mardi 20 octobre 2015

Donné à Aubagne le 18 Octobre 2015
Jésus et Satan

Au cours de vos lectures du nouveau testament vous vous êtes
certainement interrogé sur la signification des récits présentant les
fréquentes manifestations d’esprits mauvais inféodés à Satan, le prince
de ce monde.
Jésus lorsqu’il guérit intervient en chassant les esprits impurs ayant
investi les individus.
En m’appuyant sur des textes choisis dans l’évangile de Marc, je vais
tenter de clarifier quelque peu le sens de ces possessions et des actions
de Jésus pour les vaincre.
Gardons à l’esprit le récit symbolique de la Genèse contant la relation
entre le serpent et l’homme. Leurs sorts sont liés, l’un mord le talon
de l’homme, l’autre écrase la tête du serpent. Leur haine réciproque
empoisonne leur relation.
Le Satan est ainsi installé dans le coeur de chaque homme profitant de
toutes les occasions pour le soumettre à sa loi.
Jésus est celui qui ouvre la possibilité de rompre l’emprise infernale de
Satan.
Lors de son baptême l’esprit descendit sur Jésus comme une colombe
et lui permit de résister pendant 40 jours aux séductions du malin. La
malédiction fut alors rompue définitivement, ce qu’indique ce fameux
nombre quarante qui est le temps nécessaire pour garantir l’absence
de maladies contagieuses, lorsque le patient s’avère être en bonne
santé au terme de l’isolement.
En ce sens, Jésus, en se révélant intact au terme de 40 jours de
tentation, est l’homme qui libère l’humanité de sa dépendance au
Satan. Jésus n’a en quelque sorte plus l’infection diabolique !
Tout cela ressemble fort à un conte et pourtant très vite Jésus va faire
preuve de ses pouvoirs nouvellement acquis.
Au début de sa mission, dans la synagogue de Capharnaüm, alors qu’il
enseignait, « un homme possédé d’un esprit impur, s’écria.
Pourquoi te mêles –tu de nos affaires, Jésus de Nazareth ? Es-tu
venu pour notre perte ? Je sais bien qui tu es : le Saint de Dieu !
Jésus le rabroua en disant : Tais-toi et sors de cet homme.
L’esprit impur sortit de lui en le secouant violemment et en
poussant un grand cri »
Cette citation tirée de l’évangile de Marc au chapitre 1 inaugure une
série de guérisons de ce type.
Nous ne pouvons éluder cette évidence, ces guérisons relatées de la
même manière par les 3 évangélistes synoptiques ont une signification
profonde.
Je voudrais à ce stade vous faire remarquer que l’homme est certes
libre, mais cette liberté est toute relative. Nous sommes construits
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comme tous les êtres vivants qui peuplent ce monde et une part de nos
comportements est dictée, comme pour eux, par nos réactions
instinctives. Il nous est toutefois possible à la différence des autres
êtres vivants d’y échapper partiellement en développant le recours à la
raison.
Nous savons comment cela est dur de se maîtriser, de raison garder. Il
n’est qu’à contempler les égarements des individus confrontés à des
choix portant sur des menaces réelles ou inventées concernant les
groupes humains aux quels ils appartiennent, famille, patrie, religions,
communautés humaines professionnelles ou sociales.
Le spectacle offert chaque jour par la montée des intégrismes et des
horreurs impensables auxquelles conduisent les déchainements de la
haine est malheureusement éclairant sur ce point.
Comment Jésus va-t-il libérer l’homme de ces conditionnements, lisons
ensemble l’explication que fournit Jésus de la parabole du semeur
« Le semeur sème la parole. Ceux qui sont le long du chemin ce
sont ceux en qui la parole est semée, mais à peine l’ont-ils
entendu que le Satan vient enlever la parole qui a été semée en
eux. Quant à ceux qui ont été ensemencés dans les endroits
pierreux, ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent la parole la
reçoivent aussitôt avec joie, mais ils n’ont pas de racine en eux
même ; ils ne tiennent qu’un temps ; sitôt que survient la
détresse ou la persécution à cause de la parole, c’est pour eux
une cause de chute. D’autres ont été ensemencés parmi les
épines ; ce sont ceux qui entendent la parole, mais les
inquiétudes du monde, l’attrait trompeur des richesses et
l’intrusion des autres désirs étouffent la parole, et elle devient
stérile. D’autres ont été ensemencées dans la bonne terre ; ce
sont ceux qui entendent la parole, l’accueillent et portent du
fruit : l’un trente, un autre soixante, un autre cent »
Ainsi la parole est la graine que Jésus utilise pour gagner à lui les
hommes.
En résumé, nous sommes conditionnés et des réponses irréfléchies
nous sont proposées automatiquement lorsque certains événements se
produisent.
Jésus nous propose d’échapper à ces pulsions lorsqu’elles nous
avilissent. Nous disposons pour ce faire de sa parole transcrite par les 4
évangélistes.
Malheureusement la mise en forme pratiquée par ceux-ci 50 ans après
la mort de Jésus n’est pas totalement fiable. Aux théologiens de nous
guider pour saisir l’intention véritable de Jésus.
Je me suis inspiré de l’un d’entre eux, le pasteur Suisse Marc Rossier,
que j’ai trouvé fort pertinente pour poursuivre cette prédication.
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J’aimerai lire puis commenter un passage souvent escamoté par les
lecteurs tant il semble obscur.
Marc 3 20 à 27
Puis il revient à la maison, et la foule se rassemble encore : ils
ne pouvaient même pas manger.
A cette nouvelle, les gens de sa parenté sortirent pour se saisir
de lui, car ils disaient : il a perdu la raison.
Les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : il a
Belzébul ; c’est par le prince des démons qu’il chasse les
démons !
Il les appela et se mit à leur dire, en paraboles : comment Satan
peut-il chasser Satan ? Si un royaume est divisé contre luimême,
ce royaume ne peut tenir ; et si une maison est divisée
contre elle-même, cette maison ne peut tenir. Si donc le Satan
se dresse contre lui-même, il est divisé et ne peut tenir ; c’en
est fini de lui. Personne ne peut entrer dans la maison d’un
homme fort et piller ses biens sans avoir d’abord lié cet homme
fort ; alors seulement il pillera sa maison.
Le terme Belzébul signifie « le maître de la maison ». Or la maison est
le lieu de rassemblement de la famille groupée autour de son chef.
Jésus revient à sa maison qu’il situe là à Capharnaüm.
Or les gens de sa famille de sang contestent ce fait, Jésus disent-ils
perd la raison en quittant sa vraie maison, celle de Nazareth.
Tout ce passage tourne autour de la maison et de la famille. Les scribes
venus tout exprès de Jérusalem disent clairement que Jésus appartient
à la famille satanique. Jésus se moque de cette opinion en disant qu’il
ne peut chasser des démons s’il est lui-même un démon.
Jésus signifie clairement qu’il ne peut y avoir de lutte intestine dans un
royaume, c’est pourquoi le combat que nous constatons tout au long
des évangiles entre Jésus et les démons n’est pas issu d’une division
interne mais bien d’une lutte engagée entre deux royaumes bien
distincts.
Jésus poursuit son discours en racontant l’histoire de l’homme fort.
Qui est-il cet homme fort? C’est Satan le prince des démons
confortablement installé dans sa maison.
Et cette maison c’est le monde où règne Belzébul. Ce que l’évangéliste
Jean confirme quand il qualifie Satan de « prince de ce monde »
Voilà comment Jésus présente sa vision du monde.
Lui-même est dans une petite Maison entouré d’une petite foule de
curieux, au coeur du monde, au coeur d’une immense maison fortifiée
dominée par l’homme fort.
A la question de Jésus « qui peut entrer dans la maison d’un homme
fort et piller ses biens ? La réponse est : moi Jésus, je peux entrer dans
cette maison de Satan et j’ai commencé à piller ses biens !
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Or ce sont justement les guérisons réalisées par Jésus qui le montrent
à tous.
Voilà un étonnant retournement de situation. Alors que Satan est
présenté en général comme le prédateur, le loup qui entre dans la
bergerie, ici, c’et l’inverse, Jésus surgit dans la maison de Satan et le
pille.
Et comment Jésus peut-il faire cela : il nous le révèle ici : il ne pourrait
pas arracher les hommes à la gueule des démons, s’il n’avait pas ligoté
auparavant l’homme fort. C’est dire, qu’avant même cette lutte contre
les démons il ya une victoire remportée sur Satan, celle au désert où la
lutte dura 40 jours !
Satan étant ainsi enchainé, Jésus peut chasser les démons et dérober
les biens de Lucifer.
Et ces biens ce sont évidemment les hommes et les femmes esclaves
du péché.
Esclaves dans le monde, esclaves de la maison de Satan comme étaient
esclaves les Hébreux dans la grande Egypte des pharaons.
L’objet du vol c’est toi et moi.
Celles et ceux qui font partie de la famille de Jésus, ce sont ceux qui
sont là et qui écoutent, contrairement à ceux appartenant à la famille
de sang de Jésus qui n’ont pas entendu son message et l’estiment fou.
C’est par sa parole que Jésus libère. Pour être libéré il faut d’abord
écouter.
Alors la parole de Dieu surgit en ce monde, comme celle de Moïse au
désert. Elle nous conduit au combat. Il n’est alors pas étonnant que les
démons connaissent l’identité de Jésus.
Ils n’ont pas besoin d’un dessin pour reconnaître en lui leur adversaire.
Cette histoire ressemble aux récits mythologiques antiques. Certains
n’iront pas plus loin, un conte de plus sans importance.
Pourtant cette histoire fournit des indications sur notre identité et sur
ce que Jésus nous propose.
Jésus n’est pas un simple compagnon de route, Jésus est un soldat qui
lutte avec les armes de l’amour, contre l’armée des égoïsmes, du
mépris, du désespoir et de la peur : dont nous sommes les esclaves.
Nous ne sommes pas des êtres qu’il faut laver de leurs fautes, nous
sommes des êtres qu’il faut arracher de la maison de servitude où ils
sont enfermés.
Le monde est une beauté en esclavage.
Ma famille c’est d’abord l’humanité mutilée, humiliée qui attend d’être
libéré des tentations de puissance par les forces d’amour sortant de la
bouche de Jésus. La puissance de la parole de Jésus n’est pas
émoussée par le temps qui passe.
N’oublions pas cet homme fort confortablement installé pour
contempler des esclaves recherchant l’avoir en oubliant l’être.
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N’oublions pas ce voleur venant inlassablement tirer les hommes de
leur servitude par la parole.
N’oublions pas de maîtriser ces forces instinctives qui nous sauvent
souvent mais conduisent parfois à écraser les autres, ceux qui diffèrent
et n’appartiennent pas à nos cercles d’identité, ceux qui font peur car
ils mettent en péril le fragile équilibre de nos identités.
Laissons-nous habiter par ta parole chassant comme un flot puissant ce
qui relève des tentations des forces sataniques.
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