J'ai
le 10 Avril prononcé une prédication présentant ce qui à mes yeux
est la vision de Jésus concernant la libération qu'il impulse.
Plusieurs
points furent mis en évidence.
Avant
de présenter la prédication sur la résistance, il me semble
nécessaire de rappeler succinctement les conclusions auxquelles
j'étais arrivé concernant la libération proposée par Dieu.
En
effet nous sommes libérés pour agir et la résistance est
évidemment une action consécutive à cette libération de
l'esclavage.
La
libération des hommes est un acte de restauration, la sortie de
l'esclavage ouvre la possibilité d'accéder à une vie responsable.
A
partir de l'étude de l'épisode portant sur la construction par les
hommes de la tour de Babel, la conclusion tirée était la suivante :
le
projet de Dieu est de rendre libres les hommes et de les
différencier ainsi des insectes sociaux qui représentent une espèce
de perfection qui ne nous est pas destinée .
Le
projet, auquel Dieu associe tous les hommes en les libérant de
l'esclavage, est de faire en sorte que notre vie, conduite par notre
propre volonté, soit un tremplin vers un royaume, havre de paix et
d'amour. Ce royaume est potentiellement en nous
Une
part des entraves au changement radical proposé par Jésus prennent
leur source en notre sein.
Le
salut voulu par Dieu est un acte de création qui nous libère
progressivement.
Jésus
nous libère de l'esclavage d'une loi pour nous faire tomber dans
l'esclavage de l'amour du prochain.
Aimer
c'est lutter contre la séparation.
L'exclusion
est l'opposé de l'amour.
Les
hommes libres aidés par leur conscience sont décideurs de ce qui
est utile à leur épanouissement.
La
bénédiction reprenait toutes ces conclusions
Libérés
par la grâce, vivez la liberté des enfants qui apprennent le monde
avec des yeux neufs. N'ayez aucune crainte, je suis ce qui en vous
est éternel.
Quand
nous évoquons la résistance, bien évidemment, nous avons envie de
poser les questions suivantes;
résister
à quoi, à qui et comment.
Afin
de fournir des matériaux pour combler notre attente, je vais lire
des textes bien connus suivis d'une courte conclusion.
De
façon obligatoire il faut lire le texte portant sur la tentation de
Jésus au désert dans Luc 4 versets
1
à 13.
1
¶ Jésus, rempli du Saint-Esprit, revint du Jourdain, et il fut
conduit par l’Esprit dans le désert,
2
où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea
rien durant ces jours-là, et, après qu’ils furent écoulés, il
eut faim.
3
Le diable lui dit: Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre
qu’elle devienne du pain.
4
Jésus lui répondit: Il est écrit: L’Homme ne vivra pas de pain
seulement.
5
Le diable, l’ayant élevé, lui montra en un instant tous les
royaumes de la terre,
6
et lui dit: Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de
ces royaumes; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je
veux.
7
Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi.
8
Jésus lui répondit: Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton
Dieu, et tu le serviras lui seul.
9
Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut
du temple, et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en
bas;
10
4-9 car il est écrit: 4-10 Il donnera des ordres à ses anges à
ton sujet, Afin qu’ils te gardent;
11
et: Ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte
contre une pierre.
12
Jésus lui répondit: Il est dit: Tu ne tenteras point le Seigneur,
ton Dieu.
13
Après l’avoir tenté de toutes ces manières, le diable s’éloigna
de lui jusqu’à un moment favorable.
Ce texte figure à
l'identique dans les évangiles de Matthieu et Luc . Dans Marc il est
réduit au strict minimum, puisqu'il y est simplement dit que Jésus
fut tenté au désert.
Il
est probable que Marc a objectivement raison, car il est impossible
qu'il y ait eu un témoin des dialogues de Jésus et du diable. Il
n'en reste pas moins que les deux évangélistes détaillant ces
discours cherchaient sans doute à reproduire un témoignage de Jésus
lui même lors de son enseignement .
Malgré
un jeûne de 40 jours qui a aiguisé sa faim, il refuse trois
tentations typiquement terrestres :nourrir son corps , régner
sur le monde quitte à perdre sa liberté , faire étalage de
pouvoirs extraordinaires prouvant sa puissance.
A
cela Jésus répond par des arguments spirituels, se nourrir d'abord
de nourritures spirituelles, faire allégeance à Dieu seul et les
pouvoirs extraordinaires relèvent de Dieu seul.
Ainsi
Jésus résiste à ces trois tentations en plaçant ses aspirations
à un autre niveau que celui présenté par le tentateur.
Comme
nous avons choisi de suivre Jésus, nous avons comme programme de
résister aux priorités liées à nos besoins naturels de vie en
société. Il nous faut en effet s'alimenter, revendiquer une
position enviable dans la société et étaler ce que nos dons
propres peuvent nous permettre d'accomplir afin de nous glorifier.
Tout
cela n'est pas prioritaire pour nous chrétiens car nous aspirons à
construire ce royaume tant promis où les relations humaines seront
saines et joyeuses à la lumière de l'amour et de la paix retrouvée.
Il
va de soi que le chrétien se doit de cultiver sa spiritualité par
l'étude, la confrontation des opinions et la vie en église.
C'est
seulement ainsi qu'il est possible de résister efficacement aux
soubresauts de Lucifer qui ne désarme jamais. Il quitte ainsi Jésus
en se promettant de rechercher un moment favorable pour le séduire.
Afin
de renforcer ces quelques allégation je vous propose de lire un
texte du prophète Michée écrit au cours de la seconde moitié du
8me siècle AJC
6
¶ Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel, Pour m’humilier
devant le Dieu Très-Haut? Me présenterai-je avec des holocaustes,
Avec des veaux d’un an?
7
L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, Des myriades de
torrents d’huile? Donnerai-je pour mes transgressions mon
premier-né, Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles?
-
8
On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; Et ce que
l’Eternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que
tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu.
Voilà
un programme un peu en retrait de celui prêché par Jésus, mais si
depuis presque 3000 ans, il avait été suivi par les hommes nous
n'en serions pas à nous massacrer et à craindre pour la survie de
l'espèce humaine rendue problématique du fait nos excès.
Poursuivons
notre quête en nous remémorant la parabole des mines (Matthieu 19)
. Un riche personnage qui n'est autre qu'Archelaus roi de Judée,
part pour se faire adouber par Auguste à Rome. C'est un homme
violent et avide de pouvoir.
Il confie à 10 de ses
esclaves des sommes d'argent conséquentes afin dit-il de les faire
fructifier en son absence.
Les
premiers 9 esclaves obtiennent de fortes plus values et sont
récompensés, alors que le dixième se contente de rendre la somme
qui lui a été confiée sans plus value, estimant que les prêts à
intérêt étaient interdits par la Thora et que son maître prenait
ce qu'il n'avait pas semé. Cet esclave signait ainsi son arrêt de
mort, comme tous les opposants dont il est dit dans le texte que le
maître les fit égorger devant lui.
Curieusement
la majorité des commentateurs estime que les esclaves productifs
sont les exemples à suivre, ils font prospérer leurs dons , en
effet, mais au mépris de la morale cependant !
Ne
se rendent- ils pas compte que le mauvais esclave c'est Jésus qui
résiste à la violence et l'iniquité au mépris de sa vie ?
Ce que nous demande
Jésus c'est de résister, à son exemple, en le suivant même au
péril de sa vie.
Résister
cesse alors de recouvrir des comportements mous.
Nous
nous trouvons avec les célèbres personnalités que sont Albert
Schweitzer défenseur de la vie, Martin Luther King apôtre de la non
violence active, Jean Moulin chef des combattants de l'ombre,
Dietrich Bonhofer le pasteur Allemand exécuté en 1945, tous les
justes protestants des zones d'accueil des enfants juifs traqués,
principalement au Chambon sur Lignon ou à Dieulefit, sans oublier
les soignants des ONG sur les zones en guerre , et j'en oublie bien
sûr .
Je
vous invite à écouter le texte de Paul en Romain 12 qui complète
bien les considérations précédentes.
1
¶ Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à
offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu,
ce qui sera de votre part un culte raisonnable.
2
Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés
par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez
quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
3
Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de
n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir
des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie
à chacun.
4
Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que
tous les membres n’ont pas la même fonction,
5
ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en
Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres.
6
Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a
été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce
selon l’analogie de la foi;
7
que celui qui est appelé au ministère s’attache à son
ministère; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement,
8
et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le
fasse avec libéralité; que celui qui préside le fasse avec zèle;
que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie.
9
Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur;
attachez-vous fortement au bien.
10
Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les
autres; par honneur, usez de prévenances réciproques.
11
Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit.
Servez le Seigneur.
12
Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction.
Persévérez dans la prière.
13
Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l’hospitalité.
14
Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez
pas. »
Nous
protestants sommes moins facilement aidés que nos frères
catholiques, puisque nous ne nous soumettons pas à des dogmes
édictés par les autorités ecclésiastiques balisant la manière de
vivre. Sans cesse il nous faut faire appel à notre intelligence pour
discerner ce qui est utile au développement du projet de Dieu
présenté par Christ. C’est pourquoi résister est d'abord une
attitude permanente de chaque individu, revenant à chercher à être
juste dans les actions menées, aussi petite soient-elles et ce sans
paresse ni faiblesse.
Bien
sûr l'église toujours réformée nous soutient pour constituer le
corps de Christ dont parle Paul. cette attitude de décider seul de
sa vie nourrit la qualité de ce que peut entreprendre notre église
disposant ainsi, pour ce faire, de toute la diversité humaine
voulue par Dieu.
Le
protestant peut ainsi, malgré l'isolement, résister à toutes les
oppressions tout en s'appuyant sur le réseau des frères et sœurs.
Résister
prend ainsi une dimension singulière : déterminer son chemin
de vie seul avec Dieu et agir , si possible, en symbiose avec les
autres volontés humaines partageant des objectifs communs .
Pour
finir je vous propose d'écouter ce que disait Martin Luther King la
veille de son assassinat en Avril 1968
« Il
ne s'agit plus de choisir entre la violence et la non violence en ce
monde ,mais entre la non-violence et la non -existence ».
« Il
faut se dépêcher de passer d'une société tournée vers les choses
à une société tournée vers les gens. Lorsque la machine et les
ordinateurs, les bénéfices et les droits de propriété prennent
plus d'importance que les êtres humains, on ne peut contenir les
triples démons que sont ; le racisme, le matérialisme et le
militarisme. »
Résister
à notre époque s'applique à tant d'orientations dévoyées par
ceux là même qui sont en charge de la communauté, tant de
tentations habilement présentées, tant d'abus d'autorité et tant
de perversion des organes de communication que nos pouvoirs sont
apparemment trop faibles pour redresser les situations.
Et
pourtant, certains dont beaucoup de personnalités religieuses, et
c'est pourquoi j'ai cité Martin Luther King, osent dénoncer les
œuvres maléfiques dans les sociétés humaines.
Mais
réjouissons nous en espérance car là où le mal abonde , la grâce
surabonde.