à cause de sa condition, de son handicap, c’est le paralytique.
Et la foule ne s’en soucie pas, parce qu’elle est heureuse comme foule et qu’elle tire son bonheur d’une solidarité de façade.
Foule sympathique certes, mais ambigüe, dangereuse peut être, faisant obstacle à l’émergence des vrais besoins et poussant peut être à l’erreur l’homme menacé qu’est Jésus.
Toute la difficulté d’harmoniser la communauté et la personne se trouve comme mis en scène dans l’histoire du paralytique et de ses amis et se répète parfois dans nos rassemblements communautaires.
Qu’en est- il de notre capacité à laisser passer, par delà le groupe, l’être unique que Dieu appelle et que Dieu attend ?
La foule rassemblée devant Jésus nous rappelle utilement, par contraste, que la communauté chrétienne naît d’un rassemblement de personnes.
En ce sens la communauté chrétienne est différente d’un groupe qui trouverait sa cohésion dans la proclamation d’un message à sens unique.
Dans la communauté chrétienne, chacun a sa place avec ses qualités, ses défauts, ses forces mais aussi ses handicaps.

Dans la foule qui écoute Jésus, il y a les amis du paralytique.
Si vous me permettez cette comparaison, ils représentent peut être les parents et proches de cet enfant.
Nous, parents pour nos enfants, nous, amis pour nos amis, nous avons souhaité, à un moment ou à un autre de notre existence, et peut être aujourd’hui que cette rencontre avec le Christ soit possible pour tel ou tel de ceux que nous aimons.
Et les obstacles sont nombreux : la foule, la pensée dominante, la bienséance sont là qui font écran.

Un détail est étonnant dans cette histoire : ce que font les amis du paralytique n’est pas apprécié par Jésus en tant qu’action généreuse, mais en tant qu’acte de foi.
Jésus interprète comme de la foi ce qui pourrait apparaître comme de l’amitié, de l’amour.
Et cette foi des amis du paralytique devient plaidoyer pour celui qui n’a même plus la force de parler, d’avancer ou d’agir.
Cette foi devient l’outil de son pardon et de sa guérison.
Les amis du paralytique sont semblables à tous ceux qui prient pour leurs amis, leur famille, les hommes du monde entier en souffrance.
Prenez ce texte comme une apologie de la prière.

Vous amis qui avez conduit au baptême un enfant, un proche, ou qui désirez le faire, n’oubliez jamais ceci, le Christ peut reconnaître comme foi ce que d’autres interpréteront comme rituel religieux, superstition ou volonté de s’inscrire dans une tradition.
Il sait ce que pèse une prière même exprimée dans le cadre d’un rite.
Nous dirons le notre père après l’intercession, j’imagine qu’aucun de nous ne le récitera en portant les mêmes intentions.
Et ce texte rabâché produira un écho différent en chacun de nous.
Le Christ est celui qui voit au plus intime du cœur de chacun, non pas pour juger ou condamner mais pour donner, parfois à notre insu, un sens nouveau et inattendu à ce que nous décidons ou faisons.

Dans la foule, il y a aussi les scribes. Pour eux la foi n’est pas rencontre, elle est doctrine.
Pour eux la foi n’est pas découverte de ses erreurs et attente du pardon, elle est certitude d’être bien portant quand les autres sont malades, certitude d’être juste quand les autres sont pêcheurs.
Alors les scribes jugent et décrètent. Ils savent qui est ou n’est pas dans la vérité.
Ils peuvent dire où quand comment et de quelle manière il est nécessaire de faire ceci ou cela.
Mais attention dans la foule que nous formons, ne cherchons pas à désigner les scribes du doigt.
Regardons d’abord le scribe qui est en nous.
Car il ya toujours du scribe en nous.
Et c’est normal puisque chacun fuit le Christ et sa parole dans le religieux ou la doctrine.
Chacun a sa religion qui le rassure, chacun a ses dogmes qui lui fournissent une explication du monde répondant à son attente.
Et chacun devient alors le juge de la religion et du dogme des autres.
Seule la rencontre avec le Christ fera taire en nous le scribe, parce que par delà la foule, Dieu fera de chacun un être unique, libéré de ses peurs, dé préoccupé de lui-même, donc de son besoin de se réfugier dans des idées toutes faites et de juger celui qui ne les partage pas.

A qui ressemblons nous, nous qui sommes rassemblés pour écouter la parole ?
Nous nous sommes découverts, tour à tour foule, amis, scribes.
Mais ne serions nous pas, avant tout des paralytiques ?
Car s’il y a dans ce récit un personnage important, c’est bien le paralytique !
Ce paralytique transbahuté par ses amis, reçoit l’assurance que ses péchés sont pardonnés ou plus exactement laissés derrière lui.
Curieuse déclaration de Jésus, « tes péchés te sont pardonnés ».
Cet handicapé aurait- il commit des fautes graves?
Le texte ne dit pas cela.
Le pardon des péchés signifie la libération de tout ce qui pèse sur cet homme depuis son enfance : sa maladie certes, une paralysie.
Mais comme le sont les paralysies qui enferment l’homme dans l’esclavage : une histoire lourde à porter, des habitudes impossibles à abandonner, un passé que l’on traine comme un boulet, que sais je encore ?
La libération est alors bien sûr, libération d’un handicap physique mais surtout de tout ce qui embourbe notre vie.
Ce paralysé libéré de ses péchés, n’est plus responsables de ses échecs et trahisons.
La parole du Christ l’a définitivement réconcilié avec lui-même, les autres et Dieu.
Paralytiques nous le sommes, empêtrés dans nos histoires personnelles ou familiales, nos blocages, nos peurs, nos handicaps.
Paralytiques remis debout lorsque tels les nouveaux baptisés, nous repartons dans notre maison, renouvelés par cette parole de libération, de pardon.
Le baptême illustre cela : amenés par des parents l’enfant est libéré de ses paralysies.
Son histoire à venir, personnelle, familiale et sociale ne pourra plus être un obstacle à la parole de Dieu qui désormais le précède et tôt ou tard lui fera signe dans l’existence.

C’est pour écouter la parole de Jésus que s’est rassemblée la foule.
Au milieu d’elle sont les scribes, les amis, le paralytique.
Nous sommes tous tour à tour, la foule, les scribes, les amis, le paralytique.
Et si nous sommes aujourd’hui devant lui, c’est parce qu’il y a eu sur nos routes ; des parents, des amis qui ont parfois cru à notre place avant même que nous puissions le formuler du fait, de l’âge ou des rancunes accumulées contre le créateur qui fait un monde si âpre à vivre.
Aujourd’hui, Jésus formule pour toi, la grâce infinie de Dieu qui libère des paralysies, d’autant plus accablantes qu’elles se dissimulent souvent sous les apparences de la bonne santé.
Pour nous résonnent les paroles autrefois prononcés sur le paralytique « tes péchés sont pardonnés « et « lève toi et marche ».
Deux paroles qui n’en font qu’une, car c’est seulement quand les causes de nos paralysies sont levées que nous pouvons redémarrer.

« Il blasphème » disent les scribes, théologiens, moralistes, intellectuels et spécialistes des questions de société.
Eux, seuls, se croient en droit, du fait de leurs titres académiques et de leur appartenance à l’élite, de dire ce qu’est le péché.

« Quelle merveille » disent les foules qui ne s’en tiennent qu’au fait de la guérison physique et sont ainsi prêts à admirer le premier guérisseur venu, susceptible de faire miroiter une solution à leurs maux.

« Ma vie est renouvelée » dira peut être le paralytique une fois rentré chez lui.
Il était assis immobile.
L’esprit anesthésié par des paroles inefficaces, il attendait une parole prononcée sur lui pour transformer la malédiction en bénédiction.
Cette parole a été prononcée, elle l’a guéri et remis debout.

Par delà le paralytique, cette parole s’adresse à tous.
Grace à saisir aujourd’hui pour en vivre au quotidien.
Notre foi consiste à croire que Dieu forme un projet pour les hommes et pour toi.
Il a besoin de chacun de nous et de toi aussi pour qu’il se réalise.
Jésus attend que tes yeux se portent sur lui.
Dans la rue devant ma maison j’ai vraiment l’envie d’entre bailler puis peut être d’ouvrir à deux battants la porte, car comme Jean le proclame dans l’apocalypse,
(AP 3:20) Voici, moi Jésus, je me tiens à la porte, et je frappe. Si tu entends ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez toi, je souperai avec toi, et toi avec moi.

lundi 20 avril 2009

Roi ou fils de l'homme?

Es tu le roi des juifs, toi ? Jésus répondit : « c’est toi qui le dis ». 

C’est le seul moment dans les évangiles où Jésus épuisé, harassé devant un Pilate surpuissant,  laisse entendre qu’il pourrait être le roi.

Propos dérisoire et insensé tant la position de ce pauvre hère est éloignée de celle d’un souverain.

Si  les autres, les foules aussi  l’ont  appelé roi, lui, jamais.

Jésus avait tellement peur de la royauté terrestre qu’après avoir multiplié les pains pour nourrir 5000 personnes,  il se retira seul dans la montagne, car il savait que le peuple cherchait à s’emparer de lui pour en faire son roi.

Et pourtant emporté par l’aspect festif de l’arrivée de Jésus à Jérusalem, le Dimanche des rameaux, nous aussi chantons, à l’unisson avec la foule,  « béni soit le roi qui vient au nom du seigneur, hosanna hosanna au plus haut des cieux ».

Les enfants se réjouissent  de ramener  le buis béni dans le bénitier familial, et de bon cœur nous fêtons gaiement une sinistre méprise s’achevant sur une croix au sommet de laquelle est fiché un écriteau infamant où est inscrit « celui-ci est le roi des juifs ».

Double méprise, car Jésus n’est ni le roi au sens terrestre où nous l’entendons, et encore moins  le roi des seuls juifs.

Mais enfin, pourquoi Jésus  refuse t’il, avec tant d’obstination, d’être appelé roi ?

Il importe de revenir aux origines d’Israël.

 Dans les tribus nomades, il n’y avait  pas de royauté, les tribus étaient dirigées par des chefs de clan, des patriarches.

Quand Yahvé eut constitué les tribus en théocratie, le peuple eut à sa tête un homme de Dieu, un prophète. Il en fut ainsi de Moïse ou Josué.

Puis Yahvé présenta à son peuple la terre qu’il lui destinait au-delà du Jourdain.

Et il dit (Deut 17 14 à 20)

« Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne, lorsque tu le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras : Je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m’entourent,  tu mettras sur toi un roi que choisira l’Eternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger, qui ne soit pas ton frère.  Mais qu’il n’ait pas un grand nombre de chevaux ; et qu’il ne ramène pas le peuple en Egypte pour avoir beaucoup de chevaux ; car l’Eternel vous a dit : Vous ne retournerez plus par ce chemin là.

Qu’il n’ait pas un grand nombre de femmes, afin que son cœur ne se détourne point ; et qu’il ne fasse pas de grands amas d’argent et d’or.

Quand il s’assiéra sur le trône de son royaume, il écrira pour lui, dans un livre, une copie de cette loi, qu’il prendra auprès des sacrificateurs, les Lévites.

Il devra l’avoir avec lui et y lire tous les jours de sa vie, afin qu’il apprenne à craindre l’Eternel, son Dieu, à observer et à mettre en pratique toutes les paroles de cette loi et toutes ces ordonnances ; afin que son cœur ne s’élève point au dessus de ses frères, et qu’il ne se détourne de ces commandements ni à droite ni à gauche ; afin qu’il prolonge ses jours dans son royaume, lui et ses enfants, au milieu d’Israël. »

 

Mais durant les 2 siècles allant de Josué à Saül, sans cesse le peuple après chaque guerre victorieuse contre une tribu installée en Canaan, retombait dans le culte des Baal et renouait avec la défaite. Et de nouveau Yahvé devait susciter un héros pour  libérer son peuple de la griffe des ennemis. C’est ce qui est exposé en Juges 2 16,

« L’Eternel suscita des juges, afin qu’ils les délivrassent de la main de ceux qui les pillaient.

Mais ils n’écoutèrent pas même leurs juges, car ils se prostituèrent à d’autres dieux, se prosternèrent devant eux. Ils se détournèrent promptement de la voie qu’avaient suivie leurs pères, et ils n’obéirent point comme eux aux commandements de l’Eternel.

Lorsque l’Eternel leur suscitait des juges, l’Eternel était avec le juge, et il les délivrait de la main de leurs ennemis pendant toute la vie du juge ; car l’Eternel avait pitié de leurs gémissements contre ceux qui les opprimaient et les tourmentaient.

Mais, à la mort du juge, ils se corrompaient de nouveau, plus que leurs pères, en allant après d’autres dieux pour les servir et se prosterner devant eux, et ils persévéraient dans la même conduite et le même endurcissement. »

 

Ainsi, jamais Israël ne possédait la terre promise et ne pouvait, de ce fait, nommer un roi.

Comme il n’y avait pas de roi en Israël, chacun faisait ce qui lui convenait  (Juges 21 25).

Les Israéliens  restaient en contact avec  leur  Dieu à travers les prophètes.

Cette liberté était appréciée par beaucoup, tel le juge Gédéon, s’exclamant face au peuple qui voulait le faire roi

 « Je ne serai pas votre maître, ni moi, ni mon, fils, c’est la seigneur Yahvé qui sera votre maître » (Juges 8 23).

Il y eut toutefois un roi pour succéder à Gédéon, un de ses fils bâtard, Abimelek, mais cette histoire se solda par de terribles massacres, un échec complet  et le retour aux Juges.

C’est le juge et prophète Samuel qui après avoir rétabli Israël dans la paix dut accepter l’instauration de la royauté.

Le texte suivant en  juges 8, est explicite à cet égard.

 «  Lorsque Samuel devint vieux, il établit ses fils juges sur Israël.

 Les fils de Samuel ne marchèrent point sur ses traces ; ils se livraient à la cupidité, recevaient des présents, et violaient la justice.

Tous les anciens d’Israël s’assemblèrent, et vinrent auprès de Samuel à Rama.

Ils lui dirent : Voici, tu es vieux, et tes fils ne marchent point sur tes traces ; maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger, comme il y en a chez toutes les nations.

Samuel vit avec déplaisir qu’ils disaient : donne-nous un roi pour nous juger.

Et Samuel pria l’Eternel.

L’Eternel dit à Samuel : Ecoute la voix du peuple dans tout ce qu’il te dira ; car ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux.

 Ils agissent à ton égard comme ils ont toujours agi depuis que je les ai fait monter d’Egypte jusqu’à ce jour ; ils m’ont abandonné, pour servir d’autres dieux.

Ecoute donc leur voix ; mais donne-leur des avertissements, et fais leur connaître le droit du roi qui régnera sur eux.

Samuel rapporta toutes les paroles de l’Eternel au peuple qui lui demandait un roi.

Il dit : Voici quel sera le droit du roi qui régnera sur vous. Il prendra vos fils, et il les mettra sur ses chars et parmi ses cavaliers, afin qu’ils courent devant son char ;

Il s’en fera des chefs de mille et des chefs de cinquante, et il les emploiera à labourer ses terres, à récolter ses moissons, à fabriquer ses armes de guerre et l’attirail de ses chars.

Il prendra vos filles, pour en faire des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères.

Il prendra la meilleure partie de vos champs, de vos vignes et de vos oliviers, et la donnera à ses serviteurs.

 Il prendra la dîme du produit de vos semences et de vos vignes, et la donnera à ses serviteurs.

Il prendra vos serviteurs et vos servantes, vos meilleurs bœufs et vos ânes, et s’en servira pour ses travaux.

Il prendra la dîme de vos troupeaux, et vous–mêmes serez ses esclaves.

Et alors vous crierez contre votre roi que vous vous serez choisi, mais l’Eternel ne vous exaucera point.

Le peuple refusa d’écouter la voix de Samuel. Non ! dirent ils, mais il y aura un roi sur nous,

 et nous aussi nous serons comme toutes les nations ; notre roi nous jugera il marchera à notre tête et conduira nos guerres.

Samuel, après avoir entendu toutes les paroles du peuple, les redit aux oreilles de l’Eternel.

Et l’Eternel dit à Samuel : Ecoute leur voix, et établis un roi sur eux. »

 

A l’évidence l’institution royale fut vécue, par Yahvé et par beaucoup d’israélites,  comme une dégradation de la relation entre Dieu et son peuple.

D’ailleurs Samuel conclut ainsi  son dernier discours au seuil de la mort (1 Samuel 17 à 25)

« J’invoquerai l’Eternel, et il enverra du tonnerre et de la pluie. Sachez alors et voyez combien vous avez eu tort aux yeux de l’Eternel de demander pour vous un roi.

Tout le peuple eut une grande crainte de l’Eternel et de Samuel.

Et tout le peuple dit à Samuel : Prie l’Eternel, ton Dieu, pour tes serviteurs, afin que nous ne mourrions pas ; car nous avons ajouté à tous nos péchés le tort de demander pour nous un roi

 

Le roi idéalisé par les siens, David, même s’il réussit ; à unifier les tribus du peuple élu, à vaincre les ennemis et à ramener l’arche d’alliance à Jérusalem, il ya 3000 ans, pécha lourdement.

Salomon son fils orienta la royauté dans un sens proscrit par le droit Deutéronomique, multipliant ses richesses, étalant sa multitude d’épouses dont nombre d’étrangères, multipliant ses chevaux et les chars de guerre, sacrifiant aux idoles. Il contribua à fissurer l’unité d’Israël qui se scinda à sa mort en deux royaumes.

Ensuite la gestion désastreuse de la plupart  des rois des deux royaumes, oubliant souvent Yahvé, conduisit à la déportation, du peuple d’Israël en -935  puis de Juda en -587.

Que  Jésus repousse le titre de roi est ainsi pleinement justifié, tant l’échec de la royauté en Israël est évident.

Et cet échec est imputable à la volonté obstinée  du peuple élu, de refuser Dieu comme seul roi pour chercher le salut dans un maître de chair semblable aux maîtres régnant sur les peuples étrangers.

Et ces  rois de chair sombrent toujours dans les excès d’autorité, tentant de s’approprier les dieux pour renforcer leur pouvoir.

Quant aux Français, c’est souvent avec nostalgie, eux aussi qu’ils évoquent le temps des rois et empereurs de droit divin.

Plus de 1200 ans de tyrans sanctifiés par l’onction et le saint crème, marquent une culture. La liberté est tellement inconfortable que la dictature est souvent le refuge des populations inquiètes.

Il nous faut donc faire un effort pour atteindre à l’objectivité quand nous lisons les textes parlant de royauté, car notre inconscient est peuplé de schémas tout faits associés à ce vocable.

Jésus n’est pas notre roi. Nous ne sommes quant à nous ni sujets, ni serfs ou esclaves. Bien au contraire il ne cesse de nous associer au projet de Dieu. Il nous veut actifs, il nous veut libres pour atteindre à la plénitude d’un homme accompli, car aimé. Il nous espère à ses côtés avec notre richesse individuelle unique.

Jésus a d’ailleurs résisté à la tentation de devenir roi comme le lui proposait Satan au désert.

Il se veut  fils de l’homme, c’est le vocable qu’il adopte le plus souvent et qui est celui figurant dans la transcription du rêve de Daniel. (Daniel 7 13 à 14) :

« Je regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme ; il s’avança vers l’ancien des jours, et on le fit approcher de lui.

On lui donna la domination, la gloire et le règne ; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. »

Quand Jésus répond à la question qui est le fils de l’homme, il adopte une image de mouvement « marchez pendant que vous avez la lumière  pour devenir fils de lumière »

Jésus est au-delà de l’homme, c’est ce que veut dire le vocable fils.

Le fils, c’est la génération qui vient, il s’agit de la descendance.

Il s’agit de la construction d’un royaume nouveau dont le moteur spirituel seul nous est dévoilé, l’amour.

Je suis  le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.

Est ce à dire que le royaume n’est pas pour nous mais pour nos fils ?

Ce serait là une grossière erreur, pour être fils, il faut être semblable à un enfant, c'est-à-dire se départir de sa gangue de préjugés, de sa culture orientée, naître de nouveau.

Comme l’écrit Jean  (jean 3), « si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ».

C’est par la naissance d’en haut que l’homme entre dans le royaume.

Alors halte aux comparaisons approximatives avec des royaumes temporels régis par des chefs mesquins, des cœurs endurcis, des fous de pouvoir, des corrompus et des cyniques.

Que le piteux spectacle d’un roi d’un jour perché sur un ânon, roi des imageries d’Epinal, roi d’un misérable royaume, ne nous conduise pas au faux sens.

Le seul roi, c’est Dieu, il envoie un guide Jésus oint à son baptême, en constante communion avec le père.

Ce guide nous précède et nous introduit dans le véritable royaume qui n’est en rien semblables aux royaumes de pacotille des hommes.

Cet homme suscité par la parole de Dieu, accomplit une mission.

Il vit tellement l’incarnation qu’il est totalement homme, tout en étant totalement investi par Dieu.

Son cheminement le conduit à s’impliquer au-delà du raisonnable humain.

La passion débute par un acte insensé à la veille de Pâques : il réveille Lazare, son ami.

Cet acte déclencheur prélude au cheminement qui conduit à sa mort.

Malgré la trahison de Juda, malgré le sommeil  de disciples harassés qui s’endorment alors que le maître prie, malgré l’arrestation et la débandade de ses compagnons, en dépit des insultes, des cris de la foule hostile et des coups, il poursuit sa mission

Au sommet du Golgotha, autour d’une croix,  Jean l’ami, Marie la mère et les femmes fidèles, forment  le cercle d’amour qui surpasse toute crainte.

Jésus est allé très loin dans l’amour priant  même le père pour que les hommes, ceux là même qui l’avaient condamné puis  martyrisé, soient pardonnés car ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient.

Jésus a craint à ce moment précis, d’avoir dépassé le seuil de l’admissible pour un père  qui, pourtant, avait tellement pardonné au peuple rebelle qu’il s’était choisi !

Il révéla alors cette peur en prononçant la phrase « mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ».

Mais le père accède au désir ardent de Jésus.

En le relevant de la mort il ouvre de nouveau aux hommes  l’accès du paradis perdu des origines, du royaume.

Sa magnanimité est infinie, là vraiment où le pêché a abondé, sa grâce a surabondé.

La foi peut déplacer des montagnes, celle de Jésus lui permet de rouler la pierre du tombeau, mieux encore elle le libère de la mort et toute l’humanité aussi.

Mort où est ta victoire ?

Suivre Jésus comme il le demande est impossible, la barre est placée trop haut, mais nous sommes assurés que de là où il nous précède, il hisse à ses côtés ceux qui balbutient son message.

Jésus n’est pas un roi, il nous introduit dans le royaume de son père aux contours mouvants et indicibles, où le temps est une dimension inconnue.

Jésus est l’enseignant, celui qui ouvre à la connaissance conduisant au-delà de la sphère que  l’homme, limité par ses sens, peut appréhender. Il est au-delà de l’homme, il est fils, il désigne l’oméga.

Nous pouvons en le suivant, assisté par l’esprit, transcender notre finitude car ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.

A l’unisson avec Paul et l’église des Colossiens, rendons grâce au père qui nous a rendu capables d’accéder à la part d’héritage des saints dans la lumière. Délivrés de l’autorité des ténèbres, transportées par son fils dans le royaume céleste, nous obtenons  le pardon de nos péchés.

mardi 7 avril 2009

Jean 12 versets 20 à 33

Jean 12 20 à 33

Le chapitre 12 de l’évangile de Jean est bâti de telle sorte qu’il constitue un prologue aux événements à venir, arrestation de Jésus, jugement, mise à mort et résurrection.
Il se termine d’ailleurs par un paragraphe intitulé Epilogue.
Ce texte est un véritable récapitulatif du message Christique.
Il serait possible de l’extraire de l’évangile de Jean sans que le sens de cet évangile soit modifié.
Mais la lecture de ce chapitre 12 permet, à elle seule, de saisir la signification de l’incarnation de Dieu en un homme, Jésus.
Ne perdons pas de vue que l’évangile de Jean élaboré vers l’an 85 est écrit à l’attention d’une population majoritairement Grecque et non juive qui vit en Syrie, à Antioche et dans l’actuelle Turquie.
Cette population, 50 ans après la mise en croix du Christ, a comme guide deux apôtres, Jean l’apôtre et Thomas.
Comme Thomas, elle aimerait voir les stigmates de Jésus et y mettre le doigt pour adorer en clamant face à l’évidence, « Jésus mon seigneur et mon roi ».
Chassée des synagogues depuis peu, cette communauté s’interroge sur son devenir.
Les rédacteurs de l’évangile sont des disciples de Jean, ils s’inspirent de son héritage pour construire un texte permettant de fonder une religion non inféodée au judaïsme.
Dans ce chapitre 12, c’est le récit de la résurrection de Lazare qui est conté en premier.
Lazare est relevé par Jésus, alors que la mort le tenait dans ses griffes depuis 4 longs jours.
Parmi la foule innombrable montée à Jérusalem pour la Pâque, l’annonce de ce miracle se répand comme l’éclair.
Placé en exergue, ce texte souligne que ce dont il va s’agir dorénavant concerne l’avenir de chaque homme.
L’heure est venue où chacun est susceptible d’être immortalisé comme Lazare le fut et ce à l’initiative du seul Jésus.
Après cet épisode de miracle, sont présentées ce que l’on peut appeler les méprises, de la foule et des disciples.
Le miracle du relèvement de Lazare est reçu par la foule comme le signe de la royauté de Christ au sens de l’ancien testament.
Les textes cités par l’évangéliste, pour mettre en correspondance les événements et les prédictions prophétiques sont tirés de Zacharie et relatent l’arrivée d’un roi dépouillé monté sur le petit d’une ânesse.
La foule rassemblée sur le parcours de Jésus dans Jérusalem acclame donc un roi « Hosanna bénit soit celui qui vient, le roi d’Israël ».
Et elle danse en secouant des palmes, comme au temps de la fête Automnale juive des cabanes dénommée Succot.
Mais comme le note amèrement le rédacteur de l’évangile « c’était bien parce qu’elle avait appris qu’il avait opéré ce signe que la foule se portait à sa rencontre ».
Et la foule commet une double erreur, une double méprise, Jésus n’est pas venu pour être un roi qu’on adore prosterné, Jésus n’est pas venu pour devenir le roi d’Israël.
Cette foule quand elle sera détrompée par Jésus lui-même portera sa haine au niveau extrème auquel elle avait porté son enthousiasme le jour des rameaux

Des grecs au sein de cette foule, entendant parler de Jésus, de ce prophète, peut être de ce messie, voulaient le voir.
Ils étaient très semblables dans leurs attentes aux lecteurs ou auditeurs de l’évangile de Jean.
En dignes héritiers de l’apôtre Thomas si présent dans le quatrième évangile, ils rêvaient de voir et toucher pour croire.
Les récits de la vie de Jésus seraient tellement plus crédibles si on pouvait voir le sauveur en chair et en os et lui dire, comme le fit Thomas, « Mon seigneur, mon Dieu » !
Comme Jésus évitait de circuler ouvertement parmi les juifs (jean 11 54), pour accéder auprès de lui il fallait être introduit.
Très naturellement ces étrangers s’adressent à André qui portait un nom Grec et était très proche de Jésus.
Si André ne faisait pas partie de la garde rapprochée constituée par son frère Pierre, et les deux fils de Zébédée, Jean et Jacques , il était le quatrième intime du maître et constituait avec Philippe, qui portait lui aussi un prénom d’origine grecque, une des équipes de deux envoyées en mission pour répandre la bonne nouvelle.
André s’adressât à Philippe et les deux seuls disciples au prénom grec vinrent voir Christ.
Le luxe de ces détails, apparemment inutiles, vise à indiquer aux lecteurs non juifs de l’évangile que la réponse de Jésus les concerne au premier chef.
Jésus dans son discours s’adresse sans conteste à tous les habitants du monde et de tous les temps.
Quant à ces grecs, nul ne peut dire s’ils ont vu JC ou même s’ils l’ont entendu, et cela n’a aucune importance.
Finalement JC n’a peut être parlé qu’à ses disciples, en leur laissant la charge de transmettre son message à ces étrangers.
C’est d’ailleurs probable, pour la partie du texte se terminant au verset 26, car la phrase solennelle qu’il prononce en premier s’adresse à l’évidence à ses disciples.
« L’heure est venue où le fils de l’homme doit être glorifié ».
Déjà 6 fois dans l’évangile de Jean, Jésus les avait prévenu « l’heure vient »
Le monde antique tout entier a été dirigé par la croyance qu’il y avait une heure adéquate pour tout ce qu’on fait.
Pour construire une maison, se marier, faire la guerre, prendre une initiative, il fallait rechercher le moment favorable. Il fallait consulter pour cela quelqu’un de compétent, un prêtre, un astrologue, un voyant, un prophète.
L’heure est venue d’adorer le fils de l’homme.
Le temps est suspendu, un moment exceptionnel va imprimer dans le temps de l’humanité une marque indélébile.
C’est d’ailleurs ce que Jésus affirme « c’est maintenant le jugement de ce monde, c’est maintenant que le prince de ce monde sera chassé dehors ».
L’expression maintenant signifie tenir en main.
Le temps est tenu en main de telle sorte qu’il n’érode pas l’événement en le remisant dans le passé siège de l’oubli.
En somme l’événement introduit par cet adverbe est éternisé.
Le jugement du monde et l’éradication du malin sont ainsi, à partir de la résurrection, des événements passés, présents et à venir, en dehors du temps qui s’écoule. Leur valeur est devenue actuelle à tous moments.
Ainsi comme une fontaine dont l’eau s’est écoulée, s’écoule et s’écoulera, de même « l’esprit dit viens. Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie gratuitement ». (AP 22-17) ; cette possibilité est éternisée, l’eau était là, elle est là, elle sera là.
Les disciples réunis autour du maître ne pouvaient manquer en entendant Jésus dire « l’heure est venue » de se remémorer la phrase suivante prononcée devant la Samaritaine en Jean 4 23
«Mais l’heure vient, c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs que le père cherche. Dieu est esprit ».
Le don de l’esprit permet de percevoir Dieu à travers son fils et de l’adorer comme père aimant, tel est le culte en vérité caractérisant les temps eschatologiques induits par l’incarnation de Dieu en Jésus.
L’adoration en vérité répond à la première méprise de la foule que j’évoquais plus avant.
Jésus n’est pas venu pour être un roi qu’on adore, qu’on se concilie en offrant des sacrifices.
Jésus est venu pour être suivi sur le chemin qu’il parcourt avant nous en éclaireur.
Pour nous cette heure est l’occasion d’un choix, non pas le choix entre mourir ou ne pas mourir, mais entre être stérile ou fertile.
La dernière parabole prononcée par Jésus est un testament, le grain de blé mourra et portera du fruit en abondance, car il n’est pas besoin de tout faire pour sauver une vie terrestre qui n’est que vanité en regard de l’honneur promis par le père à celui qui suit le chemin du Christ.
Ces grains de blé multipliés constitueront un pain partagé avec Christ à chaque eucharistie.
Mais oui, nous sommes placés devant un choix.
Soit nous choisissons le monde séculier attaché à la gloire humaine, au prestige de la forme extérieure et des apparences, c’est le monde de l’orgueil, celui des ténèbres, de la dissimulation, du mensonge et du jugement,
Soit nous choisissons le monde de la spiritualité, de l’aménité, celui de l’ouverture à tous les autres notamment aux plus faibles dans le respect des enseignements de Jésus.
Dans ces conditions la vie est plus risquée, lui font défaut les protections familiales, les règles de morale, la sécurité liée à la puissance de notre patrie, la richesse matérielle, les instincts de tous ordres.
Il s’agit proclame Jésus de faire le choix de le suivre.
Cela nous mène à aimer moins notre vie en ce monde pour l’éterniser.
Dans nos choix de vie, doit primer ceux conformes au modèle élaboré par Jésus qui nous dit « mettez votre foi dans la lumière ».
Et il ajoute pour tous ceux qui désespèrent devant les difficultés du parcours
« Moi quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi »
Par là il répond à la seconde méprise de la foule, il ne cherche pas à être le roi des seuls juifs, mais de tous les hommes qu’il tracte dans son sillage
L’homme reste libre de céder à la puissance de cette force d’attraction.
Celui qui accepte de suivre Jésus, malgré les risques et les renoncements, s’expose aux coups, car le monde prône l’épanouissement personnel égoïste.
Dans ce monde des apparences, il faut se réaliser, vivre sa vie pleinement en jouissant du maximum de plaisir, quitte à rejeter en dehors de sa voie les compagnons passés de mode ou accidentés de la vie, quitte à exploiter les plus pauvres, quitte à piller la subsistance des affamés, quitte à ravager la planète et compromettre l’avenir de ses enfants.
Le prince de ce monde nous tente de toutes les façons en présentant comme modèle de vie aux hommes, celui des nantis, des plus beaux, des plus forts dont les dons et pouvoirs permettent une tapageuse exposition aux regards des autres.
La culture du clinquant en quelque sorte qui marginalise ceux qu’un destin défavorable a diminué, affaibli.
L’heure est venue, une nouvelle alliance est conclue avec Dieu.
Notre temps s’arrête si nous ignorons l’offre de Dieu, et alors rendus inanimés nous sommes comme morts.
Ton horloge peut redémarrer maintenant si ton regard ne se dérobe plus à celui de Christ.
La prophétie de Jérémie se réalise « Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur, je serai leur Dieu et eux ils seront mon peuple ».
Tel est le choix qui nous est offert jour après jour tout au long de notre vie.
Dieu nous aime tellement, nous espère tellement que la part de Dieu, l’esprit, déposé de façon indélébile dans notre cœur est vouée à triompher, est voué à entrer en résonnance avec le créateur.
Il n’est jamais trop tard comme nous le rappelle la parabole des ouvriers de la dernière heure !
Nous sommes morts si nous ne répondons pas à l’appel, mais comme le clame Christ
« Je vous le dis l’heure vient, c’est maintenant ou les morts entendront la voix du fils de Dieu et ceux qui l’auront entendu vivront » (jean 5 25).

C’est maintenant que je dois et que tu dois choisir, c’est à chaque instant que tu optes pour l’éternité ou la mort.
A la fin du chapitre 12 de l’évangile de Jean, Jésus proclame « Si quelqu’un entend mes paroles et ne les garde pas, ce n’est pas moi qui le juge : car je ne suis pas venu pour juger le monde, je suis venu sauver le monde » (jean 12 47).
Tout est dit, Jésus te précède et t’attends pour que tu le rejoignes.
Amen

mercredi 11 mars 2009

Feu et Paix

Jérémie 29 10 à 14 : Col 3 9 à 17 : Luc 12 49 à 53

« Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pas de celui qui porte la bonne nouvelle, qui proclame la paix, qui dit à Sion : ton Dieu est roi. » (Esaie 52 7).
Qu’ils sont accablants les propos de Jésus proclamant la mauvaise nouvelle, je suis venu mettre le feu sur terre, je ne suis pas venu donner la paix sur terre.

Sur le chemin de Jérusalem, Jésus parle à ses disciples et tente de leur faire comprendre la raison profonde qui le conduira à accepter le sacrifice de sa vie, il leur dit « j’ai un baptême à recevoir, comme cela me pèse qu’il soit accompli ».
A la violence extrême qu’il anticipe, il fait face en affirmant, en quelque sorte, qu’il n’est pas un agneau sans volonté propre.
Je suis venu mettre un feu sur la terre, je suis venu mettre la division dans le monde !

La violence de ces propos est à la mesure de la violence de la prochaine exécution ignominieuse de Christ.
La violence est bien une expression, dans ses excès, propre à l’homo sapiens.
Pour vous le faire ressentir, je vous lis le texte de Deutéronome 20 versets 10 à 16
« Quand tu te présenteras devant une ville pour l’attaquer, tu lui proposeras la paix. Si elle accepte ta paix et t’ouvre ses portes, tout le peuple qui s’y trouve sera astreint pour toi à la corvée ; ils seront tes esclaves. Si elle ne fait pas la paix avec toi, si elle te fait la guerre, alors tu l’assiégeras ; le seigneur ton Dieu te la livrera, tu passeras toute sa population mâle au fil de l’épée. Les femmes, les familles, les bêtes, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, tu le pilleras et tu mangeras le butin pris sur l’ennemi, celui que le seigneur ton Dieu t’auras donné. Dans les villes qui font partie du territoire que Dieu t’a donné en patrimoine tu ne laisseras la vie à rien de ce qui respire. »
Pourquoi une telle violence jamais démentie tout au long de l’histoire humaine ?
L’homme de notre espèce, homo sapiens, est apparu dans le riff Ethiopien, il y a 200 000 ans.
A cette époque lointaine le milieu lui était très favorable, il vivait de cueillettes et de chasse de proximité dans une forêt luxuriante.
Puis, le climat changeant, il dut s’adapter pour survivre à un milieu steppique.
Son cerveau développé lui permit de perfectionner ses comportements.
La transmission de génération en génération des progrès effectués pouvait se faire par la parole.
Ainsi la race s’adaptait au milieu, sans être fondamentalement modifié physiquement sous l’effet de la pression sélective.
Cette adaptation s’est effectuée essentiellement par la transmission d’une culture propre à chaque groupe humain.
Pour faire face au froid, on inventait les habits, pour se protéger des intempéries et de la prédation on inventait les abris sous tente, les huttes, l’aménagement des grottes.
Pour se déplacer on domestiquait bœufs et chevaux.
Pour fouir et couper on inventait les outils.
Pour se chauffer et se protéger on acquérait la maîtrise du feu.
Pour se nourrir on cultivait.
Pour se protéger on se regroupait dans les villes.
On fortifiait les cités ou on créait des murailles frontalières comme en Chine ou en Israel de nos jours.
L’avantage ainsi obtenu par rapport aux espèces animales permettait une augmentation rapide des effectifs humains.
Les différents groupes humains se concurrençaient fatalement et les hostilités devenaient permanentes aux limites territoriales.
Repoussées, les tribus les plus faibles tentaient de conquérir de nouveaux milieux vierges de présence humaine, à priori moins favorables que ceux dont ils étaient chassés.
De guerre en guerre, de terre en terre, les milieux les plus hostiles virent apparaître les hommes repoussés par les autres tribus, ainsi furent peuplés l’Europe, l’Asie, la Patagonie, les déserts, les îles perdues du Pacifique, l’Islande ou l’Australie, le grand Nord.
L’avantage appartenait aux sociétés humaines les plus évoluées du point de vue organisation, les plus aptes à se défendre, à assimiler les acquis des générations précédentes et à inventer.
Les cités de sédentaires prirent le pas sur les tribus nomades, les empires sur les tribus.
Le texte du Deutéronome aussi cruel qu’il soit ne fait que refléter une réalité évidente.
Seules survivent les sociétés les mieux armées, les mieux organisées soudées autour d’un chef efficace, disposant d’une culture efficiente et de Dieux performants attaché au clan.
Combien de tribus massacrées, de royaume terrassés jalonnent notre histoire nul ne le saura jamais.
Quels sont les gages d’une société prospère ?
La violence canalisée pour constituer des armées redoutées, l’ordre imposé par de fortes structures politiques et une religion partagée, les règles imposées par la loi et transmises dans les familles.
L’expérience montre qu’une société périclite faute de maintenir les colonnes qui fondent sa force; ordre, puissance des armées, morale et valeurs partagées, unité.
Jésus dit stop à ce monde là qui n’est pas une fatalité, il crie
« Comme je voudrais que ce feu soit déjà allumé ».
La loi du talion, la vilà consumée, tout comme les divisions en castes, ici les esclaves, là les serviteurs, plus haut la plèbe et tout en haut les hommes libres propriétaires des terrains et biens.
Les voilà consumés les empires arrogants et dominateurs, Babylone, Grèce d’Alexandre, Egypte , Rome, l’empire ottoman, la horde d’or.
Jésus nous dévoile son monde, son royaume, son projet en disant « Heureux les débonnaires car ils hériteront de la terre, heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils de Dieu ».
Jésus proclame la disparition des violences castrant la liberté qu’il offre à ses créatures. Cette disparition ne peut se faire sans divisions et ce jusqu’au sein des familles, tant les coutumes et instincts sont tenaces.
La famille lieu privilégié de la concorde, verra le père se dresser contre le fils et la mère ou la belle mère se dresser contre la fille au nom de l’ordre ancestral.
Dans la famille Juive du premier siècle, le père régnait sans partage, il pouvait même selon les termes de l’AT proposer la mise à mort de son fils pour insoumission, les mariages étaient arrangés au mieux des intérêts familiaux.
Les belles mères assuraient la transmission des règles sociales auprès de leurs belles filles.
Le père assumait la transmission de la loi, de la religion, du mode de vie, du métier.
La structure familiale constituait un ensemble hiérarchisé, figé dans le respect d’un ordre quasi immuable légué par les ancêtres.
Cet ordre avait permis la survie du clan, il était donc imprudent d’y déroger pour une toute autre organisation n’ayant pas fait ses preuves.
La famille était ainsi une véritable idole dont la sacralisation interdisait toute novation.
Jésus avait déjà largement indiqué son opinion à cet égard,
« Celui qui me préfère père ou mère n’est pas digne de moi, et celui qui me préfère fils ou fille n’est pas digne de moi » (Mat 10 37)
Ou encore
« Sa mère et ses frères se présentèrent, mais ils ne pouvaient l’aborder à cause de la foule. On l’en informa « ta mère et tes frères se tiennent dehors ils veulent te voir ».
Mais il leur répondit : « ma mère et mes frères, ce sont ceux qui entendent la parole de Dieu et la mettent en pratique »
Jésus, ne vous y trompez pas, n’est pas celui qui figure sur les images Saint Sulpicienne, tout en bleu ciel et rose bonbon avec de longs cheveux blonds, la main caressant la tête d’un enfant ou d’un agneau.
Il vient pour remplir des outre neuves avec du vin nouveau.
Et les vieilles outres éclatent sous la pression des gaz produits par la fermentation du breuvage.
Le texte lu en Colossiens éclaire le projet totalement novateur de Christ
« Vous vous êtes dépouillés de l’homme ancien, avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau qui se renouvelle en vue de la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé. Il n’y a là ni Grec, ni Juif, ni circoncis, ni barbare, ni Scythe, ni esclave, ni homme libre, mais le Christ en tout et en tout »
Dans la nouvelle donne, une seule famille, une seule patrie celle des croyants en Christ.
Le nouvel homme recherche le royaume de Dieu qui comme le dit Paul en Romains 14 17, n’est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie par le saint esprit.
Jésus met le feu sur la terre pour cautériser le péché en quelque sorte.
Le feu, comme la boule solaire irradiante, est le symbole de Dieu.
Une fois l’œuvre apocalyptique de purification accomplie, la fournaise se répartira en petites flammèches se posant sur le front des disciples à la Pentecôte.
Comme le dit Jean le Baptiste, lui Jésus, il baptise d’eau et de feu.
Toi aussi à ton baptême tu as reçu cette petite flammèche qui peut, si tu le veux, embraser le monde, pour peu que les entraves induites par le vieil homme qui logent en toi aient été abolies.
Jésus te regarde toi, tu as pour lui un nom unique que l’on ne décline pas en fils de, en ben, en descendant de David.
C’est pourquoi symboliquement comme Dieu avait changé le nom d’Abraham il change le nom de Pierre, et il l’adopte ainsi.
Toi, chrétien, tu es d’abord le fils adoptif de Christ et ainsi ta dignité, qui que tu sois, est infinie.
Jésus dit en Jean 14 27, « je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi je ne vous donne pas comme le monde donne »
Pour le monde la paix c’est un accord de non agression entre peuples, un équilibre fragile maintenu difficilement, tant dans le vieil homme, les impulsions agressives inconscientes sont puissantes et mal jugulées par la volonté consciente.
Pour le Christ, sa paix, c’est un souffle d’amour dont le premier effet est de transformer celui sur lequel il coule.
Pour illustrer ce propos, suivons les moines constructeurs du 11me siècle dans les églises dont j’ai décrypté les symboles dans le Brionnais.
Sur un chapiteau, des hommes barbus se tirent réciproquement la barbe, d’autres se dispûtent un bâton.
Sur une des faces du même chapiteau, figure un homme dont les attitudes transpirent la gêne, pieds resserrés et tordus, bras à moitié tendus, visage grimaçant.
Sans aucun doute cet homme est partagé, les passions qui l’habitent tentent de s’emparer du pouvoir représenté par le bâton ou la barbe.
Traversé par les pulsions et les instincts non maîtrisés l’homme est la proie de toutes les tentations.
Le chapiteau suivant présente, le vieil homme sous la forme d’un singe gentiment assis, deux personnages se bouchent une oreille ou la bouche, ont la main posée sur leur genou, au milieu entre les deux sujets précédents un superbe Atlante les mains levées au ciel irradie le bonheur.
Ainsi à l’exemple du Christ cet homme maîtrise la parole. L’écoute et la démarche sont contrôlées, le vieil homme est assagi et son attitude soumise saute aux yeux.
L’heureux homme peut alors accéder à la paix du Christ.
Il est devenu, comme Jésus le dit dans le sermon sur la montagne un artisan de paix que l’on peut dès lors appeler fils de Dieu.

C’est cette transformation là que Jésus attend de toi.
Pour y arriver, tu ne peux arguer des difficultés que tu as, du fait que tu es un possédant comme le jeune homme riche, ou du fait que ton père ou ta mère ne le veulent pas, ou que tes enfants te reprocheraient de bouleverser les projets familiaux pour allers secourir un blessé étranger jeté sur le bas côté et dont tout le monde se détourne.
La paix de Dieu surpasse toute intelligence et d’abord la tienne, ce que je sais c’est que comme Esaîe le dit « à celui qui est ferme dans ses dispositions tu assures la paix, la paix parce qu’il met sa confiance en toi » (Es 26 3).
Le terme hébreu Chalom a un sens ignoré, celui de la construction d’une maison.
La paix se fabrique, nous sommes comme le maçon construisant sa maison, « heureux les artisans de paix ».
Nous sommes des artisans constructeurs de paix.
Jésus nous donne sa paix comme ça, en poursuivant son œuvre de création, ce qui est bien dans sa nature, il ne donne pas la paix comme on donne une orange.
La paix n’est pas quelque chose que l’on aurait, que l’on posséderait, mais c’est quelque chose que l’on est, la paix est une qualité d’être, comme la santé.
La paix c’est aussi une qualité de relation, et cela est indissociable d’une qualité d’être.
Pour commencer je vous disais qu’ils sont tristes les propos de Jésus, pour finir, pour toi, je dis,
« Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pas de celui qui porte la bonne nouvelle, qui proclame la paix, qui dit à Sion : ton Dieu est roi. »

Et avec Paul en Romain15 13. Pour toute la famille de Christ.
« Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toutes joies et de toutes paix dans la foi pour que vous abondiez en espérance par la puissance du saint esprit ».

Amen

mardi 17 février 2009

Ezéchiel 33 versets 30 et 31, Matthieu 9 versets 35 à 38 et 13 versets 1 à 3 et 10 à 17

La foule

Marie, il te faut partir de ta maison de Nazareth, Joseph est là avec un âne bâté prêt à te porter.
Tu vas accoucher incessamment, tu as besoin de femmes pour t’aider, tu as besoin d’un lit, de chaleur et d’eau en abondance, ton mari n’a pas le droit de voir ton sang donc de t’aider pour mettre au monde ce premier enfant qui pour la plupart des habitants de Nazareth est l’enfant de la honte, le fruit d’une infidélité ou d’un viol.
Et pourtant dès maintenant tu dois partir vers Bethlehem à plus de 6 jours de marche car tu ne peux rester seule sans la protection de Joseph.
Tu ne sais même pas où tu pourras te reposer des fatigues du chemin et dormir
Histoire insensée que justifie bien mieux la fuite loin de la vindicte populaire que le recensement évoqué par l’évangéliste Mathieu.
Il faut rappeler que l’adultère était sanctionné par la mort en Israël.
Luc est un bon conteur et son récit ne fait probablement qu’effleurer la réelle aventure de Marie.
Mathieu pour sa part écrit une toute autre version de l’événement, Marie et Joseph demeurent à Bethlehem, l’enfant naît dans leur maison et c’est seulement après la fuite en Egypte que Joseph et sa famille s’installent à Nazareth.
Ce qui m’importe, c’est de vous faire remarquer combien les trois membres de la sainte famille sont seuls, même si l’ange assemble la multitude de l’armée céleste et quelques bergers pour chanter « gloire à Dieu dans les lieux très hauts et sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir ».
De famille point, d’amis aucun, des foules, certes, mais indifférentes ou hostiles.
Des foules qui se déplacent vers leur lieu de recensement et occupent les caravansérails.
Mais aussi des Nazaréins suspicieux qui sauront montrer leur hostilité à la famille de Joseph quand ils tenteront de tuer Jésus quelques trente années plus tard.
Même à une femme en gésine nul ne cède une place décente pour accoucher.
Attitude proprement impensable dans un pays où l’accueil de l’étranger est un devoir.
Attitude aussi impensable que celle d’une foule acharnée à faire mourir celui qu’elle avait admiré.
A la fin de sa vie comme au moment de sa naissance, Jésus sera presque seul, avec, selon Mathieu, des femmes au pied de la croix, dont deux se prénomment Marie.
Quand Jésus expira, la foule responsable de son supplice avait déjà quitté les lieux.
Joseph d’Arimathée prit alors le corps en catimini, l’enveloppa d’un drap pur et le porta dans une tombe récemment creusée.
Ainsi, Jésus aux deux bouts de son existence est entouré de rares personnages aux prénoms identiques.
Les foules dans les deux cas lui ont été hostiles.
Nouveau né et cadavre sont placée dans une cavité de la terre.
Jésus est porté par une vierge et sa dépouille est placée dans une grotte immaculée nouvellement creusée.
Né dans l’isolement d’une grotte, Jésus est enseveli par une petite troupe en secret.
Emmailloté à sa naissance il est enveloppé dans un drap pur à sa mort.
Christ est prêt pour une renaissance, nouveau né et dépouilles se confondent pour recommencer l’histoire.
Christ est là, toujours prêt à relever tout homme de foi enfermé au fonds d’une cavité close.
Que ce soit, le malheur, la peur, la souffrance, la solitude, tout cela il l’a connu et finalement surmonté.
Il a vécu cela et il t’assistera pour sortir comme lui dans la lumière.
C’est probablement ce que Mathieu et Luc ont voulu signifier aux premiers chrétiens, inquiets de ne pas voir revenir un Jésus en gloire pour rendre justice.
A ce stade de ma réflexion, je me suis demandé quels rapports Jésus pouvait bien entretenir avec une foule absente et hostile aux deux bouts de son existence.
En étudiant les occurrences du mot foule ou multitude, je me suis aperçu dans la bible Segond que si l’ancien testament utilise le vocable 16 fois, Mathieu l’utilise lui 48 fois, Marc 40 fois, Luc 35 fois , Jean 17 fois, Paul dans ses épîtres 1 fois.
Ce sont les évangiles synoptiques qui s’intéressent le plus à la foule.
L’ancien testament est, avant tout, préoccupé de l’histoire d’un peuple, le mot est cité 1652 fois dans l’ancien testament ,147 fois dans le nouveau testament et 15 fois chez Mathieu.
Cela n’est pas étonnant, l’ancien testament relate, l’histoire du rapport de Yahvé avec des tribus, un peuple descendant des patriarches.
Un peuple est une entité disposant de son code de lois, d’un Dieu ou de Dieux et d’un pouvoir temporel commun, ses chefs peuvent s’exprimer au nom d’hommes rassemblés sous un étendard, symbole de cette communauté.
Les foules réunissent des individus en quête d’une solution à leurs problèmes, souffrant d’un manque. Les personnes les constituant, parfois étrangères, les unes aux autres, cherchent un moyen de s’unir pour forcer un destin défavorable.
A priori les foules sont en attente d’un chef providentiel promettant d’apporter une solution miraculeuse à leurs maux. Parfois faute de chef c’est un coupable sacrifié qui assurera la fonction d’unification par le meurtre à responsabilité partagée.
Si un chef ou un Dieu providentiel survient ou, si un fautif, source supposée de tous les maux, est désigné, alors l’individu fondu dans la foule accède aux plus grandes joies collectives.
Pensez aux soirs de victoires, aux lynchages de toutes sortes ponctués par les rires et insultes des assistants.

Pour illustrer ce plaisir d’être à l’unisson d’une foule, je lis un extrait du psaume 42
« Voici pourtant ce dont je veux me souvenir, quand je me répands sur moi-même, je marchais avec la foule et je m’avançais avec elle jusqu’à la maison de Dieu, dans les cris de joie et de reconnaissance d’une multitude en fête »
L’équivalent de ce bonheur n’existe vraiment dans les évangiles synoptiques que le jour des rameaux (Mathieu 21-8)
« Les foules le précédaient et le suivaient en criant Hosannah pour le fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du seigneur ! Hosannah dans les cieux très hauts ! »
Jésus versé dans l’étude de la loi et des prophètes était forcément averti des possibles pulsions inattendues des foules, il avait lu le Pentateuque où il est dit en Exode 23- 2
« tu ne suivras pas les foules pour faire du mal, tu ne déposeras pas dans un procès en te mettant du côté de la multitude pour faire pencher la justice, tu ne favoriseras pas le pauvre dans son procès ».

Le parcours de Jésus retracé, notamment par l’évangéliste Mathieu, est un véritable chassé croisé entre lui et les foules.
C’est une histoire de passion au dénouement fatal, l’un des deux protagonistes, la foule, passe de l’amour à la haine dans la plus pure tradition dramatique.

Au début de la mission de Jésus, tout se passa fort bien.
Après s’être recueilli dans la solitude du désert, il commença à proclamer « changez radicalement, car le règne des cieux s’est approché ! » et de partout de grandes foules se mirent à le suivre.
A l’instar de Moïse présentant du haut du Sinaï les commandements au peuple rassemblé, Jésus du haut de la montagne révéla son programme.
Les 9 proclamations commençant par le mot heureux, rappellent et complètent les 10 commandements. Symboliquement le nombre 9 annonce à la fois une fin et un recommencement, c'est-à-dire une transposition sur un nouveau plan.
Il exprime en tant que dernier des chiffres, la fin d’un cycle, l’achèvement d’une course, la fermeture de la boucle (dictionnaire des symboles chez Laffont).

Mais de l’enthousiasme des multitudes, Jésus ne pouvait que se méfier car l’écho des paroles du prophète Ezéchiel raisonnait sans doute dans sa tête
« Ils se rendent en foule auprès de toi et mon peuple s’assied devant toi. Ils écoutent tes paroles, mais ils ne les mettent pas en pratique, car ils agissent avec des paroles aimables à la bouche alors que l’avidité mène leur cœur. Te voilà pour eux comme une aimable chanson »

Dans les chapitres 5 à 7 de l’évangile de Mathieu, Jésus distille un enseignement clair et charpenté constituant une somme théologique.
Les foules étaient ébahies de son enseignement, car il les instruisait comme quelqu’un qui a de l’autorité et non pas comme leurs scribes (mat 7 -28)
Soudainement , tout bascule au chapitre 8.
Jésus descend de la montagne, rentre chez lui à Capharnaüm. Là, un officier romain l’interpelle lui un rabbi juif: il implore celui qui est au yeux de l’occupant un va nu pied, vaguement illuminé, pour qu’il sauve son serviteur.
Cette demande est insensée ce que souligne Jésus « moi, je viendrai le guérir ! »
Ce soldat dit alors cette phrase admirable « Seigneur dit seulement une parole et mon serviteur sera guéri ».
C’est chez ce Romain que Jésus rencontre pour la première fois une adhésion totale à son message.
Après l’avoir entendu Jésus étonné dit à ceux qui le suivaient ; amen je vous le dis, chez personne en Israël je n’ai trouvé une telle foi. Je vous le dis beaucoup viendront de l’est et de l’ouest pour s’installer à table avec les patriarches dans le royaume des cieux. Mais les fils du royaume seront chassés dans les ténèbres du dehors… »
A ce moment précis, le rabbi prend conscience de ce que sa mission dépasse les seuls juifs et intéresse l’humanité entière.
Dès lors sa stratégie change, il cultive un contact plus serré avec ses disciples et c’est eux qu’il enseigne prioritairement.
Dès cet instant, Jésus tente de mettre les foules à distance « Jésus voyant une foule autour de lui, donna l’ordre de passer sur l’autre rive ». Plus loin en Mathieu 9 la foule est chassée par les disciples.
Et pourtant elles l’émeuvent, ces foules lassées et abattues, car elles sont sans berger, il est alors urgent de prier, car la moisson est grande, pour que le maître de la moisson envoie des ouvriers dans sa moisson (Mat 9 36-38)
Jésus recherche le contact avec des hommes bien individualisés, ses miracles ne sont pas collectifs, ils concernent un paralytique, une femme atteinte d’hémorragie et une jeune fille qu’il ressuscite, deux aveugles, un démoniaque muet.

Jésus s’astreint à enseigner dans l’espace réduit des synagogues. Il instruit ses disciples et les envoie en mission de village en village, de maison en maison.

Contre son gré, les foules s’acharnent à le suivre, elles ont entendu parler de ses miracles par le bouche à oreille et espèrent pouvoir en bénéficier aussi.
Jésus ne leur parle plus dès lors qu’en paraboles.
Ses disciples s’étonnant de ce changement de méthode, Jésus leur dit « Il vous a été donné à vous de connaître les mystères du règne des cieux, à eux cela n’a pas été donné. Voilà pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent ».

Jésus se rend à l’évidence, les juifs désespérés, qui constituent les foules attachées à ses basques, sont à la limite de commettre le pire, ils sont affamés, malades, humiliés par un occupant Romain cupide.
Ils sont comme des mendiants à tendre les mains vers celui qui guérit par pitié, qui parle autrement que les maîtres corrompus et collaborateurs.
Peut être ce prophète rassemblera t’il les juifs pour rétablir un nouvel Israël libre.
Jésus ému par ce profond désarroi ne peut faire autrement que de guérir. Par deux fois, pris de compassion, il les nourrit même en multipliant les pains.
Il a pleinement conscience que parler en clair d’un royaume à venir, d’un changement radical pourrait conduire à l’insurrection qu’il serait bien incapable de maîtriser.
Alors parler en paraboles oblige les auditeurs à faire appel à la réflexion et les conduit à discuter entre eux de l’interprétation à donner, comme les juifs savent si bien le faire.
Les élans menant à la révolte se fondent sur des slogans capables d’être repris à l’unisson et non sur des textes à énigmes.

Comprendre les paraboles n’est pas évident et les disciples eux même demandent souvent des explications au maître.
La tension tombe et le maître demande systématiquement de ne pas ébruiter les miracles qu’il réalise. Loin de brandir l’étendard de la révolte, il s’esquive.

Ils étaient toutefois nombreux à espérer en ce Jésus.
Les pharisiens et prêtres « (mat 21-46) cherchaient à le faire arrêter, mais ils avaient peur des foules, parce qu’elles le prenaient pour un prophète ».
Ces foules attendaient, comme Judas peut être, que Christ acculé devant les juges du sanhédrin donne enfin le signal de la révolte, mais rien pas de miracle, Jésus se taisait.
Ce fut alors un jeu d’enfant de les manipuler (Mat 27- 20) « les grands prêtres et les anciens persuadèrent la foule de demander Barabbas et de faire disparaître Jésus »
L’impensable se produisit alors.
La foule réclama avec véhémence l’exécution du sauveur.

L’histoire est pleine de ces réactions irraisonnées de foules galvanisées. Car une foule est un être qui a sa propre existence, tout comme un ban de poissons qui dans une simultanéité de tous donne l’impression d’une seule mouvance.
La direction suivie semble échapper à toute prévision, comme si l’essentiel était de bouger simultanément
La liste des manipulations de foules est longue et notamment celle commises au nom de Dieu.
Elles abondent les sectes, ils se saoulent de leur puissance les promoteurs de croisades, ils s’enorgueillissent de leur pouvoir dévoyés les faux prophètes.
J’ai eu la curiosité de regarder certaines chaînes de télévision chrétiennes de pays lointains, certaines présentaient des manipulations d’assemblées de plus de mille personnes complètement fanatisées par des prédicateurs hurlants, rabachant encore et encore le même verset au son de mélopées répétitives.
O seigneur ont-ils oubliés que malgré la compassion que t’inspirait les foules tu savais les rappeler à la nécessité d’un rapport individuel avec Dieu.
« Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. (Mat 6 7 et 8) »
Dieu connaît chaque homme par son nom, il est un père et de ce fait fonde pour ses enfants les plus grandes espérances.
Il ne voit pas une foule, sa vision se focalise sur toi.
Regardes le en face, dialogue avec lui, use de ton intelligence pour discerner sa volonté.
Les paraboles font surgir du sens, chacun en fait son miel et y trouve une signification correspondant à son état de développement et à sa situation.
Les paroles de Christ rapportées par les évangélistes parlent à nos cœurs et réveillent de soudaines fulgurances, des émotions semblables à celle que peuvent faire surgir des tableaux ou des musiques.
Il n’y pas en elles de slogans il y a en elles les clefs de la relation avec Dieu le père.
Jésus ne t’envoie pas pour ourdir la violence, pour défendre un code de lois, mais comme le dit l’évangéliste Luc (4-18)
« l’Esprit du Seigneur est sur toi, parce qu’il t’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; Il t’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés ».
(2 Corinthiens 3:17) Or, le Seigneur c’est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.