jeudi 8 janvier 2015

L'autorité donné à La Ciotat le 4 Janvier et à Aubagne le 10 Janvier

Marc 7 versets 1 à 10, Marc 11 versets 27 à 33

 En ce temps nous évoquons la poursuite d’une étoile par des maîtres de l’orient.
Ces mages, le regard vissé vers le ciel, sont subitement conduit à abaisser les yeux vers un petit être pauvrissime au ras du sol.
Ce moins que rien couché sur la terre froide dans la paille d’une litière, c’est l’homme, tiré de la glèbe, modelé par la main de Dieu dans une poignée d’argile.
Comment ce petit être miséreux trouvera t’il une  autorité suffisante pour bouleverser l’ordre du monde ?
C’est ce que je vous propose de considérer. 
Nous vivons dans une société d’une très grande fragilité, dont les mécanismes complexes, visant à assurer le bien être des populations, sont de plus en plus délicats à ajuster.
Jamais les hommes n’ont été aussi dépendants les uns des autres.
Pensez, par exemple, à notre approvisionnement en énergie majoritairement assuré par des centrales atomiques dont les rejets, s’ils sont accidentellement dispersés dans l’environnement,  peuvent empoisonner les êtres vivants durant des milliers d’années et ceci bien au-delà des frontières de notre pays !
Juguler les maladies épidémiques intéresse l’humanité entière et nécessite les efforts conjugués de toutes les nations.
Réguler les grands équilibres de notre biosphère suppose des décisions simultanées de tous les humains.
Nourrir des milliards d’individus et réguler la croissance démographique, supposent des décisions rapides au niveau de la terre entière.
Une guerre mondiale est inconcevable pour les pays développés, imaginez en effet ce qu’entraînerait, notamment, la destruction de nos centrales. Sans énergie électrique que deviendraient tous ceux qui habitent les mégalopoles ?
Apaiser les conflits naissant immanquablement dans des espaces chichement comptés, entre des populations souvent déracinées, suppose un maintien de l’ordre efficient.
Sans aucun doute les hommes sont condamnés à la solidarité à tous les niveaux d’organisation de leurs sociétés.
Partout, comme jamais dans le passé, l’humanité a besoin d’autorités qualifiées et légitimes, dont les décisions ne visent pas, avant tout, à assurer leur réélection, la prééminence de leur tribu et leurs intérêts propres.
Les autorités, si nécessaires dans cette phase de mutation que nous vivons,  sont paradoxalement  contestées, comme jamais, par les populations inquiètes.
Celles- ci, pour se protéger, se replient sur les religions traditionnelles, la famille, la nation.
Les autres, les gens d’ailleurs, deviennent les responsables faciles des désillusions et souffrances. Alors les haines s’installent.
Jamais le monde n’a  eu autant besoin d’élites d’une haute spiritualité, se dévouant au bien commun et dont l’autorité est acceptée et reconnue par la majorité des citoyens.
Cet état de fait, nous impose de rechercher  ce que la bible a à nous indiquer  en ce domaine.
N’ayez crainte je n’ai pas l’ambition d’épuiser le sujet.
Je cherche plutôt à fournir quelques points de repère pour nous inciter à réfléchir sur ces problèmes délicats.
Le texte que je vous ai lu en Marc 7, figure aussi, presque à l’identique, dans les évangiles de Matthieu et Luc. Cela est un signe de son importance.
Le problème de l’autorité est souvent abordé tout au long du nouveau testament.
La mort ignominieuse de Jésus est d’ailleurs la conséquence directe du refus du Sanhédrin et des scribes de reconnaître l’autorité de ce Galiléin .
Selon Jean  (18, 37 et 38) la dernière phrase de Jésus devant Pilate fut :
 « Moi, si je suis né  et si je suis venu dans le monde, c’est pour rendre témoignage de la vérité »
Ce à quoi Pilate répond par « Qu’est ce que la vérité ? »
Cette vérité selon le pasteur Marc Pernod c’est « une façon d’être, pas un ensemble de dogmes figés comme le présentent les extrémismes »
Le monde spirituel Juif, à l’aube de ce premier siècle, est figé, enfermé  par des lois révélées et de ce fait sacrées.
Les juifs sont arc bouté autour des prêtres du temple de Jérusalem seuls garants d’une certaine autonomie face à l’envahisseur Romain.
Ces juifs attendent un sauveur miraculeux, car seul un miracle peut éviter un désastre programmé par les Romains.
L’image que se font les juifs d’un sauveur est celle de David ou peut être Moïse, un être mu par l’esprit de Dieu, libérant d’une main puissante le peuple élu.
Jésus n’a pas le profil requis et en outre il ose, dans le temple même, venir pourfendre les prêtres, les scribes et les Pharisiens, les traitant de sépulcres blanchis.
Saper  les colonnes que sont ces serviteurs sacrés de Dieu conduit, sans aucune sorte de doute, à l’écroulement du temple.
Or le temple est le lieu où Dieu rencontre son peuple. (1Samuel 2,8)
« car à l’éternel sont les colonnes de la terre. Et c’est sur elles qu’il a posé le monde »
Sans temple il n’est plus de Dieu pour les juifs traditionnels !
Jésus est un nouveau Samson, comme lui il focalise toutes ses forces sur l’écroulement de colonnes !
Dans les actes, les apôtres Pierre, Jean et Jacques sont curieusement nommés les colonnes, c’est une allusion directe aux colonnes du temple.
Le nouveau temple de la chrétienté est un édifice constitué par des hommes en chair et en os!
Paul s’exprime en Romain 2 versets 17 à 24 de la même manière que Jésus vis-à-vis des gardiens du sanctuaire, je cite
 “Toi qui te donnes le nom de Juif, qui te reposes sur la loi, qui te glorifies de Dieu, qui connais sa volonté, qui apprécies la différence des choses, étant instruit par la loi; toi qui te flattes d’être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le docteur des insensés, le maître des ignorants, parce que tu as dans la loi la règle de la science et de la vérité; toi donc, qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même! Toi qui prêches de ne pas dérober, tu dérobes! Toi qui dis de ne pas commettre d’adultère, tu commets l’adultère! Toi qui as en abomination les idoles, tu commets des sacrilèges! Toi qui te fais une gloire de la loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la loi! Car le nom de Dieu est à cause de vous blasphémé parmi les païens, comme cela est écrit. »
Pour comprendre la virulence de ces attaques, il faut bien assimiler ce sur quoi se fonde l’autorité  des élites religieuses juives.
Cette autorité trouve son fondement dans la Torah, or il y a deux Torah, la Torah écrite et la Torah orale.
La Torah orale désigne une doctrine oralement transmise, concomitante à la Torah écrite, inséparable d’elle et existant depuis la révélation de celle-ci sur l’Horeb.
Le pharisianisme, auquel succède, après la seconde destruction du temple en 70, le judaïsme rabbinique, se distinguait par son insistance à proclamer sa mission : transmettre la tradition orale.
La tradition orale se veut fidèle à la révélation faites à Moïse au Sinaï, au point d’exiger du répétiteur qu’il transmette l’enseignement suivant les termes mêmes qui lui ont été transmis, chaque génération ajoute des éléments à ce message oral.
Ces éléments sont les interprétations de la loi et ses modalités d’application exprimées par les docteurs de la loi.
Dans  cette optique, la Torah est infinie de sens. Tous ces sens ont été transmis par Dieu à Moïse, seuls certains ont été transcrits par écrit, les autres ont été confiés à Moïse durant les 40 jours passés au sommet de  l’Horeb, ils ont été transmis à Josué puis de génération en génération aux hakhamim (les sages)  qui énoncent la signification et l’étendue des principes et lois contenues dans la Torah.
Ainsi la Torah est comprise et appliquée différemment au fil du temps en fonction des modifications sociétales et des interprétations des docteurs.
Les sages lorsqu’ils transmettent la Torah orale, pour ne pas rompre l’enchaînement sacré des transmissions, se réfèrent aux maîtres précédents dont ils adaptent les enseignements au temps présent.
L’autorité des docteurs est ainsi liée à la révélation faite à Moïse.
Il est en conséquence tout à fait légitime que les scribes et les prêtres demandent à Jésus d’une part de qui il détient l’autorité et d’autre part à quels maîtres il se réfère pour parler comme  un docteur de la loi.
Jésus rassemble les foules de par son autorité naturelle et son savoir.
Toutefois quand il parle il ne se réfère jamais à la tradition et aux maîtres, il ne se situe pas dans la lignée des sages dont l’autorité résulte directement de la révélation faite à Moïse au Sinaï.
Alors de qui tire t’il son autorité ?
S’il répond qu’il la tire directement de Dieu, il commet un blasphème aux yeux du Sanhédrin,  car pour les docteurs, la loi a été dans sa totalité et une fois pour toutes transmise à Moïse.
S’il ne veut pas citer les maîtres rabbiniques  dont il s’inspire, il ne peut être qualifié de docteur.
Jésus se tire de ce péril par la ruse, mais il est piégé car il défie frontalement  les pouvoirs sacrés des prêtres, scribes, sages et anciens.
L’autorité de Jésus comme le dit Tillich « n’est  pas l’image consacrée d’un homme qui gouvernerait en dictateur : il a l’autorité de l’homme mort sur la croix »
Autrement dit, il a l’autorité dont chaque homme dispose, qu’il soit pendu au bois ou roi.
Chaque homme est un être unique aux yeux d’un Dieu qui le nomme  et par là même lui donne sa dignité, mais aussi une part de son énergie vitale en tant que créateur.
Jésus vient pour nous persuader de poursuivre dans sa voie, la recherche acharnée de la vérité hors des doctrines éculées et ce  dans la liberté des enfants de Dieu.
Comme Paul nous pouvons dire, tout m’est permis mais tout ne me convient pas.
Ce qui fait l’autorité, Jésus le dévoile aux envoyés de St Jean Baptiste
 (Luc 7 versets 18 à 30) “ Jean Baptiste nous a envoyés vers toi, pour dire: Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? A l’heure même, Jésus guérit plusieurs personnes de maladies, d’infirmités, et d’esprits malins, et il rendit la vue à plusieurs aveugles. Et il leur répondit: Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres »
Voilà la clef, Jésus met au dessus de tout, l’individu qu’il veut rendre capable de collaborer  aux projets de Dieu. Peu lui importent les démonstrations de puissance des prêtres et des scribes. Ils se sont assis dans la chaire de Moïse (Matthieu 23 :1 à 15), autrement dit- ils régissent la Thora sans respecte ce qu’ils prescrivent.
C’est ce que Jésus relève quand il prévient les disciples : « N’agissez pas selon leurs œuvres car ils disent et ne font pas. Toutes les œuvres ils les font pour être vus des gens ! Et Jésus poursuit en se dévoilant Ne vous faites pas appeler Docteur car un seul est votre docteur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».
Ainsi Moïse n’est-il plus la référence unique, Jésus dans sa faiblesse de serviteur est dorénavant le seul docteur.
Ce qui importe ce sont les efforts que nous déployons pour accompagner les autres dans leur cheminement avec Christ. L’homme se révèle à soi même en recherchant à rencontrer et secourir ceux qui peinent.
Le commandement le plus grand énoncé par Jésus est «  tu aimeras le seigneur ton Dieu…tu aimeras ton prochain comme toi-même »
Nous avons ainsi les clefs et les raisons du choc entre les autorités religieuses juives et Jésus.
La qualité du cheminement de Jésus, sa capacité relationnelle justifient son autorité. Jésus est capable de compassion, il relève les êtres résignés à n’être plus rien, sans avenir, sans projet tout comme aussi les puissants, ceux là même qui l’ont pendu au bois. A tous il fournit l’étincelle d’énergie qui ressuscite et fait d’eux  des born again pour peu qu’ils l’acceptent.
C’est ce qu’exprime Paul en Romain 10 verset 4
« Le Christ est la fin de la loi, pour que la justice soit à quiconque croit. »
Ne croyez pas que j’ai oublié la première partie de l’exposé.
Oui notre monde est en péril, oui les problèmes doivent être résolus dans la plus grande unanimité, oui notre vieille bible a quelque chose à dire, elle nous mobilise afin que nous portions le message évangélique aux hommes déboussolés.
Ceux-ci fédérés avec les adeptes des autres religions de paix seront alors en mesure de relever les défis du 21 me siècle.
Un homme est venu, il a mis à mal des dogmes et des lois interprétés par des docteurs issus  de castes dominantes, de telle sorte que leur prééminence soit assurée.
Jésus nous rappelle que l’homme a été créé libre. Cette liberté conduit parfois à des erreurs. Ces erreurs sont regrettable mais peuvent toujours être surpassées.
Car, ainsi que le dit Paul en Rom 5-20
 « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé »
Avec les chrétiens du passé et d’aujourd’hui et tous les hommes qui espèrent et qui cherchent, nous clamons : courage car il ressuscite sans cesse en nous.
Tous unis dans la fraternité des enfants de Dieu nous sommes rendus capables par Christ de renverser les esclavages de toutes sortes, les comportements racistes , les inégalités aliénantes et les coupures sociales qui gangrènent nos rapports inter humains  et retardent les nécessaires décisions engageant l’avenir.
Sans relâche menons le beau combat, la plus belle aventure qui soit, celle de la foi.