Prédication sur Jean 14 versets 1 à 7
Dans le livre de la Genèse il est
écrit le texte suivant, postérieur à l’exclusion d’Adam et Eve du paradis.
« Dieu posta, à l’Est du
jardin d’Eden, les keroubim et l’épée flamboyante qui tournoie pour garder le
chemin de l’arbre de vie. »
La séparation de l’humanité avec Dieu
est consommée, nous avons connaissance du bien et du mal mais nous sommes
condamnés à ne pouvoir accéder à l’arbre de vie.
La voie est coupée !
La bible dans sa totalité ne fait que
raconter les tentatives de Dieu pour restaurer le chemin permettant à
l’humanité d’accéder à cet arbre de vie.
Dieu n’abandonne pas son projet de
transformation du monde pour lequel il a besoin, dans le cadre des alliances, d’un
homme libéré de ses conditionnements.
Ce n’est pas toi ou moi qui cherchons
Dieu, c’est lui qui nous relève et cherche à nous redonner droit à l’arbre de
vie.
C’est d’ailleurs sur cette promesse
que se conclut la bible dans le livre de l’apocalypse
« Je viens bientôt et
j’apporte avec moi ma récompense, pour rendre à chacun selon son œuvre.
L’alpha et l’oméga, le premier et le dernier,
le commencement et la fin, c’est moi.
Heureux ceux qui lavent leur robe
pour avoir droit à l’arbre de vie et
pour entrer par les portes dans la ville !
L’esprit et la mariée disent viens !
Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne de l’eau de la vie
gratuitement ! »
A travers l’histoire du peuple élu
que Dieu s’est choisi, le difficile chemin qu’il faut suivre pour avoir droit à
l’arbre de vie est divulgué.
Le cheminement de 40 ans dans le
désert, c’est le prix à payer pour atteindre la terre promise. Mais malgré les
efforts maladroits du peuple hébreux, le chemin menant à l’arbre de vie n’est
pas pour autant ouvert car toujours le tentateur fait retomber dans leurs
fautes les hébreux dont la nuque est si raide.
Ces fautes leurs font quitter la voie de la transformation
radicale nécessaire au changement de la relation entre Dieu et les hommes.
Rappelez vous de l’expression
« changez radicalement » que, tant Jean Baptiste que Jésus clament si
souvent.
Dans le temple de Jérusalem, les
juifs avaient isolés, par un voile, l’espace réservé à Dieu.
Le saint des saints était ainsi séparé
de l’espace saint ouvert aux prêtres.
Le saint des saints était une pièce
dénudée et vide de tout ornement ou réceptacle.
Il était vide afin d’accueillir
l’inconnaissable. Le rideau était symboliquement l’obstacle constitué par les
anges gardiens de l’accès à l’arbre de vie.
Le messie tant espéré par les juifs
au temps de Jésus était censé ouvrir définitivement le rideau coupant l’accès
à l’arbre de vie source de notre salut!
Pour nous chrétiens ce messie, c’est
Jésus. D’ailleurs, comme le précise Luc, quand Jésus expira, le voile du sanctuaire se déchira par
le milieu.
La voie vers l’arbre de vie était,
dés lors définitivement rétablie.
Avant d’être supplicié Jésus annonça
« c’est moi qui suit le chemin, la vérité et la vie et là, où moi
je vais, vous en savez le chemin ».
Le chemin c’est tout l’enseignement qu’il a distillé
durant 2 ou 3 ans et consigné dans les évangiles.
Dans le livre des Actes ( act 24- 14)
Paul parle de la voie qu’il suit, le mot voie pourrait être remplacé par «ceux
qui suivent le chemin de Jésus ». D’ailleurs
en Actes 9- 2, Luc écrit « Saül qui respirait encore la menace et le
meurtre contre les disciples du seigneur, se rendit chez le grand prêtre et lui
demanda des lettres pour les synagogues de Damas ; s’il y trouvait quelques-uns
hommes ou femmes, qui étaient de la Voie, il pourrait ainsi les arrêter et les
amener à Jérusalem »
Avant de parler de chrétiens on
parlait de ceux qui étaient de la voie.
Comme le précise Jean dans le
chapitre 14, les disciples, jusqu’à la veille de la mort de Jésus, n’avaient
pas compris ce que je viens de vous annoncer, à savoir: Jésus a ouvert le
chemin qui mène à l’arbre de vie dont les fruits font vivre à toujours selon la
formulation figurant dans la Genèse.
Ce chemin est difficile à suivre
comme le précise Matthieu (7 ; 14)
« Mais étroite est la porte, resserré
le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu qui les trouvent »
Mais tout indique que ce qui est
impossible aux plus faibles est possible à Dieu tant sa compassion à notre
égard est grande, encore faut-il solliciter son secours.
J’aimerais maintenant faire observer
combien Jésus cherche durant son ministère à cheminer dans tous les espaces de
Palestine, allant même en Samarie où vivent des populations hostiles aux juifs,
mais aussi dans des zones où vivent des tribus idolâtres.
Il ne cesse de chercher à rencontrer
les plus pauvres, les plus compromis et les plus hostiles aux juifs.
Avez- vous noté que les aveugles et
autres handicapés sont assis au bord du chemin et qu’une fois soulagés de leurs
mots ils cheminent en suivant Jésus ? Les voilà libérés de leurs entraves
et ramenés au centre de la route pour entendre les enseignements du maître.
Avez-vous remarqué que Jésus, sur les
routes, marche toujours en tête du groupe?
Il ouvre le chemin.
Ce mouvement incessant est le signe
de la vie.
Se rendre vivant c’est accorder une
place importante à la rencontre pour parler, échanger, comprendre les ressorts
de l’existence des uns et des autres, riches ou pauvres, esclaves ou maîtres.
Se rendre vivant c’est aussi se
rencontrer soi même pour donner voix à la part sacrée déposée en chacun de nous
par l’esprit saint.
Comme Jésus le fait si souvent il
nous faut parfois marcher seul pour, loin de l’agitation du monde, se laisser
traverser par la beauté, émouvoir par le vent, écouter les bruissements des insectes,
goûter la caresse de l’eau du ciel, respirer les senteurs du soir, méditer
devant un ciel étoilé, faire le vide en soi.
Laissons s’instaurer en nous un rythme,
une pulsation entre le temps de l’engagement et le temps du recueillement.
Jésus, d’ailleurs, s’isole parfois pour ressentir le souffle de Dieu qui le
ressource et le fortifie.
Autour de nous combien savent trouver
du temps pour ne rien faire ? Beaucoup semblent avoir peur de se découvrir et de s’éprouver dans la solitude. Pourtant
dit Jésus
Quand tu veux prier (Mt 6:6) « entre
dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu
secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. »
Dans un autre ordre d’idée lisons le
verset du psaume 143 ou David dit
« Fais moi connaître le
chemin où je dois marcher, car je m’élève vers toi »
Superbe phrase qui concerne le but du
cheminement, à savoir accéder à la vérité en s’élevant.
Accéder au pourquoi existentiel sans
négliger le comment de la science.
La religion a pour rôle d’assister
les fidèles dans leur recherche du sens de leur existence. Ce sens ne peut
apparaître progressivement que dans le cadre d’un dépassement permettant de se
dégager des lourdeurs de notre quotidien
matériel.
S’élever, atteindre les hauteurs c’est
le credo du chrétien.
Jadis, nos anciens ont installés
leurs églises en haut des villages, ils les ont en quelque sorte lancées vers
le ciel. Ainsi l’église Romane, lieu de rencontre de l’homme avec son Dieu, pointait sa flèche vers le ciel dans la
direction de l’étoile polaire demeure céleste supposée, de Yahvé.
Tout autour de ce point fixe tournent
les étoiles en un incessant ballet.
Ce mouvement circulaire, rappelle
l’élongation des végétaux qui se fait selon une spirale, la spirale de Fibonacci
fondée sur le nombre d’or 1,618. Les bourgeons sont déjà dans le méristème disposés en hélice. Partout les sculptures des
chapiteaux et les enluminures présentent des spirales représentant les chemins
qui conduisent au terme d’un enroulement au point censé représenter Dieu.
Pensez à la crosse de l’évêque qui,
pour les catholiques, le désigne comme intermédiaire nécessaire pour celui qui
cherche à atteindre Dieu au terme de son cheminement.
Dans la pratique, ce sont souvent
deux spirales symétriques qui sont représentées car, si le fidèle peut suivre
un chemin ascendant vers Dieu, c’est que Dieu lui-même est descendu le premier
vers sa créature.
Ne nous étonnons pas alors que sur
les chapiteaux Romans, le chemin du croyant soit figuré tantôt par un homme gravissant une spirale, tantôt
par un homme porté par une tige florale d’acanthe.
Cette plante magnifique présente des
feuilles très grandes qui fournissent une énergie telle à la plante que
celle-ci peut lancer, avec une rapidité déroutante, sa hampe florale vers le
ciel en un mouvement hélicoïdal étonnant.
Cette hampe pénètre le ciel comme une
vis pénètre le bois !
Ce petit détour vers nos ancêtres et
vers les plantes pour vous dire combien Jésus et la création tout entière sont
en mouvement, pensez que nos chromosomes ont l’aspect d’une double spirale, n’y
a-t-il pas de quoi s’émerveiller ?
Ce mouvement, cette progression le
long du chemin tracé par Jésus nous ouvre à comprendre ce qu’est la nature
profonde du monde signifiée par le terme vérité.
Se mouvoir le long du chemin à la
suite de Jésus qui nous précède sur la voie c’est cela vivre dès maintenant, dans
un dynamisme que les tenants de la théologie du process nomment le dynamisme
créateur de Dieu.
Vivre, se mouvoir, vouloir comprendre
toujours mieux au fil des ans le pourquoi du monde c’est ce que Jésus est venu
initier en nous en brisant les entraves à la libre réflexion et en ouvrant nos
cœurs à l’amour insensé du créateur. Nous sommes alors véritablement ressuscités et rendus sensibles à l’émotion qui induit
notre mouvement vers les autres.
Pour terminer écoutons ensemble les
propos de Zacharie sur son enfant Jean Baptiste rapportés par l’évangéliste Luc
(12, 76), il illustre admirablement la prédication.
« Et toi mon enfant tu seras
appelé prophète du Très Haut ; car tu iras devant le seigneur pour
préparer ses chemins, pour donner à son peuple la connaissance du salut par le
pardon de ses péchés, grâce à la tendre compassion de notre Dieu. C’est par
elle que le soleil levant brillera sur nous d’en haut pour éclairer ceux qui
sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort et pour diriger nos pas
vers le chemin de la paix. »