samedi 30 avril 2016

prédication sur liberté Mars 2016

L'année 2017, commémorera l'affichage par Luther en 1517 de 95 thèses au
porche de l'église de Wittenberg.
Ce moine Augustinien proposa, il y a 500 ans de cela, une vision nouvelle, renversante
, de la relation avec Dieu et du rôle de l'église .
Ce geste est considéré comme l'acte de naissance de la Réforme protestante.
Ce changement a profondément modifié notre culture et engendré la Renaissance
et son cortège de changements fondamentaux aboutissant in fine à la
démocratie. Grâce aux réformateurs, le christianisme , tout au moins protestant
a été purgé de nombre de ses principales dérives.
En 2017 l'EPUF présentera un certain nombre de thèses pour notre époque,
elle demande aux paroisses, pour ce faire, des propositions.
Aubagne envisage de réfléchir sur le thème « liberté et résistance ».
Les prédicateurs laïcs ont été chargés de présenter des appuis permettant
d'alimenter les réflexions.
Je vous présente pour ce faire une liturgie respectant l'ordre classique .
Cette liturgie est constituée par des lectures bibliques commentées afin que
vous puissiez mieux peser l'importance essentielle des terme liberté et libération
dans notre religion.
Je vous invite à prier.
Merci O Dieu pour le sens que tu donnes à nos vies.
Jésus en ton nom nous invite à changer nos désirs pour atteindre la cible que
tu nous révèles. Il nous faut changer radicalement en privilégiant l'essentiel,
notre relation avec toi. Nous savons maintenant que ni la mort ni le mal n'obtiennent
la victoire. Car tu nous a libéré de notre asservissement pour suivre
les chemins où Jésus nous précède.
Chant psaume 36 st 1
Notre péché : quel est-il ? Dieu nous en libère t'il?
Quand nous recherchons l'emploi du terme liberté dans la bible il apparaît que
c'est dans le premier testament qu'il est massivement utilisé, il l'est moins
dans le nouveau testament. Il conserve toutefois le même sens , à savoir l'affranchissement
des esclaves devenant ainsi hommes libres. Le statut d'esclave
était en effet terrifiant puisque les hommes soumis à ce régime étaient privés
de toute autonomie, ils n'existaient pas en tant que personnes, en fait ils
étaient des meubles que l'on vendait, punissait, maltraitait sans remord.Passer
du statut d'esclave à celui d'affranchi avait une signification profonde.
Ne jamais oublier cela quand est évoqué la libération des hommes en ces
temps lointains, c'est un acte de restauration , l'homme libéré peut enfin accéder
à une vie personnelle et responsable. Paul s'exclame (Colossiens 3:11)
« Il n’y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni
Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous. »
Ensemble écoutons dans le livre de la Genèse, au chapitre 11 les versets 1 à 9
« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots.
2 Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au
pays de Schinear, et ils y habitèrent.
3 Ils se dirent l’un à l’autre: Allons! faisons des briques, et cuisons-les
au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment.
4 Ils dirent encore: Allons! bâtissons-nous une ville et une tour dont le
sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne
soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
5 ¶ L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les
fils des hommes.
6 Et l’Eternel dit: Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une
même langue, et c’est...... là ce qu’ils ont entrepris; maintenant rien ne
les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté.
7 Allons! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent
plus la langue, les uns des autres.
8 Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre; et ils
cessèrent de bâtir la ville.
9 C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Eternel
confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Eternel les
dispersa sur la face de toute la terre »
Les habitants de la terre sont devenus identiques d'une part et ,
d'autre part ils travaillent pour un objectif commun : dresser une tour pour atteindre
le ciel, autrement dit ils se façonnent une idole un Dieu qui leur
convient.
La société est parfaitement réglée, un Dieu unique, des hommes identiques
occupés dans des grands travaux donc en paix.
Bien sûr il y a là un rêve proprement humain tout à fait d'actualité , tous parler
Anglais, tous appartenir à un gouvernement mondial gage de paix et honorer
la déesse science qui régit tous les comportements.
Avant de m'avancer plus loin je vais vous conter l'histoire des fourmis argentines.
Il était une fois une reine fourmi vivant en Argentine où ces fourmis prospéraient
sans dominer particulièrement les autres espèces.
Quand les fourmilières argentines devenaient trop nombreuses des querelles
entre elles en réduisaient le nombre.
Mais, voilà qu'un savant espagnol enferma une reine et quelques unes de ses
filles dans un bocal qui à son retour , par mégarde, s'ouvrit.
Désastre ! Les fourmis Argentines se développèrent tellement qu'elles envahirent
tout le sud de l'Europe en une progression fulgurante avec l'extermination
de toutes les autres sortes de fourmis. Le front des combats se déroule
aujourd'hui chez nous.
Les fourmis argentines d'une même fourmilière ont toutes le même génome, et
elles disposent d'un sens leur permettant de détecter les phéromones des
autres fourmis. Toute étrangère est exterminée si elle émet une phéromone
autre que celle des populations de leur fourmilière.
Or toutes les fourmis argentines issues en Europe de la même mère ne se reconnaissent
jamais comme ennemies puisqu'elles diffusent exactement les
mêmes phéromones .
Elles peuvent alors envahir sans retenue puisqu’en quelque sorte leurs populations
constituent une fourmilière unique qui peut mobiliser en cas de combat
des troupes abondantes issues de toutes les fourmilières argentines installées
en Europe.
Ces fourmilières Argentines ressemblent de très prés à la ville que les habitants
de Babel se sont construits. Comme les phéromones pour les fourmis les
hommes disposent de la langue commune au groupe qui leur permet de repérer
l'étranger dont la langue diffère de la leur.
Comme pour nos fourmis l'homme est construit de telle sorte qu'il soit en mesure
de défendre son groupe. Si sa raison ne jugule pas ses pulsions il se débarrassera
de l'intrus.
Comme les fourmis, bientôt les hommes fabriqueront des bébés clonés nés en
bocal. Ils auront une culture commune, celle diffusée à longueur de temps par
leurs médias.
Mais à cela notre Dieu met bon ordre, il disperse les hommes et les libère de la
mise en esclavage en cours à Babel mais aussi du rêve enfantin d'un monde
en paix obtenu au prix de la privation de la liberté de penser et de se comporter
selon leurs aspirations.
Comme nous l'avons vu nous disposons de sens qui automatiquement nous
avertissent de la présence d'un étranger.
Dans la logique du combat pour la vie nous devrions nous débarrasser de celui
ci car il est potentiellement porteur de pensées autres que celles régnant dans
le groupe .
Dieu libère de cette fatalité en faisant de chacun un super être pensant, unique
en son genre qui par sa raison peut juguler ses penchants ataviques.
Le projet de Dieu est ainsi, de rendre libres les hommes et de les différencier
ainsi des insectes sociaux qui représentent une espèce de perfection qui ne
nous est pas destinée . Les hommes sont coauteurs avec Dieu de leur destinée
Chant 45-01 st 1
Annonce de la grâce
Dans quelle mesure tenons nous en main les commandes de notre propre vie ,
une bonne partie des entraves étant probablement en nous même ?
Le salut de Dieu est un acte de création qui nous libère progressivement.
La possibilité d'avoir la foi est un don de Dieu, une grâce .
La foi elle, est un choix de la personne individuelle . C'est le sens même des
appels à se tourner vers Dieu que l'on trouve partout dans l'ancien testament
et à chaque pas dans les évangiles.
Dieu peut aimer l'être humain malgré lui, cela est en soi une garantie de vie.
Mais c'est dans la mesure où nous nous confions dans les mains de Dieu qu'il
peut nous donner ce qui nous transcende en modifiant notre regard sur le
monde.
Chant 42-02 st 1 et 3
La volonté de Dieu est illustrée par le discours de l'apôtre Paul en Galates chapitre
5 versets 1 à 6 écrit :
¶ « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc
fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de l'esclavage.
2 Voici, moi Paul, je vous dis que, si vous vous faites circoncire, Christ
ne vous servira de rien.
3 Et je proteste encore une fois à tout homme qui se fait circoncire,
qu’il est tenu de pratiquer la loi tout entière.
4 Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification
dans la loi; vous êtes déchus de la grâce.
5 Pour nous, c’est de la foi que nous attendons, par l’Esprit, l’espérance
de la justice.
6 Car, en Jésus-Christ, ni la circoncision ni l’incirconcision n’a de valeur,
mais la foi qui est agissante par la charité. »
Paul S'adresse aux Galates qui veulent savoir s'ils doivent être circoncis pour
devenir Chrétien . En effet les Galates sont des Celtes descendants de Gaulois
ayant envahi l'Anatolie au 3me siècle AJC, ils n'ont absolument pas la même
culture que les Juifs. Paul réalise qu'il n'y a aucune raison de leur imposer une
loi étrangère qui comprend chez les juifs bien plus que la Torah. Toutes les réglementations
tatillonnes ajoutées par le clergé juif appartiennent au corpus de
la loi et aux coutumes Juives. Ne croyez pas que Paul soit un anarchiste, en 1
Corinthiens 6:12, il écrit
« Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais
je ne me laisserai asservir par rien. »
La loi est nécessaire et garantit la liberté en régime démocratique. Voltaire
écrit ainsi « la liberté consiste à ne dépendre que des lois »
La liberté offerte par Jésus n'est pas du même ordre que la liberté garantie par
l'Etat. C'est ce qu'explique Paul en Galate au verset 14 du chapitre 5 ;
« La loi toute entière trouve son accomplissement dans cette unique
parole : tu aimeras ton prochain comme toi même » La seule liberté est
donc dans cet amour, ce que Luther exprime ainsi :
« Le chrétien est l'homme le plus libre, maître de toutes choses, il
n'est assujetti à personne. L'homme chrétien est en toutes choses le
plus serviable des serviteurs , il est assujetti à tous »
Nous comprenons donc que Jésus nous libère de l'esclavage d'une loi pour
nous faire tomber dans l'esclavage de l'amour du prochain. Mais au moins est
ce un esclavage librement consenti qui nous rapproche de la vraie vie et dont
nous comprenons l'utilité.
Luther traduit tout celà par cette phrase
« Le chrétien est élevé au dessus de lui même, en Dieu, là est la foi. Le
chrétien est abaissé en dessous de lui même en son prochain ; là est
l'amour »
Avec Paul nous pouvons dire : « C'est pour que nous soyons réellement
libres que Christ nous a libérés »
Chant 36-04 st 1
A ce stade se pose la question suivante : comment Jésus libère t'il ?
Je vous propose de lire le texte suivant en Jean 8 1 à 11.
« Jésus se rendit à la montagne des oliviers. Mais, dès le matin, il
alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S’étant assis,
il les enseignait.
Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en
adultère; et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus: Maître,
cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la
loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu?
Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus,
s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient
à l’interroger, il se releva et leur dit: Que celui de vous qui est
sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant de nouveau
baissé, il écrivait sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par
leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu’aux
derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu.
Alors s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui
dit: Femme, où sont ceux qui t’accusaient? Personne ne t’a-t-il
condamnée? Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te
condamne pas non plus: va, et ne pèche plus. »
Le « va, et la phrase « désormais ne pèche plus » mis dans la bouche de Jésus
semblent condamner l’adultère et inviter à une conduite morale. Ce passage de
Jean est interprété généralement comme une parole sur le péché et le pardon :
l’adultère est un péché mais Jésus pardonne. C’est ainsi que les Églises l’ont
compris et l’ont souvent enseigné au cours des siècles. Ce n’est pourtant pas là
ce qui est remarquable. Il s’agit en fait, essentiellement, d’un acte et d’une parole
de libération de la part de Jésus. Jésus délivre la femme de ses accusateurs
et, une fois seul avec elle, il la délivre de sa propre auto-accusation, de
sa culpabilité en lui disant « Moi non plus, je ne te condamne pas : va. »
Jésus brise notre culpabilité et notre fascination devant une Loi qui divise les
êtres au lieu de les apaiser. Le Dieu de Jésus ne nous condamne pas, il veut
que nous vivions en plénitude.
La femme est libre d’aller, de vivre, parce que libérée du jugement d’autrui et
de son propre jugement accusateur. La femme est délivrée du tombeau dans
lequel on voulait l’enfermer.
Jésus a vraiment ressuscité la femme en la libérant de ses accusateurs et de
son auto-accusation.
Ce faisant, elle est libre pour une vie nouvelle.
Cette scène dite « de la femme adultère » est bien mal nommée, car mettre en
avant l’adultère de la femme, c’est prendre le point de vue de ses accusateurs
qui se prétendent les défenseurs zélés de la Loi et des bonnes moeurs.
En réalité, dans cette scène, l’accusé principal n’est pas la femme, mais Jésus
avec son message de libération et de miséricorde.
Par contre, sur cette femme, le texte ne nous dit rien et nous ne savons rien.
Elle est certes adultère au regard de la Loi, mais qui peut dire qu’elle a péché
contre l’amour ? En ne condamnant pas cette femme, Jésus conteste la Loi de
Moïse ou, du moins, le rôle mortifère qu’on lui fait jouer : elle écrase les humains
et exerce sur eux une violence meurtrière. Comment cette Loi peut-elle
être divine si elle ordonne de tuer les amants adultères à coups de pierres ?
En tirant un enseignement moral de cet épisode, on en détourne le sens profond.
Ce que Jésus veut faire comprendre à ses auditeurs, ce n’est pas qu’ils
ne doivent pas pécher – cela ils le savent déjà – mais qu’ils ne doivent pas accuser,
qu’ils ne doivent pas juger ni, à fortiori, condamner, mais devenir miséricordieux
comme leur Père des cieux. L’impératif absolu devient alors : « tu ne
jugeras pas », « tu ne condamneras pas ». Ces hommes, qui prétendent juger
et condamner, appartiennent au monde des ténèbres. Jésus ne les condamne
pourtant pas, il est venu, comme l'écrit l'apôtre Jean sauver ce qui était
perdu . Par sa Parole, il les libère également. Jésus les révèle, ils se sentent
aussi pêcheurs et concernés eux qui se présentaient comme des purs. C'est la
tête basse qu'ils s'en vont , les vieux sages en premier
L’enseignement de Jésus ne porte pas sur le péché d’adultère – ce serait banal
– mais sur celui, infiniment plus grave à ses yeux, de l’exclusion morale, du jugement
justifié par un usage pervers de la Loi.
Jésus ne prononce aucune parole de pardon et la femme, aucune parole de repentance.
Jésus lui dit seulement : « Je ne te condamne pas. » Cette parole
est la chute finale qui vient clore l’épisode qui trouve ainsi son unité. Le « désormais
ne pèche plus » est vraisemblablement une addition du rédacteur final
qui ne respecte pas le sens de l’enseignement de Jésus et n’a pu s’empêcher
de donner à Jésus un ton moralisateur. Il fallait que morale soit sauve !
L’exclusion par jugement et condamnation paraît bien être le péché que Jésus
combat, ici comme dans tant d’autres passages des évangiles. Condamner et
exclure une personne, c’est rompre définitivement toute relation avec elle,
c’est par là même se couper de Dieu : « Dieu, personne ne l’a jamais vu. Si
nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son
amour, en nous, est accompli. » (1 Jn 4,12)
Aimer, c’est lutter contre la séparation ; l’exclusion est l’opposé de l’amour.
Le péché suprême, le péché contre l’Esprit, contre lequel Jésus lui-même ne
peut rien, n’est-il pas de se croire maudit et coupé de Dieu ? Jésus ne dit-il pas
quelques versets plus loin : « Vous jugez de façon humaine. Moi, je ne
juge personne. » (Jn 8,15).
Après avoir libéré la femme de la violence des accusateurs, Jésus devient luimême
objet de jugement et d’exclusion violente car les pharisiens exaspérés «
ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter » (Jn 8,59).
Chant 61- 31
Exprimons notre foi avec un texte de Christine Prieto
Comme Dieu fit sortir les Hébreux du pays de l’esclavage,
je crois de même que Jésus-Christ nous fait sortir de nos enfermements.
Je crois qu’il nous apprend jour après jour à construire notre dignité humaine,
et à nous tenir debout devant le Père, dans la joie, la paix du coeur,
la confiance en son amour et en son soutien.
Je crois que Jésus nous fait découvrir qui est Dieu.
Un Dieu qui n’habite pas dans des maisons faites par la main des hommes.
C’est-à-dire un Dieu que nous ne pouvons pas enfermer dans des statues,
dans des temples, dans des dogmes, dans des préjugés.
Mais un Dieu qui habite les pierres vivantes que nous sommes.
Je crois que Jésus aime et appelle tous les humains sans distinction :
les femmes et les hommes,
les blancs, les noirs, les jaunes,
les pauvres et les riches,
les hétérosexuels, les homosexuels, les transsexuels,
les jeunes et les vieux… et toutes les autres différences qui existent.
Car tous sont enfants bien-aimés de Dieu.
Je crois que Dieu veut que nous construisions ensemble un monde de paix,
en partageant notre diversité et nos richesses.
Chant 62-79 les deux strophes.
Maintenant est le temps de l'intercession. Nombre de nos frères et soeurs de
nos deux paroisses sont frappés par la maladie. Nous pensons fort à eux et à
ceux qui les aident fidèlement.
Je souhaiterais que nous énoncions la prière qui rassemble tous les chrétiens
en les associant à nous par la pensée comme s'ils étaient là . Notre père ,,,,,
Notre ami théologien Raphaël Picon est décédé, terrible perte pour le protestantisme
libéral,
A quelques jours de sa mort il écrivit cet éditorial à l'attention de nous tous qui
sommes aussi mortels. Ce texte servira d'envoi .
Certaines images de Dieu nous plaisent plus que d’autres, celles qui
portent une idée de mouvement, de créativité, de transformation ;
celles qui invitent à croire en dieu comme oeuvrant à l’embellissement
du monde, à l’enrichissement des possibilités du réel, à l’attraction
vers un avenir meilleur.
Il y a des images de dieu, plus subtiles encore, que nous aimons pareillement
: celles liées à une certaine instabilité, à un affranchissement
de nos conforts, de nos statu quo, de nos inerties. Bien des raisons
justifient cette affection pour ce dieu associé à une puissance
créatrice : amour de la vie dans son dynamisme, passion pour un dieu
pensé comme un élan vital, force de résistance politique contre une
certaine dogmatisation de la pensée religieuse. Mais un monde tellement
vivifié par ce dieu du mouvement pourrait s’avérer inhabitable si
nous lui ôtions tous les bénéfices d’un dieu de la stabilité. Qu’est-ce
que dieu, en effet, sinon cette équation à chaque fois improbable
d’aventure et de paix, de mouvement et d’arrêt, de créativité et d’enracinement.
C’est bien au coeur de nos tourmentes, quand tout bascule,
que l’idée biblique du « rocher » retrouve son étincelante vérité
et les paroles du psalmiste leur délicieuse saveur. « Éternel, mon rocher,
ma forteresse, mon libérateur ! Mon dieu, mon rocher, où je
trouve un abri ! Mon bouclier, la force qui me sauve, ma haute
retraite ! » (Ps 18,2). Magnifique ! dieu est donc ce qui, en nous, peut
être « éternel ». Dieu est ce qui fait que nous pouvons être, c’est-àdire
avoir une valeur en soi, libérés de tous mouvements, de tous projets,
de toutes réalisations.
Ma « haute retraite » devient alors ce Dieu au-delà de l’animé et de
l’inanimé, au-delà même de ce qui fait d’une existence guidée par Dieu
une dynamique créatrice.
C’est à ce titre qu’on peut dire de Dieu qu’il est un absolu, et que cet
absolu est libération. Mais il faut avoir d’abord déconstruit l’image
même de la stabilité pour la sauver de son risque de fixité mortifère, et
pouvoir alors la retrouver.
Levez vous pour recevoir la bénédiction de la part de Dieu.
Libérés par la grâce, vivez la liberté des enfants qui apprennent le
monde avec des yeux neufs. N'ayez aucune crainte, je suis ce qui en
vous est éternel.
Chant 14-03 st 1 à 8