jeudi 26 mai 2016

résister donné à Aubagne le 22/05/2016

J'ai le 10 Avril prononcé une prédication présentant ce qui à mes yeux est la vision de Jésus concernant la libération qu'il impulse.
Plusieurs points furent mis en évidence.
Avant de présenter la prédication sur la résistance, il me semble nécessaire de rappeler succinctement les conclusions auxquelles j'étais arrivé concernant la libération proposée par Dieu.
En effet nous sommes libérés pour agir et la résistance est évidemment une action consécutive à cette libération de l'esclavage.

La libération des hommes est un acte de restauration, la sortie de l'esclavage ouvre la possibilité d'accéder à une vie responsable.

A partir de l'étude de l'épisode portant sur la construction par les hommes de la tour de Babel, la conclusion tirée était la suivante :
le projet de Dieu est de rendre libres les hommes et de les différencier ainsi des insectes sociaux qui représentent une espèce de perfection qui ne nous est pas destinée .
Le projet, auquel Dieu associe tous les hommes en les libérant de l'esclavage, est de faire en sorte que notre vie, conduite par notre propre volonté, soit un tremplin vers un royaume, havre de paix et d'amour. Ce royaume est potentiellement en nous

Une part des entraves au changement radical proposé par Jésus prennent leur source en notre sein.
Le salut voulu par Dieu est un acte de création qui nous libère progressivement.

Jésus nous libère de l'esclavage d'une loi pour nous faire tomber dans l'esclavage de l'amour du prochain.

Aimer c'est lutter contre la séparation.
L'exclusion est l'opposé de l'amour.

Les hommes libres aidés par leur conscience sont décideurs de ce qui est utile à leur épanouissement.

La bénédiction reprenait toutes ces conclusions
Libérés par la grâce, vivez la liberté des enfants qui apprennent le monde avec des yeux neufs. N'ayez aucune crainte, je suis ce qui en vous est éternel.

Quand nous évoquons la résistance, bien évidemment, nous avons envie de poser les questions suivantes;
résister à quoi, à qui et comment.
Afin de fournir des matériaux pour combler notre attente, je vais lire des textes bien connus suivis d'une courte conclusion.

De façon obligatoire il faut lire le texte portant sur la tentation de Jésus au désert dans Luc 4 versets 1 à 13.
1 ¶ Jésus, rempli du Saint-Esprit, revint du Jourdain, et il fut conduit par l’Esprit dans le désert,
2 où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, après qu’ils furent écoulés, il eut faim.
3 Le diable lui dit: Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu’elle devienne du pain.
4 Jésus lui répondit: Il est écrit: L’Homme ne vivra pas de pain seulement.
5 Le diable, l’ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre,
6 et lui dit: Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux.
7 Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi.
8 Jésus lui répondit: Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
9 Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple, et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas;
10 4-9 car il est écrit: 4-10 Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, Afin qu’ils te gardent;
11 et: Ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
12 Jésus lui répondit: Il est dit: Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.
13 Après l’avoir tenté de toutes ces manières, le diable s’éloigna de lui jusqu’à un moment favorable.

Ce texte figure à l'identique dans les évangiles de Matthieu et Luc . Dans Marc il est réduit au strict minimum, puisqu'il y est simplement dit que Jésus fut tenté au désert.
Il est probable que Marc a objectivement raison, car il est impossible qu'il y ait eu un témoin des dialogues de Jésus et du diable. Il n'en reste pas moins que les deux évangélistes détaillant ces discours cherchaient sans doute à reproduire un témoignage de Jésus lui même lors de son enseignement .
Malgré un jeûne de 40 jours qui a aiguisé sa faim, il refuse trois tentations typiquement terrestres :nourrir son corps , régner sur le monde quitte à perdre sa liberté , faire étalage de pouvoirs extraordinaires prouvant sa puissance.
A cela Jésus répond par des arguments spirituels, se nourrir d'abord de nourritures spirituelles, faire allégeance à Dieu seul et les pouvoirs extraordinaires relèvent de Dieu seul.
Ainsi Jésus résiste à ces trois tentations en plaçant ses aspirations à un autre niveau que celui présenté par le tentateur.
Comme nous avons choisi de suivre Jésus, nous avons comme programme de résister aux priorités liées à nos besoins naturels de vie en société. Il nous faut en effet s'alimenter, revendiquer une position enviable dans la société et étaler ce que nos dons propres peuvent nous permettre d'accomplir afin de nous glorifier.
Tout cela n'est pas prioritaire pour nous chrétiens car nous aspirons à construire ce royaume tant promis où les relations humaines seront saines et joyeuses à la lumière de l'amour et de la paix retrouvée.
Il va de soi que le chrétien se doit de cultiver sa spiritualité par l'étude, la confrontation des opinions et la vie en église.
C'est seulement ainsi qu'il est possible de résister efficacement aux soubresauts de Lucifer qui ne désarme jamais. Il quitte ainsi Jésus en se promettant de rechercher un moment favorable pour le séduire.
Afin de renforcer ces quelques allégation je vous propose de lire un texte du prophète Michée écrit au cours de la seconde moitié du 8me siècle AJC
6 ¶ Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel, Pour m’humilier devant le Dieu Très-Haut? Me présenterai-je avec des holocaustes, Avec des veaux d’un an?
7 L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, Des myriades de torrents d’huile? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles? -
8 On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; Et ce que l’Eternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu.
Voilà un programme un peu en retrait de celui prêché par Jésus, mais si depuis presque 3000 ans, il avait été suivi par les hommes nous n'en serions pas à nous massacrer et à craindre pour la survie de l'espèce humaine rendue problématique du fait nos excès.

Poursuivons notre quête en nous remémorant la parabole des mines (Matthieu 19) . Un riche personnage qui n'est autre qu'Archelaus roi de Judée, part pour se faire adouber par Auguste à Rome. C'est un homme violent et avide de pouvoir.
Il confie à 10 de ses esclaves des sommes d'argent conséquentes afin dit-il de les faire fructifier en son absence.
Les premiers 9 esclaves obtiennent de fortes plus values et sont récompensés, alors que le dixième se contente de rendre la somme qui lui a été confiée sans plus value, estimant que les prêts à intérêt étaient interdits par la Thora et que son maître prenait ce qu'il n'avait pas semé. Cet esclave signait ainsi son arrêt de mort, comme tous les opposants dont il est dit dans le texte que le maître les fit égorger devant lui.
Curieusement la majorité des commentateurs estime que les esclaves productifs sont les exemples à suivre, ils font prospérer leurs dons , en effet, mais au mépris de la morale cependant !
Ne se rendent- ils pas compte que le mauvais esclave c'est Jésus qui résiste à la violence et l'iniquité au mépris de sa vie ?
Ce que nous demande Jésus c'est de résister, à son exemple, en le suivant même au péril de sa vie.
Résister cesse alors de recouvrir des comportements mous.
Nous nous trouvons avec les célèbres personnalités que sont Albert Schweitzer défenseur de la vie, Martin Luther King apôtre de la non violence active, Jean Moulin chef des combattants de l'ombre, Dietrich Bonhofer le pasteur Allemand exécuté en 1945, tous les justes protestants des zones d'accueil des enfants juifs traqués, principalement au Chambon sur Lignon ou à Dieulefit, sans oublier les soignants des ONG sur les zones en guerre , et j'en oublie bien sûr .
Je vous invite à écouter le texte de Paul en Romain 12 qui complète bien les considérations précédentes.
1 ¶ Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable.
2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
3 Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun.
4 Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction,
5 ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres.
6 Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi;
7 que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement,
8 et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le fasse avec libéralité; que celui qui préside le fasse avec zèle; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie.
9 Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur; attachez-vous fortement au bien.
10 Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres; par honneur, usez de prévenances réciproques.
11 Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur.
12 Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière.
13 Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l’hospitalité.
14 Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. »

Nous protestants sommes moins facilement aidés que nos frères catholiques, puisque nous ne nous soumettons pas à des dogmes édictés par les autorités ecclésiastiques balisant la manière de vivre. Sans cesse il nous faut faire appel à notre intelligence pour discerner ce qui est utile au développement du projet de Dieu présenté par Christ. C’est pourquoi résister est d'abord une attitude permanente de chaque individu, revenant à chercher à être juste dans les actions menées, aussi petite soient-elles et ce sans paresse ni faiblesse.
Bien sûr l'église toujours réformée nous soutient pour constituer le corps de Christ dont parle Paul. cette attitude de décider seul de sa vie nourrit la qualité de ce que peut entreprendre notre église disposant ainsi, pour ce faire, de toute la diversité humaine voulue par Dieu.
Le protestant peut ainsi, malgré l'isolement, résister à toutes les oppressions tout en s'appuyant sur le réseau des frères et sœurs.
Résister prend ainsi une dimension singulière : déterminer son chemin de vie seul avec Dieu et agir , si possible, en symbiose avec les autres volontés humaines partageant des objectifs communs .

Pour finir je vous propose d'écouter ce que disait Martin Luther King la veille de son assassinat en Avril 1968
« Il ne s'agit plus de choisir entre la violence et la non violence en ce monde ,mais entre la non-violence et la non -existence ».

« Il faut se dépêcher de passer d'une société tournée vers les choses à une société tournée vers les gens. Lorsque la machine et les ordinateurs, les bénéfices et les droits de propriété prennent plus d'importance que les êtres humains, on ne peut contenir les triples démons que sont ; le racisme, le matérialisme et le militarisme. »

Résister à notre époque s'applique à tant d'orientations dévoyées par ceux là même qui sont en charge de la communauté, tant de tentations habilement présentées, tant d'abus d'autorité et tant de perversion des organes de communication que nos pouvoirs sont apparemment trop faibles pour redresser les situations.
Et pourtant, certains dont beaucoup de personnalités religieuses, et c'est pourquoi j'ai cité Martin Luther King, osent dénoncer les œuvres maléfiques dans les sociétés humaines.
Mais réjouissons nous en espérance car là où le mal abonde , la grâce surabonde.