samedi 22 juin 2013

prédication sur Jean 14 versets 1 à 12 donnée à Marseille Sud est et La Ciotat


Jean 14 versets 1 à 12                                      lecture complémentaire du psaume 25

 

Pourquoi choisir de prêcher sur un texte de Jean qui déroute, mais enthousiasme, tant il résonne au tréfonds de nous même.

Pour ma part, cette envie d’approfondir les thèmes traités dans ce passage résulte d’une interrogation, de mon  interrogation.

Cette interrogation, c’est aussi celle de  Pilate face à un Jésus refusant de répondre à ses questions en termes compréhensibles par un solide soldat Romain plongé dans la rude réalité des combats de tous ordres.

Pilate exaspéré s’écrie : es-tu oui ou non le roi des juifs ? Et Jésus répond « c’est toi qui dit que je suis roi. Moi si je suis né et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité entend ma voix ».

Pilate lassé lui dit alors « qu’est ce que la vérité ? ».

Et bien je me suis demandé, comme Pilate, ce que Jésus entendait par l’expression « la vérité ».

En cherchant dans les textes, je me suis aperçu que le mot « vérité » figurait 45 fois dans l’évangile de Jean et seulement deux fois dans les évangiles synoptiques. Paul pour sa part l’utilise à 52 reprises dans ses épitres.  

Bien sûr ce décompte ne tient pas compte de la formule « en vérité » qui émaille tous les évangiles et est utilisée comme le mot amen pour attirer l’attention sur l’importance de ce qui va être dit. C’est en quelque sorte le « oyez oyez braves gens » du garde champêtre battant tambour.

Pour Jean le mot vérité, si souvent employé, est lourd de sens et fait partie de sa catéchèse, il sonne particulièrement bien au chapitre 14, en effet nul chrétien n’ignore ce propos de Jésus proche du slogan

 « C’est moi qui suis le chemin, la vérité et la vie ».

Comment ne pas songer en écho, au texte d’Exode 3 verset 14 ?

 « Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : C’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle "je suis" m’a envoyé vers vous ».

L’utilisation du verbe être est en accord  profond avec le terme vie, « c’est moi qui suis » dit Jésus tout comme Dieu est «  je suis ».

 

Comment ne pas être ému lorsque Jésus tout proche du supplice de la croix tente de rassurer des disciples et des foules complètement désorientés, tant par le cours que prennent les événements que par les propos de Jésus.

Lorsque Jésus annonce sa mort,  les foules  juives lui répondent en Jean 12-34 :

 «  Nous nous avons entendu de la loi que le Christ demeure pour toujours, comment donc peux –tu dire toi « il faut que le fils de l’homme soit élevé »

Qui est ce fils de l’homme ? »

Les deux apôtres questionneurs du chapitre 14 sont en phase avec cette interpellation, leurs questions rejoignent celles de ces foules.

 Thomas s’exclame nous ne savons pas où tu vas, comment en saurions nous le chemin et Philippe assène un ordre montre nous le père et cela nous suffit

Jésus ne se fait pas comprendre, il en est terriblement affecté, comme un homme peut l’être par un échec et c’est ce qu’il exprime par cette déchirante exclamation « il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas, Philippe ! »

L’injonction  de  Jésus dès le début du texte à savoir « que votre cœur ne se trouble pas. Mettez votre foi en Dieu, mettez votre foi en moi » est vaine.

Les cœurs se troublent et il semblerait que la foi des disciples vacille.

Philippe indique clairement qu’il ne rentre plus  dans les débats portant sur la complexité de la nature de Jésus. Dorénavant il ne veut plus passer par l’intermédiaire de Jésus mais veut directement qu’on lui montre Dieu.

Il ajoute cruellement un « cela suffit » exaspéré.

Quant à Thomas il refuse d’entendre le discours de Jésus sur la place qu’il réserve aux fidèles, car il ne sait pas où va Jésus.

Cette crise de foi des apôtres ne cessera qu’à l’ultime instant précédent l’arrestation du maître. C’est ce qui est  relaté dans le texte de Jean au chapitre 16 versets 25 à 33 :

«  Je vous ai dit tout cela de manière énigmatique, mais l’heure vient où je ne vous parlerai plus de cette manière, mais où je vous annoncerai ouvertement ce qui concerne le père. … je suis sorti du père et je suis venu dans le monde ; tandis qu’à présent je quitte le monde et je vais au père » Ses disciples lui dirent : voici que maintenant tu parles ouvertement et que tu abandonnes tout langage énigmatique ; maintenant nous savons que toi, tu sais toutes choses et que tu n’as nul besoin que quelqu’un t’interroge. C’est bien pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu.

Jésus leur répondit « Croyez- vous à présent ?

Voici que l’heure vient et maintenant elle est là, où vous serez dispersés, chacun allant de son côté, et vous me laisserez seul : mais je ne suis pas seul, le père est avec moi.

Je vous ai dit tout cela pour qu’en moi vous ayez la paix.

En ce moment vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde ! ».

Et nous, frères et sœurs, ne sommes nous pas des Thomas ou des Philippe, exaspérés par le monde en dérive sur fonds de malheur, d’injustice, de mépris, de cruauté et d’orgueil?

Notre dépit éclate et nous pousse parfois à fuir au sein de tribus refermées sur elle même ou dans les paradis artificiels que procurent les drogues de toutes sortes, allant de la surconsommation de biens matériels ou culturels à la surconsommation d’alcool, de stupéfiants ou à l’adoption de comportements déviants.

Voyez vous Jésus vivait dans un monde encore plus repoussant que le notre et la phrase prononcée au début de son calvaire « prenez courage j’ai vaincu le monde » prend tout son relief pour nous.

Comment pouvons nous, nous pauvres milliardième d’humanité, vaincre le monde ?

Changez radicalement comme l’ont proclamé Jean le Baptiste puis Jésus.

Le moyen de ce changement est fourni par l’enseignement de Jésus qui nous permet de trouver un  chemin éclairé par la lumière de la vérité ouvrant  à la vie.

Nous sommes des créatures voulues par Dieu individuellement distinctes les unes des autres. Uniques en quelque sorte.

Les chemins, que nous inspirent personnellement le Christ, ne sont pas forcément ceux que suivent nos frères et sœurs, mais comme l’affirme Jésus « il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon père »

Pour emprunter ce chemin de vie il nous faut connaître la vérité.

Le terme traduit en grec par vérité, a en Hébreux plusieurs significations, fidélité, probité, constance, loyauté.

La vérité dont parle Jésus c’est la fidélité de Dieu, sa constance dans le projet qu’il s’est fixé.

Pour découvrir les projets de Dieu il faut passer par la compréhension du message de Jésus.

Il importe pour le chrétien de fuir les chemins de perdition en avançant à la lumière de ce qui est vrai, la paix, l’amour, la joie, le pardon et en fuyant ce qui est tromperie, la noirceur de la violence, de la haine de la tristesse.

Jean ne cesse d’ailleurs d’utiliser l’adjectif vrai, le vrai pain du ciel, le  vrai cep, le seul vrai Dieu.

Comme l’indique le psaume 25 lu comme texte du jour et le Deutéronome au chapitre 32 verset 4

« Dieu est le rocher, ses œuvres sont parfaites car toutes ses voies sont justes, c’est un Dieu fidèle et sans iniquités, il est juste et droit »

Ce Dieu c’est le notre, ce n’est pas une idole ou un Dieu folâtre et inconstant.

Dieu est un rocher il est constitué par la vérité et il a conféré  à Jésus le pouvoir de faire connaître ce fait par la parole, c’est ce que dit Jésus dans Jean 8 versets 31 à 32

« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité et la vérité fera de vous des hommes libres »

J’ajouterai pour ma part, la vérité vous fera vivre, car vivre c’est avoir les yeux décillés, c’est se dresser lorsqu’on est abattu, c’est trouver du sens dans son existence.

Ce sont ces signes de vie que les miracles de Jésus relatés par Jean signifient, retrouver la vue, se lever pour cheminer à nouveau.

Sans la vérité constitutive de Dieu nous sommes des morts vivants désorientés.

Contrairement aux révolutionnaires qui proclamaient vouloir  vivre libres ou mourir, Jésus nous dit, vivez libres pour éterniser votre vie.

Mais sachez, comme dit Paul, que dans le cadre de cette liberté inconditionnelle, tout est permis mais tout ne convient pas, les chemins de perdition sont ouverts, mais les chemins de la grâce nous attendent

Vivez libres dès maintenant en recherchant le Dieu  vérité, notre Dieu, à travers Jésus qui nous dit :

« Amen, amen, je vous le dis, celui qui entend ma parole et qui crois celui qui m’a envoyé a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, il est passé de la mort  à la vie» (jean 5-24).

Un jour un centurion romain qui rendait forcément un culte à l’empereur  de Rome considéré comme Dieu, s’adressa à Jésus en qui il ne voyait à priori qu’un guérisseur.

A aucun moment il n’eut un mot pour le reconnaître comme étant de Dieu. Toutefois il voulait sauver son esclave et lui le chef puissant fit, par amour, une démarche impensable. 

Hors sens, il dit  « Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri »

Et Jésus s’exclama je n’ai jamais rencontré autant de foi chez un homme et le serviteur fut guéri.

Le centurion mû par une bouffée d’amour s’est fait serviteur de son serviteur, il est devenu  vivant, il a été capable de transcender la morale du monde,  il s’est  positionné sur le chemin de la grâce car la vérité s’est imposée à lui. Ce centurion a probablement saisi l’occasion pour éterniser sa vie en lui donnant un sens nouveau !

Je vous propose de mémoriser ce résumé de la prédication.

Dieu ne peut être appréhendé directement par l’homme, il est énergie, information.

Ce qui le fait exister en nous, c’est le projet qu’il poursuit, cette volonté de transformer le monde créé en s’appuyant sur le vivant.

La vérité dans ce contexte est une part de Dieu rendue accessible aux hommes par le Christ Jésus.

Seigneur tu ouvres à la vie.

Seigneur tu te tiens à la porte et tu frappes et je voudrais tant t’accueillir pleinement malgré mes conditionnements et présupposés car c’est toi qui es le chemin, la vérité et la vie.