samedi 30 avril 2011

prédication du 1 Mai 2011 à Aubagne

Prédication sur le texte Jean 20 versets 19 à 31

Frères et sœurs ce texte relate la fondation de l’église du Christ et la conclusion de la nouvelle alliance de Dieu avec les hommes.
Il nous autorise à nier la critique à la mode selon laquelle Jésus n’aurait pas fondé l’église.
L’église selon les tenants de cette thèse serait une pure construction de l’imagination humaine.
Et bien toutes ces fausses affirmations sont balayées, notamment par ce texte de Jean dont on retrouve des équivalents dans les autres évangiles. Je vais vous les citer.
Dans Mathieu 28 16 à 20
« Les onze disciples allèrent en Galilée sur la montagne que Jésus avait désigné. Quand ils le virent ils se prosternèrent, mais quelques uns eurent des doutes ; Jésus s’approcha et leur dit ; « toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez et faites des gens de toutes les nations des disciples, baptisez les pour le nom du père, du fils et de l’esprit saint et enseignez leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde »
Dans Luc 24 36 à 49
Il se présenta au milieu d’eux et leur dit
« Que la paix soit avec vous ! Saisis de frayeur et de crainte, ils pensaient voir un esprit, mais il leur dit : pourquoi êtes vous troublés ? Pourquoi des doutes vous viennent t’ils ? Regardez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; palpez moi et regardez ; un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai. Et en disant cela il leur montra ses mains et ses pieds. Comme dans leur joie, ils ne croyaient pas encore et qu’ils s’étonnaient, il leur dit : avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui donnèrent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les écritures. …Moi j’envoie sur vous ce que mon père a promis ; vous restez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut ».
Puis dans Marc chapitre 16 versets 14 à 18, mais dans le cadre d’un ajout postérieur à la version primitive de l’évangile:
« Enfin il se manifesta aux onze, pendant qu’ils étaient à table, et il leur reprocha sévèrement leur manque de foi et leur obstination parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu après son réveil. Puis il leur dit : allez dans le monde entier et proclamez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui deviendra croyant et recevra le baptême sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné ».
Même si ces textes paraissent à première vue dissemblables, ils ont en commun de présenter des disciples regroupés, mais aussi des disciples tenaillés par le doute.
Ils ne sont vraiment persuadés d’avoir devant eux un Jésus palpable que lorsque Jésus leur montre sur son corps de chair les plaies de la crucifixion ou partage un repas avec eux.
Les disciples sont alors envoyés après effusion du saint esprit parmi tous les peuples pour baptiser et annoncer la bonne nouvelle.
Cette mission est confiée aux onze disciples qui ont eu l’exclusivité de voir Jésus ressuscités.
Cette exclusivité est confirmée dans les actes dans un discours de Pierre (Actes 10-36)
« Dieu a réveillé Jésus le troisième jour ; il lui a donné de se manifester, non à tout le peuple, mais aux témoins désignés d’avance par lui, à nous qui avons mangé et bu avec lui après qu’il s’est relevé d’entre les morts.»
Malgré les variations évidentes dans la présentation des événements, les témoins que sont les quatre évangélistes, sont en harmonie sur l’essentiel.
Christ est apparu relevé d’entre les morts aux disciples, il les a envoyés pour réaliser l’église dont il est la tête dans le cadre d’une alliance nouvelle où Dieu révèle son amour insondable pour l’humanité.
Abordons quelques éléments du texte de Jean.
Jésus en se manifestant devant ses disciples ne fait qu’accomplir ce qu’il leur avait annoncé la veille de sa mort en Jean 14 versets 18 à 20
« Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous. Encore un peu, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez, parce que, moi je vis, et que vous aussi vous vivrez.».
Ainsi se réalise pour les disciples, ce Dimanche là, l’annonce « vous me verrez parce que moi je vis ».
Frères et sœurs cette promesse est aussi pour vous, vous verrez Jésus parce qu’il vit en vous.
Avez-vous noté que Jésus par trois fois prononce la phrase « que la paix soit avec vous » ?
C’est même par deux fois la première phrase qu’il prononce debout au milieu des disciples, quant à la troisième fois, le shalom hébreux introduit l’envoi des disciples et l’effusion du saint esprit.
Il m’a semblé intéressant de réfléchir sur cette salutation intentionnellement répétée.
Lorsque Jésus envoya, lors de la période faste de sa mission, ses disciples deux par deux pour annoncer que le règne de Dieu s’était approché, il dit (Mat 10 versets 12 et 13)
« En entrant dans la maison saluez là ; si la maison est digne que votre paix vienne sur elle, mais si elle n’est pas digne, que votre paix revienne vers vous. »
Voilà la clef de la compréhension du texte de Jean, c’est sa paix que l’on transmet, c'est-à-dire la relation avec notre Dieu qui construit notre vie. Quand Jésus prononce le shalom il indique à ses disciples qu’ils sont dignes que sa paix à lui vienne sur eux et ce gratuitement sans demander aux disciples et à l’humanité une performance particulière.
Tant mieux car cette petite troupe apeurée, a été bien peu valeureuse ces trois derniers jours.
Tous les disciples, à l’exception de Jean, ont laissé leur maître seul en agonie au milieu de femmes recroquevillées sur leur souffrance, ils ont nié, à l’exemple de Pierre, connaître ce Jésus prétendument roi des juifs.
Apprendre qu’ils sont, malgré leurs insuffisances, dignes d’accueillir Christ est une nouvelle formidable pour ces hommes de peu, harassés, tenaillés par la honte et sans la vitalité nécessaire pour entreprendre une quelconque action.
Mesurons nous vraiment l’importance de cette annonce ?
Le pardon de Dieu s’adresse à ces petits, si humains dans leurs défaillances, elle s’adresse à Thomas aussi avant qu’il ne se rende à l’évidence, il a devant lui son seigneur et son Dieu.
Ils ne sont plus orphelins, si Jésus est relevé eux sont aussi re suscités, leur vie reprend sens.
Un souffle nouveau leur redonne vie car comme dit en Colossiens 1 versets 19 et 20
« Il a plu à Dieu de faire habiter en Jésus toute plénitude et par lui de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix »
Cette paix, par lui, transmise aux disciples et à travers eux à toute l’humanité, a été tragiquement acquise.
Dieu insulté, méprisé, exécuté a fait surabonder la grâce.
Il ne lui est pas possible d’aller plus loin dans l’amour de l’humanité.
C’est pourquoi cette alliance entre Dieu et les hommes est l’ultime alliance.
Voilà ce que signifient les Shalom du Christ.
Nous pouvons comme Siméon tenant l’enfant Jésus dans ses bras (Luc 2 verset 29) dire « Maintenant maître, tu laisses ton esclave s’en aller en paix selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut, celui que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour la révélation aux nations et gloire de ton peuple Israël »
Cette paix annoncée n’est pas la paix entre les hommes mais la paix entre tous les hommes et leur Dieu.
Thomas est en paix avec son Dieu, même quand il doute, car le Shalom de Jésus précède sa prise de conscience, ainsi à son image nous sommes tous potentiellement en paix avec Dieu, sa bénédiction est sur nous.
Il nous reste à franchir un pas, celui de la foi « heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
Avoir confiance, espérer comme ces disciples qui, malgré tout se serrent apeurés dans la salle haute. Ils n’ont pas fuit comme les pèlerins d’Emmaüs.
Ils croyaient assurément en l’impossible, tant Jésus les avait habitués à surmonter les obstacles par la foi qui renverse les montagnes.
La nouvelle alliance est celle du don, impensable dans le contexte de violence du temps de la passion, Dieu nous laisse sa paix, Dieu nous donne sa paix. Cette grâce est un don de Dieu (Eph 2 verset 8)
« C’est par la grâce que vous êtes sauvés au moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ».
Alors le chant des anges à Noel prend tout son sens
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre, paix parmi les humains en qui il prend plaisir »
Le texte de Jean spécifie : « Jésus souffla sur eux et leur dit recevez l’esprit saint ».
Comme dans la Genèse le souffle tournoyait au dessus des eaux. Dieu dit recevez l’esprit saint et il en fut ainsi.
Dieu est aujourd’hui à nouveau en paix avec les hommes, tout est accompli, un temps nouveau abolit les peurs de jadis et aussi l’image du Dieu vengeur de l’ancien testament, c’est ce que ce Shalom indique dans la bouche de Jésus.
Cette paix n’est pas celle des hommes et ne dépend pas d’eux écrit Paul en Ephésiens 2 4 à 7
« Dieu est riche en compassion et, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts du fait de nos fautes, il nous a rendus vivants avec le Christ, c’est par grâce que vous êtes sauvés. Il nous a réveillés ensemble et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus Christ, pour montrer ensemble dans les siècles à venir, la richesse surabondante de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus Christ ».
La nouvelle alliance de Dieu avec les hommes par Christ est dans le texte de Jean souligné par le laps de temps, 8 jours, entre les deux apparitions. Le 7 est le terme de la création dans la Genèse. Le septième jour, Dieu s’est reposé. Mais il reprend le huitième jour sa création et nous le fait savoir par Christ et cette fois la création n’aura pas de terme car ensemble dans les lieux célestes nous montrerons la richesse surabondante de la grâce de Dieu .
Frères et sœurs, les disciples réveillés, malgré leurs insuffisances éducatives, leurs doutes leur lâcheté, ont réussi, réconfortés et pardonnés par le shalom du maître, à instaurer une religion qui perdure depuis 2000 ans.
Nous n’avons pas à craindre d’annoncer la bonne nouvelle à notre tour, de saisir le relai transmis de génération en génération. Car comme aux disciples réunis la veille de sa mort, Jésus nous dit (Jean 16 33)
« Je vous ai parlé ainsi pour que vous ayez la paix en moi. Dans ce monde vous connaissez la détresse, mais courage ! Moi j’ai vaincu le monde »