mardi 17 décembre 2013

prédication pour l'avent 2013

« Tends vers moi ton oreille et sauve moi car tu es mon espoir, Seigneur Dieu »
 Le psalmiste par ces mots implore du plus profond de sa détresse.
Cet espoir fou se cristallise dans l’attente exprimée par Esaïe, celle de l’avènement d’un temps nouveau, d’un sauveur
 « Alors un rameau sortira du tronc de Jessé (le père de David)….En ce jour là, le seigneur étendra une seconde fois la main pour racheter le reste de son peuple. Il dressera une bannière pour les nations, il rassemblera les bannis d’Israël »
Au sein d’un peuple résistant à l’empire romain et regimbant sans discontinuer pour éviter d’être spirituellement broyé, l’espérance et l’attente du messie habitaient les élites spirituelles Juives constituées par les Pharisiens et les Saducéens. Sans parler des zélotes véritables terroristes de ces temps troublés sombrant dans la violence fruit de la désespérance.
Les juifs d’il y a 2013 ans vivaient dans ce contexte trouble, ils savaient que la situation était instable par nature, chaque jour ils se demandaient, de quoi demain serait fait ?
C’est dans ce contexte que Jésus vint.
Son message, bien loin de les conforter dans leur espoir, ne concernait pas les seuls membres du peuple élu comme ils l’attendaient, mais tout homme quelle que soit sa nation ou sa situation sociale.
Les espoirs des juifs qui reposaient sur la venue d’un prophète n’étaient pas satisfaits par cet apôtre de l’amour.
Amour dont l’efficience semblait  pour le moins inadaptée à la restauration du royaume Juif de David, objet de toutes les attentes.
Y a-t-il plus hurlante démonstration de cet échec que la fin ignominieuse de l’homme Jésus, abandonné de presque tous ses disciples, et pendu au bois   entre deux malandrins compagnons d’infortune ?
Comment dans ces conditions faire accepter, par les poignées de convertis, cette improbable espérance tirée des propos de Jésus. Ces propos constituaient un message radicalement différent de ceux tenus par les juifs mais aussi par les prêtres des religions idolâtres des pays méditerranéens ?
C’est le dilemme auquel durent faire face les propagateurs de la foi chrétienne au cours du premier siècle, en particulier ceux rédigeant des ouvrages écrits renfermant le principal des propos et des actes du maître. 
Pour ce qui concerne les disciples juifs il convenait de rattacher autant que faire se peut ces paroles et ces actes à des écrits juifs ayant autorité.
Jésus lui-même avait d’ailleurs bien indiqué qu’il n’était pas venu abolir la loi mais l’accomplir.
Ce travail essentiel fut d’abord mené par Paul expert en dogmatique juive, puis par les quatre évangélistes Marc le plus ancien, Matthieu, Luc et Jean le plus récent.
Pour intéresser les non juifs, la proclamation  de la foi devait  tenir compte des mythes et de la culture méditerranéenne familiers à ces populations.
C’est bien pour avoir oublié cette nécessité que le discours de Paul fut si mal accueilli sur l’agora d’Athènes.
Tout ceci pour dire que les évangélistes ont obéi, en rédigeant leurs ouvrages, à d’autres soucis que le respect de la vérité historique.
C’est ce qu’exprime Luc dans l’introduction à son évangile
« Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des faits qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui dès le commencement en ont été les témoins oculaires et sont devenus les serviteurs de la parole, il m’a semblé bon, à moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines de te l’exposer par écrit d’une manière suivie afin que tu connaisses la certitude des enseignements que tu as reçus ».   
Dans les années précédant la rédaction des évangiles de Luc et Matthieu soit de 40 à 80, des récits colportés oralement et des textes écrits circulaient dans les premières communautés chrétiennes. Ils laissaient à désirer quant à leur exactitude historique et ne constituaient pas un ensemble cohérent.
Comme l’indique l’évangéliste Luc, il fallait faire une mise au point.
Ne pas inclure un récit de la naissance de Jésus alors que se disait tout et n’importe quoi, aurait laissé la porte ouverte à toutes les fantaisies.
D’ailleurs ce fut le cas ultérieurement pour les textes apocryphes de la naissance, tels le proto évangile de Jacques à la fin du 2me siècle, mais ces textes furent rejetés par les églises dès le début du 3me siècle.
Entre les évangiles canoniques il demeure  des incohérences liées aux qualités et à la nature des témoignages pris en compte par les auteurs.
Par ailleurs le choix du classement des informations, pour réaliser un ensemble cohérent et suivi, induit, en fonction de la personnalité des auteurs, des divergences.
Bien sûr ces divergences  font les gorges chaudes des agnostiques.
Notons bien que les récits historiques de cette époque n’obéissaient pas du tout non plus à la rigueur de mise en 2013, il s’agissait, avant tout, pour les auteurs, de magnifier les agissements de leurs héros et de leurs maîtres.
Lorsque le canon de la bible a été fixé au quatrième siècle, le tri a été sévère et les divergences notoires entre les évangiles retenus n’ont pas été effacées, c’est en quelque sorte un miracle, car l’église qui se constituait aurait pu succomber à la tentation de manipuler les témoignages par soucis de les homogénéiser.
Ils ne l’ont sans doute pas fait car les traditions des églises d’Orient et d’Occident divergeaient parfois et introduisaient une hétérogénéité somme toute acceptée. Bel encouragement pour ceux qui tentent actuellement de promouvoir l’acceptation d’une salutaire diversité des églises, gage de richesse plus que de handicap.
Malheureusement comme vous le savez, l’emprise des empereurs Romains post Constantinien sur l’église, à partir de 340, sonna le glas de l’acceptation de la diversité des théologies. La religion de l’empereur s’imposait dès lors à tous. Nos églises souffrent encore, 1700 ans après de cette union du glaive et de l’encensoir !
Pour mettre en relief la dimension hors du commun de Jésus, mais aussi pour rétablir un certain ordre parmi les multiples récits d’enfance colportés dans les communautés chrétiennes du moment, deux évangélistes Matthieu et Luc ont rédigé une relation de la naissance et de la généalogie  de Jésus.
Ni Paul, ni Jean n’ont pour leur part évoqués cet événement ou cette filiation. Les deux récits de Matthieu et Luc sont proches mais relatent parfois différemment les faits.
Ainsi les deux généalogies visant à rattacher Joseph à David ne sont pas concordantes, l’épisode des rois mages n’est évoqué que par Luc, le pays où habite Joseph à la naissance de Jésus n’est pas  Nazareth dans le récit de Matthieu contrairement à celui de Luc. Pour Matthieu, c’est seulement après le séjour en Egypte que Dieu pousse Joseph à venir habiter lui et sa famille en Galilée. Dans l’évangile de Luc l’annonce par l’ange de la naissance est faite à Marie, par contre elle est faite à Joseph dans l’évangile de Matthieu.
Luc dans un jeu extraordinaire de miroir traite ensemble de deux naissances miraculeuses , celle de Jean Baptiste et de Jésus. Chez Matthieu rien de tel.

Pour autant ces deux récits proches mais différents, sont-ils à rejeter ?
Faut-il oublier Noël pour cause de non historicité ?
Il est évident que les deux récits de la naissance de Jésus ne correspondent pas à la réalité, mais comme je viens de le dire, c’était chose normale à cette époque. Songez d’ailleurs que la seule source fiable disponible était probablement le récit de Marie !
Mais, et cela est fondamental, Matthieu et Luc ont cherché dans ces récits, à faire comprendre la nature de Jésus et son message en utilisant les rares témoignages disponibles.
L’événement relaté est pour le moins peu spectaculaire, il se déroule dans une étable d’une  bourgade de Judée, parmi les bergers seuls humains encore dans les champs. Il n’a pas du frapper les esprits des habitants enfermés dans leur maison bien closes pour se protéger du froid.  .
Ce héros Jésus est, en dépit de la présence d’anges à sa naissance, un anti héros.
Il vient au monde dans la pauvreté extrême, il est chassé de son pays pour fuir en Egypte, les premiers adorateurs sont des bergers, des êtres humains impurs en Judée, les rois mages représentent les étrangers pour lesquels Jésus est venu aussi et je dirai surtout car ils n’ont pas la chance de faire partie du peuple élu.
Enfin Jésus n’est pas tout à fait un être ordinaire, il est homme mais aussi Dieu.
A cette époque selon le pasteur Gilles Castelnau, le moyen Orient pensait dans sa majorité que les enfants étaient déjà totalement constitué dans le liquide séminal et que la mère n’était que le terreau propice à son développement durant 9 mois. Ainsi les naissances d’êtres remarquables ont souvent, dans les ouvrages antiques, pour géniteur un Dieu fécondant une vierge. Ce qui explique que les généalogies sont construites à partir des filières masculines.
Jésus posséderait ainsi la totalité des caractéristiques du père. Vrai Dieu  né d’une femme !
A noter que jusqu’à la fin du 18me siècle ceci était la thèse officielle de l’église catholique ! La création  étant terminée au 7me jour, tous les êtres vivants étaient considérés comme déjà créés, ils se trouvaient en germe dans le liquide séminal. La découverte des spermatozoïdes grâce au microscope, confortât un temps cette thèse. Chaque spermatozoïde était un petit homme qui se développait dans la matrice féminine. La femme était le pot de fleur recevant la graine.     
 Ceci étant, le temps de l’avent qui signifie l’avènement, a été institué dans les temps de l’église à la période du solstice d’Hiver, le soleil est alors au plus bas.
Et cela sert de signe conformément au récit de la Genèse.
« Dieu dit qu’il y ait des luminaires dans la voute céleste pour séparer le jour et la nuit ! Qu’ils servent de signes pour marquer les rencontres festives, les jours et les années, qu’ils servent de luminaires dans la voute céleste  pour éclairer la terre ! Il en fut ainsi.
Dieu fit les 2 grands luminaires, le grand luminaire pour dominer le jour et le petit luminaire pour dominer la nuit, ainsi que les étoiles. Dieu les plaça dans la voûte céleste pour éclairer la terre, pour dominer le jour et la nuit, et pour séparer la lumière. Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : quatrième jour »
Bien sûr, il y a là un jeu entre l’éblouissante clarté de l’astre solaire, domaine de la vérité et celle du petit luminaire lunaire dominant à grand peine la nuit symbole du mal où nous sommes plongés.
Mais notez bien que si faible que soit la lumière lunaire, elle domine la nuit.
Note d’espoir exaucées par la naissance d’un  être capable de lier le jour et la nuit et de dominer les étoiles qu’il déplace à son gré pour guider les mages mais aussi l’ensemble des humains.
Voyez vous cette naissance au bout du long chemin préparatoire qu’est l’avent, l’événement au fonds de la nuit, c’est d’abord notre renaissance.
C’est de notre nouvelle naissance dont il s’agit, c’est le passage de l’état du vieil homme Adam à celui de disciple agissant de Jésus.
Il ne s’agit pas en ce temps préparatoire de se laisser béatement  emporter sur les chemins des festivités en acceptant comme du bon pain les billevesées des marchands de guimauve et les images d’un bonheur de pacotille complaisamment distillées par les responsables de la communication marchande.
Il s’agit de vivre une vraie joie en cherchant avec un dynamisme retrouvé à suivre Jean le Baptiste quand il dit « changez radicalement car le règne des cieux s’est approché ».
Jésus est là, il s’est approché pour nous, aussi pauvres de cœur que nous soyons, aussi affligés par l’adversité que nous soyons.
Une porte s’ouvre au bout de la nuit car Jésus est venu jusqu’au fond d’une pauvre étable pour nous saisir et nous sortir de la nuit en nous jetant sur les chemins de la vie. Je suis le chemin, la vérité et la vie nous dit-il.
Les récits de nos évangélistes, aussi matériellement inexacts qu’ils soient, symbolisent la raison d’être d’un enfant espéré par tout les  juifs  mais finalement rejeté car leurs yeux étaient aveuglés et leurs oreilles closes.
Mt 23:37 «  Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! »
C’est pourquoi ce temps de préparation qu’est l’avent doit être l’occasion de réfléchir sur notre cheminement et les moyens de le rectifier éventuellement pour renouer avec le guide Jésus. Ecoutons Paul pour conclure.

 RO 15:4
Or, tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l'espérance.
 


lundi 18 novembre 2013

Prédication sur la vie donnée à Aubagne, La Ciotat et Marseille Magnan

Prédication sur la vie

Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au père que par moi.
Ce texte tiré de l’évangile de Jean (Jean 14 6), a constitué le thème de ma réflexion automnale.
Ma dernière prédication portait sur ce que signifie « la vérité », j’aimerais maintenant vous faire partager mes réflexions sur ce qui concerne « la vie ».
Je lirai successivement 3 textes, chacun d’entre eux apporte une information que je tenterai d’expliciter.
Le premier d’entre eux est tiré de l’ancien testament,  il s’agit de Deutéronome 30 15 à 20. Moïse est au seuil de la terre promise, Dieu lui a interdit d’y entrer, il va donc mourir,  il livre ici sa dernière injonction au peuple d’Israël qu’il tutoie.

Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal.
Car je te prescris aujourd’hui d’aimer l’Eternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et d’observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu te multiplies, et que l’Eternel, ton Dieu, te bénisse dans le pays dont tu vas entrer en possession. Mais si ton cœur se détourne, si tu n’obéis point, et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir, je vous déclare aujourd’hui que vous périrez, que vous ne prolongerez point vos jours dans le pays dont vous allez entrer en possession, après avoir passé le Jourdain. J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction.
Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l’Eternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t’attacher à lui : car de cela dépendent ta vie et la prolongation de tes jours, et c’est ainsi que tu pourras demeurer dans le pays que l’Eternel a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.”

Cet extrait du discours de Moïse est typique de la vision de la vie par les Hébreux.
La vie d’un homme s’arrête à sa mort, sa fidélité aux commandements de Dieu ne peut que rallonger ses jours sur cette terre.
Par contre la vie se poursuit dans la postérité, la descendance.
La personne s’efface en quelque sorte au profit du peuple, bénédictions et malédictions concernent l’ensemble du peuple élu.
Il y a dans ce discours une dynamique admirable.
Ce vieillard qu’est Moïse est seul en face de son peuple, comme le dit avec emphase Alfred de Vigny qui place cette phrase dans la bouche de Moïse
« M'enveloppant alors de la colonne noire,
J'ai marché devant tous, triste et seul dans ma gloire,
Et j'ai dit dans mon cœur : Que vouloir à présent ?
Pour dormir sur un sein mon front est trop pesant,
Ma main laisse l'effroi sur la main qu'elle touche,
L'orage est dans ma voix, l'éclair est sur ma bouche ;
Aussi, loin de m'aimer, voilà qu'ils tremblent tous,
Et, quand j'ouvre les bras, on tombe à mes genoux.
Ô Seigneur ! J’ai vécu puissant et solitaire,
Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre !
Toute la vie de Moïse consacrée à Dieu et à son peuple se termine par un cri « choisis la vie afin que tu vives »
Moïse  dispose encore du souffle qui a cadencé sa vie.
Cette vie c’est le souffle de Dieu  comme dit dans la Genèse (Gen 2-7)
«  Dieu souffle dans ses narines un souffle de vie et l’homme devient un être vivant »
Et ce souffle gonfle les poumons et initie le rythme de l’expiration respiration, le sang pulsé à quelques 60 battements par minute,  à son tour s’alimente en oxygène et parcourt la moindre cellule pour la dynamiser. Et l’organisme puise là l’énergie nécessaire à son mouvement.
Le peuple  élu a été vivifié, il est sorti de sa servitude, il a marché 40 ans, constamment en mouvement, rétif, enfantin parfois, mais mu par un Moïse chantre de son Dieu en dépit de son bégaiement.
Le souffle, le sang, le cœur qui bat, Dieu vient nous habiter pour nous mouvoir selon son rythme.
Les Hébreux ont fendu les eaux, le peuple Hébreux  a été accouché par Dieu, expulsé de la matrice Egyptienne. Il est ainsi devenu le peuple élu.
Moïse lui aussi avait été accouché du milieu des eaux porté par un radeau de branchages qui fait évidemment penser à l’arche de Noë.
L’eau, symbole même du mouvement est la matrice du vivant.
Il surgit toujours des flots du nouveau c’est ainsi que de l’eau baptismale émerge un être neuf.
Le chemin qu’a parcouru le peuple Hébreux durant quarante années l’a construit, ce fut le temps de l’éducation.
Jésus nous meut à son tour sur les traces de Noë, Abraham et Moïse pour nous proposer un cheminement nouveau « je suis le chemin, la vérité et la vie »
La seconde lecture  est tirée de l’évangile de Jean  5 19-29

“Jésus reprit donc la parole, et leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu’il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement.
Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait ; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’étonnement. Car, comme le Père ressuscite les morts et donne la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il veut.
Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé.
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.
En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu ; et ceux qui l’auront entendue vivront.
Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est Fils de l’homme.
Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, (5-28) et en sortiront. (5-29)
 Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement.”

Jésus ne parle pas à un peuple, il parle à chacun d’entre nous.
La patrie, la tribu, le clan, la famille n’attirent pas son attention, si ce n’est pour préciser qu’elles sont très secondes par rapport à la nouvelle entité formée par ses disciples, c’est ce que JC exprime en Mt 10:37-39
   “Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera.”
La vie éternelle est promise à ceux qui font le bien et ce dès maintenant, ils passent de la mort à la vie sans plus de complication, ceux qui ont fait le mal ressusciteront pour le jugement.
Comme le feu permet de séparer dans un minerai le métal précieux de la gangue, le jugement nettoiera des salissures du mal et restaurera un être neuf.
Songez à la parabole de l’enfant prodigue, enfant sali, coupable et malgré tout restauré dans sa qualité de fils.
Ainsi le message de Jésus, la bonne nouvelle, se différencie radicalement de celui de l’ancien testament.
Ce message concerne l’individu, celui-ci est de toutes façons sauvé par grâce, l’existence terrestre doit être placée sans cesse dans l’optique d’une recherche de compréhension inlassable de la volonté de Dieu dévoilée par JC.
Si nous tentons d’appliquer  les prescriptions ainsi présentées par JC, nous sommes rendus vivants. Nous éternisons notre vie.
La troisième lecture est tirée de la première épitre aux Corinthiens, ch. 15 versets 16 à 23.
   “Car si les morts ne ressuscitent point, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés, et par conséquent aussi ceux qui sont morts en Christ sont perdus. Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes.
Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts. Car, puisque la mort est venue par un homme, c’est aussi par un homme qu’est venue la résurrection des morts. Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, mais chacun en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement.”

Ce texte illustre bien la pensée de Paul et sa théologie.
La figure mythique d’Adam  est celle d’un homme créé imparfait.
Cet homme, que nous sommes tous, est incapables de faire le bien par lui même, mais il est rendu apte à surmonter cette infirmité par un homme parfait, le nouvel Adam qu’est JC.
JC est parfait, c’est le modèle qui est l’illustration de la vérité, il est homme mais Dieu aussi car il a accès à l’arbre de vie du paradis. Il nous permet d’atteindre par l’esprit à la vérité de Dieu et à la vie pour laquelle nous sommes initialement conçus.
Dans notre existence souvent ballotée par les tourmentes qui ne manquent jamais, le guide qu’est Jésus est notre recours pour peu que notre porte lui soit ouverte.
N’oublions que rien ne doit entraver notre quête de la vérité.
L’homme est un être social, il s’inscrit dans une chaine de solidarités nécessaires pour assurer le gite, le couvert, l’éducation et la perpétuation de l’espèce.
Toutefois les contingences vitales ne doivent pas mobiliser complètement notre attention.
JC nous le dit : tout cela est second.
L’essentiel est la quête de la vérité sur le chemin où nous guide Jésus.
Sa famille est celle des disciples témoignant de leur appartenance au royaume.
Ce n’est pas superflu de l’affirmer alors que les luttes entre factions,  religions  ravagent notre monde.
L’émergence de l’idée nationale au 19 me siècle a induit des conflits et des actes de barbarie à la cruauté insensée.
Toutefois une prise en main des problèmes sociétaux par des organisations internationales est encore aujourd’hui une raison d’espérer.
Ces avancées ont été promues pour l’essentiel par des chrétiens dont la ténacité est liée à leur espérance en un monde nouveau fondé sur les valeurs évangéliques.
C’est pourquoi nous ne pouvons rester impassibles devant l’effritement de l’idéal Européen et le dédain qui est de mise vis-à-vis de l’ONU et des organismes mondiaux.
L’ONU n’est pas un machin comme le disait de Gaulle. Il permet de nourrir des millions de réfugiés, de permettre à tous les représentants des nations de s’exprimer et d’œuvrer pour la culture, l’éducation et la protection de la planète ainsi que pour la paix si difficile à instaurer dans un monde ravagé par les marchands d’armes et les dessins avides de malandrins fortunés.
Ces forbans ne reculent devant rien pour enfler leur escarcelle ; mise en coupe réglée des forêts, asservissement de populations entières, diffusion de poisons affectant le vivant et menaçant des espèces de plus en plus nombreuses dont la notre.
Suivre Jésus pour vivre, c’est lutter avec nos moyens pour proposer sans cesse d’autres manières de vivre, d’autres manières de solutionner les conflits, d’autres façons de respecter la vie.
Une vie qui est la perspective du Chrétien, la bonne nouvelle exprimée dans l’apocalypse chapitre  22 versets 1 à 5.
 “Et il me montra un fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’agneau. Au milieu de la place de la ville et sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. Il n’y aura plus d’anathème. Le trône de Dieu et de l’agneau sera dans la ville ; ses serviteurs le serviront (22-3) et verront sa face, (22-4) et son nom sera sur leurs fronts. Il n’y aura plus de nuit ; et ils n’auront besoin ni de lampe ni de lumière, parce que le Seigneur Dieu les éclairera. Et ils régneront aux siècles des siècles.”


Nous croyons Seigneur que tu es le chemin, la vérité et la vie. Amen
Jean 14 versets 1 à 12                                      

Pourquoi choisir de prêcher sur un texte de Jean qui déroute, mais enthousiasme, tant il résonne au tréfonds de nous même.
Pour ma part, cette envie d’approfondir les thèmes traités dans ce passage résulte d’une interrogation, de mon  interrogation.
Cette interrogation, c’est aussi celle de  Pilate face à un Jésus refusant de répondre à ses questions en termes compréhensibles par un solide soldat Romain plongé dans la rude réalité des combats de tous ordres.
Pilate exaspéré s’écrie : es-tu oui ou non le roi des juifs ? Et Jésus répond « c’est toi qui dit que je suis roi. Moi si je suis né et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité entend ma voix ».
Pilate lassé lui dit alors « qu’est ce que la vérité ? ».
Et bien je me suis demandé, comme Pilate, ce que Jésus entendait par l’expression « la vérité ».
En cherchant dans les textes, je me suis aperçu que le mot « vérité » figurait 45 fois dans l’évangile de Jean et seulement deux fois dans les évangiles synoptiques. Paul pour sa part l’utilise à 52 reprises dans ses épitres.  
Bien sûr ce décompte ne tient pas compte de la formule « en vérité » qui émaille tous les évangiles et est utilisée comme le mot amen pour attirer l’attention sur l’importance de ce qui va être dit. C’est en quelque sorte le « oyez oyez braves gens » du garde champêtre battant tambour.
Pour Jean le mot vérité, si souvent employé, est lourd de sens et fait partie de sa catéchèse, il sonne particulièrement bien au chapitre 14, en effet nul chrétien n’ignore ce propos de Jésus proche du slogan
 « C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie ».
Comment ne pas songer en écho, au texte d’Exode 3 verset 14 ?
 « Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle "je suis" m’a envoyé vers vous ».
L’utilisation du verbe être est en accord  profond avec le terme vie, « c’est moi qui suis » dit Jésus tout comme Dieu est «  je suis ».

Comment ne pas être ému lorsque Jésus tout proche du supplice de la croix tente de rassurer des disciples et des foules complètement désorientés, tant par le cours que prennent les événements que par les propos de Jésus.
Lorsque Jésus annonce sa mort,  les foules  juives lui répondent en Jean 12-34 :
 «  Nous nous avons entendu de la loi que le Christ demeure pour toujours, comment donc peux –tu dire toi « il faut que le fils de l’homme soit élevé »
Qui est ce fils de l’homme ? »
Les deux apôtres questionneurs du chapitre 14 sont en phase avec cette interpellation, leurs questions rejoignent celles de ces foules.
 Thomas s’exclame nous ne savons pas où tu vas, comment en saurions nous le chemin et Philippe assène un ordre montre nous le père et cela nous suffit
Jésus ne se fait pas comprendre, il en est terriblement affecté, comme un homme peut l’être par un échec et c’est ce qu’il exprime par cette déchirante exclamation « il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ! »
L’injonction  de  Jésus dès le début du texte à savoir « que votre cœur ne se trouble pas. Mettez votre foi en Dieu, mettez votre foi en moi » est vaine.
Les cœurs se troublent et il semblerait que la foi des disciples vacille.
Philippe indique clairement qu’il ne rentre plus  dans les débats portant sur la complexité de la nature de Jésus. Dorénavant il ne veut plus passer par l’intermédiaire de Jésus mais veut directement qu’on lui montre Dieu.
Il ajoute cruellement un « cela suffit » exaspéré.
Quant à Thomas il refuse d’entendre le discours de Jésus sur la place qu’il réserve aux fidèles, car il ne sait pas où va Jésus.
Cette crise de foi des apôtres ne cessera qu’à l’ultime instant précédent l’arrestation du maître. C’est ce qui est  relaté dans le texte de Jean au chapitre 16 versets 25 à 33 :
«  Je vous ai dit tout cela de manière énigmatique, mais l’heure vient où je ne vous parlerai plus de cette manière, mais où je vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le père. … je suis sorti du père et je suis venu dans le monde ; tandis qu’à présent je quitte le monde et je vais au père » Ses disciples lui dirent : voici que maintenant tu parles ouvertement et que tu abandonnes tout langage énigmatique ; maintenant nous savons que toi, tu sais toutes choses et que tu n’as nul besoin que quelqu’un t’interroge. C’est bien pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu.
Jésus leur répondit « Croyez- vous à présent ?
Voici que l’heure vient et maintenant elle est là, où vous serez dispersés, chacun allant de son côté, et vous me laisserez seul : mais je ne suis pas seul, le père est avec moi.
Je vous ai dit tout cela pour qu’en moi vous ayez la paix.
En ce moment vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde ! ».
Et nous, frères et sœurs, ne sommes nous pas des Thomas ou des Philippe, exaspérés par le monde en dérive sur fonds de malheur, d’injustice, de mépris, de cruauté et d’orgueil?
Notre dépit éclate et nous pousse parfois à fuir au sein de tribus refermées sur elle même ou dans les paradis artificiels que procurent les drogues de toutes sortes, allant de la surconsommation de biens matériels ou culturels à la surconsommation d’alcool, de stupéfiants ou à l’adoption de comportements déviants.
Voyez vous Jésus vivait dans un monde encore plus repoussant que le notre et la phrase prononcée au début de son calvaire « prenez courage j’ai vaincu le monde » prend tout son relief pour nous.
Comment pouvons nous, nous pauvres milliardième d’humanité, vaincre le monde ?
Changez radicalement comme l’ont proclamé Jean le Baptiste puis Jésus.
Le moyen de ce changement est fourni par l’enseignement de Jésus qui nous permet de trouver un  chemin éclairé par la lumière de la vérité ouvrant  à la vie.
Nous sommes des créatures voulues par Dieu individuellement distinctes les unes des autres. Uniques en quelque sorte.
Les chemins, que nous inspirent personnellement le Christ, ne sont pas forcément ceux que suivent nos frères et sœurs, mais comme l’affirme Jésus « il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon père »
Pour emprunter ce chemin de vie il nous faut connaître la vérité.
Le terme traduit en grec par vérité, a en Hébreux plusieurs significations, fidélité, probité, constance, loyauté.
La vérité dont parle Jésus c’est la fidélité de Dieu, sa constance dans le projet qu’il s’est fixé.
Pour découvrir les projets de Dieu il faut passer par la compréhension du message de Jésus.
Il importe pour le chrétien de fuir les chemins de perdition en avançant à la lumière de ce qui est vrai, la paix, l’amour, la joie, le pardon et en fuyant ce qui est tromperie, la noirceur de la violence, de la haine de la tristesse.
Jean ne cesse d’ailleurs d’utiliser l’adjectif vrai, le vrai pain du ciel, le  vrai cep, le seul vrai Dieu.
Comme l’indique le psaume 25 lu comme texte du jour et le Deutéronome au chapitre 32 verset 4
« Dieu est le rocher, ses œuvres sont parfaites car toutes ses voies sont justes, c’est un Dieu fidèle et sans iniquités, il est juste et droit »
Ce Dieu c’est le notre, ce n’est pas une idole ou un Dieu folâtre et inconstant.
Dieu est un rocher il est constitué par la vérité et il a conféré  à Jésus le pouvoir de faire connaître ce fait par la parole, c’est ce que dit Jésus dans Jean 8 versets 31 à 32
« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres »
J’ajouterai pour ma part, la vérité vous fera vivre, car vivre c’est avoir les yeux décillés, c’est se dresser lorsqu’on est abattu, c’est trouver du sens dans son existence.
Ce sont ces signes de vie que les miracles de Jésus relatés par Jean signifient, retrouver la vue, se lever pour cheminer à nouveau.
Sans la vérité constitutive de Dieu nous sommes des morts vivants désorientés.
Contrairement aux révolutionnaires qui proclamaient vouloir  vivre libres ou mourir, Jésus nous dit, vivez libres pour éterniser votre vie.
Mais sachez, comme dit Paul, que dans le cadre de cette liberté inconditionnelle, tout est permis mais tout ne convient pas, les chemins de perdition sont ouverts, mais les chemins de la grâce nous attendent
Vivez libres dès maintenant en recherchant le Dieu  vérité, notre Dieu, à travers Jésus qui nous dit :
« Amen, amen, je vous le dis, celui qui entend ma parole et qui crois celui qui m’a envoyé a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, il est passé de la mort  à la vie» (jean 5-24).
Un jour un centurion romain qui rendait forcément un culte à l’empereur  de Rome considéré comme Dieu, s’adressa à Jésus en qui il ne voyait à priori qu’un guérisseur.
A aucun moment il n’eut un mot pour le reconnaître comme étant de Dieu. Toutefois il voulait sauver son esclave et lui le chef puissant fit, par amour, une démarche impensable. 
Hors sens, il dit  « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri »
Et Jésus s’exclama je n’ai jamais rencontré autant de foi chez un homme et le serviteur fut guéri.
Le centurion mû par une bouffée d’amour s’est fait serviteur de son serviteur, il est devenu  vivant, il a été capable de transcender la morale du monde,  il s’est  positionné sur le chemin de la grâce car la vérité s’est imposée à lui. Ce centurion a probablement saisi l’occasion pour éterniser sa vie en lui donnant un sens nouveau !
Je vous propose de mémoriser ce résumé de la prédication.
Dieu ne peut être appréhendé directement par l’homme, il est énergie, information.
Ce qui le fait exister en nous, c’est le projet qu’il poursuit, cette volonté de transformer le monde créé en s’appuyant sur le vivant.
La vérité dans ce contexte est une part de Dieu rendue accessible aux hommes par le Christ Jésus.
Seigneur tu ouvres à la vie.
Seigneur tu te tiens à la porte et tu frappes et je voudrais tant t’accueillir pleinement malgré mes conditionnements et présupposés car c’est toi qui es le chemin, la vérité et la vie.


samedi 22 juin 2013

prédication sur Jean 14 versets 1 à 12 donnée à Marseille Sud est et La Ciotat


Jean 14 versets 1 à 12                                      lecture complémentaire du psaume 25

 

Pourquoi choisir de prêcher sur un texte de Jean qui déroute, mais enthousiasme, tant il résonne au tréfonds de nous même.

Pour ma part, cette envie d’approfondir les thèmes traités dans ce passage résulte d’une interrogation, de mon  interrogation.

Cette interrogation, c’est aussi celle de  Pilate face à un Jésus refusant de répondre à ses questions en termes compréhensibles par un solide soldat Romain plongé dans la rude réalité des combats de tous ordres.

Pilate exaspéré s’écrie : es-tu oui ou non le roi des juifs ? Et Jésus répond « c’est toi qui dit que je suis roi. Moi si je suis né et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité entend ma voix ».

Pilate lassé lui dit alors « qu’est ce que la vérité ? ».

Et bien je me suis demandé, comme Pilate, ce que Jésus entendait par l’expression « la vérité ».

En cherchant dans les textes, je me suis aperçu que le mot « vérité » figurait 45 fois dans l’évangile de Jean et seulement deux fois dans les évangiles synoptiques. Paul pour sa part l’utilise à 52 reprises dans ses épitres.  

Bien sûr ce décompte ne tient pas compte de la formule « en vérité » qui émaille tous les évangiles et est utilisée comme le mot amen pour attirer l’attention sur l’importance de ce qui va être dit. C’est en quelque sorte le « oyez oyez braves gens » du garde champêtre battant tambour.

Pour Jean le mot vérité, si souvent employé, est lourd de sens et fait partie de sa catéchèse, il sonne particulièrement bien au chapitre 14, en effet nul chrétien n’ignore ce propos de Jésus proche du slogan

 « C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie ».

Comment ne pas songer en écho, au texte d’Exode 3 verset 14 ?

 « Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle "je suis" m’a envoyé vers vous ».

L’utilisation du verbe être est en accord  profond avec le terme vie, « c’est moi qui suis » dit Jésus tout comme Dieu est «  je suis ».

 

Comment ne pas être ému lorsque Jésus tout proche du supplice de la croix tente de rassurer des disciples et des foules complètement désorientés, tant par le cours que prennent les événements que par les propos de Jésus.

Lorsque Jésus annonce sa mort,  les foules  juives lui répondent en Jean 12-34 :

 «  Nous nous avons entendu de la loi que le Christ demeure pour toujours, comment donc peux –tu dire toi « il faut que le fils de l’homme soit élevé »

Qui est ce fils de l’homme ? »

Les deux apôtres questionneurs du chapitre 14 sont en phase avec cette interpellation, leurs questions rejoignent celles de ces foules.

 Thomas s’exclame nous ne savons pas où tu vas, comment en saurions nous le chemin et Philippe assène un ordre montre nous le père et cela nous suffit

Jésus ne se fait pas comprendre, il en est terriblement affecté, comme un homme peut l’être par un échec et c’est ce qu’il exprime par cette déchirante exclamation « il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ! »

L’injonction  de  Jésus dès le début du texte à savoir « que votre cœur ne se trouble pas. Mettez votre foi en Dieu, mettez votre foi en moi » est vaine.

Les cœurs se troublent et il semblerait que la foi des disciples vacille.

Philippe indique clairement qu’il ne rentre plus  dans les débats portant sur la complexité de la nature de Jésus. Dorénavant il ne veut plus passer par l’intermédiaire de Jésus mais veut directement qu’on lui montre Dieu.

Il ajoute cruellement un « cela suffit » exaspéré.

Quant à Thomas il refuse d’entendre le discours de Jésus sur la place qu’il réserve aux fidèles, car il ne sait pas où va Jésus.

Cette crise de foi des apôtres ne cessera qu’à l’ultime instant précédent l’arrestation du maître. C’est ce qui est  relaté dans le texte de Jean au chapitre 16 versets 25 à 33 :

«  Je vous ai dit tout cela de manière énigmatique, mais l’heure vient où je ne vous parlerai plus de cette manière, mais où je vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le père. … je suis sorti du père et je suis venu dans le monde ; tandis qu’à présent je quitte le monde et je vais au père » Ses disciples lui dirent : voici que maintenant tu parles ouvertement et que tu abandonnes tout langage énigmatique ; maintenant nous savons que toi, tu sais toutes choses et que tu n’as nul besoin que quelqu’un t’interroge. C’est bien pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu.

Jésus leur répondit « Croyez- vous à présent ?

Voici que l’heure vient et maintenant elle est là, où vous serez dispersés, chacun allant de son côté, et vous me laisserez seul : mais je ne suis pas seul, le père est avec moi.

Je vous ai dit tout cela pour qu’en moi vous ayez la paix.

En ce moment vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde ! ».

Et nous, frères et sœurs, ne sommes nous pas des Thomas ou des Philippe, exaspérés par le monde en dérive sur fonds de malheur, d’injustice, de mépris, de cruauté et d’orgueil?

Notre dépit éclate et nous pousse parfois à fuir au sein de tribus refermées sur elle même ou dans les paradis artificiels que procurent les drogues de toutes sortes, allant de la surconsommation de biens matériels ou culturels à la surconsommation d’alcool, de stupéfiants ou à l’adoption de comportements déviants.

Voyez vous Jésus vivait dans un monde encore plus repoussant que le notre et la phrase prononcée au début de son calvaire « prenez courage j’ai vaincu le monde » prend tout son relief pour nous.

Comment pouvons nous, nous pauvres milliardième d’humanité, vaincre le monde ?

Changez radicalement comme l’ont proclamé Jean le Baptiste puis Jésus.

Le moyen de ce changement est fourni par l’enseignement de Jésus qui nous permet de trouver un  chemin éclairé par la lumière de la vérité ouvrant  à la vie.

Nous sommes des créatures voulues par Dieu individuellement distinctes les unes des autres. Uniques en quelque sorte.

Les chemins, que nous inspirent personnellement le Christ, ne sont pas forcément ceux que suivent nos frères et sœurs, mais comme l’affirme Jésus « il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon père »

Pour emprunter ce chemin de vie il nous faut connaître la vérité.

Le terme traduit en grec par vérité, a en Hébreux plusieurs significations, fidélité, probité, constance, loyauté.

La vérité dont parle Jésus c’est la fidélité de Dieu, sa constance dans le projet qu’il s’est fixé.

Pour découvrir les projets de Dieu il faut passer par la compréhension du message de Jésus.

Il importe pour le chrétien de fuir les chemins de perdition en avançant à la lumière de ce qui est vrai, la paix, l’amour, la joie, le pardon et en fuyant ce qui est tromperie, la noirceur de la violence, de la haine de la tristesse.

Jean ne cesse d’ailleurs d’utiliser l’adjectif vrai, le vrai pain du ciel, le  vrai cep, le seul vrai Dieu.

Comme l’indique le psaume 25 lu comme texte du jour et le Deutéronome au chapitre 32 verset 4

« Dieu est le rocher, ses œuvres sont parfaites car toutes ses voies sont justes, c’est un Dieu fidèle et sans iniquités, il est juste et droit »

Ce Dieu c’est le notre, ce n’est pas une idole ou un Dieu folâtre et inconstant.

Dieu est un rocher il est constitué par la vérité et il a conféré  à Jésus le pouvoir de faire connaître ce fait par la parole, c’est ce que dit Jésus dans Jean 8 versets 31 à 32

« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres »

J’ajouterai pour ma part, la vérité vous fera vivre, car vivre c’est avoir les yeux décillés, c’est se dresser lorsqu’on est abattu, c’est trouver du sens dans son existence.

Ce sont ces signes de vie que les miracles de Jésus relatés par Jean signifient, retrouver la vue, se lever pour cheminer à nouveau.

Sans la vérité constitutive de Dieu nous sommes des morts vivants désorientés.

Contrairement aux révolutionnaires qui proclamaient vouloir  vivre libres ou mourir, Jésus nous dit, vivez libres pour éterniser votre vie.

Mais sachez, comme dit Paul, que dans le cadre de cette liberté inconditionnelle, tout est permis mais tout ne convient pas, les chemins de perdition sont ouverts, mais les chemins de la grâce nous attendent

Vivez libres dès maintenant en recherchant le Dieu  vérité, notre Dieu, à travers Jésus qui nous dit :

« Amen, amen, je vous le dis, celui qui entend ma parole et qui crois celui qui m’a envoyé a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, il est passé de la mort  à la vie» (jean 5-24).

Un jour un centurion romain qui rendait forcément un culte à l’empereur  de Rome considéré comme Dieu, s’adressa à Jésus en qui il ne voyait à priori qu’un guérisseur.

A aucun moment il n’eut un mot pour le reconnaître comme étant de Dieu. Toutefois il voulait sauver son esclave et lui le chef puissant fit, par amour, une démarche impensable. 

Hors sens, il dit  « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri »

Et Jésus s’exclama je n’ai jamais rencontré autant de foi chez un homme et le serviteur fut guéri.

Le centurion mû par une bouffée d’amour s’est fait serviteur de son serviteur, il est devenu  vivant, il a été capable de transcender la morale du monde,  il s’est  positionné sur le chemin de la grâce car la vérité s’est imposée à lui. Ce centurion a probablement saisi l’occasion pour éterniser sa vie en lui donnant un sens nouveau !

Je vous propose de mémoriser ce résumé de la prédication.

Dieu ne peut être appréhendé directement par l’homme, il est énergie, information.

Ce qui le fait exister en nous, c’est le projet qu’il poursuit, cette volonté de transformer le monde créé en s’appuyant sur le vivant.

La vérité dans ce contexte est une part de Dieu rendue accessible aux hommes par le Christ Jésus.

Seigneur tu ouvres à la vie.

Seigneur tu te tiens à la porte et tu frappes et je voudrais tant t’accueillir pleinement malgré mes conditionnements et présupposés car c’est toi qui es le chemin, la vérité et la vie.

 

lundi 22 avril 2013

prédication donnée en Avril 2013 à Aubagne, La Ciotat, Magnan


Nous allons entendre successivement les textes du jour ; 4 textes très différents dans le fonds et la forme.

Ils ont tous un rapport avec la vie et la mort. Ils génèrent tous un dynamisme créateur.

A chaque texte j’apporterai un commentaire qui résume la réaction que me procure personnellement leur lecture et espère que vous y trouverez matière à réflexion.

 

Lecture du psaume 5.

 

Prête l’oreille à mes paroles, Seigneur, comprend mon murmure !

Sois attentif à mes appels au secours, mon roi, mon Dieu !

C’est à toi que j’adresse ma prière.

Seigneur le matin tu m’entends ;

Le matin je me présente à toi et je guette.

Car tu n’es pas un Dieu qui prenne plaisir à la méchanceté ; le mal ne séjourne pas auprès de toi.

Ceux qui font les fiers ne tiennent pas devant tes yeux. Tu détestes tous les malfaisants.

Tu fais disparaître ceux qui profèrent le mensonge.

Le seigneur a en abomination l’homme sanguinaire et trompeur.

Mais, moi, par ta grande fidélité, je viens à ta maison ; dans la crainte qui t’es due, je me prosterne devant ton temple sacré.

Seigneur, conduis moi dans ta justice au nom de mes détracteurs ; aplanis la voie devant moi.

Car, il n’y a rien de sûr dans leur bouche.

Leur sein n’est que ruine, leur gosier est une tombe ouverte, et leur langue se fait glissante.

Demande leur réparation ô Dieu !

Que leur dessein amène leur chute !

Rejette-les à cause de leurs transgressions sans nombre, car ils se rebellent contre toi !

Alors tous ceux qui trouvent en toi un abri se réjouiront ; leur vie sera toujours un cri de joie.

Tu les protégeras et ils exulteront en toi ceux qui aiment ton nom.

Car toi Seigneur, tu bénis le juste ; comme un grand boulier tu l’entoures de ta faveur.

 

Je ne résiste pas au plaisir de relire  ce merveilleux verset qui résume si bien l’aspiration des croyants.

« Tous ceux qui trouvent en toi un abri se réjouiront, leur vie sera toujours un cri de joie. Tu les protégeras, et ils exulteront en toi ceux qui aiment ton nom ».

Vous qui m’écoutez, vous qui confessez Jésus, votre vie, peut être un cri de joie car Yahvé est un Dieu bon et agissant qui bénit le juste et l’entoure de sa faveur, à la manière d’un grand bouclier.

Dans la tradition Judaïque la survie après la mort n’est pas envisagée.

L’important c’est la vie présente qu’il convient de mener au mieux et si possible longtemps.

Si les héros de l’ancien testament que sont les patriarches ou Job par exemple, vivent si longtemps c’est que Dieu les rassasie de jours à l’aune de leur fidélité.

L’être, survit par sa descendance. Dans ce contexte antique, le malheur absolu est le manque d’enfants.

Les épouses des patriarches, Sarah, Rebecca et Rachel, toutes stériles, voient la malédiction pesant ainsi sur elles, levée par un Dieu agissant, signifiant ainsi qu’il adopte Abraham, Esaïe et Jacob et par la même garantit l’avenir de leur lignée.

Dans une tout petite nation de  l’Orient, ne pas se poser le problème de l’après vie était très original, le pays voisin dominant le monde, l’Egypte des pharaons, ne pensait qu’à cela, elle était hantée par la mort.

Le peuple d’Israël était quant à lui hanté par la vie.

Moïse en menant les douze tribus des Hébreux hors des influences de l’Egypte libérait son peuple d’une dépendance mortifère.

C’est pourquoi ignorer le destin après la mort fut longtemps l’absolue croyance des Juifs.

Il y a là, pour moi, quelque chose de sain qui rejoins la tendance de beaucoup de chrétiens à se préoccuper exclusivement de ce qui arrive maintenant dans notre vie et à ne pas échafauder des théories sur ce que l’homme devient après la mort. Laissez les morts enterrer les morts dis Jésus. Changez radicalement maintenant..

Le royaume est à construire ici-bas. Pour le reste Dieu y pourvoira, car son amour, l’agape est sans bornes.

 

Actes chapitre 5 versets 12 à 16.

 

Beaucoup de signes et de prodiges se produisaient dans le peuple par les mains des apôtres.

Ils se tenaient tous, d’un commun accord au portique de Salomon.

Parmi les autres, personne n’osait se joindre à eux ; mais le peuple les magnifiait. De plus en plus de gens croyaient au Seigneur, une multitude d’hommes et de femmes.

On apportait les malades dans les grandes rues et on les plaçait sur des litières et grabats, pour qu’à la vue de Pierre son ombre au moins puisse couvrir l’un ou l’autre. La multitude accourait des villes voisines de Jérusalem, portant les malades et les gens perturbés par des esprits impurs ; et tous étaient guéris.

 

 

De ce texte, sourd une véritable jubilation.

Le peuple magnifiait les apôtres, une multitude  d’hommes et de femmes se mettait à croire.

Les malades arrivaient de tous les horizons et étaient guéris du seul fait d’être exposé à l’ombre de Pierre.

Vraiment, nous sommes dans le mode de narration des contes de fées. Pourquoi ?

Très probablement  du fait qu’entre la date de la mort de Jésus et l’écriture de ce texte vers 80, trois générations s’étaient succédées.

La parousie, c'est-à-dire le retour de Christ pour présider le jugement dernier, tant espérée par une part des chrétiens, n’avait pas eu lieu et une certaine désespérance s’était emparée de nombreux adeptes.

Les calamités n’avaient pas manquées ; les exécutions de Pierre, Paul et de la quasi-totalité des apôtres,  la mise à mort du frère de Jésus, Jacques chef de la communauté chrétienne de Jérusalem, l’écrasement, par l’empire Romain de la résistance juive concrétisés par la destruction du temple en 70.

Il y a vraiment vers la fin du premier siècle de quoi perdre son enthousiasme de nouveau converti.

Il convenait donc, pour Luc, de survaloriser le comportement de la première génération des adeptes entourant les apôtres encore vivants. Il fallait redonner la vitalité nécessaire aux chrétiens chancelants pour servir et honorer le Christ.

Déjà Paul avait écrit ses épitres, elles circulaient depuis une trentaine d’années et faisaient état pour certaines (Galates, Corinthiens notamment) de fortes rivalités entre annonciateurs de la bonne nouvelle. Enjoliver les souvenirs heureux est alors compréhensible.

Ce qui est étonnant en fait, c’est que la religion fondée par les apôtres, dont Paul, se soit développée avec tant de dynamisme jusqu’à maintenant, en dépit des luttes internes de pouvoir dans l’église, des idéologies totalitaires véhiculées, de la confiscation par les clercs du message religieux aboutissant à la mise en place de  dogmes intangibles travestissant le message de paix du christ et imposés par des pouvoirs ô combien humains !.

Plus le temps passe et plus le message de Jésus est reçu par les hommes de toutes races.

Christ se manifeste en permanence au cœur des hommes. Christ ressuscite partout autour de nous, comme les fleurs jaillissent au Printemps dans une prairie desséchée par l’Hiver.

Il est vraiment ressuscité en nous.

 

Jean chapitre 20 versets 19 à 23

 

Le soir de ce jour là, qui était le premier de la semaine, alors que les portes de l’endroit où se tenaient les disciples étaient fermées par crainte des juifs, Jésus vint ; debout, debout au milieu d’eux, il leur dit : Que la paix soit avec vous !

Quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté.

Les disciples se réjouirent de voir le Seigneur. Jésus leur dit à nouveau : Que la paix soit avec vous !

Comme le père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Après cela il souffla sur eux et leur dit : recevez l’esprit saint. A qui vous pardonnerez les péchés, ceux-ci seront pardonnés ; à qui vous les retiendrez, ils seront retenus.

 

Les récits portant sur les apparitions de Jésus dans les 40 jours suivant sa mort sont hétérogènes et ne concordent pas forcément. Par exemple Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (chapitre 5, verste 6) parle de 500 personnes ayant vu ensemble le Christ or cet épisode impressionnant n’a laissé aucune trace dans les évangiles, même pas dans les évangiles apocryphes !

Il convient de noter que la forme des apparitions de Jésus durant une période temporaire de 40 jours ne laisse en rien présumer de la forme que l’homme serait susceptible de revêtir après sa mort.

C’est à l’assomption que Jésus s’élève vers sa demeure finale dans une grande lumière.

Tenons-nous en donc aux paroles de Jésus fort peu disert sur le sujet qui lui semble secondaire. Ce sont les vivants qui l’intéressent. Alors contentons nous  de cette parole de Jésus répétée dans les 3 évangiles synoptiques « vous serez comme des anges de Dieu dans le ciel. » !

Ayons confiance, Dieu sait ce qu’il nous faut.

Le texte que je viens de lire clôturait primitivement l’évangile de Jean. Ultérieurement a été rajouté le chapitre 21 qui relate les apparitions de Jésus en Galilée.

Des autorités ont donc jugé bon de modifier l’épitre. D’ailleurs ce chapitre 21 est admirable et renferme des richesses symboliques qui font penser à un texte prégnostique.

De même, le plus ancien évangile, celui de Marc se termine abruptement, après qu’un ange ait indiqué aux femmes Marie Madeleine et Salomé que Jésus avait été relevé et n’était pas ici.  

Nul récit de l’apparition dans la chambre haute. Le manque était tellement flagrant qu’une conclusion longue fut ajoutée ultérieurement par l’église.

Ce qui montre, avec bien d’autres exemples, que des ajouts et adaptations des textes ont été conduits tant que le canon n’a pas été fixé à la fin du second siècle.

Les documents auxquels Matthieu et Luc ont eu accès pour composer leurs évangiles sont ; la source Quelle, l’évangile de Marc, les lettres de Paul et peut être d’autres documents non parvenus à notre connaissance.

Les études peuvent déterminer approximativement le contenu de la source Quelle. Cette source ne mentionne ni la résurrection de Jésus, ni toute l’histoire de la passion, ni la résurrection des morts.

La découverte en haute Egypte de l’évangile de Thomas, aussi ancien pour certaines parties que ceux de Luc et Mathieu,  a permis de constater que lui non plus ne parlait ni de la résurrection de Jésus ni de sa passion.

Le pasteur Henri Persoz dans son livre récent « impensable résurrection »  écrit

« Dans  deux textes, évangile de Thomas et Didaché, Jésus apparaît comme un sage qui proclame la nécessité d’une révolution conduisant à un monde nouveau, le fameux royaume de Dieu fondé sur l’amour du prochain.

Jésus n’est pas présenté comme le messie devant souffrir sur la croix pour sauver l’humanité.

Ces textes n’invitent pas à une croyance nouvelle mais à un comportement nouveau.

Nous sommes ici à l’opposé de la pensée Paulinienne, puisque l’apôtre ne parle pratiquement pas de l’enseignement de Jésus et écrit dans sa première lettre aux Corinthiens (2,2)

« J’ai jugé bon parmi vous de ne rien savoir d’autre que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié »

Tout ceci nous montre qu’au début de la formation du christianisme et pour certains milieux, le souvenir de Jésus, qu’il était important de conserver, était son message de sagesse et non le message de sa mort dramatique et de sa résurrection ».

Ces dernières considérations ne sont pas partisanes, mais visent à aborder avec objectivité les thèmes aussi fondamentaux que la résurrection du Christ et celle des croyants.

Notre liberté est de construire pour nous même notre propre corpus de croyant, il n’est pas de tradition qui prévalent.

Je trouve pour ma part peu vraisemblable que Jésus ressuscité traverse les murs et qu’il porte encore les stigmates de son supplice.

Par contre que l’auteur Jean cherche par ce récit à me rappeler que Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants, cela j’y crois.

Quand Jésus se présente en disant, la paix soit avec vous » et poursuit en disant « comme le père m’a envoyé moi aussi je vous envoie », cela résonne en moi, cela a du sens. 

Comme le grand théologien Bultmann l’écrit dans la première moitié du 20 me siècle

« La vision biblique du monde est mythologique ;  elle est de ce fait inacceptable pour l’homme moderne dont la pensée n’est plus mythologique car modelée par la science. Bien sûr il existe encore aujourd’hui des séquelles de la pensée primitive et de la superstition auxquelles on s’efforce de redonner vie. La prédication de l’église, néanmoins, commettrait une erreur désastreuse  si elle venait à prendre en considération ces survivances et s’y conformait »

On ne peut être plus explicite !

 

Apocalypse chapitre 1 versets 9 à 19

 

Moi Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus, j'étais dans l'île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus.

Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix forte, comme le son d'une trompette,

qui disait: Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, et à Laodicée.

Je me retournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, après m'être retourné, je vis sept chandeliers d'or,

et, au milieu des sept chandeliers, quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme, vêtu d'une longue robe, et ayant une ceinture d'or sur la poitrine.

Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige; ses yeux étaient comme une flamme de feu;

ses pieds étaient semblables à de l'airain ardent, comme s'il eût été embrasé dans une fournaise; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux.

Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants; et son visage était comme le soleil lorsqu'il brille dans sa force.

Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa main droite en disant: Ne crains point!

Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J'étais mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts.

Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles.

 

Ce texte, emprunte, bien-entendu, la forme apocalyptique traditionnelle.

N’aurait-il plus rien à nous dire de ce fait ? Pour ma part je dis non, car il renferme des passages éblouissants  dont nous pouvons tirer enseignement.

Je retiens tout particulièrement la phrase suivante.

« Quand je le vis, je tombais à ses pieds comme mort. Alors il posa sa main droite sur moi en disant ; n’ai pas peur ! C’est moi qui suis le premier et le dernier, le vivant.

Je suis mort, mais je suis vivant à tout jamais, et j’ai les clefs de la mort et du séjour des morts. Ecris donc ce que tu as vu  »

L’utilisation du terme vivant pour qualifier Jésus n’est pas originale, d’autant que comme je vous l’ai indiqué, les Sadducéens  ne s’intéressaient qu’à l’être vivant.

Mon attention a été attirée par le fait que Jean tombe aux pieds de Jésus, comme mort.

L’homme de lumière dit-alors « n’aie pas peur », de même dans la chambre haute Jésus rencontrant les disciples leur dit  deux fois « la paix soit avec vous », avec la même préoccupation d’apaiser les angoisses humaines. Pour ce faire il pose la main droite sur Jean. Le récit d’héroïque devient intime.

L’être effrayant dévoile son caractère humain et aimant.

Et pour faire sortir ses interlocuteurs de leurs peurs instinctives et stérilisantes, il leur confie des missions. Pour les disciples c’est « je vous envoie », pour Jean c’est « écris donc ce que tu as vu ».

Jésus nous re suscite ou nous relève, si vous préférez ce terme, par l’action. Notez d’ailleurs que Jésus apparaît debout aux disciples pour les inciter à quitter leurs attitudes abattues, à se lever et se ressaisir, à son exemple.

Ainsi nous sommes vivants lorsque nous accomplissons une mission pour Dieu.

Jésus est dans l’agir, il n’est pas dans les macérations, les épreuves, il veut que debouts nous participions ici et maintenant à la construction du projet de Dieu.

C’est pourquoi le baptême de l’esprit est d’abord une mort, mort à nos attachements stériles, mort aux rigidités des dogmes et lois, mort aux rapports liberticides qu’imposent les familles, les pouvoirs religieux et politiques. Pour changer radicalement, comme le demande avec obstination Jésus, il faut d’abord renoncer à nos sécurités factices ou illusoires. 

C’est pour cela que le baptême, auquel Jésus procède sur ses disciples harassés et humiliés par leurs manquements, est accompagné d’une incitation à agir.

Concentrez vous sur l’avenir, sur ce qu’il faut construire, réformer en mon nom, renoncez à vous plaindre, vous mésestimer, ouvriers de la première et dernière heure, réveillez- vous.

Jésus est éternel, « je suis le premier et le dernier, le vivant » car il une mission sans début et sans fin, celle de faire connaître Dieu aux hommes.

Pour conclure, je cite à nouveau le pasteur Persoz ;

« Le génie des tous premiers chrétiens, transformé en une foi profonde  a été de  comprendre que cet homme Jésus marquerait toutes les générations à venir de ses engagements avec les hommes ses frères et de son dépouillement face à la mort. Ils l’ont exprimé avec le langage du temps. Peut être que la puissance du personnage, sa personnalité hors du commun était encore plus forte que ce que nous en fait connaître les évangiles ».

Christ est jadis ressuscité, il ressuscite là dans nos cœurs car il nous confie une mission et suscitera encore et toujours des ouvriers pour s’associer au projet de Dieu.

Amen