lundi 5 novembre 2012

prédication du 4 novembre 2012 à Magnan Marseille sud-est


Lectures : psaume 25 : 1 à 14 – Matthieu 11 : 25 à 30 – 1 Cor 12 : 24 à 31

 

Les 3 textes que je viens de lire ont en commun de traiter ; soit de l’instruction du fidèle, soit de la voie à suivre pour approcher la vérité.

J’ai en effet envie de vous parler de vous et de vôtre relation  à Christ.

Vous êtes vous posé la question : que suis-je vis-à-vis de Christ ?

 Selon la typologie présentée par Paul, dans la première lettre aux Corinthiens, appartenez-vous aux apôtres, aux  maîtres, aux guérisseurs, aux  prophètes, aux faiseurs de miracles, aux orateurs s’exprimant en langues ou aux interprètes décodant les propos de ces derniers….Rassurez-vous si vous n’êtes rien de tout cela, le texte de cette épitre précise en tête de chapitre, je cite

« En fait, Dieu a disposé le corps que forment les croyants de manière à donner plus d’honneur à ceux qui en manquait pour qu’il n’y ait pas de divisions dans le corps, mais que toutes les parties du corps s’inquiètent de la même façon les unes des autres ».

Vous qui  venez librement, en ce lieu vous êtes peut être des apôtres et surement des disciples.

Réunis ensemble nous avons demandé au commencement du culte au seigneur d’être au milieu de nous et il est au milieu de nous car il l’a promis

 « Là où deux et plus sont réunis en mon nom, je suis avec eux ».

Et nous attendons qu’à nous tous, pauvres ou pêcheurs, comme le dit le psaume 25 « il nous montre le chemin et nous apprenne sa voie ».

Ainsi nous voilà, conformément  à la définition du dictionnaire, des disciples suivant l’enseignement  d’un maître et adeptes de la pensée de Jésus.

Ceci étant sommes- nous des apôtres ?

Dans les 4 évangiles, le terme apôtre figure une seule fois et c’est dans le plus tardif celui de Jean au chapitre 16 verset 16

« L’esclave n’est pas plus grand que son maître  ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez cela, heureux êtes- vous ».

Paul dans ses épitres utilise ce terme 14 fois et Pierre 2 fois.

Ainsi Paul ouvre la seconde lettre à Timothée par la phrase suivante :

 « Paul apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, selon la promesses de  la vie qui est en Jésus »

Pierre pour sa part introduit ses deux épitres par le texte :

« Pierre, apôtre de Jésus Christ ».

Ainsi les trois premiers évangélistes n’utilisent pas le mot apôtre.

A l’évidence les premiers chrétiens ne ressentaient pas le besoin de l’utiliser.

La racine hébraïque, CHALAKH, de ce terme signifie mandataire de Dieu.

L’apôtre, dit le talmud, est comme l’homme même par qui il est délégué.

Apôtre signifie ainsi « ambassadeur d’un maître à penser ».

C’est seulement quand des polémiques éclatèrent au sein de la communauté des adeptes de Jésus, portant sur la valeur du témoignage de Paul ou de Pierre, que ceux-ci ressentirent le besoin de faire état de leur prééminence par rapport à certains prétendus guides déviants, cela est particulièrement clair dans l’épitre aux Galates écrite pour persuader les Galates de ne pas suivre des prêcheurs autoproclamés apôtres.

Dans les premiers temps suivant la mort de Jésus, les douze disciples s’imposèrent sans contestation car ils étaient vivants et présents, ils étaient des piliers, et les adeptes du Christ le savaient.

Ces douze hommes furent individuellement choisis et appelés par Jésus comme indiqué en Marc 3-13

 « Il monte ensuite sur la montagne, il appelle ceux qu’il voulait et ils vinrent à lui »

En quelque sorte, à travers eux, s’exprime, le maître Jésus.

Ces témoins directs disparus, d’autres disciples se sentirent appelés par Dieu pour porter le message christique à l’humanité.

Il en fut ainsi de Paul bien sûr mais aussi de ses compagnons, par exemple en Romain 16- 7 : je cite

« Saluez Andronicus et Junias mes parents et mes compagnons de captivité. Ce sont des apôtres éminents ».

Dieu suscite, depuis toujours, des hommes, n’appartenant pas forcément au sérail, pour contribuer à l’accomplissement de son projet, ainsi en est-il du prophète Amos affronté au prêtre officiel Amatsia : je cite

« Amatsia dit à Amos : va t’en visionnaire, va te réfugier au pays de Juda ; là bas, tu pourras manger ton pain et parler en prophète. Mais ne continue pas à parler en prophète à Beth-El, car c’est un sanctuaire de roi, et une maison royale. Amos répondit à Amatsia : je ne suis ni prophète, ni fils de prophète ; je suis éleveur de bovins et cultivateur de sycomores. Le seigneur m’a pris derrière le troupeau ; le seigneur m’a dit : Va, parle en prophète à Israël, mon peuple ».

Il existe aujourd’hui, à l’image d’Amos des apôtres, personnellement appelés par Dieu comme missionnaires et porteurs de la vérité évangélique.

Ils se sont sentis saisis, même quand ils étaient en arrière du troupeau, et comme invinciblement conduits à communiquer leur message inspiré par Dieu lui-même.

Nombre de pasteurs sont ainsi des apôtres.

C’est d’ailleurs pour cela que nous devons tenir compte de la vocation qui est la leur et éviter de les considérer comme de simples gestionnaires de l’église.

Ils sont d’abord porteurs de la bonne nouvelle ici et au monde.

Si vous n’êtes pas des apôtres, et cela est fort probable, vous êtes des disciples.

Vous avez une attente pour ce matin, pour demain et l’éternité.

Vous êtes comme les deux disciples de Jean le baptiste attirés par le Christ, comme eux vous le suivez et il vous demande

 « Que cherchez –vous ? »

Cette question, tous les maîtres religieux de n’importe quelle religion la posent aux nouveaux adeptes.

Il n’est en effet pas d’évolution possible dans l’existence sans une recherche  profonde de vérité, de clarté.

Nous sommes tous des chercheurs dans notre petit troupeau, tout comme les religieux de l’ordre des minimes qui s’imposaient une vie rigoureuse en ajoutant aux trois vœux franciscains de charité, obéissance et pauvreté, celui du jeûne perpétuel en s'interdisant de manger tout produit animalier, y compris lait et œufs.

Ils se sont contentés du petit peu matériel indispensable à la survie pour se consacrer à la quête de la lumière.

Il s’agit dans votre réponse à ce « que cherchez-vous ? » de bien comprendre que la réponse de Dieu à votre demande ne sera pas immédiate ni parfois perceptible à l’aune de notre finitude.

Regardez les douze qui, malgré 3 ans d’intimité journalière avec Jésus, ont si souvent fait preuve d’une compréhension imparfaite du message de leur maitre.

Pensez à Thomas incrédule jusqu’au bout !

Ils ont bien pourtant pris sur eux, ces 12 apôtres, le joug dont parle l’évangéliste Matthieu et se sont laissés instruire, ils ont constaté combien Jésus était doux et humble de cœur.

Ce joug a l’avantage d’être le plus souvent taillé pour deux bêtes, laissez moi penser qu’il y a une place pour moi dans l’attelage mais aussi une place pour Jésus.

L’attelage suivra la route, si je tire droit devant moi, sans vaciller à droite puis à gauche, je veux croire aussi que mes défaillances seront compensées par l’amour de Dieu pour sa créature, car là ou le péché abonde la grâce surabonde.

Voyez-vous la tentation diabolique est de croire que la compréhension du message christique est chose facile, que la société sécularisée est porteuse de ce message et qu’ainsi, se laisser enseigner par Jésus est superflu.

C’est négliger ce  cri incessant de Jésus dans les évangiles « changez radicalement ». La nouveauté ce sont ces outres neuves qui n’éclatent pas, grâce à leur conception accomplie, comme le font les plus anciennes sous la pression des gaz  produits par la fermentation du vin nouveau. Leur  racornissement  rend insupportable une telle pulsion .

Ne croyez- vous pas qu’il y a des choses à changer.

Par exemple abandonner nos sécurités rassurantes, éviter de borner nos attentions et actions à nos cercles de proximité, militer pour que la société abandonne ses pratiques protectrices et violentes et cesse de survaloriser la dimension matérielle par rapport à la dimension spirituelle.

Les disciples  apprirent par l’écoute et par leur questionnement, et Jésus répondit par des signes, des explications, des paraboles, des comportements et des actes.

C’était une méthode parfaitement didactique.

Jésus n’enseignait pas une dogmatique, il n’imposait pas une ascèse, il profitait de toutes les occasions pour induire un niveau de réflexion supérieur, un passage du matériel au spirituel.

Il tentait jusqu’à l’épuisement de persuader, d’induire un changement, de provoquer un déclic. C’est pourquoi on le voit s’endormir ivre de fatigue dans une barque ou à même la terre en haut d’une montagne où il s’était réfugié.

Les miracles qu’il n’aimait pas vraiment réaliser constituaient des signes illustrant le passage de la nuit à la lumière, les aveugles voyaient comme il l’annonçait à Jean le baptiste dans sa prison Matthieu 11- 5, je cite

« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres »

Le  signe ultime est la mort sur une croix suivi de la résurrection, victoire ultime sur le mal absolu qu’est la mort.

Comme Jésus l’annonce en Jean 8-31

 « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres »

Comme chaque homme est une création unique, le chemin qu’il doit emprunter pour accéder à la vérité n’est pas identique aux parcours des autres.

Bien plus au cours des ans et des événements sa foi va se modifier.

C’est pourquoi Jésus ne demande pas au disciple de se tenir au respect de règles, mais de rechercher sans relâche à affiner son renversement personnel, lui permettant de passer de l’état d’homme imparfait dont le jugement et les comportements sont chaotiques, à celui d’homme de lumière.

C’est ce qu’exprime Paul en Ephésiens 4 versets 20 à 24, je cite

«  Conformément à la vérité qui est en Jésus, il vous faut renonçant à votre existence passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet des convoitises trompeuses ; il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité »

Cette modification, ce changement radical n’est pas terminé le jour suivant la confirmation du baptême.

La foi  se construit au fil des expériences dans une relation constante entre Christ et nous, mais aussi dans un approfondissement sans relâche des textes  bibliques témoignages du discours de Jésus.

C’est pourquoi la faiblesse du nombre de présents aux cultes des églises réformées ou aux événements majeurs tels la venue de chrétiens éminents, est parfois inquiétante  

Que cherchez- vous ? Cette question me concerne et vous concerne.

Avez-vous arrêté un programme pour vous renouveler ?

Notre communauté locale, aussi imparfaite soit-elle, est celle de disciples  participant au corps de l’église en synergie avec le christ Jésus.

C’est en elle que vous arriverez à grandir et à avancer sur la voie.

Ainsi, comme l’affirme Jésus en Luc 6-40, vous ne serez pas au dessus du maître mais, en tant que disciple bien formé, vous serez comme le maître.

Pour finir, je choisis cette exhortation  aux premiers chrétiens, figurant dans l’épitre aux Ephésiens, propre à dynamiser les disciples de Jésus que nous sommes.

« Eveille toi, toi qui dors, lève toi d’entre les morts et sur toi le Christ resplendira ».

dimanche 3 juin 2012

prédication du 3 Juin 2012 à Aubagne




Prédication sur 1 Corinthiens 9 : 16-23



Dimanche dernier nous fêtions la venue de l’esprit sur les apôtres, les foules accourues alertées par un grand bruit entendirent ce jour de Pentecôte, ces hommes leur parler, chacun dans sa propre langue. Aujourd’hui je souhaite commenter un texte où, là, pareillement, il s’agit pour l’apôtre Paul de porter l’évangile à tous quelle que soit leur culture . Paul s’exclame « je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns » s’agit il pour Paul d’une stratégie démagogue ? Tente-t-il à la manière des publicitaires d’entrainer, par une technique sournoise et malgré elles, les personnes dans son idéologie? Cela, croyez moi, ne cadrerait vraiment pas avec la personnalité de l’apôtre Paul. « Je me suis fait tout à tous » est au contraire une manière ambitieuse et généreuse, au service de chaque personne, de la libérer et non de l’embrigader. « Je me suis fait tout à tous », la phrase recèle une révolution, un virage à 180° par rapport à ce qui se fait souvent. Cette révolution est un peu comme celle engendrée par Copernic. Ce savant, seul contre tous maintenait que le soleil ne tournait pas autour de la terre, que l’univers ne tournait pas autour de notre nombril, mais que la terre tournait autour de soleil ! Selon le sens commun, un apôtre comme n’importe quel idéologue, comme n’importe quel chef de parti politique ou comme n’importe quel bon commercial devrait dire : rejoignez-nous, car nous avons raison et tous les autres ont tort, notre produit est meilleur, je vais vous révéler la Vérité avec un grand V, celle de Dieu lui-même, attention, n’allez surtout pas chez le concurrent, il est dans l’erreur, c’est un faux prophète, il est dangereux. Selon le sens commun, un apôtre devrait dire : ne vous posez pas de questions sur ce que l’on vous dit de croire, faites ce qu’on vous dit de faire, pratiquez les rites et tout ira bien. Bref : rejoignez notre groupe et ne vous en écartez pas. Par rapport à ce sens commun, Paul propose une révolution de type copernicien. Il professe qu’un apôtre sort, va vers les personnes à l’extérieur de son cercle de connaissances. C’est lui qui s’adapte à elles, et il le fait, non pour les ramener à l’intérieur, mais pour les libérer. Paul se fait tout à tous, il se fait comme juif avec les juifs, il se fait religieux avec les pratiquants et libéral avec les libéraux, il se montre faible, il se reconnaît faible parmi les faibles plutôt que de faire le fort. Un fort pourtant prétend détenir la vérité et vise à nous l’apprendre, car il se prétend infaillible. Paul se fait tout à tous. Ce n'est pas du clientélisme mais une façon de rejoindre l'autre là où il est, en se faisant son esclave comme il est dit dans le texte du jour. Et ceci parce que Dieu le premier, en Christ, est venu nous rejoindre là où nous sommes et s'est fait lui-même notre esclave. Plutôt que d’inviter l’autre à devenir comme lui, l’apôtre Paul lui propose d’aller vers l’autre, de s’en approcher, d’essayer de le comprendre et de l’aider, non de le dominer et le juger. - Certaines personnes sont comme sous la Loi, très attachées à ce que les choses soient faites dans les règles et dans les temps. Avec ces personnes, nous dit Paul, je suis aussi sous la règle, pour les accompagner même si au fond, ces règles sont bien secondaires face à ce jaillissement de vie qu’est l’Évangile. - Certaines personnes aiment la variété et la créativité, ont un côté un peu artiste ou bohème ou bien s’aventurent dans une passion pour le bouddhisme et la culture papoue. Si on aime quelqu’un, nous l’accepterons comme il est, nous l’accompagnerons dans cette façon d’être, même si, nous dit Paul, avec le Christ nous sommes dans la liberté. Paul, sagement, marque toutefois des limites notamment en Corinthiens 10 : 23-24: « tout est permis mais tout n’est pas utile : tout est permis mais tout n’est pas constructif. Que personne ne cherche son propre intérêt mais celui de l’autre » Certaines personnes ont un tempérament pessimiste, nous pouvons faire l’effort de reconnaître avec elles le côté tragique de l’aventure humaine en ce monde, même si dans l’Évangile du Christ il y a une espérance qui transcende toutes ces choses. Telle personne a un tempérament optimiste nous pouvons l’accompagner dans cette joie. Certains autres ont besoin que l’on prenne du temps pour elles, nous prendrons du temps. D’autres ont besoin simplement d’un geste, nous en ferons deux. Certaines personnes ont un tempérament mystique, nous prieront avec elles, certaines personnes veulent aller au fond des choses, nous ferons de la théologie et de la philosophie avec elles, d’autres ont soif de solidarités humaines nous ferons du social avec elles. Certains sont souffrants, et ont perdu leur joie de vivre, leur caractère s’est altéré, nous ne porterons pas de jugement, mais ferons preuve de compassion. Nous nous ferons tout à tous, nous dit Paul. Nous rejoindrons l’autre là où il est, nous nous ferons son serviteur et non son maître. Bien entendu, il ne s’agit pas de se compromettre. Il ne s’agit quand même pas d’être voleur avec le voleur et pédophile avec le pédophile. Il est question d’aller vers l’autre, de le rejoindre dans sa culture, son rythme et sa façon d’être, ses besoins et ses souffrances, il s’agit de l’accompagner. C’est Dieu que l’on suit, pas l’homme. Dire l’Évangile, ce n’est pas seulement dire à l’autre que Dieu nous accepte et nous aime tel que nous sommes aujourd’hui, mais c’est aussi lui dire que Dieu nous appelle à aller de l’avant, qu’il nous appelle et nous aide à sortir de nos enfermements d’aujourd’hui. Dieu pour nous accompagner dans ce changement radical se fait notre serviteur. Plutôt que de chercher à modeler les personnes à notre image, il s’agit de les libérer pour qu’ils se construisent à l’imitation de Christ. Cette méthode Paulinienne est un des enseignements fondamentaux de l’Évangile, et devrait caractériser toute Église se disant chrétienne ! « Évangile », c’est un mot grec « eu-aggelion » qui signifie « Bonne Nouvelle », mais si ce mot n’est en général pas traduit dans la Bible, c’est que ce mot grec désigne plus que les bonnes paroles que Jésus de Nazareth a prononcées. L’Évangile se décline effectivement sous forme de paroles vraies, intelligentes, sages et fortes. Mais l’Évangile c’est plus que cela, c’est avant tout une vie, l’Évangile c’est le Christ, comme le dit Paul ici, l’évangile conduit à se décentrer de soi-même pour aller vers l’autre, le faire par plaisir, gratuitement, par intérêt pour l’autre, dans l’espérance qu’il sera gagné, qu’il sera sauvé. Il faut s’entendre sur ces termes. Gagner une personne au sens de l’Évangile ce n’est pas arriver à la compter comme membre de notre église et la faire cotiser chez nous (ce qui est pourtant une bonne chose). Mais gagner une personne, c’est la tirer de l’enfermement sur elle même de telle sorte qu’elle se sente envoyée vers les autres, comme Paul, (en grec, on dit apôtre). Qu’elle se sente l’envie et la force d’évoluer, qu’elle puisse déjà se mettre en route librement, selon sa personnalité. Sauver une personne ce n’est pas l’enchaîner dans une communauté étroite, ce n’est pas l’obliger à adopter des convictions, un rythme et des pratiques. D’ailleurs c’est le sens même du mot « Église », ekklesia en grec, vient de ex (hors de) et kaleo (appeler), ekklesia signifie littéralement « être appelé hors de (chez-soi) », mis en chemin, comme Abraham, le nomade. Fondamentalement, l’Église ne devrait pas professer le seul rassemblement, elle devrait prioritairement appeler ses membres à aller vers le large, l’extérieur. Elle devrait envoyer en mission. Le culte ne vise pas à inculquer ce que l’on doit absolument penser pour être dans la Vérité, mais plutôt à faire résonner cet appel et ce goût d’évoluer, de penser par soi-même, sous le souffle de l’Esprit de Dieu. Le sens même du culte est de pousser les fidèles à se sentir appelé à sortir. L’église proclame la bonne nouvelle d’un Dieu sur lequel chacun peut compter pour l’aider à modifier les habitudes et certitudes sclérosantes. La Bonne Nouvelle, celle d’un Dieu bienveillant, nous donne le courage de quitter la coquille protectrice que nous avons élaboré au fil du temps pour nous confronter à de nouvelles façons de penser, pour aller vers de nouvelles personnes non pour les saisir mais pour les servir. L’Église fait des apôtres. Une secte, par contre, fait des prosélytes. Littéralement, un prosélyte c’est une personne qui vient de l’extérieur et qui s’installe à l’intérieur. Une secte cherche à faire entrer des gens dans la communauté pour qu’ils servent la communauté. Pour faire entrer les gens, le monde extérieur est présenté comme terrible et entièrement négatif, et l’intérieur est alors présenté comme le lieu de la vie, l’enseignement est baptisé du nom de Vérité, et de clé du salut éternel... Et ainsi, les gens restent bien à l’intérieur de la communauté et du dedans on crie pour que d’autres entrent à leur tour. Les opinions personnelles sont suspectes, se faire « tout à tous » est alors une désertion... Jésus a sans cesse été critiqué pour cela : il fréquentait les gens de mauvaise vie, il ne respectait pas les commandements, il allait vers des étrangers et parlait avec des Samaritains, il osait même critiquer ceux qui faisaient des prosélytes (Mat. 23 :15) « vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois pire que vous »... Jésus, lui, appelle des personnes mais pour les libérer. Il les nomme apôtres, il leur donne la force et l’envie de sortir, de penser par elles-mêmes, de risquer des rencontres. Après un temps de ressourcement auprès des frères et sœurs de l’Eglise, ils repartent. Il y a des fidèles qui servent l’église en donnant du temps, de l’argent, allant vers les autres et recevant des autres... Mais c’est librement, de bon gré, on peut aussi s’engager au service des autres ailleurs et autrement. Comme le dit l'apôtre Paul dans la lettre aux Corinthiens, participer à l’annonce de l'Évangile est une gourmandise, c’est une joie de se faire « tout à tous » dans l'espérance qu'une ou deux personnes puissent recevoir l'Évangile du Christ et en vivre. Il y a déjà une joie et un enrichissement à découvrir la façon d’être d’une personne et de l’accompagner. Essayer, après l’avoir ainsi un peu découverte et aimée telle qu’elle est, de lui faire partager l’appel et la promesse que Dieu adresse à chacun en Christ, c’est comme un cadeau que l’on offre. Comment le transmettre ? Il y a là, peut-être, une difficulté : nous avons reçu quelque chose d'extraordinaire par la présence de Dieu en Christ, et cela peut nous donner envie d'être devant l'autre un je-connais-mieux-que-toi-le-sens-de-ta-vie-et-je-vais-te-l'apprendre ! C'est vrai que nous désirons lui apporter quelque chose. Mais ce que nous offrons n'est, ni une leçon de théologie, ni de morale, mais un appel de Dieu. Ce que nous offrons c’est un Dieu libérateur proposant un changement de regard sur le monde et les autres. A chacun, dans son propre rapport avec Dieu, de construire son cheminement, voire de rejeter l’Eglise. « Se faire tout à tous », c’est ainsi un projet ambitieux et généreux, celui d'offrir tout l'Évangile à tous, tout l'Évangile à toute personne, sans discrimination. Chacun a le droit de se voir offrir tout l'Évangile, et pas seulement un petit bout d'Évangile simplifié ou limité à une petite morale bien raisonnable. Toute personne est digne d’être apôtre, carrément, digne de réfléchir sur ce qu’elle croit, de prier à sa façon, de voir avec Dieu comment avancer et vers qui aller. A l’unisson avec Paul nous pouvons dès lors dire en tant qu’apôtre « Et tout cela je le fais à cause de la bonne nouvelle, afin d’y avoir part ». Amen





dimanche 20 mai 2012

prédication du 20 Mai 2012 à La Ciotat


Prédication sur le texte  Luc 10 versets 25 à 37



Je ne fais pas œuvre d’originalité en choisissant de  prêcher sur le texte dit du bon Samaritain.

Si j’ai choisi ce passage de l’évangile de Luc, c’est que, m’interrogeant sur la signification du mot  valeurs, ce texte s’est imposé à moi comme une évidence.

Si le mot valeurs m’interpelle c’est que notre époque ne cesse de l’utiliser, comme pour exorciser l’effritement d’édifices moraux fondés sur des préceptes religieux ou philosophiques élaborés au cours des siècles.

J’ai été sensibilisé à ce problème en lisant l’annonce d’un colloque international à Berne les 23 et 24 Mars 2012. Colloque destiné aux décideurs chrétiens et intitulé  « les valeurs chrétiennes comme facteur de succès dans le monde économique »

Ces colloques se multiplient sur les thèmes de l’identité, la laïcité, la citoyenneté, les valeurs fondatrices.

Ils ne font que refléter le profond désarroi des consciences face aux remises en cause de l’ensemble des fondements spirituels des sociétés humaines.

Je vous propose d’écouter à ce sujet ce qu’écrit Amin Maalouf dans son livre « le dérèglement du monde »

« De la crise morale de notre temps on parle quelquefois en termes de «pertes de repères » ou de « perte de sens », comme s’il s’agissait de retrouver des repères perdus, des solidarités oubliées.

 De mon point de vue, il ne s’agit pas de retrouver mais d’inventer.

Ce n’est pas en prônant un retour illusoire aux comportements d’autrefois que l’on pourra faire face aux défis de l’ère nouvelle.

Le commencement de la sagesse, c’est de constater que notre époque n’est comparable à aucune autre.

Plutôt que d’embellir le passé et de l’idéaliser, il faudrait se défaire des réflexes que nous y avons acquis et qui se révèlent désastreux dans le contexte d’aujourd’hui ; se défaire, oui, des préjugés, des atavismes, des archaïsmes, pour entrer de plein- pied dans une toute autre phase de l’aventure humaine.

Il nous faut sortir des légitimités anciennes par le haut en élaborant une échelle des valeurs qui nous permette de gérer mieux que nous l’avons fait jusqu’ici, notre diversité, notre environnement, nos ressources, nos connaissances, nos instruments, notre puissance, nos équilibres, en d’autres termes notre vie commune et notre capacité de survie.

De mon point de vue, sortir par le haut du dérèglement qui affecte le monde exige d’adopter une échelle des valeurs basée sur la primauté de la culture ; je dirai même fondée sur le salut par la culture »

Ce texte d’Amin Maalouf a profondément résonné en moi à double titre :

 -en tant que biologiste car je sais que nous sommes condamnés à faire sans cesse du nouveau pour que l’espèce humaine  perdure en s’adaptant

 -en tant que protestant car je sais qu’il faut toujours se réformer pour adapter le message de Jésus aux réalités nouvelles et je suis certain que ce message est une source permanente de renouvellement.

Revenons sur le texte de l’évangile de ce jour.

Jésus a en face de lui un spécialiste de la loi.

Ce dernier interroge « que faire pour hériter de la vie éternelle » Jésus lui demande alors de  lire ce qui est écrit dans le pentateuque.

Et notre spécialiste non seulement lit le décalogue mais aussi un texte bien caché dans le livre du lévitique précisant la façon dont Dieu veut être servi, je cite Lév 19-18

« Tu ne te vengeras pas ; tu ne garderas pas de rancune envers les gens de ton peuple ; tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Jésus ne peut être qu’admiratif à l’écoute de cette réponse complète, il lui dit d’ailleurs « tu as bien répondu ».

Notre spécialiste pose alors une seconde question, « qui est mon prochain ? ».

Ce sujet était l’objet d’âpres débats entre les tendances religieuses juives d’alors.

Pour les Esséniens le prochain était celui qui appartenait à leur secte, pour les pharisiens et sadducéens c’était celui qui appartenait au peuple élu, et pour certains, plus rares, tous les hommes étaient leur prochain.

En tous cas la Thora ne contient pas de réponse à cette question.

Jésus aurait pu se contenter de préciser que tous les hommes sont les prochains, mais il préfère utiliser une parabole en guise de réponse.

Un homme blessé dont on ne sait s’il est juif orthodoxe ou étranger gît sur le bord de la route, deux dignitaires religieux croisent le blessé et passent au large sans s’arrêter par crainte de violer un interdit de pureté concernant le contact avec  le sang ou un cadavre, un Samaritain lui s’arrête et porte secours au malheureux.

Le Samaritain était l’ennemi de prédilection des juifs orthodoxes car les Samaritains pratiquaient une religion déviante par rapport à la religion juive.

Ils ne tenaient compte que du Pentateuque comme livre sacré et ne considéraient pas Jérusalem comme lieu exclusif d’implantation du temple.

Ainsi les termes Samaritain et diable étaient des mots quasiment synonymes pour les juifs.

Acculé à reconnaître que le samaritain était celui qui avait considéré le blessé comme étant son prochain, notre spécialiste des textes sacrés ne prononce d’ailleurs pas le mot Samaritain qui lui écorche la gorge, mais utilise une périphrase pour le désigner « c’est celui qui a montré de la compassion ».

Mais avez-vous repéré que Jésus inverse, dans la question qu’il pose, celui à qui s’applique le terme  prochain ? Je cite

 « Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé aux mains des bandits ? »

La question n’aurait elle pas du être : lequel de ces trois hommes a considéré le blessé comme étant son prochain ?

Cette inversion a été beaucoup commentée, pour ma part je pense que Jésus indique par ce moyen le fait que  même un Samaritain peut être cet énigmatique prochain.

Jésus répond par le même coup à la première interpellation du savant,  « maître que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ?»

Il demande en effet par ce questionnement  vers quel prochain dois je aller pour lui faire du bien et Jésus lui dit : si tu commençais par songer à ceux qui font quelque chose pour toi, peut être le problème serait-il plus simple. Le prochain c’est d’abord celui qui vient à toi.

Pour finir Jésus remet les choses à l’endroit, si l’on peut dire, en disant « va et toi aussi fait de même ». Va vers ton prochain affligé.

Mais par ce jeu de l’inversion il nous a interpellé en attirant notre attention sur le fait que le prochain c’est tout homme qui vient vers nous pour nous aider mais aussi celui qui compte sur nous pour l’aider. Bien entendu le premier qui vient vers nous c’est Jésus que l’on peut en effet de ce fait qualifier de prochain.

Je vous ai parlé en introduction du mot valeurs en précisant que le texte sur le bon Samaritain était en plein cœur de ce problème, pourquoi ?

Les deux notables religieux ont passé leur chemin pour conserver la pureté nécessaire à leurs fonctions de sacrificateurs. Ils ont considéré que le service de Dieu primait sur tout autre commandement, en effet les 5 premiers commandements de la Thora concernent la relation à Dieu et priment sur les 5 suivants concernant les relations à l’homme.

Le Samaritain bien que n’étant pas prêtre pouvait craindre de se souiller et devenir impur et ce d’autant plus que très certainement le blessé était un juif. Mais il a placé la valeur « assistance au prochain dans le malheur » avant les devoirs du culte à Yahvé.

Les trois hommes ont un système de pensée religieux identique, les valeurs qu’ils professent sont très voisines,  mais lorsque se présente un conflit de valeurs leur choix diffèrent.

Jésus ne cesse de proposer une échelle des valeurs surprenante, ainsi par exemple le commandement « tu honoreras ton père et ta mère » est à ses yeux second. puisque Jésus proclame en Math 10-35 « Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle fille et sa belle mère et l’homme aura pour ennemi les gens de sa maison ».

Les exemples de ce type pourraient être multipliés, Jésus réagit de façon dérangeante en toutes circonstances.

Il secoue l’ordre établi fondé sur le respect aveugle de la loi reçue par Moïse.

Il y a en Jésus  plus que la loi, et il instille en nous la profonde liberté des enfants de Dieu par rapport à toutes les règles imposées.

C’est ce qu’affirme Paul dans la lettre aux Galates 3-23 à 27

« Avant que la foi vienne, nous étions gardés sous la loi, enfermés en vue de la foi qui allait être révélée. Ainsi la loi a été notre surveillant jusqu’à Christ, pour que nous soyons justifiés en vue de la foi. La foi étant venue nous ne sommes plus soumis à un surveillant. Car vous êtes tous par la foi fils de Dieu en Jésus Christ » 

Toutes les sociétés ont un corpus de règles, constituant leur loi, fondées sur des valeurs très voisines voire identiques, et pourtant elles sont en réalité  souvent  très éloignées dans leurs pratiques.

Pourquoi ? Simplement par le fait que leurs cultures diffèrent et conduisent à privilégier certaines valeurs et à estomper certaines autres.

L’une privilégiera l’égalité et la société sera communiste, l’autre privilégiera la liberté et la société sera libérale, telle autre placera la solidarité nationale au sommet de ses aspirations et dérivera vers le fascisme, telle autre sur développera le groupe familial et sera de type tribal.

Il y a là une grande similitude avec la régulation de l’expression des gènes dans notre patrimoine génétique, certaines espèces feront fonctionner à plein un gène et une protéine, par exemple une hormone, sera produite en grande quantité alors que d’autres espèces réprimeront la production  de cette hormone.

C’est pourquoi quoique partageant avec le chimpanzé et le porc plus de 90% de notre génome humain, nous sommes si différents d’eux.

De même nos sociétés sont fort différentes du fait d’une régulation variable de l’expression des valeurs.

Le pape Benoit 16 dans son message aux jeunes du monde  en 2010 écrivait, je cite

« La culture actuelle, dans certaines régions du monde tend à exclure Dieu ou à considérer la foi comme un fait privé, sans aucune pertinence pour la vie sociale. Alors que toutes les valeurs qui fondent la société proviennent de l’évangile, comme le sens de la dignité de la personne, de la solidarité, du travail  et de la famille, on constate une sorte d’éclipse de Dieu, une certaine amnésie, voire un réel refus du christianisme et un reniement du trésor de la foi reçue, au risque de perdre sa propre identité profonde. »

Eh bien il a tout faux. Les valeurs qui fondent les sociétés ne viennent pas de l’évangile, elles sont partagées depuis l’aube de notre humanité par les sociétés qui se sont succédées, animistes, grecques, romaines, chinoises, indiennes, chrétiennes, musulmanes, athées.

Toutes ont développées un certain sens de la dignité humaine, de la solidarité, du travail, de la famille.

Mais ce que Jésus a apporté c’est un renversement du mode de pensée.

Se préoccuper d’abord du prochain, de celui qui vient vers nous ou compte sur nous dans la difficulté.

C’est pourquoi sa bataille contre l’utilisation de la loi hébraïque à des fins de pouvoir et sans aucune place pour la compassion et le discernement, telle qu’elle était pratiquée par les autorités religieuses juives du premier siècle, fut le combat des 3 années missionnaires du Christ.

La sécularisation que nous connaissons de nos jours est liée à l’adoption par les autorités politiques d’une grille de valeurs régulées selon des modalités proches de celles proposées par les évangiles.

L’échelle des valeurs politiques et religieuses étant proche, beaucoup se demandent quelle est l’utilité de s’engager dans un parcours de foi plutôt que de militer dans les cercles laïques ?

Mais c’est sans compter sur le fait que le parcours proposé par Jésus garde sa  pertinence, il est en quelque sorte hors du temps.

Christ nous habite et nous encourage à rechercher en puisant dans les évangiles la substance même de notre échelle de valeurs. Notre quête doit être constante et personnelle pour ne pas sombrer dans les systèmes claniques et les adhésions sans retenue aux discours de maîtres omnipotents se prenant pour le Christ lui-même.

A nous d’adapter notre foi aux contraintes et bonheurs du temps qui vient, pour proposer aux prochains le fruit de notre pensée libre et accueillir le fruit de la pensée libre de celui qui vient vers nous. 




lundi 9 avril 2012

culte Aubagne 2012-01-22

Prédication sur Ex 20,22-26
L’un des textes du jour porte sur les sacrifices, codifiés par Dieu lui-même et en usage en Israël jusqu’à la ruine du temple de Jérusalem en 70.
Parler de sacrifice interpelle forcément les chrétiens puisque la mort du Christ est présentée dans les théologies comme étant le sacrifice ultime.
En travaillant sur ce thème, j’ai été conduit à lire une conférence du professeur Alfred Marx enseignant à la faculté de théologie protestante de Strasbourg et spécialiste reconnu des pratiques sacrificielles.
Je me suis fortement inspiré de son exposé pour cette prédication.
Avant tout je tiens à vous sensibiliser sur le fait que les juifs du début du premier
siècle pratiquaient assidument les sacrifices.
Ces sacrifices constituaient le fondement de leur relation à Dieu.
Afin de faire comprendre la nature du message christique aux juifs qui constituaient
l’écrasante majorité des premiers chrétiens, les apôtres puis les évangélistes,
eux même issus du peuple Juif, se sont exprimés en des termes accessibles à l’intelligence de leur public.
De fait les textes du nouveau testament
sont imprégnés du sceau de la culture juive de cette époque.
Il nous appartient pour décrypter la véritable teneur des messages évangéliques, transmis par les premiers témoins de la vie du Christ, de faire la part de ce qui appartient aux croyances juives et
non au message de Jésus.
Dans un milieu étranger culturellement à Israël, la Grèce Athénienne, Paul a échoué
à transmettre la bonne nouvelle, inaudible dans sa présentation frappée par la
Judéité.
Il nous appartient de ne pas commettre la même erreur de compréhension que les
philosophes grecs en faisant effort pour se placer dans la situation et la
culture des juifs du premier siècle !
Ceci dit, revenons au texte du jour.
Il est inséré dans le livre de l’exode, à la suite du récit de la transmission des 10 commandements de l’alliance conclue entre Dieu et Moïse.
Cette transmission se déroule sur la montagne
du Sinaï, dans une atmosphère de fin du monde, tonnerre, éclairs, fumée et
hurlements des trompettes. Le texte sur les autels est aussi le symétrique parfait du début du chapitre 19 dont il adopte le même plan et les mêmes expressions. Or dans ce chapitre Dieu proclame « Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte » ?
C’est dire la place prépondérante des sacrifices dans la foi Juive.
A partir de cette proclamation : tout autel dressé par les hommes devient un Sinaï, ou tout au moins conduit à se remémorer l’alliance de Yahvé avec Israël conclue sur le Sinaï.
C’est sans doute la raison pour laquelle cet autel doit être une montagne miniature
faite de matériaux bruts, de terre et de pierre non taillée pour ressembler à la montagne du Sinaï.
Tout sacrifice sur un tel autel devient le lieu d’une manifestation de Dieu (théophanie) qui n’est plus limitée au temps mythique des origines d’Israël, qui n’est plus limitée au Sinaï mais qui peut se reproduire en tous temps et en tous lieux.
Comment ne pas penser alors, à la roche en forme de crâne du Golgotha ou les hommes ont
sacrifié Jésus ? Dieuest venu là aussi, dans le déchainement des éléments comme au Sinaï.
L’évangéliste Mathieu le relate « alors le voile du temple se déchira en deux, d’en haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent ».
Relisons le texte sur les autels …..
De prime abord ce texte semble décousu, les prescriptions alignées sont apparemment
dépourvues d’intérêt sauf pour les archéologues, qu’importe à priori, que l’autel soit en terre, qu’il y ait des marches ou non et qu’il ne faille pas voir le sexe des prêtres sous le
tablier en lin que les juifs appellent éphod.
Et pourtant ces versets rendent compte de la signification du sacrifice aux yeux des prêtres Hébreux, qui, de retour d’exil à Babylone vers -530, ont rédigé les 5 premiers livres de
l’ancien testament : le Pentateuque.
A
la même époque les peuples Cananéens, les Egyptiens, les Perses sacrifiaient
aux idoles dans un esprit fort différent de celui que nous allons décrypter
chez les Hébreux.
Le texte sur les autels du livre d’Exode, contrairement aux apparences est
construit avec le plus grand soin, les quatre séries de prescriptions se
correspondent deux par deux, les versets 23 et 26 sont des interdits, les 24 et
25 sont tous deux des prescriptions positives.
Il y a en quelque sorte un double cadre destiné à mettre en valeur le verset 24b, ainsi
placé au cœur d’un écrin.
Ce verset se distingue aussi par le fait qu’après des passages où Dieu parle en « tu », à la seconde personne sous forme de prescriptions, il parle tout à coup en « je »..« En tout lieu où j’évoquerai mon nom, je viendrai à toi et je te bénirai. »
Le texte énumère toutes les prescriptions nécessaires au sacrifice; un autel, des victimes prises dans le gros et le petit bétail, il précise aussi quelles sont les deux formes habituelles du
sacrifice : l’holocauste (viande calcinée en totalité) et le sacrifice de paix ou de communion (viande et végétaux partagés entre Dieu et les hommes).
Il indique surtout quelle est la finalité du sacrifice : faire venir Dieu afin qu’il bénisse son peuple.
Trois enseignements essentiels peuvent être tirés que je vais expliciter
:1 Dieu vient, là où Israël offre un sacrifice
Contrairement
à ce que l’on a coutume d’imaginer, le sacrifice n’a pas pour objet de créer un
mouvement de bas en haut, de la terre au ciel, mais un mouvement de haut en bas,
du ciel à la terre.
Ce
n’est pas le sacrifiant qui, par l’intermédiaire d’une victime accède à Dieu, c’est au contraire Dieu qui
descend sur terre pour venir communiquer avec ceux qui l’honorent.
C’est
le retour au temps où Yahvé se promenait dans le jardin d’Eden en hélant Adam ou à celui où Abraham échangeait avec son Dieu
près des autels qu’il dressait dans chaque nouvelle résidence.

où Israël construit un autel et y offre des sacrifices, Dieu vient confirmer
l’alliance qu’il a conclut avec Moïse et le peuple des Hébreux.
Les
textes du canon du nouveau testament nous relatent un sacrifice. En l’an 33, au
Golgotha, véritable autel formé par un rocher en forme de crane
dominant le voisinage, Jésus fut sacrifié par les autorités et prêtres de
Jérusalem et Dieu vint et échappa au saint des saints du temple où il était
cantonné. C’est pourquoi le voile obturant le saint des saints se fendit en
deux parties selon le témoignage des quatre évangélistes.
Dieu
vint alors bénir le Christ immolé et sa création entière.
Il
n’était, dès lors, plus besoin de nouveaux
sacrifices car Dieu, dorénavant habitait par Christ le temple de chacun de nos corps.
2
Dieu vient pour recevoir l’hospitalité de son peuple
Dieu
vient là où sont offerts des sacrifices.
On
s’interroge, bien évidemment sur les
raisons pour lesquelles Dieu est attiré par l’offrande de moutons et de bœufs abattus
sur l’autel !
Pourquoi
se donne t’on la peine d’écorcher les victimes, de les dépecer, de laver les
entrailles et les pattes ?
Pourquoi
n’offre t’on à Yahvé que des offrandes comestibles et non de l’or ou des
matières précieuses ?
Pourquoi,
sinon parce que ce que l’on veut, c’est offrir un repas.
Et,
il n’y a aucune raison d’offrir un repas à Dieu, sinon pour qu’il s’en
nourrisse.
Un
texte milite pour cette proposition en Deutéronome 4, 28
« Et là en dehors d’Israël vous rendez un culte à des dieux œuvre
de main d’homme, du bois et de la pierre qui ne peuvent ni boire, ni manger, ni
sentir »
Le
Dieu d’Israël est un Dieu qui peut voir, entendre, manger, sentir.
En
offrant un sacrifice à Dieu, en lui présentant de la nourriture, on ne le
nourrit pas mais on l’honore de deux manières.
Premièrement
à la façon d’Abraham sous les chênes de
Membré recevant les trois messagers divins. Abraham prépare et offre un
magnifique repas, il se tient à distance prêt à répondre au moindre vœu de ses
invités.
Cette
modalité correspond à l’holocauste où l’ensemble du sacrifice est brûlé et
offert à Dieu.
La
seconde modalité, que nous connaissons bien, et dont la traduction au plan
rituel est le sacrifice de communion, est celle ou le repas est partagé entre
Dieu, les prêtres et l’offrant.
Si
Dieu vient auprès du sacrifiant, c’est parce qu’il accepte l’invitation et les
marques d’honneur qui lui sont adressées
Il
manifeste aussi par là qu’il est semblable aux êtres humains puisque, seul un
être comme eux peut apprécier les fumets délicieux d’un bon repas.
Ce
Dieu est semblable mais différent puisque seul, il reçoit la graisse et le sang
des victimes. Ces nourritures sont en effet strictement interdites à la
consommation humaine.
Par
ailleurs la matière sacrificielle est brûlée sur l’autel et c’est de l’odeur
que Dieu se nourrit.
De
la sorte chaque sacrifice constitue une leçon de théologie au cours de laquelle
Israël apprend à connaître son Dieu qui est une personne. A chaque sacrifice
Israël découvre Dieu comme l’autre, mais aussi le semblable, en somme comme
l’autre semblable.
Ainsi
si Dieu vient, c’est pour recevoir l’hospitalité de son peuple, c’est pour
partager avec lui un repas et se manifester, se révéler à lui comme un autre
mais aussi un semblable.
3
Lors d’un sacrifice, Dieu vient pour bénir son peuple
Le
verset 24b, « en tout lieu où
j’évoquerai mon nom, je viendrai à toi et je te bénirai » est
construit de telle manière que le dernier mot est mis en valeur comme dans une
pierre précieuse rehaussée par les petits diamants insérés tout autour.
En
Hébreux, en tout lieu où j’évoquerai mon nom est exprimé par trois mots, je
viendrai à toi l’est en deux mots et je te bénirai l’est en un mot.
De
sorte que tout tend vers la conclusion
en un mot du verset 24 « je te bénirai ».
Lorsque
Dieu vient à l’occasion d’un sacrifice c’est pour bénir.
Ainsi
le sacrifice dont nous parlons ici, n’est pas destiné à apaiser un Dieu
courroucé, ni à disposer favorablement un Dieu qui par principe serait de
mauvaise humeur, ni à expier des erreurs.
Ce
texte est très important car il livre les clefs de
l’interprétation du sacrifice.
Le
sacrifice permet à Israël de faire venir Dieu qui se révèle à cette occasion être
tout en même temps un autre et un semblable. Et ce Dieu qui vient bénit.
Ainsi,
le sacrifice dans la religion d’Israël est central.
Cette
affirmation est renforcée par ceci : afin de faire venir en permanence la
bénédiction de Dieu sur Israël, une
pratique sacrificielle devait être exercée au temple de Jérusalem. C’est ce que
Dieu prescrit à Moïse en Exode 29, 38 à
46
« Voici ce que tu offriras
sur l’autel : deux agneaux d’un an, chaque jour constamment. Tu offriras
le premier agneau le matin, tu offriras le second agneau à la tombée de la
nuit.. Tu les offriras comme une odeur agréable, en offrande consumée pour le
seigneur. C’est un holocauste constant dans toutes vos générations que vous
offrirez à l’entrée de la tente de rencontre, c’est là que je rencontrerai les Israéliens »
Bien
sûr ces holocaustes visaient à maintenir la présence de Dieu en permanence dans
la tente de la rencontre devenue ultérieurement le saint des saints.
C’est
seulement aux périodes les plus troubles de l’histoire d’Israël que ces
holocaustes furent suspendus pour le plus grand malheur du peuple juif, par
exemple lors des persécutions d’Antiochus Epiphane (168-165).
Je
vous rappelle que Jésus fut appelé l’agneau de Dieu en référence à cette
pratique sacrificielle permanente.
Avant de conclure, j’aimerai vous lire le
texte suivant tiré d’Exode 24 qui relate l’alliance de Dieu avec Moïse et les Israéliens
« Moïse
écrivit toutes les paroles du Seigneur, puis il se leva de bon matin ; il bâtit
un autel au pied de la montagne avec douze pierres levées pour les 12 tribus
d’Israël.
Il envoya de jeunes Israéliens offrir des holocaustes et des sacrifices
de paix au Seigneur. Moïse prit la moitié du sang des taureaux qu’il mit dans
des bassines, de l’autre moitié du sang il en aspergea l’autel. Il prit le
livre de l’alliance et le lut au peuple…Moïse prit le sang et en aspergea le
peuple en disant : voici le sang de l’alliance que le Seigneur a conclue
avec vous sur toutes ces paroles »
Avec
une proximité évidente Matthieu écrira (Matthieu 26 26à29)
le texte instituant le sacrement de communion
« C’est mon sang le sang de
l’alliance qui est répandu en faveur d’une multitude, pour le pardon des péchés »
Comme
je vous l’ai indiqué en exergue, la passion de Jésus ne pouvait être
interprétée et traduite en écrits par les premiers chrétiens juifs que dans un
contexte sacrificiel puisque le sacrifice constituait le pivot de leur foi
passée.
Les
deux lectures que je viens de faire le démontrent.
Un
texte du canon, la lettre aux Hébreux, écrite entre 60 et 80 par un inconnu, illustre
particulièrement ce fait.
La
teneur du texte est tellement étrangère
à nos schémas mentaux actuels qu’elle induit spontanément l’envie d’abandonner
la lecture.
Pourtant
les théologies chrétiennes se sont souvent inspirées de cette lettre.
Voici
un exemple de la rhétorique développée Héb 9 11à 14
« Mais le Christ est venu comme souverain sacrificateur des biens
à venir ; il a traversé la tente plus grande et plus accomplie, qui n’est
pas fabriquée par des mains humaines, c'est-à-dire qui n’est pas de cette
création ; il est entré une fois pour toute dans le lieu très saint, non
pas avec du sang de bouc ou de taurillons mais avec son propre sang. C’est
ainsi qu’il a obtenu une rédemption éternelle. En effet, si le sang de boucs et
de taureaux, ou la cendre d’une génisse qu’on répand sur ceux qui ont été
souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus le sang
du Christ qui par l’esprit éternel s’est offert lui-même à Dieu, sans défaut,
purifiera t’il votre conscience des œuvres mortes, pour que vous serviez Dieu
vivant »
Vous avez certainement été frappé par la
notion du sacrifice développée ici, l’auteur de la lettre n’envisage le
sacrifice que comme moyen d’expiation du péché.
Or
l’interprétation Juive du sacrifice en -530, exclut comme nous l’avons vu que
le sacrifice ait pour rôle principal cette expiation des péchés.
La
théologie expiatoire surdéveloppée à partir de l’occupation d’Israël par les
grecs vers
-320
avant JC, est fondée sur une vision
erronée de la notion sacrificielle exposée dans le Pentateuque.
Frères
et sœurs, je n’irais pas plus avant dans ce débat théologique, mais j’aimerais
vous rappeler les trois points essentiels du message du professeur Marx à
propos du sacrifice.
Dieu
vient là où Israël offre un sacrifice sur l’autel.
Dieu
vient pour recevoir l’hospitalité de son peuple.
Lors
d’un sacrifice, Dieu vient pour bénir son peuple.
Pour
ma part, et rien ne vous interdit de penser différemment, je ne peux croire que
Jésus se soit livré volontairement au sacrifice, c’est la caste des prêtres et
puissants d’Israël qui l’a martyrisé.
Jésus
a accompli jusqu’au bout une mission dont il connaissait les risques.
Le sacrifice, par les dirigeants Juifs, d’un
des leurs est monstrueux car c’est un sacrifice humain que Yahvé a toujours repoussé
avec horreur comme l’attestent les écrits testamentaires anciens.
Ce
sacrifice, inique marque la fin de l’alliance conclue avec Moïse et le peuple
Juif, ce qui est illustré par ce Dieu,
abandonnant le temple au moment de la mort de Jésus. A ce moment là le voile obturant le saint des saints se fend.

Dieu
bénit alors l’humanité entière dont fait partie le peuple juif, relève le
Christ et installe l’esprit en chaque
humain en gage d’alliance permanente. Comme le dit Paul en 1 Cor 9
« vous êtes le champ que Dieu cultive, la maison qu’il construit »

jeudi 8 mars 2012

prédication du 26 février 2012

Prédication : textes
Gen 9 : 8-15. 1 Pierre 3 : 18-22. Marc 1 : 12-15

Frères et sœurs, ce Dimanche
est le premier du temps du carême.
Le mot carême est la
déformation du mot latin quadragésima qui signifie quarantaine.
Durant quarante jours les
chrétiens se préparent à la résurrection du Christ mais aussi à leur propre
résurrection ou, plutôt à leur propre relèvement.
Le texte de Marc proposé à
notre réflexion évoque le séjour de Jésus au désert vers lequel il fut conduit par l’esprit reçu à son baptême.
Confronté aux tentations, il
se transforma, comme le fer se transforme au contact du feu, il fut
radicalement changé.
Ainsi transcendé il se lança
sur les chemins en proclamant la bonne nouvelle de Dieu.
Il demanda instamment aux hommes, à son exemple, de radicalement
changer.
Jésus nous appelle ainsi à initier
une métamorphose, après un travail sur nous même, dans le silence de notre
désert intérieur.
Comme Jésus nous serons
tentés d’abandonner ce cheminement périlleux.
Comme Jésus nous serons affrontés
à trois tentations,
-Jouir des biens de ce monde
en oubliant de glorifier Dieu.
-Se croire invulnérable en
tant que chrétien et tirer un orgueil personnel de notre appartenance au peuple
des croyants.
-Se livrer à ses instincts les
plus bas pour acquérir les pouvoirs temporels. Ainsi les dictateurs éliminant
les opposants en les tuant sont si abondants que point n’est besoin d’insister,
vous en connaissez les noms.
Matthieu, dans le chapitre 4
de son évangile relatant le séjour de Jésus au désert, indique les réponses de
ce dernier aux propositions diaboliques :
« L’être humain ne
vivra pas de pain seulement »
« Tu ne provoqueras
pas le seigneur ton Dieu »
« C’est devant le
seigneur que tu te prosterneras, et c’est à lui seul que tu rendras un culte »
Bien sûr c’est en permanence
que nous devons combattre les trois tentations ; en donnant toute sa place
à l’esprit qui nous habite, en restant humble et reconnaissant pour les dons
que nous avons reçu, en n’adulant pas l’argent, les biens et colifichets
superflus.
Il ne semble toutefois pas inutile
de réserver un temps dédié à la réflexion sur notre parcours de vie, un peu
comme le shabbat pour les juifs.
Ce temps propre aux chrétiens
est le temps de carême.
Il est consacré à un examen
intérieur pour déterminer ce en quoi nous avons dévié du chemin balisé par
Jésus et quels sont les itinéraire à adopter pour rejoindre la bonne voie ?
Les moyens utilisés pour
s’abstraire du tumulte ambiant et libérer la réflexion sont tous bons à saisir,
prière, jeûne si nécessaire, retraite dans un lieu propice à l’inspiration,
écoute de guides spirituels ou lecture de leurs ouvrages, échange avec des
frères, lecture attentive des évangiles et livres théologiques.
Je vous propose, pour
inaugurer le cycle de réflexion propre au carême, de réfléchir à la
signification des deux autres textes du jour, celui de la lettre de Pierre et
celui de Genèse concernant Noé.
Dans la lettre de Pierre,
l’histoire de Noé est évoquée comme prémices au baptême. Relisons ce texte
« En
effet, le Christ lui-même a souffert, une fois pour toutes, pour les péchés des
humains ; innocent, il est mort pour des coupables, afin de vous amener à Dieu.
Il a été mis à mort dans son corps humain, mais il a été rendu à la vie par le
Saint-Esprit. Par la puissance de cet Esprit, il est même allé prêcher aux
esprits emprisonnés, c'est-à-dire à ceux qui, autrefois, se sont opposés à
Dieu, quand il attendait avec patience à l'époque où Noé construisait l'arche.
Un petit nombre de personnes, huit en tout, entrèrent dans l'arche et furent
sauvées par l’eau. C'était là une image du baptême qui vous sauve maintenant ;
celui-ci ne consiste pas à laver les impuretés du corps, mais à demander à Dieu
une conscience purifiée. Il vous sauve grâce à la résurrection de Jésus-Christ,
qui est allé au ciel et se trouve à la droite de Dieu, où il règne sur les
anges et les autres autorités et puissances célestes. » Pourquoi Pierre choisit-il d’évoquer
l’alliance avec Noé plutôt que les deux autres alliances ultérieures figurant
dans l’ancien testament ? L’alliance avec Noé et l’alliance initiée par
Jésus sont toutes deux octroyée par Dieu
sans condition, il n’est rien demandé à l’humanité. Or cette humanité, dans les
deux cas, est pécheresse.
Noé et Jésus font
exception parmi les humains de ces lointaines époques. Eux seuls sont considérés comme justes,
c'est-à-dire en harmonie avec Dieu. Pour Noé,
Dieu dit « j’ai vu qu’au sein de cette génération, devant moi tu es
juste », pour Jésus, Dieu dit « tu es mon fils bien
aimé ; c’est en toi que j’ai pris plaisir ». Par ailleurs, Pierre
dans sa première lettre indique que
Jésus est le juste sauvant les injustes.
Les deux justes offrent un sacrifice à Dieu avant le scellement de
l’alliance. Ainsi Noé prit de toutes les bêtes pures et de tous les oiseaux
purs et il offrit des holocaustes sur l’autel. Jésus, lui le seul homme pur parmi les juifs, fut
sacrifié au Golgotha. Or le Golgotha est l’image symbolique de l’autel. Dieu ne se fait
guère d’illusion sur l’homme qu’il a créé, il dit ainsi à Noé « je ne
maudirai plus la terre à cause des humains, parce que le cœur des humains est
disposé au mal depuis leur jeunesse, et je ne frapperai plus tout ce qui est
vivant comme je l’ai fait »
Ainsi les deux alliances sont une pure grâce de la part de Dieu, l’homme
disposé au mal n’est pas partie prenante dans ces contrats. Pierre considère alors
logiquement le baptême comme une grâce qui,
sans condition, ouvre à la purification de la conscience, pour ceux qui
le demandent. Les
deux autres alliances conclues entre Dieu et Abraham puis Moïse ne sont pas de
la même nature que celles conclues unilatéralement par Dieu avec les
descendants de Noé d’une part et les chrétiens d’autre part. En effet, pour ces
deux alliances là conclues avec Abraham et Moïse, il y a un véritable contrat entre
les Israélites et Dieu.
Ce contrat
renferme des prescriptions draconiennes inscrites dans une loi, des mutilations
comme la circoncision, des sacrifices aussi et des sanctions en cas
d’infraction aux prescriptions.
Mais les juifs ont toujours enfreint la loi, si bien qu’un prophète
comme Jérémie à la veille de l’exil à Babylone annonce une nouvelle alliance en
Jér 31, 30 à 34
« Les jours viennent où je conclurai avec la maison d’Israël et
la maison de Juda une alliance nouvelle, non pas comme l’alliance que j’ai
conclue avec leur pères, le jour où je les ai saisi par la main pour les faire
sortir d’Egypte, alliance qu’ils ont rompue , bien que je sois leur maître .
Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël après ces jours
là. Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur ; je
serai leur Dieu, et eux ils seront mon peuple. »
Pour meubler ce carême 2012, je
vous propose de réfléchir à la gratuité de l’alliance passée avec nous, sous
l’impulsion de Christ, par un Dieu dont nous sommes, malgré notre faiblesse,
une image.
Comment manifester notre
reconnaissance pour la confiance que Dieu nous porte et pour ce précieux
viatique écrit sur notre cœur, annulant ou limitant notre propension au
mal ?
Comment décrypter
avec justesse, le précieux héritage du nouveau testament nous permettant un
véritable changement de vision ?
Comment
inciter les autres à découvrir ce qui est écrit sur leur cœur ?
Ne désespérez pas
petit troupeau, car au terme du Carême il y a le temps de Pâques qui proclame
la puissance de l’esprit là où nul ne
l’attendait plus, après la mort de l’enveloppe charnelle.
Amen

samedi 21 janvier 2012

prédication donnée à Aubagne le 22 janvier 2012

Prédication sur Ex 20,22-26
L’un des textes du jour porte sur les sacrifices, codifiés par Dieu lui-même et en usage en Israël jusqu’à la ruine du temple de Jérusalem en 70.
Parler de sacrifice interpelle forcément les chrétiens puisque la mort du Christ est présentée dans les théologies comme étant le sacrifice ultime.
En travaillant sur ce thème, j’ai été conduit à lire une conférence du professeur Alfred Marx enseignant à la faculté de théologie protestante de Strasbourg et spécialiste reconnu des pratiques sacrificielles.
Je me suis fortement inspiré de son exposé pour cette prédication.
Avant tout je tiens à vous sensibiliser sur le fait que les juifs du début du premier siècle pratiquaient assidument les sacrifices.
Ces sacrifices constituaient le fondement de leur relation à Dieu.
Afin de faire comprendre la nature du message christique aux juifs qui constituaient l’écrasante majorité des premiers chrétiens, les apôtres puis les évangélistes, eux même issus du peuple Juif, se sont exprimés en des termes accessibles à l’ intelligence de leur public.
De fait les textes du nouveau testament sont imprégnés du sceau de la culture juive de cette époque.
Il nous appartient pour décrypter la véritable teneur des messages évangéliques, transmis par les premiers témoins de la vie du Christ, de faire la part de ce qui appartient aux croyances juives et non au message de Jésus.
Dans un milieu étranger culturellement à Israël, la Grèce Athénienne, Paul a échoué à transmettre la bonne nouvelle, inaudible dans sa présentation frappée par la Judéité.
Il nous appartient de ne pas commettre la même erreur de compréhension que les philosophes grecs en faisant effort pour se placer dans la situation et la culture des juifs du premier siècle !
Ceci dit, revenons au texte du jour.
Il est inséré dans le livre de l’exode, à la suite du récit de la transmission des 10 commandements de l’alliance conclue entre Dieu et Moïse.
Cette transmission se déroule sur la montagne du Sinaï, dans une atmosphère de fin du monde, tonnerre, éclairs, fumée et hurlements des trompettes.
Le texte sur les autels est aussi le symétrique parfait du début du chapitre 19 dont il adopte le même plan et les mêmes expressions. Or dans ce chapitre Dieu proclame
« Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs et une nation sainte » ?
C’est dire la place prépondérante des sacrifices dans la foi Juive.
A partir de cette proclamation : tout autel dressé par les hommes devient un Sinaï, ou tout au moins conduit à se remémorer l’alliance de Yahvé avec Israël conclue sur le Sinaï.
C’est sans doute la raison pour laquelle cet autel doit être une montagne miniature faite de matériaux bruts, de terre et de pierre non taillée pour ressembler à la montagne du Sinaï.
Tout sacrifice sur un tel autel devient le lieu d’une manifestation de Dieu (théophanie) qui n’est plus limitée au temps mythique des origines d’Israël, qui n’est plus limitée au Sinaï mais qui peut se reproduire en tous temps et en tous lieux.
Comment ne pas penser alors, à la roche en forme de crâne du Golgotha ou les hommes ont sacrifié Jésus ?
Dieu est venu là aussi, dans le déchainement des éléments comme au Sinaï.
L’évangéliste Mathieu le relate « alors le voile du temple se déchira en deux, d’en haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent ».
Relisons le texte sur les autels …..
De prime abord ce texte semble décousu, les prescriptions alignées sont apparemment dépourvues d’intérêt sauf pour les archéologues, qu’importe à priori, que l’autel soit en terre, qu’il y ait des marches ou non et qu’il ne faille pas voir le sexe des prêtres sous le tablier en lin que les juifs appellent éphod.
Et pourtant ces versets rendent compte de la signification du sacrifice aux yeux des prêtres Hébreux, qui, de retour d’exil à Babylone vers -530, ont rédigé les 5 premiers livres de l’ancien testament : le Pentateuque.
A la même époque les peuples Cananéens, les Egyptiens, les Perses sacrifiaient aux idoles dans un esprit fort différent de celui que nous allons décrypter chez les Hébreux.
Le texte sur les autels du livre d’Exode, contrairement aux apparences est construit avec le plus grand soin, les quatre séries de prescriptions se correspondent deux par deux, les versets 23 et 26 sont des interdits, les 24 et 25 sont tous deux des prescriptions positives.
Il y a en quelque sorte un double cadre destiné à mettre en valeur le verset 24b, ainsi placé au cœur d’un écrin.
Ce verset se distingue aussi par le fait qu’après des passages où Dieu parle en « tu », à la seconde personne sous forme de prescriptions, il parle tout à coup en « je »..
« En tout lieu où j’évoquerai mon nom, je viendrai à toi et je te bénirai. »
Le texte énumère toutes les prescriptions nécessaires au sacrifice; un autel, des victimes prises dans le gros et le petit bétail, il précise aussi quelles sont les deux formes habituelles du sacrifice : l’holocauste (viande calcinée en totalité) et le sacrifice de paix ou de communion (viande et végétaux partagés entre Dieu et les hommes).
Il indique surtout quelle est la finalité du sacrifice :
faire venir Dieu afin qu’il bénisse son peuple.
Trois enseignements essentiels peuvent être tirés que je vais expliciter :
1 Dieu vient, là où Israël offre un sacrifice
Contrairement à ce que l’on a coutume d’imaginer, le sacrifice n’a pas pour objet de créer un mouvement de bas en haut, de la terre au ciel, mais un mouvement de haut en bas, du ciel à la terre.
Ce n’est pas le sacrifiant qui, par l’intermédiaire d’une victime accède à Dieu, c’est au contraire Dieu qui descend sur terre pour venir communiquer avec ceux qui l’honorent.
C’est le retour au temps où Yahvé se promenait dans le jardin d’Eden en hélant Adam ou à celui où Abraham échangeait avec son Dieu près des autels qu’il dressait dans chaque nouvelle résidence.
Là où Israël construit un autel et y offre des sacrifices, Dieu vient confirmer l’alliance qu’il a conclut avec Moïse et le peuple des Hébreux.
Les textes du canon du nouveau testament nous relatent un sacrifice. En l’an 33, au Golgotha, véritable autel formé par un rocher en forme de crane dominant le voisinage, Jésus fut sacrifié par les autorités et prêtres de Jérusalem et Dieu vint et échappa au saint des saints du temple où il était cantonné. C’est pourquoi le voile obturant le saint des saints se fendit en deux parties selon le témoignage des quatre évangélistes.
Dieu vint alors bénir le Christ immolé et sa création entière.
Il n’était, dès lors, plus besoin de nouveaux sacrifices car Dieu, dorénavant habitait par Christ le temple de chacun de nos corps.
2 Dieu vient pour recevoir l’hospitalité de son peuple
Dieu vient là où sont offerts des sacrifices.
On s’interroge, bien évidemment sur les raisons pour lesquelles Dieu est attiré par l’offrande de moutons et de bœufs abattus sur l’autel !
Pourquoi se donne t’on la peine d’écorcher les victimes, de les dépecer, de laver les entrailles et les pattes ?
Pourquoi n’offre t’on à Yahvé que des offrandes comestibles et non de l’or ou des matières précieuses ?
Pourquoi, sinon parce que ce que l’on veut, c’est offrir un repas.
Et, il n’y a aucune raison d’offrir un repas à Dieu, sinon pour qu’il s’en nourrisse.
Un texte milite pour cette proposition en Deutéronome 4, 28
« Et là en dehors d’Israël vous rendez un culte à des dieux œuvre de main d’homme, du bois et de la pierre qui ne peuvent ni boire, ni manger, ni sentir »
Le Dieu d’Israël est un Dieu qui peut voir, entendre, manger, sentir.
En offrant un sacrifice à Dieu, en lui présentant de la nourriture, on ne le nourrit pas mais on l’honore de deux manières.
Premièrement à la façon d’Abraham sous les chênes de Membré recevant les trois messagers divins. Abraham prépare et offre un magnifique repas, il se tient à distance prêt à répondre au moindre vœu de ses invités.
Cette modalité correspond à l’holocauste où l’ensemble du sacrifice est brûlé et offert à Dieu.
La seconde modalité, que nous connaissons bien, et dont la traduction au plan rituel est le sacrifice de communion, est celle ou le repas est partagé entre Dieu, les prêtres et l’offrant.
Si Dieu vient auprès du sacrifiant, c’est parce qu’il accepte l’invitation et les marques d’honneur qui lui sont adressées
Il manifeste aussi par là qu’il est semblable aux êtres humains puisque, seul un être comme eux peut apprécier les fumets délicieux d’un bon repas.
Ce Dieu est semblable mais différent puisque seul, il reçoit la graisse et le sang des victimes. Ces nourritures sont en effet strictement interdites à la consommation humaine.
Par ailleurs la matière sacrificielle est brûlée sur l’autel et c’est de l’odeur que Dieu se nourrit.
De la sorte chaque sacrifice constitue une leçon de théologie au cours de laquelle Israël apprend à connaître son Dieu qui est une personne. A chaque sacrifice Israël découvre Dieu comme l’autre, mais aussi le semblable, en somme comme l’autre semblable.
Ainsi si Dieu vient, c’est pour recevoir l’hospitalité de son peuple, c’est pour partager avec lui un repas et se manifester, se révéler à lui comme un autre mais aussi un semblable.
3 Lors d’un sacrifice, Dieu vient pour bénir son peuple
Le verset 24b, « en tout lieu où j’évoquerai mon nom, je viendrai à toi et je te bénirai » est construit de telle manière que le dernier mot est mis en valeur comme dans une pierre précieuse rehaussée par les petits diamants insérés tout autour.
En Hébreux, en tout lieu où j’évoquerai mon nom est exprimé par trois mots, je viendrai à toi l’est en deux mots et je te bénirai l’est en un mot.
De sorte que tout tend vers la conclusion en un mot du verset 24 « je te bénirai ».
Lorsque Dieu vient à l’occasion d’un sacrifice c’est pour bénir.
Ainsi le sacrifice dont nous parlons ici, n’est pas destiné à apaiser un Dieu courroucé, ni à disposer favorablement un Dieu qui par principe serait de mauvaise humeur, ni à expier des erreurs.
Ce texte est très important car il livre les clefs de l’interprétation du sacrifice.
Le sacrifice permet à Israël de faire venir Dieu qui se révèle à cette occasion être tout en même temps un autre et un semblable. Et ce Dieu qui vient bénit.
Ainsi, le sacrifice dans la religion d’Israël est central.
Cette affirmation est renforcée par ceci : afin de faire venir en permanence la bénédiction de Dieu sur Israël, une pratique sacrificielle devait être exercée au temple de Jérusalem. C’est ce que Dieu prescrit à Moïse en Exode 29, 38 à 46
« Voici ce que tu offriras sur l’autel : deux agneaux d’un an, chaque jour constamment. Tu offriras le premier agneau le matin, tu offriras le second agneau à la tombée de la nuit.. Tu les offriras comme une odeur agréable, en offrande consumée pour le seigneur. C’est un holocauste constant dans toutes vos générations que vous offrirez à l’entrée de la tente de rencontre, c’est là que je rencontrerai les Israéliens »
Bien sûr ces holocaustes visaient à maintenir la présence de Dieu en permanence dans la tente de la rencontre devenue ultérieurement le saint des saints.
C’est seulement aux périodes les plus troubles de l’histoire d’Israël que ces holocaustes furent suspendus pour le plus grand malheur du peuple juif, par exemple lors des persécutions d’Antiochus Epiphane (168-165).
Je vous rappelle que Jésus fut appelé l’agneau de Dieu en référence à cette pratique sacrificielle permanente.
Avant de conclure, j’aimerai vous lire le texte suivant tiré d’Exode 24 qui relate l’alliance de Dieu avec Moïse et les Israéliens
« Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur, puis il se leva de bon matin ; il bâtit un autel au pied de la montagne avec douze pierres levées pour les 12 tribus d’Israël.
Il envoya de jeunes Israéliens offrir des holocaustes et des sacrifices de paix au Seigneur. Moïse prit la moitié du sang des taureaux qu’il mit dans des bassines, de l’autre moitié du sang il en aspergea l’autel. Il prit le livre de l’alliance et le lut au peuple…Moïse prit le sang et en aspergea le peuple en disant : voici le sang de l’alliance que le Seigneur a conclue avec vous sur toutes ces paroles »
Avec une proximité évidente Matthieu écrira (Matthieu 26 26à29) le texte instituant le sacrement de communion
« C’est mon sang le sang de l’alliance qui est répandu en faveur d’une multitude, pour le pardon des péchés »
Comme je vous l’ai indiqué en exergue, la passion de Jésus ne pouvait être interprétée et traduite en écrits par les premiers chrétiens juifs que dans un contexte sacrificiel puisque le sacrifice constituait le pivot de leur foi passée.
Les deux lectures que je viens de faire le démontrent.
Un texte du canon, la lettre aux Hébreux, écrite entre 60 et 80 par un inconnu, illustre particulièrement ce fait.
La teneur du texte est tellement étrangère à nos schémas mentaux actuels qu’elle induit spontanément l’envie d’abandonner la lecture.
Pourtant les théologies chrétiennes se sont souvent inspirées de cette lettre.
Voici un exemple de la rhétorique développée Héb 9 11à 14
« Mais le Christ est venu comme souverain sacrificateur des biens à venir ; il a traversé la tente plus grande et plus accomplie, qui n’est pas fabriquée par des mains humaines, c'est-à-dire qui n’est pas de cette création ; il est entré une fois pour toute dans le lieu très saint, non pas avec du sang de bouc ou de taurillons mais avec son propre sang. C’est ainsi qu’il a obtenu une rédemption éternelle. En effet, si le sang de boucs et de taureaux, ou la cendre d’une génisse qu’on répand sur ceux qui ont été souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ qui par l’esprit éternel s’est offert lui-même à Dieu, sans défaut, purifiera t’il votre conscience des œuvres mortes, pour que vous serviez Dieu vivant »
Vous avez certainement été frappé par la notion du sacrifice développée ici, l’auteur de la lettre n’envisage le sacrifice que comme moyen d’expiation du péché.
Or l’interprétation Juive du sacrifice en -530, exclut comme nous l’avons vu que le sacrifice ait pour rôle principal cette expiation des péchés.
La théologie expiatoire surdéveloppée à partir de l’occupation d’Israël par les grecs vers
-320 avant JC, est fondée sur une vision erronée de la notion sacrificielle exposée dans le Pentateuque.
Frères et sœurs, je n’irais pas plus avant dans ce débat théologique, mais j’aimerais vous rappeler les trois points essentiels du message du professeur Marx à propos du sacrifice.
Dieu vient là où Israël offre un sacrifice sur l’autel.
Dieu vient pour recevoir l’hospitalité de son peuple.
Lors d’un sacrifice, Dieu vient pour bénir son peuple.
Pour ma part, et rien ne vous interdit de penser différemment, je ne peux croire que Jésus se soit livré volontairement au sacrifice, c’est la caste des prêtres et puissants d’Israël qui l’a martyrisé.
Jésus a accompli jusqu’au bout une mission dont il connaissait les risques.
Le sacrifice, par les dirigeants Juifs, d’un des leurs est monstrueux car c’est un sacrifice humain que Yahvé a toujours repoussé avec horreur comme l’attestent les écrits testamentaires anciens.
Ce sacrifice, inique marque la fin de l’alliance conclue avec Moïse et le peuple Juif, ce qui est illustré par ce Dieu, abandonnant le temple au moment de la mort de Jésus. A ce moment là le voile obturant le saint des saints se fend.
Dieu bénit alors l’humanité entière dont fait partie le peuple juif, relève le Christ et installe l’esprit en chaque humain en gage d’alliance permanente. Comme le dit Paul en 1 Cor 9
« vous êtes le champ que Dieu cultive, la maison qu’il construit »