vendredi 30 septembre 2011

Prédication donnée à Aubagne le 2 octobre 2011

Prédication : Mathieu 21 versets 38 à 46
Les deux paraboles que je viens de lire se situent dans un contexte bien particulier.
En ces temps, à la veille de la Pâque juive de l’an 33, c’est dans le temple de Jérusalem qu’enseignait Jésus, beaucoup de monde venait écouter cet étrange rabbi issu de Galilée, contrée cosmopolite méprisée par les notables de Jérusalem.
La foule s’assemblait en murmurant, elle s’interrogeait.
Qui est ce rabbi ? Un prophète, un zélote, un disciple de Jean le baptiste ?
Les spéculations allaient bon train, certains se demandaient si ce Jésus n’était pas le messie tant attendu annoncé par Esaïe ou Daniel ?
Jésus ne venait- il pas de chasser les vendeurs rassemblés aux entrées du temple de façon très autoritaire alors qu’ils proposaient la vente d’animaux sacrificiels ? Ce Jésus était ainsi ouvertement hostile aux sacrifices dont la loi prescrivait pourtant l’usage.
Le calme habituel des enceintes sacrées du temple était troublé.
La foule, venue des quatre coins de la Judée pour la fête, bruissait de mille rumeurs.
Les grands prêtres et anciens étaient excédés.
Ils craignaient l’émeute en ces temps troublés mais surtout percevaient que leur pouvoir était ouvertement contesté dans l’enceinte même du temple.
Imaginez la fureur des sacrificateurs à qui on enlève les animaux nécessaires à leur rite mais par là même aussi leur raison d’être.
Ils décidèrent alors, protégés par leur escorte, d’aller interroger Jésus et d’éventuellement l’arrêter.
Comme leur autorité était en péril, la question posée fut la suivante « de quelle autorité fais tu cela ? » et « qui t’a donné cette autorité ? ».
Jésus ne répondit pas à leur question et se permit de les interroger à son tour, « le baptême de Jean le baptiste venait il du ciel ou des humains ? »
Or les responsables juifs craignaient les réactions hostiles de la foule massée dans le temple. Cette foule appréciait en effet l’enseignement de Jean et n’acceptait pas qu’Hérode ait pu le faire décapiter avec l’aval des grands prêtres.
Face à une foule muette, silencieuse mais tendue à l’extrême, les prêtres prudemment répondirent qu’ils ne savaient pas.
Eux les dépositaires du savoir ne savaient pas, quel aveu de faiblesse !
Ironiquement Jésus répondit de la même manière à l’interrogation des autorités religieuses « moi non plus je ne vous dis pas de quelle autorité je fais cela ».
Jésus enchaina immédiatement en utilisant des paraboles.
Celles que je vous ai lues, clôturent le débat entre les autorités ecclésiastiques et Jésus.
Les maîtres du temple humiliés convinrent alors de faire arrêter Jésus, dans la nuit, pour éviter les troubles populaires.
Le contenu des deux paraboles justifiait à leurs yeux cette sanction, leur autorité à eux grands prêtres et chefs de la communauté juive était bafouée par un illuminé se prenant pour le messie et enfreignant la loi.
J’attire votre attention sur le fait que les deux autres évangiles synoptiques, ceux de Marc et Luc, comportent des textes pratiquement similaires.
La présence d’un même texte au sein des trois évangiles signifie certainement que Jésus s’est bien trouvé dans la situation évoquée au milieu de nombreux témoins dont les disciples.
Jésus, dans les paraboles que nous examinons s’adressait prioritairement aux grands prêtres et anciens, hommes experts en matière de textes bibliques et gardiens du respect de la loi.
Les notions symboliques utilisées leur étaient familières, eux qui connaissaient l’ancien testament par cœur.
Les mots vigne et pierre d’angle avaient bercé leurs méditations.
Je vous lis le PS 80 versets 9 à 19 suivant qui en est l’illustration.
Notez de suite que le terme vigne équivaut ici au mot « peuple élu »
« Tu avais arraché de l’Egypte une vigne ; tu as chassé des nations et tu l’as plantée.
Tu as fait place nette devant elle : elle a enfoncé ses racines et rempli le pays ;
Les montagnes étaient couvertes de son ombre et sa ramure était comme les cèdres de Dieu ;
Elle étendait ses rameaux jusqu’à la mer, et ses rejetons jusqu’au Fleuve.
Pourquoi as-tu ouvert des brèches dans ses clôtures, de sorte que tous les passants la grappillent ?
Le sanglier de la forêt y fouille, et ce qui se meut dans les champs en fait sa pâture.
Dieu des armées revient, s’il te plaît !
Regarde du ciel et vois ! Interviens en faveur de cette vigne !
Protège ce que ta main droite a planté et le fils que tu as toi-même rendu fort !
Elle est incendiée, elle est coupée ! Devant ton visage menaçant ils périssent.
Pose ta main sur l’homme qui est à ta droite, et sur le fils d’homme qui te doit sa force.
Alors nous ne te quitterons pas, tu nous feras vivre et nous invoquerons ton nom. »
La parabole dite par Jésus est singulièrement proche du texte de ce psaume, mais aussi du texte tiré d’Esaïe lu comme texte du jour et elle en reprend nombre de symboles.
Evidemment les prêtres juifs comprenaient immédiatement que la vigne, représentait le peuple juif arraché d’Egypte et s’épanouissant sur la terre promise.
Le terme « fils » utilisé par Jésus dans la parabole, fait écho au terme « fils de l’homme » abondamment utilisé dans l’ancien testament.
Ecrit, 200 ans avant JC, le livre de Daniel, dans son chapitre 7 versets 13 à 14, donne à l’expression « fils de l’homme » une dimension divine. Je cite :
« Dans mes visions nocturnes je vis alors arriver, avec les nuées du ciel quelqu’un qui ressemblait à un fils de l’homme. On lui donnera la domination, l’honneur et la royauté. Sa domination durera à toujours, elle ne passera pas, et son royaume ne sera jamais détruit. »
Ainsi quand Jésus parle du fils du maître, les savants auditeurs pensent, sans l’ombre d’un doute, au messie glorieux du texte de Daniel.
Leur surprise, voire leur colère, se transforme en fureur devant la prétention de ce rabbi Galiléen qui à l’évidence prétend être le fils du maître de la vigne.
Dans le texte d’Esaïe 5 que je vous ai lu, le Dieu des armées n’a aucune pitié pour le peuple élu fautif, il le détruit : je cite
« je réduirai la vigne en ruine ».
La réaction du propriétaire mis en scène dans la parabole rapportée par Mathieu est inconnue.
Jésus ne dit rien sur la réaction du maître.
En effet une sanction y figure bien mais elle est formulée par les prêtres en réponse à la question que leur pose Jésus « lorsque le maître de la vigne viendra, comment traitera t’il donc les vignerons ? »
Ce sont les grands prêtres eux même qui concluent !
Il est évident pour eux que le maître de la vigne réagira comme le Dieu des armées de l’ancien testament qui est leur référence.
Mathieu présente un Jésus muet, dès lors il restera muet tout au long de son procès face à Hérode, au sanhédrin et à Ponce Pilate.
Jésus nous invite à imaginer la fin de l’histoire.
Le maître n’a pas sévi quand ses serviteurs ont été battus ou tués.
Continuera-t-il d’adopter un comportement laxiste ? Tentera-t-il de pardonner quand les vignerons seront à terre ? Prouvera-t-il que là où le péché abonde la grâce surabonde ? La patience infinie du maître le poussera t’elle à sauver les plus pécheresses de ses créatures ? Tueras t’il les assassins de son fils ?
Jésus se tait et notre imagination échafaude des hypothèses.
Mais, oh surprise ! Dans les deux autres évangiles, le récit, sur ce point, est différent, c’est Jésus qui annonce la sanction. C’est lui qui dit
« Que fera donc le maître de la vigne, il fera disparaître les vignerons et il donnera la vigne à d’autres ».
Luc ajoute la phrase suivante « en entendant cela, ils s’exclamèrent, jamais de la vie ! ».
Les notables religieux, présentés par Luc, ne peuvent accepter la sanction évoquée par Jésus, en effet ils se rendent compte que les vignerons fautifs se sont eux, alors que chez Mathieu ce sont précisément ces notables qui proposent l’exécution des fautifs.
Il y a là une différence essentielle entre les évangélistes.
Quelle en est la raison ?
Mathieu écrit pour une communauté de juifs chrétiens réfugiés après 70 à Damas ou Antioche, Luc quant à lui écrit pour des pagano Chrétiens.
Les juifs chrétiens entourant Mathieu, tout comme les grands prêtres du temple évoqués par Luc, ne peuvent accepter la destruction du peuple juif !
Jésus ne peut vouloir l’extermination des juifs.
En effet, tant Jésus que Paul et tous les disciples sont juifs !
Par ailleurs les lettres de Paul sont lues dans les communautés chrétiennes depuis les années 50.
Pour Paul tous les hommes ont accès à la bonne nouvelle, y compris les juifs qui se convertissent comme le précise le chapitre 11 de la lettre aux Romains et le texte de 1Co 12:13 : je cite
« Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit ».
Mathieu ne pouvait donc accréditer l’idée que le peuple élu serait éradiqué.
Luc pour sa part n’avait pas de raisons particulières de protéger les juifs, bien au contraire puisqu’à cette époque, les juifs refusaient aux chrétiens l’accès aux synagogues et Jacques le mineur le frère de Jésus, chef de la communauté judéo chrétienne de Jérusalem avait été lynché de façon ignominieuse en 62 sur les ordres du Grand prêtre.
Belle leçon pour ceux qui sacralisent les textes bibliques, ceux-ci ont été écrits dans un contexte donné pour des auditoires donnés et sont parfois contradictoires.
Il faut donc impérativement comparer, analyser pour accéder à une compréhension du message véritable de Jésus.
Le maître a en fait restauré une autre vigne qui n’est plus enserrée par des haies pour mieux la défendre des maraudeurs et peuples ennemis. Je cite dans Jean 15:5 « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire ».
Le peuple de la nouvelle alliance en Jésus est constitué par l’ensemble de l’humanité et pour les plus libéraux d’entre nous par l’ensemble de la création.
Pour entrer dans cette communauté, il suffit de déclarer sa foi, sa confiance en cet envoyé, ce guide, qu’est Jésus.
Il n’y a plus de nations de peuples ou tribus, il y a des hommes libres tous chéris par leur Dieu.
Il ne s’agit plus d’être de la descendance charnelle d’Abraham, obsession des juifs, idolâtrant, pour cette raison, les arbres généalogiques attestant leur rattachement à l’une des douze tribus.
Le créateur ne se détourne d’aucune de ses créatures.
Au contraire il les aime à la folie, au-delà de l’entendement.
Jésus est venu sauver les perdus. Il va rechercher les exclus, les sourds, les aveugles, les lépreux, les prostituées, les receveurs d’impôts, les possédés et tous les impurs.
Croyez vous que tous les récits de miracles qui jalonnent le chemin de Jésus soient fortuits ? Non bien sûr, il s’agit de signes pour nous faire comprendre que tel que je suis, je suis aimé de façon inconditionnelle.
Un oui même à la dernière heure suffit, comme pour le bon larron cloué sur sa croix, il faut seulement accepter d’être aimé !
C’est pourquoi en réponse à la question des grands prêtres « dis nous de quelle autorité fais tu cela ? »
Jésus cite texte du psaume 118 versets 21 à 23
« La pierre que les bâtisseurs ont rejetée est devenue la clef de voute. Cela vient du seigneur, c’est une merveille à nos yeux »
Autrement dit, le fils de l’homme jeté hors de la vigne ou si vous préférez, Jésus pendu au bois au Golgotha hors de Jérusalem loin du temple, devient la pierre qui stabilise dans ses hauteurs l’édifice entier de la nouvelle alliance entre Dieu et la création.
Plus de peuple élu, seulement des individus baignant dans un amour d’une nature inimaginable.
Plus de Dieu des armées, mais un fils d’homme, messager de Yahvé, pendu au bois dans la plus complète des défaites.
Son échec apparent se transmute en victoire mystérieuse sur toutes les injustices, douleurs, échecs.
Le mutisme de Jésus se transforme, dans le silence de la résurrection, en victoire.
Ce Dieu faible, mais essentiel comme la petite pierre de faîte qui bloque les voutes des plus hautes cathédrales, compte sur nous pour parachever la création d’un édifice dont nous ignorons les contours.
Dieu n’est pas dans une arche d’alliance, dans un tabernacle, il est en nous. L’esprit saint est dans son temple, l’homme. Cet homme qui sans la présence de Dieu en lui ne peut rien faire.
Dieu nous donne le souffle, il nous propose son rythme que recherchent avec passion les ermites et les moines.
Notre rythme à nous c’est souvent de répondre à la violence par la violence, à la force par la force et d’abuser de notre puissance en opprimant les plus faibles.
Le rythme auquel nous initie Jésus est tout autre, il nous donne sa paix qui est une réconciliation avec Dieu.
Les rythmes de la créature sont dès lors harmonisés avec les rythmes divins.
La passion de Dieu est d’accorder à son rythme les hommes aux tonalités discordantes pour les intégrer au chœur céleste.
Non Jésus ne pouvait pour toutes ces raisons prôner l’extermination des vignerons meurtriers, c’est ce qu’à compris avec finesse l’évangéliste Mathieu.
Dieu n’est pas dans la tempête mais dans le buisson lumineux ne se consumant jamais (exode 3 2), discret mais présent pour nous guider vers lui. Amen

mercredi 15 juin 2011

Juin prédication donnée à La Ciotat le 19 Juin 2011

Prédication sur le texte Mathieu 23 versets 1 à 15 et 23 à 33

La charge contre les Pharisiens est terrible. Jésus se bat.
Ce n’est pas le doux pasteur des images Saint Sulpicienne, on retrouve là sa verve combattante inaugurée en Mat 10 34
« Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre, je ne suis pas venu apporter la paix mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle fille et sa belle mère, et l’homme aura pour ennemi les gens de sa maison ».
Les pharisiens sont pratiquement les gens de la maison de Jésus tant leurs convictions théologiques affichées sont proches des siennes.
D’ailleurs, quelques exégètes pensent que des membres de la famille de Jésus, en particulier son frère Jacques, appartenaient à leur parti.
Le texte du jour ne remet pas en cause la pertinence des thèses des Pharisiens, bien au contraire, puisque Jésus demande même aux auditeurs de faire et d’observer tout ce que les pharisiens leur demandent.
Par contre il convient de ne pas les prendre pour modèle car, ils disent mais ne font pas.
Ainsi le reproche fait aux pharisiens porte sur leur comportement.
Comportements d’hypocrites plaidant la pureté mais recherchant par ailleurs la reconnaissance sociale, les avantages et les honneurs.
Ils laissent de côté ce qui est le plus important dans la loi : la justice, la compassion et la foi.
Comment ne pas penser au texte d’Esaïe 59 versets 9 à 16
«C'est pourquoi l'équité reste loin de nous, la justice ne nous atteint pas ; nous espérions la lumière, et ce sont les ténèbres— la clarté, et nous marchons dans l'obscurité.
Nous tâtonnons comme des aveugles le long d'un mur, nous tâtonnons comme des gens sans yeux ; nous trébuchons à midi comme au crépuscule, au milieu de l'abondance nous sommes comme les morts.
Nous grognons tous comme des ours, nous gémissons comme des colombes ; nous espérions l'équité, mais rien ! — le salut, mais il est loin de nous !
Car nos transgressions sont nombreuses devant toi, et nos péchés témoignent contre nous ; nos transgressions sont avec nous, et nous connaissons nos fautes :
révoltes et trahisons envers le SEIGNEUR, reculs loin de notre Dieu ; paroles de violence et de subversion, paroles mensongères conçues et méditées dans le cœur, de sorte que l'équité recule, que la justice se tient éloignée ; la loyauté trébuche sur la place publique, la droiture ne peut accéder.
La loyauté a disparu, et celui qui s'éloigne du mal est une proie».
La colère de Jésus est celle du dépit, de l’espérance déçue, c’est le cri de la proie acculée s’éloignant du mal et, de ce fait, incapable de se défendre avec les armes habituelles du monde.
La colère de Jésus est nourrie par le constat suivant : les Juifs ont tendance à multiplier et sacraliser des rites compliqués et à considérer leur pratique comme prioritaire.
Ils sont en quelque sorte victimes d’une addiction !
Mais qui sont ces pharisiens ?
Les pharisiens successeurs des partisans d’Esdras et Néhémie 400 ans avant JC agirent, en tant que parti, pour maintenir la religion d’Israël intacte en dépit des tentatives réitérées des occupants Grecs puis Romains pour l’abolir ou la modifier.
Nombre de pharisiens furent, de ce fait, martyrisés notamment sous le règne d’Antiochus 4 (-150 AJC). Ce parti est, en quelque sorte, un parti puritain décidé à maintenir la stricte observation de la loi.
Le parti n’hésita pas à organiser une résistance armée du peuple juif, durant 6 ans, sous le roi grec Alexandre Jannée qui en 88 AJC fit crucifier 800 d’entre eux.
Comme le relate l’historien juif Josephe, « la puissance des pharisiens sur la foule est telle qu’ils se font écouter même lorsqu’ils parlent contre le roi ou le grand prêtre » (Antiquités 13 10 verset 5).
Dans leur zèle les Pharisiens ne se contentent pas d’interpréter la loi avec exactitude, mais l’interprétation que leurs ancêtres donnèrent de l’AT devient elle-même loi pou eux.
Progressivement ils élaborent le Talmud qui réglemente la vie pratique des juifs dans ses moindres détails.
Le peuple Juif respectait les Pharisiens car ils constituaient le ciment spirituel du peuple et élaboraient les normes sacrées de la vie journalière.
De même les autorités les toléraient car les pharisiens, du temps de Jésus, ne faisaient pas de politique et se concentraient sur le domaine religieux.
C’est pourquoi après 70, date de la destruction du temple de Jérusalem, seuls les pharisiens furent en mesure de maintenir la religion juive.
Les juifs appréciaient la proximité de la religion populaire véhiculée par les Pharisiens, en prise directe avec leurs préoccupations quotidiennes.
Ils n’étaient ainsi pas réceptifs aux dérives dénoncée par Jésus en Marc 7 6 à 13
« Jésus leur dit : Esaïe a bien parlé en prophète sur vous, hypocrites, comme il est écrit :
Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est très éloigné de moi ; c'est en vain qu'ils me rendent un culte, eux qui enseignent comme doctrines des commandements humains.
Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous vous attachez à la tradition des humains. Jésus leur disait : Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour établir votre tradition ».
A force d’attacher plus d’importance aux rites ostentatoires imaginés par les prêtres qu’à la pratique de la charité, Israël prenait garde à purifier l’extérieur de la coupe oubliant de nettoyer l’intérieur pollué par la rapacité et l’excès.
C’est pourquoi Jésus opposait le terme « Heureux » utilisé 9 fois dans le sermon sur la montagne à l’expression « malheur pour vous » appliquée 7 fois aux Pharisiens.
Les hommes heureux sont les généreux, les doux, les affamés de justice, les compatissants, les cœurs purs, toutes caractéristiques antithétiques avec celles qualifiant les Pharisiens.
Malheur à vous hypocrites manipulateurs, bonheur aux purs recherchant DIEU sans relâche et sans à priori.
Ainsi Jésus en fustigeant les Pharisiens s’attaquait à un parti respecté par le peuple qui voyait en lui le parti de la résistance Juive à toute assimilation et perte d’identité.
Les pharisiens avaient leurs martyrs ainsi, pour les juifs, honorer la mémoire de tels hérauts allait de soi.
De façon tout à fait comparable, après la seconde guerre mondiale nul ne remettait en cause les partis issus de la résistance intérieure.
A vue humaine, l’entreprise de Jésus était vouée à l’échec.
Dans les conditions angoissantes de l’occupation Romaine, il était impossible de changer l’opinion du peuple sur le parti des Pharisiens, âme de la résistance religieuse Juive.
La démarche de Jésus se solda d’ailleurs par un échec total, incompréhensiblement transformé en victoire par une effusion spirituelle providentielle.

Si le chemin suivi par les Pharisiens n’est pas le bon, alors c’est celui suivi par Jésus qui est le modèle de nos chemins de vie chrétiens.
Toutefois il en est deux! C’est ce que nous apprend le théologien André Gounelle dans son livre « le dynamisme créateur de Dieu ».
Soit on considère que les évangiles constituent un enseignement révélé, soit l’incarnation de Jésus et ses comportements nous servent de modèle pour trouver l’énergie nécessaire à l’accomplissement du plan de Dieu.
Si l’enseignement est privilégié, ce sont les paroles et les actions significatives de Jésus qui vont servir de références.
Dans cette optique ces paroles et ces actions constituent un savoir.
Par elles nous apprenons qui est Dieu et nous découvrons le secret du monde et de la vie.
Le croyant s’efforce de recevoir et de transmettre sans transformations leur signification.
Les fidèles doivent conformer leurs croyances et leurs idées aux discours de Jésus et régler leurs conduites d’après ses préceptes.
Pour l’église, se réformer signifie revenir au modèle néotestamentaire et non s’adapter à des situations nouvelles.
La fidélité consiste à maintenir, en les modifiant le moins possible, des doctrines et des principes.
Quand on se réfère ainsi à Jésus on est conduit, à un christianisme conservateur et statique, qui se fige dans ses dogmes et dans ses rites et qui se refuse à toute nouveauté ; autrement dit cette conduite génère paradoxalement un christianisme qui se ferme à Christ.
Car l’onction de Dieu instituant son Christ confère à celui ci la puissance divine de transformation créatrice. Or si le temps de l’histoire religieuse s’est arrêtée un jour de Pâques de l’an 33 rien ne peut plus ensuite être transformé ni créé !
On s’appuie alors sur Jésus sur ses paroles et ses actes pour rejeter le Christ une nouvelle fois comme, pour les mêmes raisons, l’ont fait une première fois, il y a 2000 ans les Pharisiens.
Les chrétiens adeptes de cette voie devraient méditer l’appel de Jésus « changez radicalement et croyez à la bonne nouvelle » (Marc 1 15).
Le second chemin de vie est défendu par les théologiens Américains du Process.
Ils considèrent que notre référence doit être dominée par la notion d’événement.
Les paroles et les actions de Jésus ont eu et ont toujours pour effet de changer les situations existantes.
Elles ont fait et font encore bouger les choses.
Elles ont mis en route un processus qui, 20 siècles après, n’est pas parvenu à son terme.
Elles ont opéré et continuent d’opérer des transformations créatrices.
Là réside principalement la valeur des paroles et actions de Jésus.
Au fond Jésus n’apporte pas grand-chose à ses auditeurs sur le royaume de Dieu qui constitue cependant le thème central de ses prédications.
La spécificité de Jésus vient de ce qu’il mobilise ses adeptes pour construire ce Royaume ; il est, par son verbe, la puissance qui oriente et dynamise leur existence ; il leur ouvre un espace à parcourir et un avenir vers lequel se diriger.
L’évangile n’enseigne pas ; il interpelle, bouscule et dérange.
On le dénature quand on en tire des règles à respecter et des doctrines à croire.
Il est une force et un courant qui nous emporte toujours plus loin, qui nous empêche de nous installer et de nous reposer.
Jésus est le Christ dans la mesure où il nous arrache à nos habitudes, nous fait sortir de nos systèmes, même néotestamentaires, et casse nos cadres pour nous ouvrir à des perspectives nouvelles et nous pousser à aller de l’avant.
La vie chrétienne invente et s’invente sans cesse, entrainée par la puissance divine de transformation créatrice, participant à ce grand mouvement qui trouve son origine en Jésus le Christ.
L’évangile ne doit pas être considéré comme la balise qui indique un point fixe et sert de repère au navigateur, mais plutôt comme le moteur qui permet à son bateau de se déplacer.
Il ne faut pas voir en Jésus un maître qui aurait, un temps, délivré un enseignement définitif et immuable que ses disciples n’auraient plus qu’à assimiler et à apprendre par cœur.
Il est plutôt comparable à un guide de montagne qui indique les routes nouvelles et incite à les prendre pour grimper plus haut.
Par essence le christianisme est changement, mouvement.
Il ne rejette pas l’héritage, mais il l’intègre dans son élan vers l’avenir.
En acceptant des transformations créatrices, en y travaillant nous ne trahissons pas, ni n’abandonnons Jésus.
Le message délivré par Jésus aux Pharisiens est clair à cet égard, il s’efforce de provoquer un choc libérant le croyant des contraintes imposées par les pouvoirs, religieux en particulier, pour qu’il puisse s’investir dans l’élaboration du projet de Dieu.
Jésus est le Christ parce qu’il incarne la puissance transformatrice du verbe, le dynamisme créateur de Dieu qui nous appelle à devenir de nouvelles créatures et qui suscite l’élaboration aujourd’hui et demain d’une création améliorée.
Création à laquelle nous sommes associés car il a besoin de nous pour cet ouvrage.
Frères et sœurs, la colère de Jésus vis-à-vis de Pharisiens, dont il se sent très proche, devrait être la notre quand nos églises trahissent en cassant l’élan des plus dynamiques ou en se laissant attirer par le paraître en oubliant leur vocation missionnaire.
Jésus est un doux certes, mais il est porté par une volonté farouche de changer les choses, sa colère le porte à renverser les tables des marchands du temple introduisant la cupidité et la vanité jusque dans le sanctuaire.
Il nous demande de changer notre regard et nos priorités, briser notre orgueil, canaliser notre envie d’être considéré, méditer sur le cours de nos vies pour en chasser tout le côté mondain et superficiel, réfléchir à ce que signifie aimer son prochain, comprendre que nous sommes cocréateurs du monde avec Dieu.
Jésus n’a pas vaincu à dimension humaine dans le monde où nous évoluons, mais il est victorieux par sa présence active au cœur des hommes.
Il les appelle à continuer son ouvrage dont il a établi les fondations.
Il nous confie le soin d’élaborer avec son aide ce qu’il appelle le royaume.

samedi 30 avril 2011

prédication du 1 Mai 2011 à Aubagne

Prédication sur le texte Jean 20 versets 19 à 31

Frères et sœurs ce texte relate la fondation de l’église du Christ et la conclusion de la nouvelle alliance de Dieu avec les hommes.
Il nous autorise à nier la critique à la mode selon laquelle Jésus n’aurait pas fondé l’église.
L’église selon les tenants de cette thèse serait une pure construction de l’imagination humaine.
Et bien toutes ces fausses affirmations sont balayées, notamment par ce texte de Jean dont on retrouve des équivalents dans les autres évangiles. Je vais vous les citer.
Dans Mathieu 28 16 à 20
« Les onze disciples allèrent en Galilée sur la montagne que Jésus avait désigné. Quand ils le virent ils se prosternèrent, mais quelques uns eurent des doutes ; Jésus s’approcha et leur dit ; « toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez et faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez les pour le nom du père, du fils et de l’esprit saint et enseignez leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde »
Dans Luc 24 36 à 49
Il se présenta au milieu d’eux et leur dit
« Que la paix soit avec vous ! Saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit, mais il leur dit : pourquoi êtes vous troublés ? Pourquoi des doutes vous viennent t’ils ? Regardez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; palpez moi et regardez ; un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai. Et en disant cela il leur montra ses mains et ses pieds. Comme dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et qu’ils s’étonnaient, il leur dit : avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui donnèrent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les écritures. …Moi j’envoie sur vous ce que mon père a promis ; vous restez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut ».
Puis dans Marc chapitre 16 versets 14 à 18, mais dans le cadre d’un ajout postérieur à la version primitive de l’évangile:
« Enfin il se manifesta aux onze, pendant qu’ils étaient à table, et il leur reprocha sévèrement leur manque de foi et leur obstination parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu après son réveil. Puis il leur dit : allez dans le monde entier et proclamez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui deviendra croyant et recevra le baptême sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné ».
Même si ces textes paraissent à première vue dissemblables, ils ont en commun de présenter des disciples regroupés, mais aussi des disciples tenaillés par le doute.
Ils ne sont vraiment persuadés d’avoir devant eux un Jésus palpable que lorsque Jésus leur montre sur son corps de chair les plaies de la crucifixion ou partage un repas avec eux.
Les disciples sont alors envoyés après effusion du saint esprit parmi tous les peuples pour baptiser et annoncer la bonne nouvelle.
Cette mission est confiée aux onze disciples qui ont eu l’exclusivité de voir Jésus ressuscités.
Cette exclusivité est confirmée dans les actes dans un discours de Pierre (Actes 10-36)
« Dieu a réveillé Jésus le troisième jour ; il lui a donné de se manifester, non à tout le peuple, mais aux témoins désignés d’avance par lui, à nous qui avons mangé et bu avec lui après qu’il s’est relevé d’entre les morts.»
Malgré les variations évidentes dans la présentation des événements, les témoins que sont les quatre évangélistes, sont en harmonie sur l’essentiel.
Christ est apparu relevé d’entre les morts aux disciples, il les a envoyés pour réaliser l’église dont il est la tête dans le cadre d’une alliance nouvelle où Dieu révèle son amour insondable pour l’humanité.
Abordons quelques éléments du texte de Jean.
Jésus en se manifestant devant ses disciples ne fait qu’accomplir ce qu’il leur avait annoncé la veille de sa mort en Jean 14 versets 18 à 20
« Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous. Encore un peu, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez, parce que, moi je vis, et que vous aussi vous vivrez.».
Ainsi se réalise pour les disciples, ce Dimanche là, l’annonce « vous me verrez parce que moi je vis ».
Frères et sœurs cette promesse est aussi pour vous, vous verrez Jésus parce qu’il vit en vous.
Avez-vous noté que Jésus par trois fois prononce la phrase « que la paix soit avec vous » ?
C’est même par deux fois la première phrase qu’il prononce debout au milieu des disciples, quant à la troisième fois, le shalom hébreux introduit l’envoi des disciples et l’effusion du saint esprit.
Il m’a semblé intéressant de réfléchir sur cette salutation intentionnellement répétée.
Lorsque Jésus envoya, lors de la période faste de sa mission, ses disciples deux par deux pour annoncer que le règne de Dieu s’était approché, il dit (Mat 10 versets 12 et 13)
« En entrant dans la maison saluez là ; si la maison est digne que votre paix vienne sur elle, mais si elle n’est pas digne, que votre paix revienne vers vous. »
Voilà la clef de la compréhension du texte de Jean, c’est sa paix que l’on transmet, c'est-à-dire la relation avec notre Dieu qui construit notre vie. Quand Jésus prononce le shalom il indique à ses disciples qu’ils sont dignes que sa paix à lui vienne sur eux et ce gratuitement sans demander aux disciples et à l’humanité une performance particulière.
Tant mieux car cette petite troupe apeurée, a été bien peu valeureuse ces trois derniers jours.
Tous les disciples, à l’exception de Jean, ont laissé leur maître seul en agonie au milieu de femmes recroquevillées sur leur souffrance, ils ont nié, à l’exemple de Pierre, connaître ce Jésus prétendument roi des juifs.
Apprendre qu’ils sont, malgré leurs insuffisances, dignes d’accueillir Christ est une nouvelle formidable pour ces hommes de peu, harassés, tenaillés par la honte et sans la vitalité nécessaire pour entreprendre une quelconque action.
Mesurons nous vraiment l’importance de cette annonce ?
Le pardon de Dieu s’adresse à ces petits, si humains dans leurs défaillances, elle s’adresse à Thomas aussi avant qu’il ne se rende à l’évidence, il a devant lui son seigneur et son Dieu.
Ils ne sont plus orphelins, si Jésus est relevé eux sont aussi re suscités, leur vie reprend sens.
Un souffle nouveau leur redonne vie car comme dit en Colossiens 1 versets 19 et 20
« Il a plu à Dieu de faire habiter en Jésus toute plénitude et par lui de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix »
Cette paix, par lui, transmise aux disciples et à travers eux à toute l’humanité, a été tragiquement acquise.
Dieu insulté, méprisé, exécuté a fait surabonder la grâce.
Il ne lui est pas possible d’aller plus loin dans l’amour de l’humanité.
C’est pourquoi cette alliance entre Dieu et les hommes est l’ultime alliance.
Voilà ce que signifient les Shalom du Christ.
Nous pouvons comme Siméon tenant l’enfant Jésus dans ses bras (Luc 2 verset 29) dire « Maintenant maître, tu laisses ton esclave s’en aller en paix selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut, celui que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour la révélation aux nations et gloire de ton peuple Israël »
Cette paix annoncée n’est pas la paix entre les hommes mais la paix entre tous les hommes et leur Dieu.
Thomas est en paix avec son Dieu, même quand il doute, car le Shalom de Jésus précède sa prise de conscience, ainsi à son image nous sommes tous potentiellement en paix avec Dieu, sa bénédiction est sur nous.
Il nous reste à franchir un pas, celui de la foi « heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
Avoir confiance, espérer comme ces disciples qui, malgré tout se serrent apeurés dans la salle haute. Ils n’ont pas fuit comme les pèlerins d’Emmaüs.
Ils croyaient assurément en l’impossible, tant Jésus les avait habitués à surmonter les obstacles par la foi qui renverse les montagnes.
La nouvelle alliance est celle du don, impensable dans le contexte de violence du temps de la passion, Dieu nous laisse sa paix, Dieu nous donne sa paix. Cette grâce est un don de Dieu (Eph 2 verset 8)
« C’est par la grâce que vous êtes sauvés au moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ».
Alors le chant des anges à Noel prend tout son sens
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir »
Le texte de Jean spécifie : « Jésus souffla sur eux et leur dit recevez l’esprit saint ».
Comme dans la Genèse le souffle tournoyait au dessus des eaux. Dieu dit recevez l’esprit saint et il en fut ainsi.
Dieu est aujourd’hui à nouveau en paix avec les hommes, tout est accompli, un temps nouveau abolit les peurs de jadis et aussi l’image du Dieu vengeur de l’ancien testament, c’est ce que ce Shalom indique dans la bouche de Jésus.
Cette paix n’est pas celle des hommes et ne dépend pas d’eux écrit Paul en Ephésiens 2 4 à 7
« Dieu est riche en compassion et, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts du fait de nos fautes, il nous a rendus vivants avec le Christ, c’est par grâce que vous êtes sauvés. Il nous a réveillés ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus Christ, pour montrer ensemble dans les siècles à venir, la richesse surabondante de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus Christ ».
La nouvelle alliance de Dieu avec les hommes par Christ est dans le texte de Jean souligné par le laps de temps, 8 jours, entre les deux apparitions. Le 7 est le terme de la création dans la Genèse. Le septième jour, Dieu s’est reposé. Mais il reprend le huitième jour sa création et nous le fait savoir par Christ et cette fois la création n’aura pas de terme car ensemble dans les lieux célestes nous montrerons la richesse surabondante de la grâce de Dieu .
Frères et sœurs, les disciples réveillés, malgré leurs insuffisances éducatives, leurs doutes leur lâcheté, ont réussi, réconfortés et pardonnés par le shalom du maître, à instaurer une religion qui perdure depuis 2000 ans.
Nous n’avons pas à craindre d’annoncer la bonne nouvelle à notre tour, de saisir le relai transmis de génération en génération. Car comme aux disciples réunis la veille de sa mort, Jésus nous dit (Jean 16 33)
« Je vous ai parlé ainsi pour que vous ayez la paix en moi. Dans ce monde vous connaissez la détresse, mais courage ! Moi j’ai vaincu le monde »

lundi 7 mars 2011

Prédication donnée le 27 Février et le 3 Mars 2011 à Aubagne et la Ciotat

Prédication sur le texte : Luc 17 versets 20 et 21

Le texte de Luc est inclus dans une série de récits mettant en scène un Jésus qui parle en paraboles et édicte des sentences souvent abruptes voire provocantes.
Il est vrai que Jésus sur le chemin de Jérusalem n’a plus le loisir de s’exprimer avec modération.
Le temps presse, il lui faut présenter son enseignement avec netteté.
Au milieu d’un petit groupe composé de disciples, de curieux et de quelques pharisiens, probablement réunis, sur la place d’un village, Jésus se prête au jeu des questions.
Les témoins de cet échange n’ont noté qu’une intervention, celle des pharisiens.
Pourquoi ?
Les pharisiens sont peu nombreux, environ 6000, d’après l’historien juif du premier siècle Flavius Josephe.
Ils sont très populaires auprès du peuple, même si celui-ci craint leurs exigences et leur brutalité, ce sont des gens instruits, souvent de la classe des scribes, ils forment un parti hostile à l’oppresseur Romain et aux sadducéens détenteurs du pouvoir religieux Juif.
Persuadés d’être dans la bonne voie, ils ne se contentent pas, comme le rapporte Flavius Josephe, d’interpréter les lois avec exactitude, mais ils imposent au peuple l’exécution de beaucoup de règles provenant de la tradition des pères et non écrites dans la législation livrée par Moïse.
Ils ont élaboré un code d’obligations qui au second siècle deviendra le talmud
Ce sont ces hommes qui portent l’espérance messianique, si intense en ce temps là, et fondée sur les écrits de Daniel (Daniel 7 13 et 14) et d’autres livres tels les psaumes de Salomon écrits vers l’an -40 par des Esséniens dont je cite le chapitre 17 verset 23.
« Seigneur suscites.. leur pour roi un fils de David….. ceins le de force pour qu’il écrase le dominateur inique, leur roi sera le messie. Il conquerra le monde sans recourir aux armes, par la seule parole de sa bouche. Jérusalem libérée et vengée sera alors habitée par les juifs justes appelés « fils de Dieu ».
Dans ce contexte, toute controverse sur le royaume messianique passionne des auditeurs aspirant, pour leur grande majorité, à un nouveau royaume Juif en Israël.
Seule une intervention de Dieu visant à introniser un messie, autorise l’espérance de la restauration du royaume Juif.
C’est pourquoi, les propos de Jésus, en réponse à la question des Pharisiens, ont été mémorisés par les témoins et retranscris d’abord au sein du recueil, dénommé source Quelle, aujourd’hui perdu, puis dans l’évangile de Luc.
Les pharisiens demandent « quand viendra le royaume de Dieu ? ».
Jésus leur répond d’abord qu’il ne sera pas observable, qu’ensuite il ne sera pas localisable puisque le royaume est en eux ou selon d’autres traductions au milieu d’eux. Nous reviendrons plus longuement sur la valeur comparée de ces deux traductions.
Les pharisiens et les témoins peuvent être atterrés.
L’intervention quasi magique de Dieu, prophétisée par Daniel, n’est pas retenue par Jésus.
Pour lui le royaume est déjà en place alors que rien de bien palpable n’est encore advenu.
L’ennemi Romain est encore là, les juifs sont toujours divisés et Jésus, aux yeux du plus grand nombre est un Galiléen bien trop insignifiant pour prétendre être le messie du prophète Daniel présenté comme une entité surpuissante « il lui fut donné la domination, l’honneur et la royauté ; tous les peuples, les nations et les langues se mirent à le servir ».
Le discours de Jésus est ainsi inaudible pour un auditoire juif.
Le manque de pédagogie de Jésus n’est qu’apparent, à mon sens, car les pharisiens ne sont jamais épargnés par Jésus qui les traite très sévèrement comme en Luc 11 verset 37 à 41
« Vous les Pharisiens vous purifiez le dehors de la coupe et du plat et à l’intérieur vous êtes pleins de rapacité et de méchanceté. Gens déraisonnables ! Celui qui a fait le dehors n’a-t-il pas fait aussi le dedans ? Quel malheur pour vous les Pharisiens ! »
Ainsi, ménager des Pharisiens, à priori hostiles, n’a guère d’importance.
Jésus a déjà largement entamé la polémique.
On peut, d’ailleurs, porter au bénéfice des Pharisiens leur pugnacité dans les discussions avec Jésus.
Ces hommes rigoureux ne sont d’ailleurs pas forcément imperméables aux discours de Jésus, Nicodème ne viendra t’il pas le voir de nuit pour mieux comprendre son message?
En fait, Jésus dans son discours vise les Pharisiens certes, mais surtout les disciples et plus largement l’humanité.
Il est difficile d’accepter que le royaume ne soit pas situé de manière palpable dans notre monde mais soit en nous sous forme purement spirituelle.
Cette annonce trouvera progressivement sa vraie signification en chaque humain durant la montée de Jésus vers Jérusalem, et surtout après sa résurrection.
Stockées dans les mémoires, des paroles aussi étranges prendront une signification.
Comme l’écrit Jean 14 26 « L’esprit saint vous rappellera tout ce que, moi, je vous ai dit ».
C’est ce qui s’est produit pour deux pèlerins sur le chemin d’Emmaüs et pour les onze disciples lors de la première apparition de Jésus au milieu d’eux après sa mort.
Luc dans les deux cas signale que leur intelligence fut ouverte pour comprendre le sens les écritures
Revenons sur la phrase dont deux versions se partagent les faveurs des traducteurs, à savoir : première version « en effet le royaume de Dieu est en vous » et seconde version « en effet le royaume de Dieu est parmi vous ».
Les traducteurs proches du texte choisissent « le royaume est en vous », tel est le cas de Chouraki.
En effet, le terme grec antos signifie principalement à l’intérieur.
Jamais les évangélistes ne choisissent ce mot pour signifier au milieu, ils utilisent le terme en mesô.
La préposition entos ne se retrouve dans le nouveau testament qu’en Mathieu 23 verset 26 pour désigner l’intérieur d’une coupe.
Quant à la nouvelle bible Segond elle choisit de traduire antos par, parmi vous, mais indique dans les notes, je cite
« au milieu de vous, traduction incertaine, ce n’est pas la formule habituellement traduite par au milieu de. L’interprétation classique est au-dedans de vous, mais le contexte ne semble pas la recommander. Le même terme désigne cependant l’intérieur en Mathieu … suit une citation de l’évangile de Thomas qui se termine par « Ses disciples lui demandèrent, quand le royaume de Dieu viendra t’il ? Jésus répondit « il ne viendra pas parce qu’on l’attend; on ne dira pas « voici qu’il est ici ou voici qu’il est là. Plutôt, le royaume du Père est répandu sur la terre et les hommes ne le voient pas »
Ainsi les traducteurs de la bible Segond révisée n’adoptent pas la traduction normale « en vous » pour une question de contexte.
Tout simplement ils ont décidé de reproduire une erreur pour des raisons théologiques.
Permettez- moi de citer, avec, malice le verset du chapitre 8 du livre de Jérémie :
« Comment pouvez vous dire, nous sommes sages, la loi du Seigneur est avec nous ! C’est bien pour le mensonge que s’est mis à l’œuvre le stylet mensonger des scribes »
Qu’y a-t-il de si inquiétant pour certains théologiens de traduire en vous au lieu de parmi vous?
Pour beaucoup il est tout simplement impossible que Dieu puisse se trouver au sein même de chaque homme, et tout particulièrement dans celui des Pharisiens.
Et pourtant c’est un ancien pharisien que Dieu est allé recruter pour porter son message, Paul, qui écrit en Co 3 9 « vous êtes le champ de Dieu, la construction de Dieu ».
Jean pour sa part est encore plus clair en Jean 1 16
« Nous en effet de sa plénitude nous avons tous reçu grâce sur grâce ; car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ ».
C’est parce que Dieu nous habite que le royaume est potentiellement en nous, depuis Jésus, nous sommes prédestinés à rejoindre notre créateur car nous avons tous reçu grâce sur grâce.
Mais dans le combat que Dieu livre et auquel il nous associe nous devons jouer au mieux notre partition.
Jésus ne cesse de nous inviter à la conversion, ou à la renaissance.
Dans l’entretien avec le pharisien Nicodème il indique en Jean 7 et 8
« Il faut que vous naissiez de nouveau, d’en haut ».
Ainsi, lorsque les pharisiens enfermés dans une conception messianique temporelle et matérielle du royaume de Dieu, interrogent Jésus sur les signes de son avènement, celui-ci leur répond qu’ils se trompent sur le royaume de Dieu quand ils l’imaginent observable et localisé en un endroit précis.
Jésus leur apprend qu’il est invisible car situé au cœur de l’homme.
Y a-t-il meilleure liaison avec le contexte que cette réponse, invitant ses interlocuteurs à abandonner leur conception sensible et matérielle du royaume de Dieu au profit de la dimension intérieure et donc spirituelle ?
Car Jésus révélait en cet instant quelque chose d’essentiel : l’intérieur de l’homme, son cœur, son intimité secrète, est l’endroit où règne Dieu.
Jésus en affirmant la dimension verticale de l’intériorité, fait exploser toute notion de spatialité : le Royaume n’est ni ici ni là, ni au milieu, ni entre, ni parmi.
Toutefois, le royaume s’il est en germe en nous, se situe aussi partout dans la création, il s’agit pourrait-on dire d’une vibration animant la matière.
Le royaume en nous n’est pas localisé ici ou là dans le corps, mais est d’une nature immatérielle, c’est en quelque sorte une possibilité d’expérience et de découverte dépassant l’opposition entre le dedans et le dehors
L’évangile de Thomas le précise dans son logo 13
« Jésus a dit, si ceux qui vous guident vous disent : voici le royaume de Dieu est dans le ciel, alors les oiseaux du ciel vous devanceront ; s’ils vous disent qu’il est dans la mer alors les poissons vous devanceront. Mais le royaume il est le dedans et il est le dehors de vous »
L’homme contemporain est tendu vers le futur vers le dehors, or Dieu est avant tout perceptible en nous.
Nous sommes ainsi invités à l’exploration intérieure pour faire éclore en notre corps, temple de Dieu les prémices du royaume.
Royaume sans dimension matérielles mais royaume de l’échange où se mêlent mon moi, Dieu et Christ. C’est ce qu’a pressenti Maître Eckhart sage du 12me siècle
« Bien des personnes simples s’imaginent qu’elles doivent considérer Dieu comme étant là bas et elles ici. Il n’en est pas ainsi. Dieu et moi sommes un. Par la connaissance j’accueille Dieu en moi ; par l’amour je pénètre en Dieu »
La naissance nouvelle nous est proposée comme à Nicodème, elle est le fruit d’un travail sur soi même et d’une ascèse permettant de dégager les valeurs essentielles nécessaires à la conversion.
Une prière permanente nous met en harmonie avec la voix spirituelle intérieure désormais audible, nous livrant le moyen d’établir le royaume en nous.
Comme le traduit Chouraqui « Le royaume d’Elohim ne vient pas à vue d’œil.
Ils ne diront pas : voici, ici, ou là ! Oui, le royaume d’Elohim est en vous »

lundi 31 janvier 2011

Prédication donnée à Aubagne le 30 janvier 2011

Prédication sur le texte 1 Co 1 26 à 31

L’épitre aux Corinthiens a probablement été rédigée à Ephèse où se trouvait Paul entre les années 51 et 55.
Paul était fort attaché aux Corinthiens, qu’il avait évangélisés pendant un an et demi (actes 18 11) avec passion en dépit d’une opposition puissante du chef de la synagogue.
Et c’est avec tristesse qu’il accueillit les nouvelles de division au sein de l’Eglise de Corinthe, colportées jusqu’à lui par des voyageurs de la ville de Chloé.
Certains Corinthiens, par ailleurs lui avaient par lettres demandé conseil sur un certain nombre de questions faisant débat dans l’Eglise de Dieu.
La ville de Corinthe était cosmopolite, on y trouvait des grecs et une forte communauté de juifs formée de juifs romains exilés de Rome par l’empereur.
L’église de Dieu était ainsi hétérogène, les juifs et les grecs ayant des systèmes de pensée divergents.
Après le séjour de Paul à Corinthe, des évangélisateurs avaient poursuivis son action, notamment Pierre et Apollos. Apollos était un compagnon de Paul en plein accord avec lui.
Les fidèles à Corinthe s’étaient ultérieurement divisés en groupuscules se recommandant qui de Paul, qui de Pierre, qui d’Apollos.
Paul, bien sûr, ne pouvait rester inactif face à des divisions affaiblissant la crédibilité des chrétiens.
Il rédigea donc plusieurs lettres à l’attention des fidèles de Corinthe rassemblées dans ce que l’on a appelé la première épitre aux Corinthiens.
Une de ces missives est constituée par les quatre premiers chapitres de la première épitre adressée aux Corinthiens.
C’est un véritable cours de Christologie et un sommet de l’enseignement de Paul.
Cette lettre fut écrite avec une grande tendresse. Le texte de 1 Co 3 1 à 8 illustre ce propos
¶ Pour moi, frères, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ. Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter ; et vous ne le pouvez pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels.
En effet, puisqu’il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n’êtes-vous pas charnels, et ne marchez-vous pas selon l’homme ?
Quand l’un dit : Moi, je suis de Paul ! Et un autre : Moi, d’Apollos ! N’êtes-vous pas des hommes ?
¶ Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun.
J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître. »
Paul eut à faire à des Corinthiens solidement attachés aux valeurs du monde et il prêcha avec passion pour les transformer en hommes spirituels.
Les Corinthiens eurent l’instinct bien humain de se chercher des leaders, se réfugiant derrière leur évangéliste préféré du moment, Paul, Apollos ou Pierre, et cette référence les justifiait à leurs yeux et constituait leur fierté.
Un peu comme certains parmi nous affichent en bleu et blanc leur fierté d’être Marseillais
Ne savaient-ils donc pas, comme l’indique Paul en (1 Co 3 16 et 17), qu’ils étaient
« Le sanctuaire de Dieu et que l’esprit de Dieu habitait en eux ?
Si quelqu’un vient à détruire le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint et ce temple c’est vous ».
La dimension de l’homme que Dieu a appelé, est potentiellement immense c’est ce que nous précise le texte du jour.
Dans notre assemblée, aujourd’hui, à ma connaissance, il n’y a pas de grands philosophes reconnus pour leur sagesse toute humaine, il n’y a pas de détenteurs de pouvoirs exceptionnels dans la cité, il n’y a pas de détenteurs de biens considérables liés à l’activité d’un clan familial implanté depuis longtemps dans la Région.
Il y a des humains divers, besogneux, dont le seul point commun est d’être réuni pour confesser leur foi en Christ.
C’est Christ l’objet de notre fierté et non nous même.
Dans le monde, les hommes s’enorgueillissent ; de leur naissance dans des familles ayant pignon sur rue, des richesses qu’ils ont acquise et qu’ils exposent, de leurs pouvoirs reconnus, de leur beauté, de leurs dons.
Ce n’est pas dans ce vivier d’hommes méritants, nobles, puissants, beaux que Dieu a fait son choix exclusif. L’assemblée d’aujourd’hui en témoigne.
D’ailleurs, comment Dieu a-t-il fait le choix si important, celui de son envoyé, le messie tant attendu par les juifs ?
Pensez vous qu’un chasseur de tête l’eut sélectionné comme Dieu le fit, dans une famille de Galilée et de ce fait méprisée par les juifs de Judée, dans le sein d’une femme non mariée et dont le géniteur est d’une telle pauvreté qu’il est incapable de trouver un lieu décent pour l’accouchement de Marie ?
Pensez vous qu’un Dieu, tels que les philosophes et prêtres les plus sages l’imaginaient à l’époque, pouvait se présenter comme un héros sans grade, battu, objet de dérision, rejeté et abandonné même par ses compagnons, et finalement piteusement pendu au bois, à l’image des deux larrons l’entourant au Golgotha ?
Et pourtant, tout comme Paul
« Nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens » (1 Co 1-23)
Dieu est fou selon les critères des hommes sages de ce monde.
Et c’est ce que Paul nous dit
« Ce qui est folie dans ce monde Dieu l’a choisi pour confondre les sages, ce qui est faible dans ce monde Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort, ce qui dans le monde est vil et méprisé, ce qui n’est pas, Dieu l’a choisi pour réduire à rien ce qui est » (1 Co 1-27 et 28).
Bien sûr, ce qui est folie, ce qui est faible, ce qui est vil et méprisé c’est Jésus l’élu de Dieu !
Par un renversement incroyable, la sagesse spirituelle venant de Dieu est incarnée en Jésus qui est, selon Paul, justice, sanctification et délivrance.
Je vais tenter de définir ces trois termes choisis avec soin par Paul.
Que signifie la justification ?
La déclaration conjointe Luthéro Catholique sur la doctrine de la justification signée en 1999, qui met un point final à plus de 500 ans de conflits, fournit cette explication dans son 11me point
«La justification est accueil dans la communion avec Dieu, déjà maintenant, puis en plénitude dans le règne à venir. Elle unit au Christ dans le baptême en tant qu’incorporation dans l’unique corps.
Tout cela vient de Dieu seul, à cause du Christ, par la grâce, par le moyen de la foi en l’évangile du fils de Dieu. »
Ainsi la justification se définit comme le fait d’être rendu juste par grâce absolue de Dieu qui vient vers nous. Ainsi justifié nous sommes intégré au corps du Christ. Il s’agit d’un acte d’union à Christ célébré symboliquement lors de la cène.
Que signifie Jésus est sanctification ?
Dans les salutations de la première lettre aux Corinthiens, Paul adresse sa lettre à ceux qui ont été consacrés en Jésus Christ et qui sont saints par appel.
Ainsi vous que Jésus a été chercher, vous êtes de ce fait rendus saints et vous n’y êtes pour rien. C’est ce que Paul martèle en 1 Co 3- 16
« Ne savez vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint, c’est là ce que vous êtes. »
Que signifie délivrance ?
Paul en Ro 6- 5à11 explicite clairement ce dont il s’agit
« Nous savons qu’en nous, l’homme ancien a été crucifié avec Jésus, pour que le corps du péché soit réduit à rien et que nous ne soyons plus esclaves du péché ; car celui qui est mort est justifié, il est quitte du péché…..Ainsi vous-mêmes, estimez vous morts pour le péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ. »
L’homme nouveau en Christ est débarrassé de la malédiction qui faisait de lui un être enclin au mal par nature, conduit par ses passions instinctives.
Libéré de ses chaines, il entre de plein pied dans le corps de l’église dont la tête est Jésus, il dispose dorénavant d’un modèle et d’un guide pour le conduire et le transformer en être spirituel.
Ainsi notre fierté c’est d’être en Jésus Christ, justifié, sanctifié, délivré.
Nous sommes au service de Dieu.
Un Dieu impuissant selon la sagesse humaine puisqu’il ne garantit en rien contre les aléas du monde et les pires ignominies comme la shoah, mais puissant par son esprit incarné en Jésus.
Je vais vous lire une partie d’une lettre rédigée par une jeune juive, Etty Helsum qui en 1942, s’est volontairement porté au secours des siens au camp de transit de Westerbork. Transférée à Auschwitz elle y fut exécutée le 30 novembre 1943.
« J’essaierai de vous aider Dieu, à stopper le déclin de mes forces, bien que je ne puisse en répondre à l’avance. Mais une chose devient de plus en plus claire à mes yeux : à savoir que vous ne pouvez nous aider, que nous devons vous aider à nous aider.
Hélas il ne semble guère que vous puissiez agir vous-même sur les circonstances qui nous entourent, sur nos vies. Je ne vous tiens pas non plus pour responsable.
Vous ne pouvez nous aider, mais nous, nous devons vous aider, nous devons défendre votre lieu d’habitation en nous jusqu’à la fin »
Oui nous devons défendre le lieu d’habitation de Jésus en nous, notre espérance et notre fierté.
«Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous qui sera contre nous ?
Lui qui n’a pas épargné son propre fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec son fils ne nous donnerait il pas tout ?
Qui accusera les élus de Dieu, Dieu justifie !
Qui condamnera ? Jésus est mort, bien plus il est ressuscité ;
Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ?
Mais en tout cela, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés.
Oui j’en ai l’assurance : ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs , ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur » Ro 8 31à 39
Frères et sœurs, il y a dans ce Dieu qui vient vers nous et nous sauve, un grand mystère. C’est une folie pour la sagesse humaine.
Mais les sages de ce monde disposent-ils des éléments suffisants pour décréter absurde la sagesse de Dieu.
Sont-ils en mesure d’appréhender Dieu dont les dimensions dépassent très certainement notre possibilité d’entendement ?
L’impuissance de Dieu devant les massacres et horreurs de toutes sortes est patente et pourtant ce Dieu s’est manifesté à travers le Christ, créature insignifiante, humiliée, déchue.
La jeune juive a perçu, dans sa souffrance inouïe, la dimension du combat auquel Dieu nous demande de participer.
Pour surmonter le mal, il est nécessaire d’aider Dieu à maintenir sa place en nous pour que nous puissions lutter avec la fierté d’être justifié, sanctifié, délivré pour construire un monde régénéré.
Les bourreaux Hitlériens, sadiques écrasant l’humanité et la fierté d’un peuple en l’avilissant dans des tâches sordides et en cultivant les rivalités entre des êtres désespérés mus par le seul instinct de survie, furent mis en échec par ceux qui comme cette jeune femme aidèrent Dieu à garder sa place au tréfonds d’eux même.
Menons comme le dit Paul le beau combat, le seul dont nous puissions être fiers, appuyés sur la folie et la sagesse de Dieu, mais aussi sur la foi en Christ source de toute espérance.