mardi 28 octobre 2014

Prédication : la violence.Aubagne 2014-28-09 
Luc 6 versets 27 à 36 – Romains 12 versets  14 à 21 – Lévitique 24 versets 19 à 22 – Psaume 133

En ces temps où les violences barbares ensanglantent l’Afrique méditerranéenne et n’épargnent plus l’Europe, les problématiques, liées à cet embrasement maléfique, posent évidemment de sérieux problèmes aux chrétiens que nous sommes.
Nous ne pouvons rester aveugles et sourds à la détresse des persécutés de tous bords.
Bien sûr le martyre des chrétiens jetés sur les chemins de l’exil par des fous immondes,  Français de naissance parfois, nous concerne au premier chef.
Mais que dire encore des désespérés mourant en grappes humaines dans les flots bleus de la méditerranée. Que dire de la nausée qui nous saisi à la vue de ces jeunes africains jouant leur vie pour fuir l’indicible détresse des camps de réfugiés. Fuir pour  rejoindre notre Europe en forçant les barrages de fil de fer barbelés des enclaves espagnoles au Maroc.
Et ceci n’est qu’un résumé partiel des violences que connaît  notre humanité dans le monde, car l’Asie n’est pas en reste pour ce qui concerne les persécutions affectant des populations de plus en plus nombreuses.
Toutes ces horreurs sont elles inévitables au sein d’une espèce qui, ayant pleinement réussi à occuper toutes les niches écologiques de la planète, se trouve affrontée à un accroissement excessif de la population ?
La survie de tous les humains ne peut plus  être assurée car les besoins excèdent les ressources limitées de la planète.
Il n’est alors plus question de partager pour certaines populations acculées par des besoins qu’elles ne peuvent plus satisfaire.
Elles cherchent alors à s’emparer par la force des richesses disponibles dans d’autres zones du globe.
Devant une telle situation, l’enseignement de Jésus est-il pertinent pour nous permettre de défendre des positions constructives ?
Déjà, à l’époque de Jésus, de Paul et des évangélistes, la violence était extrême, pensez à la décapitation de JB ou à la crucifixion, en 7 AJC, par le général Romain Varus, de 2000 juifs devant le temple de Jérusalem,
 La cruauté était acceptée par les Romains qui s’entre tuaient pour conquérir le pouvoir, terrorisaient les peuples assujettis et se régalaient de spectacles relevant du massacre.
Mais le problème de la survie de l’espèce humaine n’effleurait pas l’esprit des contemporains de Jésus et des évangélistes.

Examinons le texte du jour tiré de l’évangile de Luc.
Ce texte fait partie de la petite incise,  qui du chapitre 6 verset 20 au chapitre 8 verset 3 est tiré de la source Quelle, de ce fait toute cette partie  est commune aux évangiles de Matthieu et Luc mais étrangère à l’évangile de Marc.
La source Quelle, dont nous n’avons pas de texte,  est constituée par des citations de discours de Jésus vraisemblablement  proches des propos qu’il a effectivement tenu.
Luc a reporté en deux blocs, sans grande modification, le texte de la source Quelle, les théologiens parlent de petite et grande incise. Il est dans ces conditions plus que vraisemblable que le texte de Luc qui nous intéresse reflète fidèlement un propos tenu par Jésus
 Ce discours de Jésus est tout aussi  explosif  pour les juifs du premier siècle que pour les chrétiens d’aujourd’hui.
Ainsi le verset 35, précisant que Dieu est bon pour les ingrats et pour les mauvais, ne pouvait aux environs des années 30 à 70 que faire se rebeller certains Juifs, se représentant Dieu comme un justicier dont ils attendaient le secours.
Leur lutte acharnée contre l’occupant Romain ne pouvait s’accommoder de telles affirmations !  Comment accepter que l’ordre de Dieu soit : « aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent , priez pour ceux qui vous injurient ».
Le peuple élu pouvait-il accepter que leur Dieu soit aussi magnanime pour eux que pour leurs ennemis jurés ?
Peut-on demander à des hommes de passer outre à leur instinct de survie, peut-on leur interdire de ne pas céder à leurs pulsions naturelles ancrées dans l’ADN de leurs chromosomes, pour défendre leurs familles, leur religion, leurs vies aussi peut être ?
Et pourtant l’exigence  surhumaine des prescriptions évangéliques  a été crédibilisée par Jésus lui-même. Ainsi, dans la première de l’apôtre  Pierre on peut lire le texte suivant
«si vous endurez la souffrance tout en faisant le bien, c’est une grâce devant Dieu. C’est à cela que vous avez été appelés, parce que le Christ lui-même a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces : il n’a pas commis le péché, et on n’a pas trouvé de ruse dans sa bouche ; quand il était insulté, il ne rendait pas l’insulte ; quand il souffrait il ne proférait pas de menaces mais il s’en remettait à celui qui juge justement. »(1 Pierre 2,23)
De fait, Jésus a appliqué ce qu’il enseignait jusqu’au moindre détail. Il a reçu une gifle d’un soldat Romain sans réagir, son manteau lui a été dérobé par la soldatesque, il a gardé le silence devant ses juges et les a pardonné priant même pour que ses bourreaux soient innocentés  car dit-il : ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient.
Il est d’autres personnages qui ont suivi les prescriptions de leur maître, les apôtres, voilà ce qu’en dit Paul dans la première épître aux Corinthiens 4,
 « Car Dieu , il me semble, nous a exhibés, nous les apôtres, à la dernière place comme des condamnés à mort : nous avons été offerts en spectacle au monde, aux anges et aux humains. Nous nous sommes fous à cause de Christ, mais vous vous êtes avisés dans le Christ ; nous nous sommes fous à cause de Christ, mais vous vous êtes avisés dans le Christ ; nous nous sommes faibles, mais vous vous êtes forts. Vous vous êtes glorieux, mais nous nous sommes déshonorés ! Jusqu’à l’heure présente nous sommes exposés à la faim, à la soif, au dénuement, aux coups, à la vie errante ; nous nous donnons de la peine en travaillant de nos propres mains ; insultés nous bénissons ; persécutés nous supportons ; diffamés nous encourageons ; nous sommes devenus les déchets du monde, le rebus de tous, jusqu’à maintenant »
Suivre le programme proposé par Jésus n’est pas très gratifiant à vue humaine. Cependant, il faut bien le reconnaître, les apôtres ont été incroyablement efficaces, puisque bien que tous morts suppliciés à l’exception de Jean, ils ont fondé une des religions majeures de l’humanité.
Le  monothéisme a largement triomphé.
Les apôtres et les nombreux disciples de Jésus apparus dans le cours des siècles ont, en dépit des trahisons de chrétiens indignes, fait franchir un seuil à l’humanité entière.
Celle-ci sait dorénavant que tous les hommes ont une valeur identique aux yeux du créateur.
Dieu est le berger des brebis perdues qu’il cherche inlassablement à ramener à la vraie vie, il les bénit comme les autres.  C’est d’ailleurs là pleinement le sens  profond du mot bénédiction qui signifie : don de la vie, du bonheur et de la paix.
Dieu est bon et attentif à sa création et cette conception de Dieu est innovante dans l’espace méditerranéen où les hommes  tremblaient devant des Dieux redoutables dont il fallait par des offrandes et sacrifices gagner les grâces.
Pour sa part, l’apôtre Paul  en Romain 12 reprend, ce qui est rare dans ses écrits, les enseignements du Christ
17  Ne rendez à personne le mal pour le mal. Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes.
18  S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes.
19  Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère; car il est écrit: A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur.
20  Mais si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s’il a soif, donne-lui à boire; car en agissant ainsi, ce sont des charbons ardents que tu amasseras sur sa tête.
21  Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien.
Je voudrais attirer votre attention sur la phrase suivante : s’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec  les hommes.
Paul ne nous demande pas l’impossible, nous ne pouvons contraindre les consciences colonisées par le malin.
Quand l’homme est diabolique il est licite de l’empêcher de nuire en s’en protégeant. Quand Jésus chasse les démons ayant envahi un forcené en les transportant dans des porcs qui se suicident en plongeant dans les flots, c’est bien parce qu’il n’y a plus d’autre issue pour enrayer l’oeuvre poursuivie par le malin. Comme le signale Jésus à ses disciples il y a des démons que vous ne pouvez chasser, seul Dieu le peut. Pareillement le Christ ne nous demande  pas de sacrifier notre vie, il demande de ne faire nulle violence aux ennemis et même de les nourrir et les vêtir. Ceci dans l’espoir de conduire l’interlocuteur, frappé de stupeur, face à une telle attitude, à renaître pour véritablement vivre dans la lumière de Dieu.  
Jésus ne nous pousse pas au masochisme, la vie est bien trop précieuse  à ses yeux pour qu’il nous pousse à volontairement nous livrer à la mort. Mais qui veut sauver sa vie, en s’isolant de ses prochains, la perdra. L’homme est un être de relation qui dépérit lorsque les contacts avec l’ensemble des humains se coupent. Je dirai même les contacts avec tous les vivants, animaux et végétaux.
Oui l’humanité a franchi sous l’impulsion de Jésus et des siens, un cap. Il n’est pour s’en persuader que de lire dans le Lévitique (chapitre 24, 17 à 22) les prescriptions transmises par Moïse aux hébreux. Alors que Jésus demande de respecter la vie  de nos prochains et de prêcher la paix et le pardon, les prescriptions présentées par Moïse ne parlent que d’exécution et de violences vengeresses    
17  Celui qui frappera un homme mortellement sera puni de mort.
18  Celui qui frappera un animal mortellement le remplacera: vie pour vie.
19  Si quelqu’un blesse son prochain, il lui sera fait comme il a fait:
20  fracture pour fracture, oeil pour oeil, dent pour dent; il lui sera fait la même blessure qu’il a faite à son prochain.
21  Celui qui tuera un animal le remplacera, mais celui qui tuera un homme sera puni de mort.
22  Vous aurez la même loi, l’étranger comme l’indigène; car je suis l’Eternel, votre Dieu.
Celui qui blasphémera le nom de l’Eternel sera puni de mort: toute l’assemblée le lapidera. Qu’il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de Dieu.
La déclaration universelle des droits de l’homme a une toute autre inspiration, celle du christianisme.
L’article 1 retrouve les accents de notre religion, je cite :
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers  les autres dans un esprit de fraternité.
Dans un monde où ouvertement les forces démoniaques  investissent des extrémistes incultes se prétendant musulmans. Doit-on tendre la gorge au couteau des fanatiques sans réagir ?
Le pasteur Nouis dans le journal Réforme indique que la réponse est contenue dans la lettre aux Romains écrite par l’apôtre Paul, je cite
« Si tu fais le mal , crains, car ce n’est pas pour rien que les autorités portent l’épée, elles sont en effet au service de Dieu pour faire justice, pour la colère contre celui  qui pratique le mal ». (Romains 3 verset 4)
Si toutes les tentatives de négociation pour arrêter le bras des fanatiques échouent, les autorités doivent  selon Paul jouer leur rôle pour rétablir l’ordre.
Au moment de conclure, il m’est impossible de ne pas évoquer la non violence développée par des hommes comme Martin Luther King ou Nelson Mandela.
Ils ont été au bout de leur certitude et de leurs efforts dans la voie tracée par Jésus et les rédacteurs de la déclaration universelle des droits de l’homme.
Ainsi cela est vrai, le bien peut surmonter le mal au prix d’une abnégation incroyable. Il faut des héros, les voilà.
Mais dans notre petit paradis provençal nous avons peur de ne pouvoir égaler ces personnes là.  Rappelons nous toutefois la parabole du jeune homme riche. Elle se termine par
« Jésus les regarda  et dit ; c’est impossible pour les humains, mais non pour Dieu, car tout est possible à Dieu. »  (Marc 10, 27)
Le cap est fixé nous sommes ambassadeurs de la paix, certes insuffisants mais bénissant Dieu de nous avoir doté d’une intelligence suffisante pour discerner son projet et y participer à notre mesure.

Pas à pas nous installerons la paix en nous et autour de nous, assurés de l’appui de Dieu. 

dimanche 1 juin 2014

prédication sur l'esprit donnée le2010601 à Aubagne

Jean 3 versets 1 à 8, Jean 14 versets 15 à 20, Romains 7 versets 5 et 6, Romains 8 versets 11à 17

Frères et sœurs, les textes lus nous obligent à prendre au sérieux, l’esprit troisième personne de la trinité. Alors, comme le stipule la fiche 23 des thèses pour l’évangile, comment retrouver l’inspiration qui vient de lui ?
Je trouve que cette interrogation est bien hardie, tant de chrétiens vivent inspirés par l’esprit dans le monde que c’est aller un peu vite d’affirmer que nous devons retrouver l’inspiration !
Première difficulté, il est impossible de définir rationnellement l’esprit saint car il n’est appréhendable que par ses effets, par exemple, la soif de liberté, le sens qu’il donne à une vie, ce qu’il crée de neuf en nous, l’amour qu’il promeut, les valeurs qu’il suggère, l’attirance pour ce qui est transcendant, l’attirance pour la beauté, l’envie de partager avec les autres etc.…
Berdiaev philosophe et théologien du 20me siècle écrivait :
 « L’esprit est l’acte créateur ; l’esprit crée un être nouveau. L’activité créatrice, la liberté créatrice du sujet est primitive. L’esprit vient de Dieu, et l’esprit mène à Dieu. L’homme reçoit tout de Dieu et c’est par l’esprit que l’homme donne tout à Dieu, qu’il multiplie les dons qu’il a reçus, qu’il crée ce qui n’existait pas auparavant. L’esprit vient de Dieu. L’esprit n’est pas créé par Dieu comme l’est la nature, il émane de Dieu, il est versé, insufflé par Dieu à l’homme. »
L’esprit est par nature fluide et ceux qui se targuent de le posséder, de le manipuler pour en tirer ainsi une supériorité sur les autres sont dans l’erreur.
En fait ils assujettissent l’esprit  et se permettent  de l’exhiber à tout propos pour prendre possession des autres en leur imposant leur vision. Attention aux visionnaires, aux exaltés  s’enveloppant  de leur prétendue familiarité avec l’esprit pour  nous imposer des points de vue personnels.
Saint Augustin écrivait
« Je sais parfaitement ce qu’est l’action de l’esprit quand on ne me demande pas de le formuler, mais je ne sais plus du tout dès qu’il faut le mettre en mots ! »
Pour un prédicateur c’est, reconnaissez le, un peu désarmant et malheureusement partiellement exact.
Mais Saint Augustin n’en est pas resté là : pour lui le père et le fils s’aiment passionnément et l’esprit n’est autre que leur amour mutuel personnifié.
Si les évêques participant aux conciles de Nicée et Constantinople en 381 avaient connus cette version de la trinité peut être n’aurions nous pas cette approche si hermétique de la nature de l’esprit figurant dans le symbole de Nicée
« Nous croyons en l’esprit saint, qui règne et qui donne la vie, qui procède du père, qui a parlé par les prophètes, qui avec le père et le fils est adoré et glorifié ».
 Cette déclaration fut remise en cause par l’église Carolingienne vers l’an 800. Elle estimait que l’esprit procédait aussi du fils, le Christ Jésus, l’affaire fut si grave qu’elle entraîna  la scission qui perdure encore entre les orthodoxes et les catholiques !
Je suis tenu, en tant que chrétien, comme l’ordonne Pierre, de rendre compte de l’espérance qui est en moi.
Lourde tache, car je ne pense pas que la position adoptée par Saint Augustin, à savoir que ; le père et le fils s’aimant passionnément, l’esprit n’est autre que leur amour mutuel personnifié, puisse être adoptée par nos contemporains.
Je ressens la beauté de l’opinion de Saint Augustin, mais n’arrive pas à la faire mienne. Je pense qu’il en est de même pour vous chrétiens du 21 me siècle.
Alors il me faut chercher autre chose qui rende compte de ma joie profonde ressentie à Pentecôte et qui me fait espérer contre vents en marées, la vie vient de triompher de la mort car il y a dorénavant en tout homme, sans exclusive aucune, une petite flamme toujours  prête à allumer un grand feu. Le terme de veilleuse me plaît assez pour approcher le rôle de l’esprit.
Tentons d’aller encore plus avant.
En Hébreux, esprit et souffle sont des mots similaires.
De multiples façons, les mots traduits par esprit ou souffle évoquent dans l’ensemble de la Bible le mouvement et la vie résultant de manière mystérieuse de Dieu, de son souffle.
Toute vie humaine ou animale est animée par le même souffle, qui est souvent présenté comme le souffle même de Dieu.
Ainsi en Genèse 6 verset 17, Dieu dit « Je fais venir sur la terre, le déluge, les eaux, pour anéantir tous ceux qui ont un souffle de vie sous le ciel ».
Au souffle ou esprit de l’homme sont en outre attribués tous les mouvements intérieurs, émotions ou sentiments qui caractérisent l’existence humaine, le psaume 51 illustre bien ces assertions 
« Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, rends à nouveau le souffle sûr en moi, ne me rejette pas loin de toi, ne me prends pas ton souffle sacré, rends moi la gaieté de ton salut et qu’un souffle généreux me soutienne ».
Dieu est perçu comme celui qui oriente notre vie vers telle ou telle voie en envoyant sur les hommes tel ou tel souffle ou esprit, ainsi en exode 28 verset 3
 «  Tu parleras à tous ceux qui sont habiles, à ceux que j’ai rempli d’un souffle de sagesse »  
Outre la métaphore du vent, celle de l’eau vive revient à maintes reprises pour dire l’action de l’esprit de Dieu répandu sur une communauté humaine.
Il en est ainsi dans l’échange verbal entre Jésus et Nicodème
« Amen amen je te le dis, si quelqu’un ne naît pas d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » 
 C’est par son souffle, son esprit, que le Dieu transcendant et inaccessible se rend paradoxalement présent à l’histoire de son peuple.
Comme l’eau vive qui tombant du ciel finit par s’infiltrer dans la moindre parcelle de terre, l’esprit informe progressivement toutes les cellules qui composent un corps.
L’ancien testament, à partir du retour d’exil, conte  les désillusions de juifs perpétuellement assujettis par toutes les super puissances du monde antique. L’absence d’un Dieu vengeur se fait de plus en plus insupportable,  leur espoir est  qu’une action spectaculaire et définitive du souffle de Dieu porteuse d’une réforme radicale rétablisse l’ordre tant promis par les prophètes.
C’est cette espérance que le nouveau testament déclare accomplie par Jésus Christ mais ce dans un registre tout différent bien éloigné du règlement de compte tant attendu. Il faut même remarquer que Jésus est à l’exact opposé du héros imaginé par les juifs.
L’esprit saint ou souffle sacré, est à l’œuvre dans toute l’histoire de Jésus, comme chez les prophètes d’autrefois ou les juges d’Israël et d’une manière bien plus décisive puisque il vient libérer gratuitement chaque homme de quelque horizon qu’il soit.
C’est ce que Pierre dit dans son discours à Corneille le centurion de la cohorte italique,
 « Vous vous savez  ce qui est arrivé dans toute la Judée, après avoir commencé en Galilée, à la suite du baptême que Jean a proclamé : comment Dieu a conféré une onction d’esprit saint et de puissance à Jésus de Nazareth qui, là où il passait, faisait du bien ou guérissait tous ceux qui étaient opprimés par le diable »
A Pentecôte est fondée l’église universelle par effusion de l’esprit saint se manifestant dans le vent et le feu.
Comme Jean l’affirme, sur tous ces hommes divers rassemblés, l’esprit de vérité vient demeurer et offre le moyen de vivre,  à l’image de Christ qui a vaincu la mort.
 En Romain 8, Paul nous  assure que l’esprit de Dieu lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu et à ce titre héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ.
Le but de cette prédication, est de vous inspirer  un regain d’ intérêt pour l’Esprit en vous faisant toucher son importance première dans la théologie Chrétienne protestante. Ainsi, Calvin écrit dans l’institution chrétienne
« C’est en vain que la lumière se présenterait aux hommes aveugles si cet esprit d’intelligence n’ouvrait les yeux de leur esprit. On peut donc dire à juste titre qu’il est la clef qui donne accès aux trésors du royaume des cieux et que sa clarté donne la vue à notre âme.
L’esprit participe  de la manière dont Dieu communique avec ceux qu’il vient chercher, il est les anges, les rêves prémonitoire aussi.
Dieu comme un père nous recherche dans nos cachettes, comme il a recherché Elie abattu dans le désert, pour nous relever, nous inspirer, nous associer à son projet pour un monde engendré par sa volonté.
Se mouvoir sur les chemins qu’il nous appelle à suivre est un gage de vie dès à présent.
Dieu dans son dynamisme créateur nous invite à le suivre et a placé pour ce faire, auprès de nous, une puissance spirituelle qui ensemence notre  esprit et le dynamise. Son souffle, en effet, fortifie comme le fait le vent soufflant sur les braises d’un feu mourant, pour faire surgir une flamme dansante. Tout comme ces petites flammes de Pentecôte  filles d’un vent de tempête bruyant  symbolisant l’alliance nouvelle tant espérée.
Le souffle sacré pousse le frêle esquif  qu’est notre être vers l’horizon au-delà duquel niche l’inconnu.
Comme Dieu est amour nous ne doutons pas de la beauté de cette zone de l’au delà. Nous savons que le vent souffle où il veut et peut nous conduire vers les récifs, mais comme le dit le psalmiste, les voies de Dieu ne sont pas nos voies. Nous n’avons pas d’autre moyen pour arriver à bon port que de faire confiance et de chercher la volonté de notre Dieu en interpellant sans cesse l’esprit qui est en nous, c’est le but même de toute prière.
C’est exactement ce que dit Paul en Romain 12 :
Ne vous conformez pas à ce monde ci, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréé et parfait » 
Bien sûr l’esprit n’est pas une personne, il est le mode de communication entre Dieu, le Christ et les hommes.
Les images inventées par les hommes pour approcher la nature de l’esprit sont parlantes, il s’agit du vent, du souffle de la lumière.
Nous savons qu’en quelques minutes, si l’air nous manque, c’est la fin de notre séjour sur terre.
L’air que nous respirons est offert gratuitement comme la grâce de Dieu pour ses enfants.
Dieu est une force et une direction qui nous sont proposées, on peut choisir d’accepter  ou de ne pas accepter, c’est nous qui tenons le gouvernail de notre vie  et c’est nous qui ouvrons ou fermons les voiles au vent de l’esprit de Dieu.
Pour conclure je vous livre un texte d’André Gounelle qui récapitule ce que j’ai cherché à exprimer.
« On a beaucoup discuté  sur l’Esprit, sur sa nature et son statut.
A-t’il une existence indépendante  et représente t-il une personne distincte du père et du fils ? Ces débats de facture très scolastique paraissent souvent oiseux et futiles. Comme l’écrit Tillich : l’expression « esprit de Dieu » veut dire : Dieu présent dans notre esprit.
Quand on parle de l’Esprit, il ne s’agit de rien d’autre que de Dieu ou du Christ présents, vivant et agissant en nous.
Que Dieu soit esprit, signifie qu’en lui se trouvent la lumière qui nous éclaire et la force qui nous anime. Il apporte du sens, il faut donc se refuser à l’obscurantisme  religieux qui se complait dans le mystérieux et l’incompréhensible  ou qui cultive l’absurde.
Il nous apporte de la puissance agit en nous, oriente et réoriente notre existence,  il nous met au travail.
Que Dieu soit esprit veut dire qu’il n’est pas inerte mais vivant, qu’il génère non pas un ordre mais un mouvement, et qu’il nous appelle à la liberté, à l’inventivité, et non à la passivité et à la résignation ».

Amen

dimanche 4 mai 2014

prédication parabole des mines donnée à Aubagne, La Ciotat et Magnan le 3 Mai 2014

La parabole des mines. Luc 19- 12 à 27  lecture du texte 1 Samuel 8, 7 à 22
Cette parabole est de prime abord troublante. Elle est très proche de celle figurant dans l’évangile de Mathieu au chapitre 25- 14 à 30 que nous connaissons sous le nom de  parabole des talents.
Je commenterai celle écrite par Luc car elle contient une indication essentielle en prologue.
« Jésus  ajouta une parabole, parce qu’il était près de Jérusalem et qu’ils imaginaient que le règne de Dieu allait se manifester à l’instant même »
Jésus entrait dans le temps du supplice et les disciples n’avaient encore rien compris, ils attendaient une arrivée triomphale de Jésus.
Leur culture juive les appelait à croire que le messie des juifs, le nouveau roi d’Israël, le nouveau David allait enfin régner, c'est-à-dire se  manifester comme roi de chair et établir son royaume avec comme capitale Jérusalem.
Ils s’apprêtaient donc à acclamer la victoire du roi tant attendu, comme leurs ancêtres  avaient en leur temps acclamés le roi Saül présenté par le prophète Samuel.
Le  récit dit des rameaux décrivant l’arrivée triomphale de Jésus à Jérusalem suit chez Luc le texte de la parabole des mines.
Or vous savez combien ce triomphe a un goût amer de mauvaise comédie qui prélude à l’exécution du soit disant roi des Juifs, abandonné de toute une population d’excités aussi prompts à s’enthousiasmer qu’à condamner. Dans la foule les disciples chantaient « béni soit celui qui vient, le roi au nom du seigneur » !
Après la parabole, nous venons de l’évoquer, la fête des rameaux, mais avant le texte relatant la  réception de Jésus chez Zachée, le collecteur d’impôts, qui se termine par cette sentence solennelle « le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».
C’est dans le logis même de Zachée, que Jésus prit l’initiative de prononcer la parabole des mines avant de partir vers Jérusalem.
Cette parabole est ainsi insérée dans l’évangile de Luc à un endroit stratégique, elle est de ce fait, sans aucun doute, nécessaire à la compréhension du message véhiculé par Jésus.
A la table de Zachée Jésus narra donc une histoire, celle d’un homme de haute naissance. J’ai vérifié la signification du terme Grec, eugenes. Il y a deux traductions possibles ; homme bien né ou esprit noble. Dans toutes les traductions bibliques c’est la première signification qui a été  retenue par les traducteurs.
Ainsi ce personnage est de haute naissance mais n’est pas forcément un esprit noble ! Rien ne prouve qu’il ne soit pas comme le dit le mauvais esclave un homme dur et voleur. Or la quasi totalité des auteurs des commentaires que j’ai consulté pensent que  cet homme noble est  la représentation de Jésus. 
L’ homme bien né s’absente pour se faire investir de la royauté et ensuite revenir, mais ses concitoyens envoient une ambassade au puissant maître qui investi pour demander qu’il ne soit pas nommé roi, peine perdue toutefois !
A ce stade de la réflexion il est indispensable de faire état du contexte historique de la Judée et de la Galilée, sachant que de sa naissance à sa mort Jésus aura à faire avec les rois Hérodiens régnant sur la Palestine.
Je vais vous raconter briévement leur histoire.
Avant de mourir en 4 AJC, Hérode écrivit un testament qui partageait son royaume entre ses 3 fils. Archelaus reçut les territoires de Judée, Samarie et Idumée,  Hérode Antipas reçu entre autres lieux la Galilée, Philippe plusieurs contrées non juives.
Archélaus, à la mort de son père en 4 AJC, proposa au peuple de lui présenter ses doléances. Les porte parole  demandèrent moins d’impôts et la destitution ou la mise à mort des délateurs vendus à Hérode le grand.
Archelaus ne donna aucune suite aux demandes, le peuple se révolta, la répression fut atroce, 3000 cadavres furent dénombrés devant le temple à Jérusalem.
Archelaus se rendit alors à Rome pour faire ratifier par Auguste le testament d’Hérode. Ce qu’il fit dans l’espoir qu’ Archelaus maintiendrait l’ordre comme son père le fit.
Toutefois, les troubles s’amplifiaient gravement sans qu’Archélaus puisse rétablir l’ordre. On violait, volait, tuait, l’impôt ne rentrait plus, un dénommé Juda de Gamala se proclama même roi en Galilée.
Une délégation Juive se rendit alors à Rome pour demander la destitution du roi Archelaus. Auguste n’accéda pas à cette demande et pendant 8 ans Archelaus régna en tyran. Il destitua même deux grands prêtres  trop critiques à ses yeux de ses mœurs dissolues.
Auguste exaspéré envoya alors le général Varus à la tête de 3 légions, cantonné à Antioche, pour remettre de l’ordre et exila Archelaus à Vienne en Gaule.
Dans la lutte entre les trois légions romaines et les juifs les massacres furent épouvantables, des milliers de juifs furent massacrés dont au moins 2000 furent crucifiés. Une forêt de croix s’éleva à l’entrée des villes et tout le long des routes de Judée, Samarie et Galilée.
La Judée et la Samarie furent gouvernés dès lors directement par Rome. A Nazareth Jésus venait d’avoir 9 ans !
En Galilée le roi Hérode Antipas régna pour sa part jusqu’en 39 AJC, ensuite il fut exilé à St Bertrand de Comminges.
Dans le domaine de la cruauté il n’avait rien à envier à son père et à son frère.
C’est lui qui fit couper la tête à Jean  le baptiste et ridiculisa Jésus lors de son procès comme le rapporte Luc au chapitre 23 versets 11 et 12
 « Alors Hérode aussi, avec ses gardes le traita avec mépris, et après s’être moqué de lui et l’avoir revêtu d’un habit resplendissant, il le renvoya à Pilate »
Ainsi Jésus depuis sa naissance et jusqu’à sa mort fut confronté aux rois de la famille d’Hérode le grand, dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils étaient des tyrans se moquant de toute morale, fous de pouvoir et contrevenant sans retenue aux lois juives. Il était évidemment marqué psychiquement par ces horreurs et ce d’autant plus que Joseph et sa famille étaient en exil à Nazareth. Joseph, en effet, avait choisi, conseillé par Dieu en rêve, d’éviter un retour en Judée où régnait Archelaus.
La décapitation de Jean le Baptiste par Hérode Antipas l’avait aussi fortement meurtri.
Nous avons lu le texte de Samuel sur les dangers des royautés, il s’applique sans mal aux royautés Hérodiennes.
Le roi dont parle Jésus dans la parabole est un roi rappelant tellement Archelaus et Hérode Antipas qu’il est impensable qu’il puisse représenter Jésus.
Ce  roi se qualifie lui même d’homme sévère certes mais aussi de voleur, récoltant ce qu’il n’avait pas semé, prenant ce qui ne lui appartenait pas.
Il va même jusqu’à égorger ses concitoyens opposants, enfreignant par là les règles de pureté Juives.
C’est ce qu’avait fait Hérode Antipas en décapitant Jean le baptiste !  Le sang chez les juifs est le souffle de vie qui appartient à Dieu et que celui-ci réclame comme son bien propre. Egorger un homme est le comble de l’impureté.
Avoir des esclaves était pour un juif une entorse à la loi.
Proposer à un esclave de porter l’argent à un prêteur, c’est une abomination car pour les juifs les prêts à intérêts sont bannis comme indiqué à plusieurs reprises dans l’ancien testament, ainsi en Deut 23, 20 et 21
« Tu n’exigeras de ton frère aucun intérêt, ni pour de l’argent, ni pour des vivres ni pour rien de ce qui peut se prêter à intérêt » 
D’ailleurs Jésus, lorsque la colère le prit à la vue de tant de manquements à la loi mosaïque et ce dans l’enceinte même du temple, renversa la table des prêteurs ou si vous préférez des banquiers.
Le mot Grec traduit par banque est le même dans le texte de la parabole et dans le récit des marchands du temple.
Sans aucune pitié, au mépris de toute équité  le roi indique ensuite «  je vous le dis on donnera à celui qui a,  mais à celui qui n’a pas on enlèvera même ce qu’il a »
Pouvez vous imaginer que les disciples venant d’écouter Jésus proclamant qu’il est venu sauver ce qui est perdu, puissent un seul instant le confondre avec cet homme bien né certes, mais sacrilège et rappelant tant les rois Hérodiens hais par le peuple. Eux aussi, comme Jésus avaient été témoins des drames induits par ces rois délinquants.
Quelle est la réponse apportée à l’interrogation des disciples, au tout début de la parabole, sur  la manifestation imminente du règne de Dieu ?
Je n’ai trouvé qu’une seule réponse à ce questionnement.
En termes humains, dans ce monde livré à Mammon, les hommes bien nés occupent les places de choix, ils sont distingués par des titres souvent héréditaires et des fonctions honorifiques. Ils s’arrogent tous les postes de responsabilité. Ils réduisent en esclavages les plus pauvres, les moins bien nés, les étrangers. Ils parasitent parfois la société en refusant de déchoir en travaillant.
Très généralement ils accumulent les biens au détriment des sans grades.
Telle était la société du temps de Jésus, telle est la société d’aujourd’hui quand les régulations ne jouent plus leur rôle.
Jésus vient de présenter la victoire sur terre de ces rois corrompus dont les prototypes sont les rois Hérodiens.
Comme nous sommes parfois nous aussi tentés de le faire, car le malin est tapi en chaque homme, ils voulaient accumuler les biens, gagner toujours plus, occuper le haut du pavé, supprimer les révoltés, les apeurés, les non violents, tous ces empêcheurs de danser en rond.
Après  avoir ainsi montré quel était le visage d’un roi terrestre, visage qu’il ne voulait pas avoir, Jésus partit seul devant le groupe de ses fidèles pour monter vers Jérusalem.
Et les disciples chantèrent le jour des Rameaux «  béni soit celui qui vient, le roi au nom du Seigneur ». Porté par  la foule excitée. Jésus allait il régner ?
Pour toute réponse à cette interrogation, Jésus se tut devant le peuple, Pilate, Hérode, le sanhédrin. Car ce n’est pas sur le modèle des rois Hérodiens que les hommes de pouvoir honnêtes peuvent se fonder pour sauver spirituellement leurs affidés. Jésus ne fonde pas un royaume terrestre mais attise une flamme spirituelle portée par la communion des saints.
Devant des hommes pourris par le pouvoir, il n’était pas possible de tenir un langage spirituel qu’ils ne comprenaient plus.. Ces hommes là discourent en termes d’avoir, de domination. C’est pourquoi le roi de la parabole récompense les bons esclaves en leur donnant la direction de villes sur lesquelles ils lèveront l’impôt et recruterons les guerriers indispensables à leur protection et à de nouvelles conquêtes.
Quant à l’esclave qualifié de mauvais, il lui faut bien du courage pour affronter  un roi sévère et redoutable. Malgré ses peurs il refuse de faire des affaires louches, de faire fructifier l’argent sale et d’enfreindre la loi de Dieu.
C’est lui qui dans la parabole est le plus important. Son geste ne rappelle t’il pas celui des objecteurs de conscience et de tous ceux qui à un moment se sont mobilisés pour dire non à un monde régi  par les puissants bien nés qui prennent ce qu’ils n’ont pas déposé et qui moissonnent ce qu’il n’ont pas semé. Je pense à cette image indélébile de ce jeune homme sur la place Tien an Men à Pékin bras en croix barrant la route aux chars de l’oppression
La vie d’un esclave est à la disposition de son maître, il la risque en refusant de faire comme les autres des affaires.
N’est ce pas en ce pauvre hère qu’il faut chercher Jésus?
Il savait lui qu’en montant vers le lieu de l’infamie, se dresserait une croix semblable à toutes celles qu’il vit enfant le long des routes quand il revint de l’exil en Egypte. C’est au moment de la crucifixion que s’ouvrit, en même temps que le voile du temple se déchirait, la longue lutte des chrétiens pour construire un monde nouveau sans injustices.
Chers disciples, frères et sœurs, Jésus est  venu chercher et sauver ce qui était perdu. Pareil au mauvais esclave insoumis il dit non, préférant comme lui la justice de Dieu à celle des hommes.
Pas de miracles à attendre des puissants de ce monde et des rois corrompus, pas de venue d’un sauveur sur un char étincelant, mais un laborieux travail pour faire triompher le commandement d’amour du maître. Plus d’esclave, plus d’étrangers, mais des hommes tous sauvés, tous enfants de Dieu et de ce fait respectables.
C’est à Pâques que le monde des rois est vaincu, Jésus ressuscite dès lors dans nos cœurs de chair en nous donnant le saint esprit.
Samuel et Dieu ont capitulé devant la demande pressente d’un peuple égaré voulant un roi.
Quelque mille ans plus tard en suscitant Jésus, Dieu est venu à notre secours pour nous guider sur la voie du changement radical permettant seul de parcourir les chemins de l’évolution.
Evolution de l’humanité mais aussi du créateur dans relation qu’il nous appartient d’orienter selon les enseignements de Jésus.
Le souvenir des plus puissants rois se perd dans les sables des déserts, la présence de l’esprit saint en chaque humain éternise notre vie.
 




mardi 18 mars 2014

prédication sur les actes donnée à Aubagne, La Ciotat et Marseille Magnan

Actes 2 versets 14 à 36 et Actes 17 versets 16 à 34

Je voudrais aujourd’hui vous inviter à vous étonner devant ce document extraordinaire qu’est le livre des Actes.
Luc après avoir écrit son évangile c’est soucié de lui donner un prolongement.
Daniel Marguerat, professeur de nouveau testament à l’université de Lausanne écrit
 « Le livre des Actes est unique en son genre dans le nouveau testament : ni évangile, ni lettre, ni écrit prophétique, il raconte le déploiement de la première chrétienté dans le monde après la mort et la résurrection de Jésus.
Ecrire une histoire d’apôtres après l’histoire de Jésus est un geste unique dans l’antiquité chrétienne : nul ne l’a accompli avant Luc et nul ne le répétera après lui.
Cette nouveauté littéraire traduit un changement, l’agir du Christ se poursuit à travers ses témoins et doit être raconté comme uns suite de l’évangile.
La décision théologique est d’un poids considérable, puisque la révélation ne se limite plus à la vie de Jésus, mais englobe désormais l’histoire des témoins.
Avec les actes, l’évangile fait histoire. »
Imaginez : ni la mort de Jésus, ni la détresse des apôtres n’ont cassé la dynamique engagée par Jésus.
Je pense que Luc m’aurait repris en ajoutant comme cause de cette puissance stupéfiante, l’effusion de l’esprit saint. Ce point est essentiel dans la pensée de Luc.
Ainsi en Actes 1 verset 6 à 8, il relate la promesse de Jésus
« Ceux qui s’étaient réunis lui demandaient : Seigneur est-ce en ce temps-ci que tu vas rétablir le royaume pour Israël ? Il leur répondit : il ne vous appartient pas de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez de la puissance quand l’esprit saint viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
Cette promesse est, vous le savez certainement, accomplie par l’effusion de l’esprit longuement décrite dans le chapitre 2 du livre  des Actes. Cette effusion donne lieu aux réjouissances de la Pentecôte.
La résurrection de Jésus c’est cela, rien n’est fini, tout est en place en nous, témoins du Christ dans toutes les générations à venir, par la grâce de l’esprit.  
La bonne nouvelle sera portée partout dans le monde, et ce, contre vents et marées, car elle seule fait vivre.
Et Luc évoque l’action de cette puissance qu’est l’esprit saint au moyen d’un récit structuré, parfaitement exact dans ses indications tant géographiques qu’historiques.
Il choisit de relater, d’abord le développement de la foi en Jésus, à Jérusalem puis dans les villes proches et enfin dans l’empire Romain.
Les figures des leaders sont celles de Pierre, Etienne, Philippe et Jacques le frère de Jésus. Mais sans conteste c’est Paul, dans sa mission de pasteur des païens qui constitue l’exemple essentiel choisi par Luc pour illustrer la puissance du Saint Esprit.
Le texte des actes a été rédigé entre 80 et 90, à une époque où les relations entre  chrétiens et juifs avaient cessées, Pierre et Paul étaient morts martyrisés par Néron vers 65, c'est-à-dire depuis une vingtaine d’années et les épîtres de Paul remontaient à plus de trente ans.
L’auteur Luc appartenait à la troisième génération après Jésus, Les chrétiens qui attendaient le retour du Christ dans le cadre d’un jugement général perdaient espoir en son retour rapide, il fallait ce livre des Actes pour recadrer le cheminement d’un christianisme en développement rapide.
Le texte que je vous ai lu fournit d’emblée une réponse à ce malaise : nous ne pouvons savoir quand le père décidera du jugement, mais l’esprit fournira la puissance nécessaire aux témoins pour que la bonne nouvelle soit colportée dans le monde.
Il est bien évident que Luc opère une lecture croyante de l’histoire, seuls les éléments aptes à servir sa lecture théologique sont retenus.
Cette lecture vise à montrer comment Dieu conduit les siens.
L’esprit qui habite les témoins est l’instrument dont Dieu se sert.
Dans les récits du livre des Actes, l’irruption de l’esprit saint est la signature divine accordée à la mission des apôtres lorsqu’elle s’ouvre à l’universalité.
Ce n’est jamais l’église qui en prend l’initiative : l’esprit précède les apôtres et agit à la stupeur des croyants.
Parmi les exemples justifiant cette assertion la fin de la coupure plurimillénaire entre le pur et l’impur est significative.
Pierre en rêve voit des mets impurs que Dieu ordonne de manger, alors que parallèlement le centurion Corneille est amené, suite à un rêve, à convoquer Pierre
Pierre commence alors son discours à Corneille  par cette phrase (Actes 10 28)
«Comme vous le savez c’est un crime pour un juif que d’avoir des relations suivies et même  quelque contact avec un étranger. Mais à moi Dieu vient de me faire comprendre qu’il ne fallait déclarer pur ou impur aucun homme »
D’un seul coup, l’initiative de Dieu libérait les contacts entre humains car (1Co 12:13)
«  Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit ». 
 A ce stade de la réflexion, je voudrais attirer votre attention sur le fait que Luc n’a pas décrit l’ensemble de la progression de l’église, et il s’en faut de beaucoup. Il n’en a d’ailleurs pas la prétention
Le personnage de Paul mis en scène par Luc et connu par ses épîtres est certes éminemment important, mais il existait d’autres missionnaires qui ont progressé dès le premier siècle jusqu’à l’Inde et probablement la Chine, des communautés importantes autour de la Méditerranée s’étaient constituées par exemple à Antioche, Césarée et Alexandrie.
C’est la puissance Romaine, assistée par un clergé à ses ordres, qui, lorsque le christianisme devint au 4 me siècle religion d’Etat, a gommé la diversité des communautés chrétiennes.
L’histoire de la chrétienté s’est réduite, pour la grande majorité des chrétiens des deux premiers millénaires,  à l’épopée Paulinienne.

Luc a-t-il disposé de traces écrites des discours des missionnaires qu’il décrit ? Certes pas, car il n’y avait à cette époque ni sténo dactylos ni  magnétophones. Or les 24 discours figurant dans le texte du livre des Actes occupent le tiers du livre !
 Comme l’indique le professeur Marguerat, les historiens de l’Antiquité, qui aimaient à placer des discours sur les lèvres de leurs héros  faisaient face à la même difficulté.
Ils suivaient le principe adopté par Thucydide
« J’ai exprimé ce qu’à mon avis ils auraient pu dire qui répondit le mieux à la situation »  (guerre du Péloponnèse). Ce principe légitime la recomposition des discours tout en la soumettant à une double adéquation : le discours reconstruit doit convenir à ce que l’on sait du locuteur et être approprié à la situation. Par ses choix de style et de propos oratoires, Luc a choisi cette règle, adoptant pour ses héros le langage qui lui semblait convenir.
Luc très habilement a procédé ainsi, mais cela laisse des traces.
En particulier, la théologie défendue par Paul se trouve quelque peu modifiée par Luc.
En effet les milieux proches des idées de Paul, auquel appartenait Luc, avaient en l’espace de 30 ans remplacé la centralité de la croix des épîtres de Paul par la centralité de la résurrection.
Chez Luc, la mort de Jésus concrétise l’erreur humaine face à Dieu, mais l’offre de salut s’appuie sur la certitude de la résurrection. La résurrection prend la place qu’occupe la croix chez Paul, ce n’est plus la mort de Jésus qui est objet de scandale pour les juifs et les païens mais la nouvelle que Dieu l’a ressuscité des morts. C’est pourquoi Luc s’attache à signifier l’historicité et la matérialité de la résurrection.
Dans les Actes, c’est l’affirmation de Pâques et non plus la primauté de la loi qui constitue le point de litige entre l’Eglise et  la synagogue.
Pour illustrer ces propos, je vais vous lire deux textes, le premier est celui de Pierre après l’effusion de l’esprit à Pentecôte.  
Actes 2 versets 14 à 36
………………………………………………………
Pierre est à ce stade encore totalement Juif dans ses réactions et citations. Son discours est bourré de sémitismes, le style est peu fluide. Pierre ne cesse de citer l’ancien testament afin de démontrer aux juifs que Jésus et les événements extraordinaires de la résurrection et de Pentecôte étaient déjà annoncés dans les textes anciens.
Il est facile de déceler dans le texte la volonté de représenter Pierre tel qu’il était, rocailleux, réaliste et volontaire. Dans cet exercice Luc a réussi. 
Pour examiner comment Luc présent Paul je vous propose d’écouter le discours de Paul à Athènes devant les philosophes réunis sur l’Agora.
Actes 17 versets 22 à 34
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Le discours que Paul tient est habile, il emploie les formes de la rhétorique Grecque en particulier de leurs philosophes. Il cite les poètes tel Epiménide  (6me AJC) avec cette phrase admirable : Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être. Voyez comme ce discours est différent de celui prêté à Pierre. Luc rédige un texte fluide et charpenté, élégant même.
Notez bien que la dérive de la pensée Paulinienne est ici flagrante, c’est la résurrection qui motive le rejet des philosophes et non la crucifixion de Christ et le sacrifice que représente la cène.
Ainsi le livre des Actes nous interpelle et nous concerne directement en tant que témoins de la puissance de l’esprit avérée dans de nombreux événements et personnages au cœur de chair. Comme le précise Paul dans la seconde lettre aux Corinthiens chapitre 3 verset 3 :
« Il est manifeste que vous êtes une lettre du Christ confiée à notre ministère : une lettre écrite , non pas avec de l’encre , mais avec l’esprit du Dieu vivant ; non pas sur des tablettes de pierre mais sur des tablettes de chair, sur des cœurs »

Puissions nous considérer Luc comme celui qui sans en tirer une quelconque gloire a relaté ce magnifique élan, cette puissance déléguée qu’est l’esprit afin de pérenniser la grâce de Dieu pour l’humanité. 

lundi 27 janvier 2014

Jean 14 versets 1 à 7 le 26 janvier 2014 à La Ciotat et le 21 Janvier à Aubagne

Prédication sur Jean 14 versets 1 à 7

Dans le livre de la Genèse il est écrit le texte suivant, postérieur à l’exclusion d’Adam et Eve du paradis.
« Dieu posta, à l’Est du jardin d’Eden, les keroubim et l’épée flamboyante qui tournoie pour garder le chemin de l’arbre de vie. »
La séparation de l’humanité avec Dieu est consommée, nous avons connaissance du bien et du mal mais nous sommes condamnés à ne pouvoir accéder à l’arbre de vie.
La voie est coupée !
La bible dans sa totalité ne fait que raconter les tentatives de Dieu pour restaurer le chemin permettant à l’humanité d’accéder à cet arbre de vie.
Dieu n’abandonne pas son projet de transformation du monde pour lequel il a besoin, dans le cadre des alliances, d’un homme libéré de ses conditionnements.
Ce n’est pas toi ou moi qui cherchons Dieu, c’est lui qui nous relève et cherche à nous redonner droit à l’arbre de vie.
C’est d’ailleurs sur cette promesse que se conclut la bible dans le livre de l’apocalypse
« Je viens bientôt et j’apporte avec moi ma récompense, pour rendre à chacun selon son œuvre.
L’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin, c’est moi.
Heureux ceux qui lavent leur robe pour avoir droit  à l’arbre de vie et pour entrer par les portes dans la ville !
L’esprit et la mariée disent viens ! Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne de l’eau de la vie gratuitement ! »
A travers l’histoire du peuple élu que Dieu s’est choisi, le difficile chemin qu’il faut suivre pour avoir droit à l’arbre de vie est divulgué.
Le cheminement de 40 ans dans le désert, c’est le prix à payer pour atteindre la terre promise. Mais malgré les efforts maladroits du peuple hébreux, le chemin menant à l’arbre de vie n’est pas pour autant ouvert car toujours le tentateur fait retomber dans leurs fautes les hébreux dont la nuque est si raide.
Ces fautes leurs  font quitter la voie de la transformation radicale nécessaire au changement de la relation entre Dieu et les hommes.
Rappelez vous de l’expression « changez radicalement » que, tant Jean Baptiste que Jésus clament si souvent.
Dans le temple de Jérusalem, les juifs avaient isolés, par un voile, l’espace réservé à Dieu.
Le saint des saints était ainsi séparé de l’espace saint ouvert aux prêtres.
Le saint des saints était une pièce dénudée et vide de tout ornement ou réceptacle.
Il était vide afin d’accueillir l’inconnaissable. Le rideau était symboliquement l’obstacle constitué par les anges gardiens de l’accès à l’arbre de vie.
Le messie tant espéré par les juifs au temps de Jésus était censé ouvrir  définitivement le rideau  coupant l’accès à l’arbre de vie source de notre salut!
Pour nous chrétiens ce messie, c’est Jésus. D’ailleurs, comme le précise Luc, quand Jésus  expira, le voile du sanctuaire se déchira par le milieu.
La voie vers l’arbre de vie était, dés lors définitivement rétablie.
Avant d’être supplicié Jésus annonça « c’est moi qui suit le chemin, la vérité et la vie et là, où moi je vais, vous en savez le chemin ».
Le chemin  c’est tout l’enseignement qu’il a distillé durant 2 ou 3 ans et consigné dans les évangiles.
Dans le livre des Actes ( act 24- 14) Paul parle de la voie qu’il suit, le mot voie pourrait être remplacé par «ceux qui suivent le chemin de Jésus ».  D’ailleurs en Actes 9- 2, Luc écrit «  Saül qui respirait encore la menace et le meurtre contre les disciples du seigneur, se rendit chez le grand prêtre et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas ; s’il y trouvait quelques-uns hommes ou femmes, qui étaient de la Voie, il pourrait ainsi les arrêter et les amener à Jérusalem »
Avant de parler de chrétiens on parlait de ceux qui étaient de la voie.
Comme le précise Jean dans le chapitre 14, les disciples, jusqu’à la veille de la mort de Jésus, n’avaient pas compris ce que je viens de vous annoncer, à savoir: Jésus a ouvert le chemin qui mène à l’arbre de vie dont les fruits font vivre à toujours selon la formulation figurant dans la Genèse.
Ce chemin est difficile à suivre comme le précise Matthieu (7 ; 14)
 « Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu qui les trouvent »
Mais tout indique que ce qui est impossible aux plus faibles est possible à Dieu tant sa compassion à notre égard est grande, encore faut-il solliciter son secours.
J’aimerais maintenant faire observer combien Jésus cherche durant son ministère à cheminer dans tous les espaces de Palestine, allant même en Samarie où vivent des populations hostiles aux juifs, mais aussi dans des zones où vivent des tribus idolâtres.
Il ne cesse de chercher à rencontrer les plus pauvres, les plus compromis et les plus hostiles aux juifs.
Avez- vous noté que les aveugles et autres handicapés sont assis au bord du chemin et qu’une fois soulagés de leurs mots ils cheminent en suivant Jésus ? Les voilà libérés de leurs entraves et ramenés au centre de la route pour entendre les enseignements du maître.
Avez-vous remarqué que Jésus, sur les routes,  marche toujours en tête du groupe?
Il ouvre le chemin.
Ce mouvement incessant est le signe de la vie.
Se rendre vivant c’est accorder une place importante à la rencontre pour parler, échanger, comprendre les ressorts de l’existence des uns et des autres, riches ou pauvres, esclaves ou maîtres.
Se rendre vivant c’est aussi se rencontrer soi même pour donner voix à la part sacrée déposée en chacun de nous par l’esprit saint.
Comme Jésus le fait si souvent il nous faut parfois marcher seul pour, loin de l’agitation du monde, se laisser traverser par la beauté, émouvoir par le vent, écouter les bruissements des insectes, goûter la caresse de l’eau du ciel, respirer les senteurs du soir, méditer devant un ciel étoilé, faire le vide en soi.
Laissons s’instaurer en nous un rythme, une pulsation entre le temps de l’engagement et le temps du recueillement. Jésus, d’ailleurs, s’isole parfois pour ressentir le souffle de Dieu qui le ressource et le fortifie.
Autour de nous combien savent trouver du temps pour ne rien faire ? Beaucoup semblent avoir  peur de se découvrir  et de s’éprouver dans la solitude. Pourtant dit Jésus
Quand tu veux prier (Mt 6:6) «  entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »
Dans un autre ordre d’idée lisons le verset du psaume 143 ou David dit
« Fais moi connaître le chemin où je dois marcher, car je m’élève vers toi »
Superbe phrase qui concerne le but du cheminement, à savoir accéder à la vérité en s’élevant.
Accéder au pourquoi existentiel sans négliger le comment de la science.
La religion a pour rôle d’assister les fidèles dans leur recherche du sens de leur existence. Ce sens ne peut apparaître progressivement que dans le cadre d’un dépassement permettant de se dégager  des lourdeurs de notre quotidien matériel. 
S’élever, atteindre les hauteurs c’est le credo du chrétien.
Jadis, nos anciens ont installés leurs églises en haut des villages, ils les ont en quelque sorte lancées vers le ciel. Ainsi l’église Romane, lieu de rencontre de l’homme avec son Dieu,  pointait sa flèche vers le ciel dans la direction de l’étoile polaire demeure céleste supposée, de Yahvé.
Tout autour de ce point fixe tournent les étoiles en un incessant ballet.
Ce mouvement circulaire, rappelle l’élongation des végétaux qui se fait selon une spirale, la spirale de Fibonacci fondée sur le nombre d’or 1,618. Les bourgeons sont déjà dans le méristème  disposés en hélice. Partout les sculptures des chapiteaux et les enluminures présentent des spirales représentant les chemins qui conduisent au terme d’un enroulement au point censé représenter Dieu.
Pensez à la crosse de l’évêque qui, pour les catholiques, le désigne comme intermédiaire nécessaire pour celui qui cherche à atteindre Dieu au terme de son cheminement.
Dans la pratique, ce sont souvent deux spirales symétriques qui sont représentées car, si le fidèle peut suivre un chemin ascendant vers Dieu, c’est que Dieu lui-même est descendu le premier vers sa créature.
Ne nous étonnons pas alors que sur les chapiteaux Romans, le chemin du croyant soit figuré tantôt  par un homme gravissant une spirale, tantôt par un homme porté par une tige florale d’acanthe.
Cette plante magnifique présente des feuilles très grandes qui fournissent une énergie telle à la plante que celle-ci peut lancer, avec une rapidité déroutante, sa hampe florale vers le ciel en un mouvement hélicoïdal étonnant.
Cette hampe pénètre le ciel comme une vis pénètre le bois !
Ce petit détour vers nos ancêtres et vers les plantes pour vous dire combien Jésus et la création tout entière sont en mouvement, pensez que nos chromosomes ont l’aspect d’une double spirale, n’y a-t-il pas de quoi s’émerveiller ?
Ce mouvement, cette progression le long du chemin tracé par Jésus nous ouvre à comprendre ce qu’est la nature profonde du monde signifiée par le terme vérité.
Se mouvoir le long du chemin à la suite de Jésus qui nous précède sur la voie c’est cela vivre dès maintenant, dans un dynamisme que les tenants de la théologie du process nomment le dynamisme créateur de Dieu.
Vivre, se mouvoir, vouloir comprendre toujours mieux au fil des ans le pourquoi du monde c’est ce que Jésus est venu initier en nous en brisant les entraves à la libre réflexion et en ouvrant nos cœurs à l’amour insensé du créateur. Nous sommes alors véritablement ressuscités  et rendus sensibles à l’émotion qui induit notre mouvement vers les autres.
Pour terminer écoutons ensemble les propos de Zacharie sur son enfant Jean Baptiste rapportés par l’évangéliste Luc (12, 76), il illustre admirablement la prédication.

« Et toi mon enfant tu seras appelé prophète du Très Haut ; car tu iras devant le seigneur pour préparer ses chemins, pour donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon de ses péchés, grâce à la tendre compassion de notre Dieu. C’est par elle que le soleil levant brillera sur nous d’en haut pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort et pour diriger nos pas vers le chemin de la paix. »