jeudi 26 mai 2016

résister donné à Aubagne le 22/05/2016

J'ai le 10 Avril prononcé une prédication présentant ce qui à mes yeux est la vision de Jésus concernant la libération qu'il impulse.
Plusieurs points furent mis en évidence.
Avant de présenter la prédication sur la résistance, il me semble nécessaire de rappeler succinctement les conclusions auxquelles j'étais arrivé concernant la libération proposée par Dieu.
En effet nous sommes libérés pour agir et la résistance est évidemment une action consécutive à cette libération de l'esclavage.

La libération des hommes est un acte de restauration, la sortie de l'esclavage ouvre la possibilité d'accéder à une vie responsable.

A partir de l'étude de l'épisode portant sur la construction par les hommes de la tour de Babel, la conclusion tirée était la suivante :
le projet de Dieu est de rendre libres les hommes et de les différencier ainsi des insectes sociaux qui représentent une espèce de perfection qui ne nous est pas destinée .
Le projet, auquel Dieu associe tous les hommes en les libérant de l'esclavage, est de faire en sorte que notre vie, conduite par notre propre volonté, soit un tremplin vers un royaume, havre de paix et d'amour. Ce royaume est potentiellement en nous

Une part des entraves au changement radical proposé par Jésus prennent leur source en notre sein.
Le salut voulu par Dieu est un acte de création qui nous libère progressivement.

Jésus nous libère de l'esclavage d'une loi pour nous faire tomber dans l'esclavage de l'amour du prochain.

Aimer c'est lutter contre la séparation.
L'exclusion est l'opposé de l'amour.

Les hommes libres aidés par leur conscience sont décideurs de ce qui est utile à leur épanouissement.

La bénédiction reprenait toutes ces conclusions
Libérés par la grâce, vivez la liberté des enfants qui apprennent le monde avec des yeux neufs. N'ayez aucune crainte, je suis ce qui en vous est éternel.

Quand nous évoquons la résistance, bien évidemment, nous avons envie de poser les questions suivantes;
résister à quoi, à qui et comment.
Afin de fournir des matériaux pour combler notre attente, je vais lire des textes bien connus suivis d'une courte conclusion.

De façon obligatoire il faut lire le texte portant sur la tentation de Jésus au désert dans Luc 4 versets 1 à 13.
1 ¶ Jésus, rempli du Saint-Esprit, revint du Jourdain, et il fut conduit par l’Esprit dans le désert,
2 où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, après qu’ils furent écoulés, il eut faim.
3 Le diable lui dit: Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu’elle devienne du pain.
4 Jésus lui répondit: Il est écrit: L’Homme ne vivra pas de pain seulement.
5 Le diable, l’ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre,
6 et lui dit: Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux.
7 Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi.
8 Jésus lui répondit: Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
9 Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple, et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas;
10 4-9 car il est écrit: 4-10 Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, Afin qu’ils te gardent;
11 et: Ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
12 Jésus lui répondit: Il est dit: Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.
13 Après l’avoir tenté de toutes ces manières, le diable s’éloigna de lui jusqu’à un moment favorable.

Ce texte figure à l'identique dans les évangiles de Matthieu et Luc . Dans Marc il est réduit au strict minimum, puisqu'il y est simplement dit que Jésus fut tenté au désert.
Il est probable que Marc a objectivement raison, car il est impossible qu'il y ait eu un témoin des dialogues de Jésus et du diable. Il n'en reste pas moins que les deux évangélistes détaillant ces discours cherchaient sans doute à reproduire un témoignage de Jésus lui même lors de son enseignement .
Malgré un jeûne de 40 jours qui a aiguisé sa faim, il refuse trois tentations typiquement terrestres :nourrir son corps , régner sur le monde quitte à perdre sa liberté , faire étalage de pouvoirs extraordinaires prouvant sa puissance.
A cela Jésus répond par des arguments spirituels, se nourrir d'abord de nourritures spirituelles, faire allégeance à Dieu seul et les pouvoirs extraordinaires relèvent de Dieu seul.
Ainsi Jésus résiste à ces trois tentations en plaçant ses aspirations à un autre niveau que celui présenté par le tentateur.
Comme nous avons choisi de suivre Jésus, nous avons comme programme de résister aux priorités liées à nos besoins naturels de vie en société. Il nous faut en effet s'alimenter, revendiquer une position enviable dans la société et étaler ce que nos dons propres peuvent nous permettre d'accomplir afin de nous glorifier.
Tout cela n'est pas prioritaire pour nous chrétiens car nous aspirons à construire ce royaume tant promis où les relations humaines seront saines et joyeuses à la lumière de l'amour et de la paix retrouvée.
Il va de soi que le chrétien se doit de cultiver sa spiritualité par l'étude, la confrontation des opinions et la vie en église.
C'est seulement ainsi qu'il est possible de résister efficacement aux soubresauts de Lucifer qui ne désarme jamais. Il quitte ainsi Jésus en se promettant de rechercher un moment favorable pour le séduire.
Afin de renforcer ces quelques allégation je vous propose de lire un texte du prophète Michée écrit au cours de la seconde moitié du 8me siècle AJC
6 ¶ Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel, Pour m’humilier devant le Dieu Très-Haut? Me présenterai-je avec des holocaustes, Avec des veaux d’un an?
7 L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, Des myriades de torrents d’huile? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles? -
8 On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; Et ce que l’Eternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu.
Voilà un programme un peu en retrait de celui prêché par Jésus, mais si depuis presque 3000 ans, il avait été suivi par les hommes nous n'en serions pas à nous massacrer et à craindre pour la survie de l'espèce humaine rendue problématique du fait nos excès.

Poursuivons notre quête en nous remémorant la parabole des mines (Matthieu 19) . Un riche personnage qui n'est autre qu'Archelaus roi de Judée, part pour se faire adouber par Auguste à Rome. C'est un homme violent et avide de pouvoir.
Il confie à 10 de ses esclaves des sommes d'argent conséquentes afin dit-il de les faire fructifier en son absence.
Les premiers 9 esclaves obtiennent de fortes plus values et sont récompensés, alors que le dixième se contente de rendre la somme qui lui a été confiée sans plus value, estimant que les prêts à intérêt étaient interdits par la Thora et que son maître prenait ce qu'il n'avait pas semé. Cet esclave signait ainsi son arrêt de mort, comme tous les opposants dont il est dit dans le texte que le maître les fit égorger devant lui.
Curieusement la majorité des commentateurs estime que les esclaves productifs sont les exemples à suivre, ils font prospérer leurs dons , en effet, mais au mépris de la morale cependant !
Ne se rendent- ils pas compte que le mauvais esclave c'est Jésus qui résiste à la violence et l'iniquité au mépris de sa vie ?
Ce que nous demande Jésus c'est de résister, à son exemple, en le suivant même au péril de sa vie.
Résister cesse alors de recouvrir des comportements mous.
Nous nous trouvons avec les célèbres personnalités que sont Albert Schweitzer défenseur de la vie, Martin Luther King apôtre de la non violence active, Jean Moulin chef des combattants de l'ombre, Dietrich Bonhofer le pasteur Allemand exécuté en 1945, tous les justes protestants des zones d'accueil des enfants juifs traqués, principalement au Chambon sur Lignon ou à Dieulefit, sans oublier les soignants des ONG sur les zones en guerre , et j'en oublie bien sûr .
Je vous invite à écouter le texte de Paul en Romain 12 qui complète bien les considérations précédentes.
1 ¶ Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable.
2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
3 Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun.
4 Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction,
5 ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres.
6 Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi;
7 que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement,
8 et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le fasse avec libéralité; que celui qui préside le fasse avec zèle; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie.
9 Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur; attachez-vous fortement au bien.
10 Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres; par honneur, usez de prévenances réciproques.
11 Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur.
12 Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière.
13 Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l’hospitalité.
14 Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. »

Nous protestants sommes moins facilement aidés que nos frères catholiques, puisque nous ne nous soumettons pas à des dogmes édictés par les autorités ecclésiastiques balisant la manière de vivre. Sans cesse il nous faut faire appel à notre intelligence pour discerner ce qui est utile au développement du projet de Dieu présenté par Christ. C’est pourquoi résister est d'abord une attitude permanente de chaque individu, revenant à chercher à être juste dans les actions menées, aussi petite soient-elles et ce sans paresse ni faiblesse.
Bien sûr l'église toujours réformée nous soutient pour constituer le corps de Christ dont parle Paul. cette attitude de décider seul de sa vie nourrit la qualité de ce que peut entreprendre notre église disposant ainsi, pour ce faire, de toute la diversité humaine voulue par Dieu.
Le protestant peut ainsi, malgré l'isolement, résister à toutes les oppressions tout en s'appuyant sur le réseau des frères et sœurs.
Résister prend ainsi une dimension singulière : déterminer son chemin de vie seul avec Dieu et agir , si possible, en symbiose avec les autres volontés humaines partageant des objectifs communs .

Pour finir je vous propose d'écouter ce que disait Martin Luther King la veille de son assassinat en Avril 1968
« Il ne s'agit plus de choisir entre la violence et la non violence en ce monde ,mais entre la non-violence et la non -existence ».

« Il faut se dépêcher de passer d'une société tournée vers les choses à une société tournée vers les gens. Lorsque la machine et les ordinateurs, les bénéfices et les droits de propriété prennent plus d'importance que les êtres humains, on ne peut contenir les triples démons que sont ; le racisme, le matérialisme et le militarisme. »

Résister à notre époque s'applique à tant d'orientations dévoyées par ceux là même qui sont en charge de la communauté, tant de tentations habilement présentées, tant d'abus d'autorité et tant de perversion des organes de communication que nos pouvoirs sont apparemment trop faibles pour redresser les situations.
Et pourtant, certains dont beaucoup de personnalités religieuses, et c'est pourquoi j'ai cité Martin Luther King, osent dénoncer les œuvres maléfiques dans les sociétés humaines.
Mais réjouissons nous en espérance car là où le mal abonde , la grâce surabonde.


samedi 30 avril 2016

prédication sur liberté Mars 2016

L'année 2017, commémorera l'affichage par Luther en 1517 de 95 thèses au
porche de l'église de Wittenberg.
Ce moine Augustinien proposa, il y a 500 ans de cela, une vision nouvelle, renversante
, de la relation avec Dieu et du rôle de l'église .
Ce geste est considéré comme l'acte de naissance de la Réforme protestante.
Ce changement a profondément modifié notre culture et engendré la Renaissance
et son cortège de changements fondamentaux aboutissant in fine à la
démocratie. Grâce aux réformateurs, le christianisme , tout au moins protestant
a été purgé de nombre de ses principales dérives.
En 2017 l'EPUF présentera un certain nombre de thèses pour notre époque,
elle demande aux paroisses, pour ce faire, des propositions.
Aubagne envisage de réfléchir sur le thème « liberté et résistance ».
Les prédicateurs laïcs ont été chargés de présenter des appuis permettant
d'alimenter les réflexions.
Je vous présente pour ce faire une liturgie respectant l'ordre classique .
Cette liturgie est constituée par des lectures bibliques commentées afin que
vous puissiez mieux peser l'importance essentielle des terme liberté et libération
dans notre religion.
Je vous invite à prier.
Merci O Dieu pour le sens que tu donnes à nos vies.
Jésus en ton nom nous invite à changer nos désirs pour atteindre la cible que
tu nous révèles. Il nous faut changer radicalement en privilégiant l'essentiel,
notre relation avec toi. Nous savons maintenant que ni la mort ni le mal n'obtiennent
la victoire. Car tu nous a libéré de notre asservissement pour suivre
les chemins où Jésus nous précède.
Chant psaume 36 st 1
Notre péché : quel est-il ? Dieu nous en libère t'il?
Quand nous recherchons l'emploi du terme liberté dans la bible il apparaît que
c'est dans le premier testament qu'il est massivement utilisé, il l'est moins
dans le nouveau testament. Il conserve toutefois le même sens , à savoir l'affranchissement
des esclaves devenant ainsi hommes libres. Le statut d'esclave
était en effet terrifiant puisque les hommes soumis à ce régime étaient privés
de toute autonomie, ils n'existaient pas en tant que personnes, en fait ils
étaient des meubles que l'on vendait, punissait, maltraitait sans remord.Passer
du statut d'esclave à celui d'affranchi avait une signification profonde.
Ne jamais oublier cela quand est évoqué la libération des hommes en ces
temps lointains, c'est un acte de restauration , l'homme libéré peut enfin accéder
à une vie personnelle et responsable. Paul s'exclame (Colossiens 3:11)
« Il n’y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni
Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous. »
Ensemble écoutons dans le livre de la Genèse, au chapitre 11 les versets 1 à 9
« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots.
2 Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au
pays de Schinear, et ils y habitèrent.
3 Ils se dirent l’un à l’autre: Allons! faisons des briques, et cuisons-les
au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment.
4 Ils dirent encore: Allons! bâtissons-nous une ville et une tour dont le
sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne
soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
5 ¶ L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les
fils des hommes.
6 Et l’Eternel dit: Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une
même langue, et c’est...... là ce qu’ils ont entrepris; maintenant rien ne
les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté.
7 Allons! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent
plus la langue, les uns des autres.
8 Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre; et ils
cessèrent de bâtir la ville.
9 C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Eternel
confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Eternel les
dispersa sur la face de toute la terre »
Les habitants de la terre sont devenus identiques d'une part et ,
d'autre part ils travaillent pour un objectif commun : dresser une tour pour atteindre
le ciel, autrement dit ils se façonnent une idole un Dieu qui leur
convient.
La société est parfaitement réglée, un Dieu unique, des hommes identiques
occupés dans des grands travaux donc en paix.
Bien sûr il y a là un rêve proprement humain tout à fait d'actualité , tous parler
Anglais, tous appartenir à un gouvernement mondial gage de paix et honorer
la déesse science qui régit tous les comportements.
Avant de m'avancer plus loin je vais vous conter l'histoire des fourmis argentines.
Il était une fois une reine fourmi vivant en Argentine où ces fourmis prospéraient
sans dominer particulièrement les autres espèces.
Quand les fourmilières argentines devenaient trop nombreuses des querelles
entre elles en réduisaient le nombre.
Mais, voilà qu'un savant espagnol enferma une reine et quelques unes de ses
filles dans un bocal qui à son retour , par mégarde, s'ouvrit.
Désastre ! Les fourmis Argentines se développèrent tellement qu'elles envahirent
tout le sud de l'Europe en une progression fulgurante avec l'extermination
de toutes les autres sortes de fourmis. Le front des combats se déroule
aujourd'hui chez nous.
Les fourmis argentines d'une même fourmilière ont toutes le même génome, et
elles disposent d'un sens leur permettant de détecter les phéromones des
autres fourmis. Toute étrangère est exterminée si elle émet une phéromone
autre que celle des populations de leur fourmilière.
Or toutes les fourmis argentines issues en Europe de la même mère ne se reconnaissent
jamais comme ennemies puisqu'elles diffusent exactement les
mêmes phéromones .
Elles peuvent alors envahir sans retenue puisqu’en quelque sorte leurs populations
constituent une fourmilière unique qui peut mobiliser en cas de combat
des troupes abondantes issues de toutes les fourmilières argentines installées
en Europe.
Ces fourmilières Argentines ressemblent de très prés à la ville que les habitants
de Babel se sont construits. Comme les phéromones pour les fourmis les
hommes disposent de la langue commune au groupe qui leur permet de repérer
l'étranger dont la langue diffère de la leur.
Comme pour nos fourmis l'homme est construit de telle sorte qu'il soit en mesure
de défendre son groupe. Si sa raison ne jugule pas ses pulsions il se débarrassera
de l'intrus.
Comme les fourmis, bientôt les hommes fabriqueront des bébés clonés nés en
bocal. Ils auront une culture commune, celle diffusée à longueur de temps par
leurs médias.
Mais à cela notre Dieu met bon ordre, il disperse les hommes et les libère de la
mise en esclavage en cours à Babel mais aussi du rêve enfantin d'un monde
en paix obtenu au prix de la privation de la liberté de penser et de se comporter
selon leurs aspirations.
Comme nous l'avons vu nous disposons de sens qui automatiquement nous
avertissent de la présence d'un étranger.
Dans la logique du combat pour la vie nous devrions nous débarrasser de celui
ci car il est potentiellement porteur de pensées autres que celles régnant dans
le groupe .
Dieu libère de cette fatalité en faisant de chacun un super être pensant, unique
en son genre qui par sa raison peut juguler ses penchants ataviques.
Le projet de Dieu est ainsi, de rendre libres les hommes et de les différencier
ainsi des insectes sociaux qui représentent une espèce de perfection qui ne
nous est pas destinée . Les hommes sont coauteurs avec Dieu de leur destinée
Chant 45-01 st 1
Annonce de la grâce
Dans quelle mesure tenons nous en main les commandes de notre propre vie ,
une bonne partie des entraves étant probablement en nous même ?
Le salut de Dieu est un acte de création qui nous libère progressivement.
La possibilité d'avoir la foi est un don de Dieu, une grâce .
La foi elle, est un choix de la personne individuelle . C'est le sens même des
appels à se tourner vers Dieu que l'on trouve partout dans l'ancien testament
et à chaque pas dans les évangiles.
Dieu peut aimer l'être humain malgré lui, cela est en soi une garantie de vie.
Mais c'est dans la mesure où nous nous confions dans les mains de Dieu qu'il
peut nous donner ce qui nous transcende en modifiant notre regard sur le
monde.
Chant 42-02 st 1 et 3
La volonté de Dieu est illustrée par le discours de l'apôtre Paul en Galates chapitre
5 versets 1 à 6 écrit :
¶ « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc
fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de l'esclavage.
2 Voici, moi Paul, je vous dis que, si vous vous faites circoncire, Christ
ne vous servira de rien.
3 Et je proteste encore une fois à tout homme qui se fait circoncire,
qu’il est tenu de pratiquer la loi tout entière.
4 Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification
dans la loi; vous êtes déchus de la grâce.
5 Pour nous, c’est de la foi que nous attendons, par l’Esprit, l’espérance
de la justice.
6 Car, en Jésus-Christ, ni la circoncision ni l’incirconcision n’a de valeur,
mais la foi qui est agissante par la charité. »
Paul S'adresse aux Galates qui veulent savoir s'ils doivent être circoncis pour
devenir Chrétien . En effet les Galates sont des Celtes descendants de Gaulois
ayant envahi l'Anatolie au 3me siècle AJC, ils n'ont absolument pas la même
culture que les Juifs. Paul réalise qu'il n'y a aucune raison de leur imposer une
loi étrangère qui comprend chez les juifs bien plus que la Torah. Toutes les réglementations
tatillonnes ajoutées par le clergé juif appartiennent au corpus de
la loi et aux coutumes Juives. Ne croyez pas que Paul soit un anarchiste, en 1
Corinthiens 6:12, il écrit
« Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais
je ne me laisserai asservir par rien. »
La loi est nécessaire et garantit la liberté en régime démocratique. Voltaire
écrit ainsi « la liberté consiste à ne dépendre que des lois »
La liberté offerte par Jésus n'est pas du même ordre que la liberté garantie par
l'Etat. C'est ce qu'explique Paul en Galate au verset 14 du chapitre 5 ;
« La loi toute entière trouve son accomplissement dans cette unique
parole : tu aimeras ton prochain comme toi même » La seule liberté est
donc dans cet amour, ce que Luther exprime ainsi :
« Le chrétien est l'homme le plus libre, maître de toutes choses, il
n'est assujetti à personne. L'homme chrétien est en toutes choses le
plus serviable des serviteurs , il est assujetti à tous »
Nous comprenons donc que Jésus nous libère de l'esclavage d'une loi pour
nous faire tomber dans l'esclavage de l'amour du prochain. Mais au moins est
ce un esclavage librement consenti qui nous rapproche de la vraie vie et dont
nous comprenons l'utilité.
Luther traduit tout celà par cette phrase
« Le chrétien est élevé au dessus de lui même, en Dieu, là est la foi. Le
chrétien est abaissé en dessous de lui même en son prochain ; là est
l'amour »
Avec Paul nous pouvons dire : « C'est pour que nous soyons réellement
libres que Christ nous a libérés »
Chant 36-04 st 1
A ce stade se pose la question suivante : comment Jésus libère t'il ?
Je vous propose de lire le texte suivant en Jean 8 1 à 11.
« Jésus se rendit à la montagne des oliviers. Mais, dès le matin, il
alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S’étant assis,
il les enseignait.
Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en
adultère; et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus: Maître,
cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la
loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu?
Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus,
s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient
à l’interroger, il se releva et leur dit: Que celui de vous qui est
sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant de nouveau
baissé, il écrivait sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par
leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu’aux
derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu.
Alors s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui
dit: Femme, où sont ceux qui t’accusaient? Personne ne t’a-t-il
condamnée? Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te
condamne pas non plus: va, et ne pèche plus. »
Le « va, et la phrase « désormais ne pèche plus » mis dans la bouche de Jésus
semblent condamner l’adultère et inviter à une conduite morale. Ce passage de
Jean est interprété généralement comme une parole sur le péché et le pardon :
l’adultère est un péché mais Jésus pardonne. C’est ainsi que les Églises l’ont
compris et l’ont souvent enseigné au cours des siècles. Ce n’est pourtant pas là
ce qui est remarquable. Il s’agit en fait, essentiellement, d’un acte et d’une parole
de libération de la part de Jésus. Jésus délivre la femme de ses accusateurs
et, une fois seul avec elle, il la délivre de sa propre auto-accusation, de
sa culpabilité en lui disant « Moi non plus, je ne te condamne pas : va. »
Jésus brise notre culpabilité et notre fascination devant une Loi qui divise les
êtres au lieu de les apaiser. Le Dieu de Jésus ne nous condamne pas, il veut
que nous vivions en plénitude.
La femme est libre d’aller, de vivre, parce que libérée du jugement d’autrui et
de son propre jugement accusateur. La femme est délivrée du tombeau dans
lequel on voulait l’enfermer.
Jésus a vraiment ressuscité la femme en la libérant de ses accusateurs et de
son auto-accusation.
Ce faisant, elle est libre pour une vie nouvelle.
Cette scène dite « de la femme adultère » est bien mal nommée, car mettre en
avant l’adultère de la femme, c’est prendre le point de vue de ses accusateurs
qui se prétendent les défenseurs zélés de la Loi et des bonnes moeurs.
En réalité, dans cette scène, l’accusé principal n’est pas la femme, mais Jésus
avec son message de libération et de miséricorde.
Par contre, sur cette femme, le texte ne nous dit rien et nous ne savons rien.
Elle est certes adultère au regard de la Loi, mais qui peut dire qu’elle a péché
contre l’amour ? En ne condamnant pas cette femme, Jésus conteste la Loi de
Moïse ou, du moins, le rôle mortifère qu’on lui fait jouer : elle écrase les humains
et exerce sur eux une violence meurtrière. Comment cette Loi peut-elle
être divine si elle ordonne de tuer les amants adultères à coups de pierres ?
En tirant un enseignement moral de cet épisode, on en détourne le sens profond.
Ce que Jésus veut faire comprendre à ses auditeurs, ce n’est pas qu’ils
ne doivent pas pécher – cela ils le savent déjà – mais qu’ils ne doivent pas accuser,
qu’ils ne doivent pas juger ni, à fortiori, condamner, mais devenir miséricordieux
comme leur Père des cieux. L’impératif absolu devient alors : « tu ne
jugeras pas », « tu ne condamneras pas ». Ces hommes, qui prétendent juger
et condamner, appartiennent au monde des ténèbres. Jésus ne les condamne
pourtant pas, il est venu, comme l'écrit l'apôtre Jean sauver ce qui était
perdu . Par sa Parole, il les libère également. Jésus les révèle, ils se sentent
aussi pêcheurs et concernés eux qui se présentaient comme des purs. C'est la
tête basse qu'ils s'en vont , les vieux sages en premier
L’enseignement de Jésus ne porte pas sur le péché d’adultère – ce serait banal
– mais sur celui, infiniment plus grave à ses yeux, de l’exclusion morale, du jugement
justifié par un usage pervers de la Loi.
Jésus ne prononce aucune parole de pardon et la femme, aucune parole de repentance.
Jésus lui dit seulement : « Je ne te condamne pas. » Cette parole
est la chute finale qui vient clore l’épisode qui trouve ainsi son unité. Le « désormais
ne pèche plus » est vraisemblablement une addition du rédacteur final
qui ne respecte pas le sens de l’enseignement de Jésus et n’a pu s’empêcher
de donner à Jésus un ton moralisateur. Il fallait que morale soit sauve !
L’exclusion par jugement et condamnation paraît bien être le péché que Jésus
combat, ici comme dans tant d’autres passages des évangiles. Condamner et
exclure une personne, c’est rompre définitivement toute relation avec elle,
c’est par là même se couper de Dieu : « Dieu, personne ne l’a jamais vu. Si
nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son
amour, en nous, est accompli. » (1 Jn 4,12)
Aimer, c’est lutter contre la séparation ; l’exclusion est l’opposé de l’amour.
Le péché suprême, le péché contre l’Esprit, contre lequel Jésus lui-même ne
peut rien, n’est-il pas de se croire maudit et coupé de Dieu ? Jésus ne dit-il pas
quelques versets plus loin : « Vous jugez de façon humaine. Moi, je ne
juge personne. » (Jn 8,15).
Après avoir libéré la femme de la violence des accusateurs, Jésus devient luimême
objet de jugement et d’exclusion violente car les pharisiens exaspérés «
ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter » (Jn 8,59).
Chant 61- 31
Exprimons notre foi avec un texte de Christine Prieto
Comme Dieu fit sortir les Hébreux du pays de l’esclavage,
je crois de même que Jésus-Christ nous fait sortir de nos enfermements.
Je crois qu’il nous apprend jour après jour à construire notre dignité humaine,
et à nous tenir debout devant le Père, dans la joie, la paix du coeur,
la confiance en son amour et en son soutien.
Je crois que Jésus nous fait découvrir qui est Dieu.
Un Dieu qui n’habite pas dans des maisons faites par la main des hommes.
C’est-à-dire un Dieu que nous ne pouvons pas enfermer dans des statues,
dans des temples, dans des dogmes, dans des préjugés.
Mais un Dieu qui habite les pierres vivantes que nous sommes.
Je crois que Jésus aime et appelle tous les humains sans distinction :
les femmes et les hommes,
les blancs, les noirs, les jaunes,
les pauvres et les riches,
les hétérosexuels, les homosexuels, les transsexuels,
les jeunes et les vieux… et toutes les autres différences qui existent.
Car tous sont enfants bien-aimés de Dieu.
Je crois que Dieu veut que nous construisions ensemble un monde de paix,
en partageant notre diversité et nos richesses.
Chant 62-79 les deux strophes.
Maintenant est le temps de l'intercession. Nombre de nos frères et soeurs de
nos deux paroisses sont frappés par la maladie. Nous pensons fort à eux et à
ceux qui les aident fidèlement.
Je souhaiterais que nous énoncions la prière qui rassemble tous les chrétiens
en les associant à nous par la pensée comme s'ils étaient là . Notre père ,,,,,
Notre ami théologien Raphaël Picon est décédé, terrible perte pour le protestantisme
libéral,
A quelques jours de sa mort il écrivit cet éditorial à l'attention de nous tous qui
sommes aussi mortels. Ce texte servira d'envoi .
Certaines images de Dieu nous plaisent plus que d’autres, celles qui
portent une idée de mouvement, de créativité, de transformation ;
celles qui invitent à croire en dieu comme oeuvrant à l’embellissement
du monde, à l’enrichissement des possibilités du réel, à l’attraction
vers un avenir meilleur.
Il y a des images de dieu, plus subtiles encore, que nous aimons pareillement
: celles liées à une certaine instabilité, à un affranchissement
de nos conforts, de nos statu quo, de nos inerties. Bien des raisons
justifient cette affection pour ce dieu associé à une puissance
créatrice : amour de la vie dans son dynamisme, passion pour un dieu
pensé comme un élan vital, force de résistance politique contre une
certaine dogmatisation de la pensée religieuse. Mais un monde tellement
vivifié par ce dieu du mouvement pourrait s’avérer inhabitable si
nous lui ôtions tous les bénéfices d’un dieu de la stabilité. Qu’est-ce
que dieu, en effet, sinon cette équation à chaque fois improbable
d’aventure et de paix, de mouvement et d’arrêt, de créativité et d’enracinement.
C’est bien au coeur de nos tourmentes, quand tout bascule,
que l’idée biblique du « rocher » retrouve son étincelante vérité
et les paroles du psalmiste leur délicieuse saveur. « Éternel, mon rocher,
ma forteresse, mon libérateur ! Mon dieu, mon rocher, où je
trouve un abri ! Mon bouclier, la force qui me sauve, ma haute
retraite ! » (Ps 18,2). Magnifique ! dieu est donc ce qui, en nous, peut
être « éternel ». Dieu est ce qui fait que nous pouvons être, c’est-àdire
avoir une valeur en soi, libérés de tous mouvements, de tous projets,
de toutes réalisations.
Ma « haute retraite » devient alors ce Dieu au-delà de l’animé et de
l’inanimé, au-delà même de ce qui fait d’une existence guidée par Dieu
une dynamique créatrice.
C’est à ce titre qu’on peut dire de Dieu qu’il est un absolu, et que cet
absolu est libération. Mais il faut avoir d’abord déconstruit l’image
même de la stabilité pour la sauver de son risque de fixité mortifère, et
pouvoir alors la retrouver.
Levez vous pour recevoir la bénédiction de la part de Dieu.
Libérés par la grâce, vivez la liberté des enfants qui apprennent le
monde avec des yeux neufs. N'ayez aucune crainte, je suis ce qui en
vous est éternel.
Chant 14-03 st 1 à 8