Lectures : psaume 25 : 1 à 14 – Matthieu 11 :
25 à 30 – 1 Cor 12 : 24 à 31
Les 3 textes que je viens de lire ont en commun de traiter ;
soit de l’instruction du fidèle, soit de la voie à suivre pour approcher la
vérité.
J’ai en effet envie de vous parler de vous et de vôtre
relation à Christ.
Vous êtes vous posé la question : que suis-je
vis-à-vis de Christ ?
Selon la typologie
présentée par Paul, dans la première lettre aux Corinthiens, appartenez-vous aux
apôtres, aux maîtres, aux guérisseurs,
aux prophètes, aux faiseurs de miracles,
aux orateurs s’exprimant en langues ou aux interprètes décodant les propos de
ces derniers….Rassurez-vous si vous n’êtes rien de tout cela, le texte de cette
épitre précise en tête de chapitre, je cite
« En fait, Dieu a disposé le corps que forment les
croyants de manière à donner plus d’honneur à ceux qui en manquait pour qu’il
n’y ait pas de divisions dans le corps, mais que toutes les parties du corps
s’inquiètent de la même façon les unes des autres ».
Vous qui venez
librement, en ce lieu vous êtes peut être des apôtres et surement des disciples.
Réunis ensemble nous avons demandé au commencement du culte au
seigneur d’être au milieu de nous et il est au milieu de nous car il l’a promis
« Là où deux
et plus sont réunis en mon nom, je suis avec eux ».
Et nous attendons qu’à nous tous, pauvres ou pêcheurs, comme
le dit le psaume 25 « il nous montre le chemin et nous apprenne sa
voie ».
Ainsi nous voilà, conformément à la définition du dictionnaire, des disciples
suivant l’enseignement d’un maître et adeptes
de la pensée de Jésus.
Ceci étant sommes- nous des apôtres ?
Dans les 4 évangiles, le terme apôtre figure une seule fois et
c’est dans le plus tardif celui de Jean au chapitre 16 verset 16
« L’esclave n’est pas plus grand que son maître ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a
envoyé. Si vous savez cela, heureux êtes- vous ».
Paul dans ses épitres utilise ce terme 14 fois et Pierre 2
fois.
Ainsi Paul ouvre la seconde lettre à Timothée par la phrase
suivante :
« Paul apôtre
de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, selon la promesses de la vie qui est en Jésus »
Pierre pour sa part introduit ses deux épitres par le texte :
« Pierre, apôtre de Jésus Christ ».
Ainsi les trois premiers évangélistes n’utilisent pas le mot
apôtre.
A l’évidence les premiers chrétiens ne ressentaient pas le
besoin de l’utiliser.
La racine hébraïque, CHALAKH, de ce terme signifie mandataire
de Dieu.
L’apôtre, dit le talmud, est comme l’homme même par qui il
est délégué.
Apôtre signifie ainsi « ambassadeur d’un maître à penser ».
C’est seulement quand des polémiques éclatèrent au sein de la
communauté des adeptes de Jésus, portant sur la valeur du témoignage de Paul ou
de Pierre, que ceux-ci ressentirent le besoin de faire état de leur prééminence
par rapport à certains prétendus guides déviants, cela est particulièrement
clair dans l’épitre aux Galates écrite pour persuader les Galates de ne pas
suivre des prêcheurs autoproclamés apôtres.
Dans les premiers temps suivant la mort de Jésus, les douze
disciples s’imposèrent sans contestation car ils étaient vivants et présents,
ils étaient des piliers, et les adeptes du Christ le savaient.
Ces douze hommes furent individuellement choisis et appelés
par Jésus comme indiqué en Marc 3-13
« Il monte
ensuite sur la montagne, il appelle ceux qu’il voulait et ils vinrent à
lui »
En quelque sorte, à travers eux, s’exprime, le maître Jésus.
Ces témoins directs disparus, d’autres disciples se sentirent
appelés par Dieu pour porter le message christique à l’humanité.
Il en fut ainsi de Paul bien sûr mais aussi de ses compagnons,
par exemple en Romain 16- 7 : je cite
« Saluez Andronicus et Junias mes parents et mes
compagnons de captivité. Ce sont des apôtres éminents ».
Dieu suscite, depuis toujours, des hommes, n’appartenant pas
forcément au sérail, pour contribuer à l’accomplissement de son projet, ainsi
en est-il du prophète Amos affronté au prêtre officiel Amatsia : je cite
« Amatsia dit à Amos : va t’en visionnaire, va te
réfugier au pays de Juda ; là bas, tu pourras manger ton pain et parler en
prophète. Mais ne continue pas à parler en prophète à Beth-El, car c’est un
sanctuaire de roi, et une maison royale. Amos répondit à Amatsia : je ne
suis ni prophète, ni fils de prophète ; je suis éleveur de bovins et
cultivateur de sycomores. Le seigneur m’a pris derrière le troupeau ; le
seigneur m’a dit : Va, parle en prophète à Israël, mon peuple ».
Il existe aujourd’hui, à l’image d’Amos des apôtres,
personnellement appelés par Dieu comme missionnaires et porteurs de la vérité
évangélique.
Ils se sont sentis saisis, même quand ils étaient en arrière
du troupeau, et comme invinciblement conduits à communiquer leur message
inspiré par Dieu lui-même.
Nombre de pasteurs sont ainsi des apôtres.
C’est d’ailleurs pour cela que nous devons tenir compte de la
vocation qui est la leur et éviter de les considérer comme de simples
gestionnaires de l’église.
Ils sont d’abord porteurs de la bonne nouvelle ici et au
monde.
Si vous n’êtes pas des apôtres, et cela est fort probable,
vous êtes des disciples.
Vous avez une attente pour ce matin, pour demain et
l’éternité.
Vous êtes comme les deux disciples de Jean le baptiste
attirés par le Christ, comme eux vous le suivez et il vous demande
« Que cherchez
–vous ? »
Cette question, tous les maîtres religieux de n’importe
quelle religion la posent aux nouveaux adeptes.
Il n’est en effet pas d’évolution possible dans l’existence
sans une recherche profonde de vérité,
de clarté.
Nous sommes tous des chercheurs dans notre petit troupeau,
tout comme les religieux de l’ordre des minimes qui s’imposaient
une vie rigoureuse en ajoutant aux trois vœux franciscains
de charité, obéissance et pauvreté, celui du jeûne perpétuel en s'interdisant de manger tout
produit animalier, y compris lait et œufs.
Ils se sont contentés du petit peu matériel indispensable à la
survie pour se consacrer à la quête de la lumière.
Il s’agit dans votre réponse à ce « que
cherchez-vous ? » de bien comprendre que la réponse de Dieu à votre
demande ne sera pas immédiate ni parfois perceptible à l’aune de notre
finitude.
Regardez les douze qui, malgré 3 ans d’intimité journalière
avec Jésus, ont si souvent fait preuve d’une compréhension imparfaite du
message de leur maitre.
Pensez à Thomas incrédule jusqu’au bout !
Ils ont bien pourtant pris sur eux, ces 12 apôtres, le joug
dont parle l’évangéliste Matthieu et se sont laissés instruire, ils ont
constaté combien Jésus était doux et humble de cœur.
Ce joug a l’avantage d’être le plus souvent taillé pour deux
bêtes, laissez moi penser qu’il y a une place pour moi dans l’attelage mais
aussi une place pour Jésus.
L’attelage suivra la route, si je tire droit devant moi, sans
vaciller à droite puis à gauche, je veux croire aussi que mes défaillances
seront compensées par l’amour de Dieu pour sa créature, car là ou le péché
abonde la grâce surabonde.
Voyez-vous la tentation diabolique est de croire que la
compréhension du message christique est chose facile, que la société
sécularisée est porteuse de ce message et qu’ainsi, se laisser enseigner par
Jésus est superflu.
C’est négliger ce cri
incessant de Jésus dans les évangiles « changez radicalement ». La
nouveauté ce sont ces outres neuves qui n’éclatent pas, grâce à leur conception
accomplie, comme le font les plus anciennes sous la pression des gaz produits par la fermentation du vin nouveau.
Leur racornissement rend insupportable une telle pulsion .
Ne croyez- vous pas qu’il y a des choses à changer.
Par exemple abandonner nos sécurités rassurantes, éviter de
borner nos attentions et actions à nos cercles de proximité, militer pour que
la société abandonne ses pratiques protectrices et violentes et cesse de survaloriser
la dimension matérielle par rapport à la dimension spirituelle.
Les disciples apprirent
par l’écoute et par leur questionnement, et Jésus répondit par des signes, des
explications, des paraboles, des comportements et des actes.
C’était une méthode parfaitement didactique.
Jésus n’enseignait pas une dogmatique, il n’imposait pas une
ascèse, il profitait de toutes les occasions pour induire un niveau de
réflexion supérieur, un passage du matériel au spirituel.
Il tentait jusqu’à l’épuisement de persuader, d’induire un
changement, de provoquer un déclic. C’est pourquoi on le voit s’endormir ivre
de fatigue dans une barque ou à même la terre en haut d’une montagne où il
s’était réfugié.
Les miracles qu’il n’aimait pas vraiment réaliser
constituaient des signes illustrant le passage de la nuit à la lumière, les
aveugles voyaient comme il l’annonçait à Jean le baptiste dans sa prison
Matthieu 11- 5, je cite
« Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et
voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les
lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la
bonne nouvelle est annoncée aux pauvres »
Le signe ultime est la
mort sur une croix suivi de la résurrection, victoire ultime sur le mal absolu
qu’est la mort.
Comme Jésus l’annonce en Jean 8-31
« Si vous
demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la
vérité et la vérité fera de vous des hommes libres »
Comme chaque homme est une création unique, le chemin qu’il
doit emprunter pour accéder à la vérité n’est pas identique aux parcours des
autres.
Bien plus au cours des ans et des événements sa foi va se
modifier.
C’est pourquoi Jésus ne demande pas au disciple de se tenir
au respect de règles, mais de rechercher sans relâche à affiner son
renversement personnel, lui permettant de passer de l’état d’homme imparfait
dont le jugement et les comportements sont chaotiques, à celui d’homme de
lumière.
C’est ce qu’exprime Paul en Ephésiens 4 versets 20 à 24, je
cite
«
Conformément à la vérité qui est en Jésus, il vous faut renonçant à votre
existence passée, vous dépouiller du vieil homme qui se corrompt sous l’effet
des convoitises trompeuses ; il vous faut être renouvelés par la
transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l’homme nouveau
créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité »
Cette modification, ce changement radical n’est pas terminé
le jour suivant la confirmation du baptême.
La foi se construit au
fil des expériences dans une relation constante entre Christ et nous, mais
aussi dans un approfondissement sans relâche des textes bibliques témoignages du discours de Jésus.
C’est pourquoi la faiblesse du nombre de présents aux cultes
des églises réformées ou aux événements majeurs tels la venue de chrétiens
éminents, est parfois inquiétante
Que cherchez- vous ? Cette question me concerne et vous
concerne.
Avez-vous arrêté un programme pour vous renouveler ?
Notre communauté locale, aussi imparfaite soit-elle, est
celle de disciples participant au corps
de l’église en synergie avec le christ Jésus.
C’est en elle que vous arriverez à grandir et à avancer sur
la voie.
Ainsi, comme l’affirme Jésus en Luc 6-40, vous ne serez pas
au dessus du maître mais, en tant que disciple bien formé, vous serez comme le
maître.
Pour finir, je choisis cette exhortation aux premiers chrétiens, figurant dans l’épitre
aux Ephésiens, propre à dynamiser les disciples de Jésus que nous sommes.
« Eveille toi, toi qui dors, lève toi d’entre les morts
et sur toi le Christ resplendira ».