lundi 22 avril 2013

prédication donnée en Avril 2013 à Aubagne, La Ciotat, Magnan


Nous allons entendre successivement les textes du jour ; 4 textes très différents dans le fonds et la forme.

Ils ont tous un rapport avec la vie et la mort. Ils génèrent tous un dynamisme créateur.

A chaque texte j’apporterai un commentaire qui résume la réaction que me procure personnellement leur lecture et espère que vous y trouverez matière à réflexion.

 

Lecture du psaume 5.

 

Prête l’oreille à mes paroles, Seigneur, comprend mon murmure !

Sois attentif à mes appels au secours, mon roi, mon Dieu !

C’est à toi que j’adresse ma prière.

Seigneur le matin tu m’entends ;

Le matin je me présente à toi et je guette.

Car tu n’es pas un Dieu qui prenne plaisir à la méchanceté ; le mal ne séjourne pas auprès de toi.

Ceux qui font les fiers ne tiennent pas devant tes yeux. Tu détestes tous les malfaisants.

Tu fais disparaître ceux qui profèrent le mensonge.

Le seigneur a en abomination l’homme sanguinaire et trompeur.

Mais, moi, par ta grande fidélité, je viens à ta maison ; dans la crainte qui t’es due, je me prosterne devant ton temple sacré.

Seigneur, conduis moi dans ta justice au nom de mes détracteurs ; aplanis la voie devant moi.

Car, il n’y a rien de sûr dans leur bouche.

Leur sein n’est que ruine, leur gosier est une tombe ouverte, et leur langue se fait glissante.

Demande leur réparation ô Dieu !

Que leur dessein amène leur chute !

Rejette-les à cause de leurs transgressions sans nombre, car ils se rebellent contre toi !

Alors tous ceux qui trouvent en toi un abri se réjouiront ; leur vie sera toujours un cri de joie.

Tu les protégeras et ils exulteront en toi ceux qui aiment ton nom.

Car toi Seigneur, tu bénis le juste ; comme un grand boulier tu l’entoures de ta faveur.

 

Je ne résiste pas au plaisir de relire  ce merveilleux verset qui résume si bien l’aspiration des croyants.

« Tous ceux qui trouvent en toi un abri se réjouiront, leur vie sera toujours un cri de joie. Tu les protégeras, et ils exulteront en toi ceux qui aiment ton nom ».

Vous qui m’écoutez, vous qui confessez Jésus, votre vie, peut être un cri de joie car Yahvé est un Dieu bon et agissant qui bénit le juste et l’entoure de sa faveur, à la manière d’un grand bouclier.

Dans la tradition Judaïque la survie après la mort n’est pas envisagée.

L’important c’est la vie présente qu’il convient de mener au mieux et si possible longtemps.

Si les héros de l’ancien testament que sont les patriarches ou Job par exemple, vivent si longtemps c’est que Dieu les rassasie de jours à l’aune de leur fidélité.

L’être, survit par sa descendance. Dans ce contexte antique, le malheur absolu est le manque d’enfants.

Les épouses des patriarches, Sarah, Rebecca et Rachel, toutes stériles, voient la malédiction pesant ainsi sur elles, levée par un Dieu agissant, signifiant ainsi qu’il adopte Abraham, Esaïe et Jacob et par la même garantit l’avenir de leur lignée.

Dans une tout petite nation de  l’Orient, ne pas se poser le problème de l’après vie était très original, le pays voisin dominant le monde, l’Egypte des pharaons, ne pensait qu’à cela, elle était hantée par la mort.

Le peuple d’Israël était quant à lui hanté par la vie.

Moïse en menant les douze tribus des Hébreux hors des influences de l’Egypte libérait son peuple d’une dépendance mortifère.

C’est pourquoi ignorer le destin après la mort fut longtemps l’absolue croyance des Juifs.

Il y a là, pour moi, quelque chose de sain qui rejoins la tendance de beaucoup de chrétiens à se préoccuper exclusivement de ce qui arrive maintenant dans notre vie et à ne pas échafauder des théories sur ce que l’homme devient après la mort. Laissez les morts enterrer les morts dis Jésus. Changez radicalement maintenant..

Le royaume est à construire ici-bas. Pour le reste Dieu y pourvoira, car son amour, l’agape est sans bornes.

 

Actes chapitre 5 versets 12 à 16.

 

Beaucoup de signes et de prodiges se produisaient dans le peuple par les mains des apôtres.

Ils se tenaient tous, d’un commun accord au portique de Salomon.

Parmi les autres, personne n’osait se joindre à eux ; mais le peuple les magnifiait. De plus en plus de gens croyaient au Seigneur, une multitude d’hommes et de femmes.

On apportait les malades dans les grandes rues et on les plaçait sur des litières et grabats, pour qu’à la vue de Pierre son ombre au moins puisse couvrir l’un ou l’autre. La multitude accourait des villes voisines de Jérusalem, portant les malades et les gens perturbés par des esprits impurs ; et tous étaient guéris.

 

 

De ce texte, sourd une véritable jubilation.

Le peuple magnifiait les apôtres, une multitude  d’hommes et de femmes se mettait à croire.

Les malades arrivaient de tous les horizons et étaient guéris du seul fait d’être exposé à l’ombre de Pierre.

Vraiment, nous sommes dans le mode de narration des contes de fées. Pourquoi ?

Très probablement  du fait qu’entre la date de la mort de Jésus et l’écriture de ce texte vers 80, trois générations s’étaient succédées.

La parousie, c'est-à-dire le retour de Christ pour présider le jugement dernier, tant espérée par une part des chrétiens, n’avait pas eu lieu et une certaine désespérance s’était emparée de nombreux adeptes.

Les calamités n’avaient pas manquées ; les exécutions de Pierre, Paul et de la quasi-totalité des apôtres,  la mise à mort du frère de Jésus, Jacques chef de la communauté chrétienne de Jérusalem, l’écrasement, par l’empire Romain de la résistance juive concrétisés par la destruction du temple en 70.

Il y a vraiment vers la fin du premier siècle de quoi perdre son enthousiasme de nouveau converti.

Il convenait donc, pour Luc, de survaloriser le comportement de la première génération des adeptes entourant les apôtres encore vivants. Il fallait redonner la vitalité nécessaire aux chrétiens chancelants pour servir et honorer le Christ.

Déjà Paul avait écrit ses épitres, elles circulaient depuis une trentaine d’années et faisaient état pour certaines (Galates, Corinthiens notamment) de fortes rivalités entre annonciateurs de la bonne nouvelle. Enjoliver les souvenirs heureux est alors compréhensible.

Ce qui est étonnant en fait, c’est que la religion fondée par les apôtres, dont Paul, se soit développée avec tant de dynamisme jusqu’à maintenant, en dépit des luttes internes de pouvoir dans l’église, des idéologies totalitaires véhiculées, de la confiscation par les clercs du message religieux aboutissant à la mise en place de  dogmes intangibles travestissant le message de paix du christ et imposés par des pouvoirs ô combien humains !.

Plus le temps passe et plus le message de Jésus est reçu par les hommes de toutes races.

Christ se manifeste en permanence au cœur des hommes. Christ ressuscite partout autour de nous, comme les fleurs jaillissent au Printemps dans une prairie desséchée par l’Hiver.

Il est vraiment ressuscité en nous.

 

Jean chapitre 20 versets 19 à 23

 

Le soir de ce jour là, qui était le premier de la semaine, alors que les portes de l’endroit où se tenaient les disciples étaient fermées par crainte des juifs, Jésus vint ; debout, debout au milieu d’eux, il leur dit : Que la paix soit avec vous !

Quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté.

Les disciples se réjouirent de voir le Seigneur. Jésus leur dit à nouveau : Que la paix soit avec vous !

Comme le père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Après cela il souffla sur eux et leur dit : recevez l’esprit saint. A qui vous pardonnerez les péchés, ceux-ci seront pardonnés ; à qui vous les retiendrez, ils seront retenus.

 

Les récits portant sur les apparitions de Jésus dans les 40 jours suivant sa mort sont hétérogènes et ne concordent pas forcément. Par exemple Paul dans sa première lettre aux Corinthiens (chapitre 5, verste 6) parle de 500 personnes ayant vu ensemble le Christ or cet épisode impressionnant n’a laissé aucune trace dans les évangiles, même pas dans les évangiles apocryphes !

Il convient de noter que la forme des apparitions de Jésus durant une période temporaire de 40 jours ne laisse en rien présumer de la forme que l’homme serait susceptible de revêtir après sa mort.

C’est à l’assomption que Jésus s’élève vers sa demeure finale dans une grande lumière.

Tenons-nous en donc aux paroles de Jésus fort peu disert sur le sujet qui lui semble secondaire. Ce sont les vivants qui l’intéressent. Alors contentons nous  de cette parole de Jésus répétée dans les 3 évangiles synoptiques « vous serez comme des anges de Dieu dans le ciel. » !

Ayons confiance, Dieu sait ce qu’il nous faut.

Le texte que je viens de lire clôturait primitivement l’évangile de Jean. Ultérieurement a été rajouté le chapitre 21 qui relate les apparitions de Jésus en Galilée.

Des autorités ont donc jugé bon de modifier l’épitre. D’ailleurs ce chapitre 21 est admirable et renferme des richesses symboliques qui font penser à un texte prégnostique.

De même, le plus ancien évangile, celui de Marc se termine abruptement, après qu’un ange ait indiqué aux femmes Marie Madeleine et Salomé que Jésus avait été relevé et n’était pas ici.  

Nul récit de l’apparition dans la chambre haute. Le manque était tellement flagrant qu’une conclusion longue fut ajoutée ultérieurement par l’église.

Ce qui montre, avec bien d’autres exemples, que des ajouts et adaptations des textes ont été conduits tant que le canon n’a pas été fixé à la fin du second siècle.

Les documents auxquels Matthieu et Luc ont eu accès pour composer leurs évangiles sont ; la source Quelle, l’évangile de Marc, les lettres de Paul et peut être d’autres documents non parvenus à notre connaissance.

Les études peuvent déterminer approximativement le contenu de la source Quelle. Cette source ne mentionne ni la résurrection de Jésus, ni toute l’histoire de la passion, ni la résurrection des morts.

La découverte en haute Egypte de l’évangile de Thomas, aussi ancien pour certaines parties que ceux de Luc et Mathieu,  a permis de constater que lui non plus ne parlait ni de la résurrection de Jésus ni de sa passion.

Le pasteur Henri Persoz dans son livre récent « impensable résurrection »  écrit

« Dans  deux textes, évangile de Thomas et Didaché, Jésus apparaît comme un sage qui proclame la nécessité d’une révolution conduisant à un monde nouveau, le fameux royaume de Dieu fondé sur l’amour du prochain.

Jésus n’est pas présenté comme le messie devant souffrir sur la croix pour sauver l’humanité.

Ces textes n’invitent pas à une croyance nouvelle mais à un comportement nouveau.

Nous sommes ici à l’opposé de la pensée Paulinienne, puisque l’apôtre ne parle pratiquement pas de l’enseignement de Jésus et écrit dans sa première lettre aux Corinthiens (2,2)

« J’ai jugé bon parmi vous de ne rien savoir d’autre que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié »

Tout ceci nous montre qu’au début de la formation du christianisme et pour certains milieux, le souvenir de Jésus, qu’il était important de conserver, était son message de sagesse et non le message de sa mort dramatique et de sa résurrection ».

Ces dernières considérations ne sont pas partisanes, mais visent à aborder avec objectivité les thèmes aussi fondamentaux que la résurrection du Christ et celle des croyants.

Notre liberté est de construire pour nous même notre propre corpus de croyant, il n’est pas de tradition qui prévalent.

Je trouve pour ma part peu vraisemblable que Jésus ressuscité traverse les murs et qu’il porte encore les stigmates de son supplice.

Par contre que l’auteur Jean cherche par ce récit à me rappeler que Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants, cela j’y crois.

Quand Jésus se présente en disant, la paix soit avec vous » et poursuit en disant « comme le père m’a envoyé moi aussi je vous envoie », cela résonne en moi, cela a du sens. 

Comme le grand théologien Bultmann l’écrit dans la première moitié du 20 me siècle

« La vision biblique du monde est mythologique ;  elle est de ce fait inacceptable pour l’homme moderne dont la pensée n’est plus mythologique car modelée par la science. Bien sûr il existe encore aujourd’hui des séquelles de la pensée primitive et de la superstition auxquelles on s’efforce de redonner vie. La prédication de l’église, néanmoins, commettrait une erreur désastreuse  si elle venait à prendre en considération ces survivances et s’y conformait »

On ne peut être plus explicite !

 

Apocalypse chapitre 1 versets 9 à 19

 

Moi Jean, votre frère, et qui ai part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus, j'étais dans l'île appelée Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus.

Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix forte, comme le son d'une trompette,

qui disait: Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, et à Laodicée.

Je me retournai pour connaître quelle était la voix qui me parlait. Et, après m'être retourné, je vis sept chandeliers d'or,

et, au milieu des sept chandeliers, quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme, vêtu d'une longue robe, et ayant une ceinture d'or sur la poitrine.

Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige; ses yeux étaient comme une flamme de feu;

ses pieds étaient semblables à de l'airain ardent, comme s'il eût été embrasé dans une fournaise; et sa voix était comme le bruit de grandes eaux.

Il avait dans sa main droite sept étoiles. De sa bouche sortait une épée aiguë, à deux tranchants; et son visage était comme le soleil lorsqu'il brille dans sa force.

Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa main droite en disant: Ne crains point!

Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J'étais mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts.

Écris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles.

 

Ce texte, emprunte, bien-entendu, la forme apocalyptique traditionnelle.

N’aurait-il plus rien à nous dire de ce fait ? Pour ma part je dis non, car il renferme des passages éblouissants  dont nous pouvons tirer enseignement.

Je retiens tout particulièrement la phrase suivante.

« Quand je le vis, je tombais à ses pieds comme mort. Alors il posa sa main droite sur moi en disant ; n’ai pas peur ! C’est moi qui suis le premier et le dernier, le vivant.

Je suis mort, mais je suis vivant à tout jamais, et j’ai les clefs de la mort et du séjour des morts. Ecris donc ce que tu as vu  »

L’utilisation du terme vivant pour qualifier Jésus n’est pas originale, d’autant que comme je vous l’ai indiqué, les Sadducéens  ne s’intéressaient qu’à l’être vivant.

Mon attention a été attirée par le fait que Jean tombe aux pieds de Jésus, comme mort.

L’homme de lumière dit-alors « n’aie pas peur », de même dans la chambre haute Jésus rencontrant les disciples leur dit  deux fois « la paix soit avec vous », avec la même préoccupation d’apaiser les angoisses humaines. Pour ce faire il pose la main droite sur Jean. Le récit d’héroïque devient intime.

L’être effrayant dévoile son caractère humain et aimant.

Et pour faire sortir ses interlocuteurs de leurs peurs instinctives et stérilisantes, il leur confie des missions. Pour les disciples c’est « je vous envoie », pour Jean c’est « écris donc ce que tu as vu ».

Jésus nous re suscite ou nous relève, si vous préférez ce terme, par l’action. Notez d’ailleurs que Jésus apparaît debout aux disciples pour les inciter à quitter leurs attitudes abattues, à se lever et se ressaisir, à son exemple.

Ainsi nous sommes vivants lorsque nous accomplissons une mission pour Dieu.

Jésus est dans l’agir, il n’est pas dans les macérations, les épreuves, il veut que debouts nous participions ici et maintenant à la construction du projet de Dieu.

C’est pourquoi le baptême de l’esprit est d’abord une mort, mort à nos attachements stériles, mort aux rigidités des dogmes et lois, mort aux rapports liberticides qu’imposent les familles, les pouvoirs religieux et politiques. Pour changer radicalement, comme le demande avec obstination Jésus, il faut d’abord renoncer à nos sécurités factices ou illusoires. 

C’est pour cela que le baptême, auquel Jésus procède sur ses disciples harassés et humiliés par leurs manquements, est accompagné d’une incitation à agir.

Concentrez vous sur l’avenir, sur ce qu’il faut construire, réformer en mon nom, renoncez à vous plaindre, vous mésestimer, ouvriers de la première et dernière heure, réveillez- vous.

Jésus est éternel, « je suis le premier et le dernier, le vivant » car il une mission sans début et sans fin, celle de faire connaître Dieu aux hommes.

Pour conclure, je cite à nouveau le pasteur Persoz ;

« Le génie des tous premiers chrétiens, transformé en une foi profonde  a été de  comprendre que cet homme Jésus marquerait toutes les générations à venir de ses engagements avec les hommes ses frères et de son dépouillement face à la mort. Ils l’ont exprimé avec le langage du temps. Peut être que la puissance du personnage, sa personnalité hors du commun était encore plus forte que ce que nous en fait connaître les évangiles ».

Christ est jadis ressuscité, il ressuscite là dans nos cœurs car il nous confie une mission et suscitera encore et toujours des ouvriers pour s’associer au projet de Dieu.

Amen