jeudi 8 mars 2012

prédication du 26 février 2012

Prédication : textes
Gen 9 : 8-15. 1 Pierre 3 : 18-22. Marc 1 : 12-15

Frères et sœurs, ce Dimanche
est le premier du temps du carême.
Le mot carême est la
déformation du mot latin quadragésima qui signifie quarantaine.
Durant quarante jours les
chrétiens se préparent à la résurrection du Christ mais aussi à leur propre
résurrection ou, plutôt à leur propre relèvement.
Le texte de Marc proposé à
notre réflexion évoque le séjour de Jésus au désert vers lequel il fut conduit par l’esprit reçu à son baptême.
Confronté aux tentations, il
se transforma, comme le fer se transforme au contact du feu, il fut
radicalement changé.
Ainsi transcendé il se lança
sur les chemins en proclamant la bonne nouvelle de Dieu.
Il demanda instamment aux hommes, à son exemple, de radicalement
changer.
Jésus nous appelle ainsi à initier
une métamorphose, après un travail sur nous même, dans le silence de notre
désert intérieur.
Comme Jésus nous serons
tentés d’abandonner ce cheminement périlleux.
Comme Jésus nous serons affrontés
à trois tentations,
-Jouir des biens de ce monde
en oubliant de glorifier Dieu.
-Se croire invulnérable en
tant que chrétien et tirer un orgueil personnel de notre appartenance au peuple
des croyants.
-Se livrer à ses instincts les
plus bas pour acquérir les pouvoirs temporels. Ainsi les dictateurs éliminant
les opposants en les tuant sont si abondants que point n’est besoin d’insister,
vous en connaissez les noms.
Matthieu, dans le chapitre 4
de son évangile relatant le séjour de Jésus au désert, indique les réponses de
ce dernier aux propositions diaboliques :
« L’être humain ne
vivra pas de pain seulement »
« Tu ne provoqueras
pas le seigneur ton Dieu »
« C’est devant le
seigneur que tu te prosterneras, et c’est à lui seul que tu rendras un culte »
Bien sûr c’est en permanence
que nous devons combattre les trois tentations ; en donnant toute sa place
à l’esprit qui nous habite, en restant humble et reconnaissant pour les dons
que nous avons reçu, en n’adulant pas l’argent, les biens et colifichets
superflus.
Il ne semble toutefois pas inutile
de réserver un temps dédié à la réflexion sur notre parcours de vie, un peu
comme le shabbat pour les juifs.
Ce temps propre aux chrétiens
est le temps de carême.
Il est consacré à un examen
intérieur pour déterminer ce en quoi nous avons dévié du chemin balisé par
Jésus et quels sont les itinéraire à adopter pour rejoindre la bonne voie ?
Les moyens utilisés pour
s’abstraire du tumulte ambiant et libérer la réflexion sont tous bons à saisir,
prière, jeûne si nécessaire, retraite dans un lieu propice à l’inspiration,
écoute de guides spirituels ou lecture de leurs ouvrages, échange avec des
frères, lecture attentive des évangiles et livres théologiques.
Je vous propose, pour
inaugurer le cycle de réflexion propre au carême, de réfléchir à la
signification des deux autres textes du jour, celui de la lettre de Pierre et
celui de Genèse concernant Noé.
Dans la lettre de Pierre,
l’histoire de Noé est évoquée comme prémices au baptême. Relisons ce texte
« En
effet, le Christ lui-même a souffert, une fois pour toutes, pour les péchés des
humains ; innocent, il est mort pour des coupables, afin de vous amener à Dieu.
Il a été mis à mort dans son corps humain, mais il a été rendu à la vie par le
Saint-Esprit. Par la puissance de cet Esprit, il est même allé prêcher aux
esprits emprisonnés, c'est-à-dire à ceux qui, autrefois, se sont opposés à
Dieu, quand il attendait avec patience à l'époque où Noé construisait l'arche.
Un petit nombre de personnes, huit en tout, entrèrent dans l'arche et furent
sauvées par l’eau. C'était là une image du baptême qui vous sauve maintenant ;
celui-ci ne consiste pas à laver les impuretés du corps, mais à demander à Dieu
une conscience purifiée. Il vous sauve grâce à la résurrection de Jésus-Christ,
qui est allé au ciel et se trouve à la droite de Dieu, où il règne sur les
anges et les autres autorités et puissances célestes. » Pourquoi Pierre choisit-il d’évoquer
l’alliance avec Noé plutôt que les deux autres alliances ultérieures figurant
dans l’ancien testament ? L’alliance avec Noé et l’alliance initiée par
Jésus sont toutes deux octroyée par Dieu
sans condition, il n’est rien demandé à l’humanité. Or cette humanité, dans les
deux cas, est pécheresse.
Noé et Jésus font
exception parmi les humains de ces lointaines époques. Eux seuls sont considérés comme justes,
c'est-à-dire en harmonie avec Dieu. Pour Noé,
Dieu dit « j’ai vu qu’au sein de cette génération, devant moi tu es
juste », pour Jésus, Dieu dit « tu es mon fils bien
aimé ; c’est en toi que j’ai pris plaisir ». Par ailleurs, Pierre
dans sa première lettre indique que
Jésus est le juste sauvant les injustes.
Les deux justes offrent un sacrifice à Dieu avant le scellement de
l’alliance. Ainsi Noé prit de toutes les bêtes pures et de tous les oiseaux
purs et il offrit des holocaustes sur l’autel. Jésus, lui le seul homme pur parmi les juifs, fut
sacrifié au Golgotha. Or le Golgotha est l’image symbolique de l’autel. Dieu ne se fait
guère d’illusion sur l’homme qu’il a créé, il dit ainsi à Noé « je ne
maudirai plus la terre à cause des humains, parce que le cœur des humains est
disposé au mal depuis leur jeunesse, et je ne frapperai plus tout ce qui est
vivant comme je l’ai fait »
Ainsi les deux alliances sont une pure grâce de la part de Dieu, l’homme
disposé au mal n’est pas partie prenante dans ces contrats. Pierre considère alors
logiquement le baptême comme une grâce qui,
sans condition, ouvre à la purification de la conscience, pour ceux qui
le demandent. Les
deux autres alliances conclues entre Dieu et Abraham puis Moïse ne sont pas de
la même nature que celles conclues unilatéralement par Dieu avec les
descendants de Noé d’une part et les chrétiens d’autre part. En effet, pour ces
deux alliances là conclues avec Abraham et Moïse, il y a un véritable contrat entre
les Israélites et Dieu.
Ce contrat
renferme des prescriptions draconiennes inscrites dans une loi, des mutilations
comme la circoncision, des sacrifices aussi et des sanctions en cas
d’infraction aux prescriptions.
Mais les juifs ont toujours enfreint la loi, si bien qu’un prophète
comme Jérémie à la veille de l’exil à Babylone annonce une nouvelle alliance en
Jér 31, 30 à 34
« Les jours viennent où je conclurai avec la maison d’Israël et
la maison de Juda une alliance nouvelle, non pas comme l’alliance que j’ai
conclue avec leur pères, le jour où je les ai saisi par la main pour les faire
sortir d’Egypte, alliance qu’ils ont rompue , bien que je sois leur maître .
Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël après ces jours
là. Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur ; je
serai leur Dieu, et eux ils seront mon peuple. »
Pour meubler ce carême 2012, je
vous propose de réfléchir à la gratuité de l’alliance passée avec nous, sous
l’impulsion de Christ, par un Dieu dont nous sommes, malgré notre faiblesse,
une image.
Comment manifester notre
reconnaissance pour la confiance que Dieu nous porte et pour ce précieux
viatique écrit sur notre cœur, annulant ou limitant notre propension au
mal ?
Comment décrypter
avec justesse, le précieux héritage du nouveau testament nous permettant un
véritable changement de vision ?
Comment
inciter les autres à découvrir ce qui est écrit sur leur cœur ?
Ne désespérez pas
petit troupeau, car au terme du Carême il y a le temps de Pâques qui proclame
la puissance de l’esprit là où nul ne
l’attendait plus, après la mort de l’enveloppe charnelle.
Amen