jeudi 26 mai 2016

résister donné à Aubagne le 22/05/2016

J'ai le 10 Avril prononcé une prédication présentant ce qui à mes yeux est la vision de Jésus concernant la libération qu'il impulse.
Plusieurs points furent mis en évidence.
Avant de présenter la prédication sur la résistance, il me semble nécessaire de rappeler succinctement les conclusions auxquelles j'étais arrivé concernant la libération proposée par Dieu.
En effet nous sommes libérés pour agir et la résistance est évidemment une action consécutive à cette libération de l'esclavage.

La libération des hommes est un acte de restauration, la sortie de l'esclavage ouvre la possibilité d'accéder à une vie responsable.

A partir de l'étude de l'épisode portant sur la construction par les hommes de la tour de Babel, la conclusion tirée était la suivante :
le projet de Dieu est de rendre libres les hommes et de les différencier ainsi des insectes sociaux qui représentent une espèce de perfection qui ne nous est pas destinée .
Le projet, auquel Dieu associe tous les hommes en les libérant de l'esclavage, est de faire en sorte que notre vie, conduite par notre propre volonté, soit un tremplin vers un royaume, havre de paix et d'amour. Ce royaume est potentiellement en nous

Une part des entraves au changement radical proposé par Jésus prennent leur source en notre sein.
Le salut voulu par Dieu est un acte de création qui nous libère progressivement.

Jésus nous libère de l'esclavage d'une loi pour nous faire tomber dans l'esclavage de l'amour du prochain.

Aimer c'est lutter contre la séparation.
L'exclusion est l'opposé de l'amour.

Les hommes libres aidés par leur conscience sont décideurs de ce qui est utile à leur épanouissement.

La bénédiction reprenait toutes ces conclusions
Libérés par la grâce, vivez la liberté des enfants qui apprennent le monde avec des yeux neufs. N'ayez aucune crainte, je suis ce qui en vous est éternel.

Quand nous évoquons la résistance, bien évidemment, nous avons envie de poser les questions suivantes;
résister à quoi, à qui et comment.
Afin de fournir des matériaux pour combler notre attente, je vais lire des textes bien connus suivis d'une courte conclusion.

De façon obligatoire il faut lire le texte portant sur la tentation de Jésus au désert dans Luc 4 versets 1 à 13.
1 ¶ Jésus, rempli du Saint-Esprit, revint du Jourdain, et il fut conduit par l’Esprit dans le désert,
2 où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, après qu’ils furent écoulés, il eut faim.
3 Le diable lui dit: Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu’elle devienne du pain.
4 Jésus lui répondit: Il est écrit: L’Homme ne vivra pas de pain seulement.
5 Le diable, l’ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre,
6 et lui dit: Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux.
7 Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi.
8 Jésus lui répondit: Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
9 Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple, et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas;
10 4-9 car il est écrit: 4-10 Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, Afin qu’ils te gardent;
11 et: Ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
12 Jésus lui répondit: Il est dit: Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.
13 Après l’avoir tenté de toutes ces manières, le diable s’éloigna de lui jusqu’à un moment favorable.

Ce texte figure à l'identique dans les évangiles de Matthieu et Luc . Dans Marc il est réduit au strict minimum, puisqu'il y est simplement dit que Jésus fut tenté au désert.
Il est probable que Marc a objectivement raison, car il est impossible qu'il y ait eu un témoin des dialogues de Jésus et du diable. Il n'en reste pas moins que les deux évangélistes détaillant ces discours cherchaient sans doute à reproduire un témoignage de Jésus lui même lors de son enseignement .
Malgré un jeûne de 40 jours qui a aiguisé sa faim, il refuse trois tentations typiquement terrestres :nourrir son corps , régner sur le monde quitte à perdre sa liberté , faire étalage de pouvoirs extraordinaires prouvant sa puissance.
A cela Jésus répond par des arguments spirituels, se nourrir d'abord de nourritures spirituelles, faire allégeance à Dieu seul et les pouvoirs extraordinaires relèvent de Dieu seul.
Ainsi Jésus résiste à ces trois tentations en plaçant ses aspirations à un autre niveau que celui présenté par le tentateur.
Comme nous avons choisi de suivre Jésus, nous avons comme programme de résister aux priorités liées à nos besoins naturels de vie en société. Il nous faut en effet s'alimenter, revendiquer une position enviable dans la société et étaler ce que nos dons propres peuvent nous permettre d'accomplir afin de nous glorifier.
Tout cela n'est pas prioritaire pour nous chrétiens car nous aspirons à construire ce royaume tant promis où les relations humaines seront saines et joyeuses à la lumière de l'amour et de la paix retrouvée.
Il va de soi que le chrétien se doit de cultiver sa spiritualité par l'étude, la confrontation des opinions et la vie en église.
C'est seulement ainsi qu'il est possible de résister efficacement aux soubresauts de Lucifer qui ne désarme jamais. Il quitte ainsi Jésus en se promettant de rechercher un moment favorable pour le séduire.
Afin de renforcer ces quelques allégation je vous propose de lire un texte du prophète Michée écrit au cours de la seconde moitié du 8me siècle AJC
6 ¶ Avec quoi me présenterai-je devant l’Éternel, Pour m’humilier devant le Dieu Très-Haut? Me présenterai-je avec des holocaustes, Avec des veaux d’un an?
7 L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, Des myriades de torrents d’huile? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles? -
8 On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; Et ce que l’Eternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu.
Voilà un programme un peu en retrait de celui prêché par Jésus, mais si depuis presque 3000 ans, il avait été suivi par les hommes nous n'en serions pas à nous massacrer et à craindre pour la survie de l'espèce humaine rendue problématique du fait nos excès.

Poursuivons notre quête en nous remémorant la parabole des mines (Matthieu 19) . Un riche personnage qui n'est autre qu'Archelaus roi de Judée, part pour se faire adouber par Auguste à Rome. C'est un homme violent et avide de pouvoir.
Il confie à 10 de ses esclaves des sommes d'argent conséquentes afin dit-il de les faire fructifier en son absence.
Les premiers 9 esclaves obtiennent de fortes plus values et sont récompensés, alors que le dixième se contente de rendre la somme qui lui a été confiée sans plus value, estimant que les prêts à intérêt étaient interdits par la Thora et que son maître prenait ce qu'il n'avait pas semé. Cet esclave signait ainsi son arrêt de mort, comme tous les opposants dont il est dit dans le texte que le maître les fit égorger devant lui.
Curieusement la majorité des commentateurs estime que les esclaves productifs sont les exemples à suivre, ils font prospérer leurs dons , en effet, mais au mépris de la morale cependant !
Ne se rendent- ils pas compte que le mauvais esclave c'est Jésus qui résiste à la violence et l'iniquité au mépris de sa vie ?
Ce que nous demande Jésus c'est de résister, à son exemple, en le suivant même au péril de sa vie.
Résister cesse alors de recouvrir des comportements mous.
Nous nous trouvons avec les célèbres personnalités que sont Albert Schweitzer défenseur de la vie, Martin Luther King apôtre de la non violence active, Jean Moulin chef des combattants de l'ombre, Dietrich Bonhofer le pasteur Allemand exécuté en 1945, tous les justes protestants des zones d'accueil des enfants juifs traqués, principalement au Chambon sur Lignon ou à Dieulefit, sans oublier les soignants des ONG sur les zones en guerre , et j'en oublie bien sûr .
Je vous invite à écouter le texte de Paul en Romain 12 qui complète bien les considérations précédentes.
1 ¶ Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable.
2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
3 Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun.
4 Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction,
5 ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres.
6 Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi;
7 que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement,
8 et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le fasse avec libéralité; que celui qui préside le fasse avec zèle; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie.
9 Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur; attachez-vous fortement au bien.
10 Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres; par honneur, usez de prévenances réciproques.
11 Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur.
12 Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière.
13 Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l’hospitalité.
14 Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. »

Nous protestants sommes moins facilement aidés que nos frères catholiques, puisque nous ne nous soumettons pas à des dogmes édictés par les autorités ecclésiastiques balisant la manière de vivre. Sans cesse il nous faut faire appel à notre intelligence pour discerner ce qui est utile au développement du projet de Dieu présenté par Christ. C’est pourquoi résister est d'abord une attitude permanente de chaque individu, revenant à chercher à être juste dans les actions menées, aussi petite soient-elles et ce sans paresse ni faiblesse.
Bien sûr l'église toujours réformée nous soutient pour constituer le corps de Christ dont parle Paul. cette attitude de décider seul de sa vie nourrit la qualité de ce que peut entreprendre notre église disposant ainsi, pour ce faire, de toute la diversité humaine voulue par Dieu.
Le protestant peut ainsi, malgré l'isolement, résister à toutes les oppressions tout en s'appuyant sur le réseau des frères et sœurs.
Résister prend ainsi une dimension singulière : déterminer son chemin de vie seul avec Dieu et agir , si possible, en symbiose avec les autres volontés humaines partageant des objectifs communs .

Pour finir je vous propose d'écouter ce que disait Martin Luther King la veille de son assassinat en Avril 1968
« Il ne s'agit plus de choisir entre la violence et la non violence en ce monde ,mais entre la non-violence et la non -existence ».

« Il faut se dépêcher de passer d'une société tournée vers les choses à une société tournée vers les gens. Lorsque la machine et les ordinateurs, les bénéfices et les droits de propriété prennent plus d'importance que les êtres humains, on ne peut contenir les triples démons que sont ; le racisme, le matérialisme et le militarisme. »

Résister à notre époque s'applique à tant d'orientations dévoyées par ceux là même qui sont en charge de la communauté, tant de tentations habilement présentées, tant d'abus d'autorité et tant de perversion des organes de communication que nos pouvoirs sont apparemment trop faibles pour redresser les situations.
Et pourtant, certains dont beaucoup de personnalités religieuses, et c'est pourquoi j'ai cité Martin Luther King, osent dénoncer les œuvres maléfiques dans les sociétés humaines.
Mais réjouissons nous en espérance car là où le mal abonde , la grâce surabonde.


samedi 30 avril 2016

prédication sur liberté Mars 2016

L'année 2017, commémorera l'affichage par Luther en 1517 de 95 thèses au
porche de l'église de Wittenberg.
Ce moine Augustinien proposa, il y a 500 ans de cela, une vision nouvelle, renversante
, de la relation avec Dieu et du rôle de l'église .
Ce geste est considéré comme l'acte de naissance de la Réforme protestante.
Ce changement a profondément modifié notre culture et engendré la Renaissance
et son cortège de changements fondamentaux aboutissant in fine à la
démocratie. Grâce aux réformateurs, le christianisme , tout au moins protestant
a été purgé de nombre de ses principales dérives.
En 2017 l'EPUF présentera un certain nombre de thèses pour notre époque,
elle demande aux paroisses, pour ce faire, des propositions.
Aubagne envisage de réfléchir sur le thème « liberté et résistance ».
Les prédicateurs laïcs ont été chargés de présenter des appuis permettant
d'alimenter les réflexions.
Je vous présente pour ce faire une liturgie respectant l'ordre classique .
Cette liturgie est constituée par des lectures bibliques commentées afin que
vous puissiez mieux peser l'importance essentielle des terme liberté et libération
dans notre religion.
Je vous invite à prier.
Merci O Dieu pour le sens que tu donnes à nos vies.
Jésus en ton nom nous invite à changer nos désirs pour atteindre la cible que
tu nous révèles. Il nous faut changer radicalement en privilégiant l'essentiel,
notre relation avec toi. Nous savons maintenant que ni la mort ni le mal n'obtiennent
la victoire. Car tu nous a libéré de notre asservissement pour suivre
les chemins où Jésus nous précède.
Chant psaume 36 st 1
Notre péché : quel est-il ? Dieu nous en libère t'il?
Quand nous recherchons l'emploi du terme liberté dans la bible il apparaît que
c'est dans le premier testament qu'il est massivement utilisé, il l'est moins
dans le nouveau testament. Il conserve toutefois le même sens , à savoir l'affranchissement
des esclaves devenant ainsi hommes libres. Le statut d'esclave
était en effet terrifiant puisque les hommes soumis à ce régime étaient privés
de toute autonomie, ils n'existaient pas en tant que personnes, en fait ils
étaient des meubles que l'on vendait, punissait, maltraitait sans remord.Passer
du statut d'esclave à celui d'affranchi avait une signification profonde.
Ne jamais oublier cela quand est évoqué la libération des hommes en ces
temps lointains, c'est un acte de restauration , l'homme libéré peut enfin accéder
à une vie personnelle et responsable. Paul s'exclame (Colossiens 3:11)
« Il n’y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni
Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous. »
Ensemble écoutons dans le livre de la Genèse, au chapitre 11 les versets 1 à 9
« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots.
2 Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au
pays de Schinear, et ils y habitèrent.
3 Ils se dirent l’un à l’autre: Allons! faisons des briques, et cuisons-les
au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment.
4 Ils dirent encore: Allons! bâtissons-nous une ville et une tour dont le
sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne
soyons pas dispersés sur la face de toute la terre.
5 ¶ L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les
fils des hommes.
6 Et l’Eternel dit: Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une
même langue, et c’est...... là ce qu’ils ont entrepris; maintenant rien ne
les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté.
7 Allons! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent
plus la langue, les uns des autres.
8 Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre; et ils
cessèrent de bâtir la ville.
9 C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Eternel
confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Eternel les
dispersa sur la face de toute la terre »
Les habitants de la terre sont devenus identiques d'une part et ,
d'autre part ils travaillent pour un objectif commun : dresser une tour pour atteindre
le ciel, autrement dit ils se façonnent une idole un Dieu qui leur
convient.
La société est parfaitement réglée, un Dieu unique, des hommes identiques
occupés dans des grands travaux donc en paix.
Bien sûr il y a là un rêve proprement humain tout à fait d'actualité , tous parler
Anglais, tous appartenir à un gouvernement mondial gage de paix et honorer
la déesse science qui régit tous les comportements.
Avant de m'avancer plus loin je vais vous conter l'histoire des fourmis argentines.
Il était une fois une reine fourmi vivant en Argentine où ces fourmis prospéraient
sans dominer particulièrement les autres espèces.
Quand les fourmilières argentines devenaient trop nombreuses des querelles
entre elles en réduisaient le nombre.
Mais, voilà qu'un savant espagnol enferma une reine et quelques unes de ses
filles dans un bocal qui à son retour , par mégarde, s'ouvrit.
Désastre ! Les fourmis Argentines se développèrent tellement qu'elles envahirent
tout le sud de l'Europe en une progression fulgurante avec l'extermination
de toutes les autres sortes de fourmis. Le front des combats se déroule
aujourd'hui chez nous.
Les fourmis argentines d'une même fourmilière ont toutes le même génome, et
elles disposent d'un sens leur permettant de détecter les phéromones des
autres fourmis. Toute étrangère est exterminée si elle émet une phéromone
autre que celle des populations de leur fourmilière.
Or toutes les fourmis argentines issues en Europe de la même mère ne se reconnaissent
jamais comme ennemies puisqu'elles diffusent exactement les
mêmes phéromones .
Elles peuvent alors envahir sans retenue puisqu’en quelque sorte leurs populations
constituent une fourmilière unique qui peut mobiliser en cas de combat
des troupes abondantes issues de toutes les fourmilières argentines installées
en Europe.
Ces fourmilières Argentines ressemblent de très prés à la ville que les habitants
de Babel se sont construits. Comme les phéromones pour les fourmis les
hommes disposent de la langue commune au groupe qui leur permet de repérer
l'étranger dont la langue diffère de la leur.
Comme pour nos fourmis l'homme est construit de telle sorte qu'il soit en mesure
de défendre son groupe. Si sa raison ne jugule pas ses pulsions il se débarrassera
de l'intrus.
Comme les fourmis, bientôt les hommes fabriqueront des bébés clonés nés en
bocal. Ils auront une culture commune, celle diffusée à longueur de temps par
leurs médias.
Mais à cela notre Dieu met bon ordre, il disperse les hommes et les libère de la
mise en esclavage en cours à Babel mais aussi du rêve enfantin d'un monde
en paix obtenu au prix de la privation de la liberté de penser et de se comporter
selon leurs aspirations.
Comme nous l'avons vu nous disposons de sens qui automatiquement nous
avertissent de la présence d'un étranger.
Dans la logique du combat pour la vie nous devrions nous débarrasser de celui
ci car il est potentiellement porteur de pensées autres que celles régnant dans
le groupe .
Dieu libère de cette fatalité en faisant de chacun un super être pensant, unique
en son genre qui par sa raison peut juguler ses penchants ataviques.
Le projet de Dieu est ainsi, de rendre libres les hommes et de les différencier
ainsi des insectes sociaux qui représentent une espèce de perfection qui ne
nous est pas destinée . Les hommes sont coauteurs avec Dieu de leur destinée
Chant 45-01 st 1
Annonce de la grâce
Dans quelle mesure tenons nous en main les commandes de notre propre vie ,
une bonne partie des entraves étant probablement en nous même ?
Le salut de Dieu est un acte de création qui nous libère progressivement.
La possibilité d'avoir la foi est un don de Dieu, une grâce .
La foi elle, est un choix de la personne individuelle . C'est le sens même des
appels à se tourner vers Dieu que l'on trouve partout dans l'ancien testament
et à chaque pas dans les évangiles.
Dieu peut aimer l'être humain malgré lui, cela est en soi une garantie de vie.
Mais c'est dans la mesure où nous nous confions dans les mains de Dieu qu'il
peut nous donner ce qui nous transcende en modifiant notre regard sur le
monde.
Chant 42-02 st 1 et 3
La volonté de Dieu est illustrée par le discours de l'apôtre Paul en Galates chapitre
5 versets 1 à 6 écrit :
¶ « C’est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc
fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de l'esclavage.
2 Voici, moi Paul, je vous dis que, si vous vous faites circoncire, Christ
ne vous servira de rien.
3 Et je proteste encore une fois à tout homme qui se fait circoncire,
qu’il est tenu de pratiquer la loi tout entière.
4 Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification
dans la loi; vous êtes déchus de la grâce.
5 Pour nous, c’est de la foi que nous attendons, par l’Esprit, l’espérance
de la justice.
6 Car, en Jésus-Christ, ni la circoncision ni l’incirconcision n’a de valeur,
mais la foi qui est agissante par la charité. »
Paul S'adresse aux Galates qui veulent savoir s'ils doivent être circoncis pour
devenir Chrétien . En effet les Galates sont des Celtes descendants de Gaulois
ayant envahi l'Anatolie au 3me siècle AJC, ils n'ont absolument pas la même
culture que les Juifs. Paul réalise qu'il n'y a aucune raison de leur imposer une
loi étrangère qui comprend chez les juifs bien plus que la Torah. Toutes les réglementations
tatillonnes ajoutées par le clergé juif appartiennent au corpus de
la loi et aux coutumes Juives. Ne croyez pas que Paul soit un anarchiste, en 1
Corinthiens 6:12, il écrit
« Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais
je ne me laisserai asservir par rien. »
La loi est nécessaire et garantit la liberté en régime démocratique. Voltaire
écrit ainsi « la liberté consiste à ne dépendre que des lois »
La liberté offerte par Jésus n'est pas du même ordre que la liberté garantie par
l'Etat. C'est ce qu'explique Paul en Galate au verset 14 du chapitre 5 ;
« La loi toute entière trouve son accomplissement dans cette unique
parole : tu aimeras ton prochain comme toi même » La seule liberté est
donc dans cet amour, ce que Luther exprime ainsi :
« Le chrétien est l'homme le plus libre, maître de toutes choses, il
n'est assujetti à personne. L'homme chrétien est en toutes choses le
plus serviable des serviteurs , il est assujetti à tous »
Nous comprenons donc que Jésus nous libère de l'esclavage d'une loi pour
nous faire tomber dans l'esclavage de l'amour du prochain. Mais au moins est
ce un esclavage librement consenti qui nous rapproche de la vraie vie et dont
nous comprenons l'utilité.
Luther traduit tout celà par cette phrase
« Le chrétien est élevé au dessus de lui même, en Dieu, là est la foi. Le
chrétien est abaissé en dessous de lui même en son prochain ; là est
l'amour »
Avec Paul nous pouvons dire : « C'est pour que nous soyons réellement
libres que Christ nous a libérés »
Chant 36-04 st 1
A ce stade se pose la question suivante : comment Jésus libère t'il ?
Je vous propose de lire le texte suivant en Jean 8 1 à 11.
« Jésus se rendit à la montagne des oliviers. Mais, dès le matin, il
alla de nouveau dans le temple, et tout le peuple vint à lui. S’étant assis,
il les enseignait.
Alors les scribes et les pharisiens amenèrent une femme surprise en
adultère; et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à Jésus: Maître,
cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Moïse, dans la
loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu?
Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus,
s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient
à l’interroger, il se releva et leur dit: Que celui de vous qui est
sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant de nouveau
baissé, il écrivait sur la terre. Quand ils entendirent cela, accusés par
leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu’aux
derniers; et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu.
Alors s’étant relevé, et ne voyant plus que la femme, Jésus lui
dit: Femme, où sont ceux qui t’accusaient? Personne ne t’a-t-il
condamnée? Elle répondit: Non, Seigneur. Et Jésus lui dit: Je ne te
condamne pas non plus: va, et ne pèche plus. »
Le « va, et la phrase « désormais ne pèche plus » mis dans la bouche de Jésus
semblent condamner l’adultère et inviter à une conduite morale. Ce passage de
Jean est interprété généralement comme une parole sur le péché et le pardon :
l’adultère est un péché mais Jésus pardonne. C’est ainsi que les Églises l’ont
compris et l’ont souvent enseigné au cours des siècles. Ce n’est pourtant pas là
ce qui est remarquable. Il s’agit en fait, essentiellement, d’un acte et d’une parole
de libération de la part de Jésus. Jésus délivre la femme de ses accusateurs
et, une fois seul avec elle, il la délivre de sa propre auto-accusation, de
sa culpabilité en lui disant « Moi non plus, je ne te condamne pas : va. »
Jésus brise notre culpabilité et notre fascination devant une Loi qui divise les
êtres au lieu de les apaiser. Le Dieu de Jésus ne nous condamne pas, il veut
que nous vivions en plénitude.
La femme est libre d’aller, de vivre, parce que libérée du jugement d’autrui et
de son propre jugement accusateur. La femme est délivrée du tombeau dans
lequel on voulait l’enfermer.
Jésus a vraiment ressuscité la femme en la libérant de ses accusateurs et de
son auto-accusation.
Ce faisant, elle est libre pour une vie nouvelle.
Cette scène dite « de la femme adultère » est bien mal nommée, car mettre en
avant l’adultère de la femme, c’est prendre le point de vue de ses accusateurs
qui se prétendent les défenseurs zélés de la Loi et des bonnes moeurs.
En réalité, dans cette scène, l’accusé principal n’est pas la femme, mais Jésus
avec son message de libération et de miséricorde.
Par contre, sur cette femme, le texte ne nous dit rien et nous ne savons rien.
Elle est certes adultère au regard de la Loi, mais qui peut dire qu’elle a péché
contre l’amour ? En ne condamnant pas cette femme, Jésus conteste la Loi de
Moïse ou, du moins, le rôle mortifère qu’on lui fait jouer : elle écrase les humains
et exerce sur eux une violence meurtrière. Comment cette Loi peut-elle
être divine si elle ordonne de tuer les amants adultères à coups de pierres ?
En tirant un enseignement moral de cet épisode, on en détourne le sens profond.
Ce que Jésus veut faire comprendre à ses auditeurs, ce n’est pas qu’ils
ne doivent pas pécher – cela ils le savent déjà – mais qu’ils ne doivent pas accuser,
qu’ils ne doivent pas juger ni, à fortiori, condamner, mais devenir miséricordieux
comme leur Père des cieux. L’impératif absolu devient alors : « tu ne
jugeras pas », « tu ne condamneras pas ». Ces hommes, qui prétendent juger
et condamner, appartiennent au monde des ténèbres. Jésus ne les condamne
pourtant pas, il est venu, comme l'écrit l'apôtre Jean sauver ce qui était
perdu . Par sa Parole, il les libère également. Jésus les révèle, ils se sentent
aussi pêcheurs et concernés eux qui se présentaient comme des purs. C'est la
tête basse qu'ils s'en vont , les vieux sages en premier
L’enseignement de Jésus ne porte pas sur le péché d’adultère – ce serait banal
– mais sur celui, infiniment plus grave à ses yeux, de l’exclusion morale, du jugement
justifié par un usage pervers de la Loi.
Jésus ne prononce aucune parole de pardon et la femme, aucune parole de repentance.
Jésus lui dit seulement : « Je ne te condamne pas. » Cette parole
est la chute finale qui vient clore l’épisode qui trouve ainsi son unité. Le « désormais
ne pèche plus » est vraisemblablement une addition du rédacteur final
qui ne respecte pas le sens de l’enseignement de Jésus et n’a pu s’empêcher
de donner à Jésus un ton moralisateur. Il fallait que morale soit sauve !
L’exclusion par jugement et condamnation paraît bien être le péché que Jésus
combat, ici comme dans tant d’autres passages des évangiles. Condamner et
exclure une personne, c’est rompre définitivement toute relation avec elle,
c’est par là même se couper de Dieu : « Dieu, personne ne l’a jamais vu. Si
nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son
amour, en nous, est accompli. » (1 Jn 4,12)
Aimer, c’est lutter contre la séparation ; l’exclusion est l’opposé de l’amour.
Le péché suprême, le péché contre l’Esprit, contre lequel Jésus lui-même ne
peut rien, n’est-il pas de se croire maudit et coupé de Dieu ? Jésus ne dit-il pas
quelques versets plus loin : « Vous jugez de façon humaine. Moi, je ne
juge personne. » (Jn 8,15).
Après avoir libéré la femme de la violence des accusateurs, Jésus devient luimême
objet de jugement et d’exclusion violente car les pharisiens exaspérés «
ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter » (Jn 8,59).
Chant 61- 31
Exprimons notre foi avec un texte de Christine Prieto
Comme Dieu fit sortir les Hébreux du pays de l’esclavage,
je crois de même que Jésus-Christ nous fait sortir de nos enfermements.
Je crois qu’il nous apprend jour après jour à construire notre dignité humaine,
et à nous tenir debout devant le Père, dans la joie, la paix du coeur,
la confiance en son amour et en son soutien.
Je crois que Jésus nous fait découvrir qui est Dieu.
Un Dieu qui n’habite pas dans des maisons faites par la main des hommes.
C’est-à-dire un Dieu que nous ne pouvons pas enfermer dans des statues,
dans des temples, dans des dogmes, dans des préjugés.
Mais un Dieu qui habite les pierres vivantes que nous sommes.
Je crois que Jésus aime et appelle tous les humains sans distinction :
les femmes et les hommes,
les blancs, les noirs, les jaunes,
les pauvres et les riches,
les hétérosexuels, les homosexuels, les transsexuels,
les jeunes et les vieux… et toutes les autres différences qui existent.
Car tous sont enfants bien-aimés de Dieu.
Je crois que Dieu veut que nous construisions ensemble un monde de paix,
en partageant notre diversité et nos richesses.
Chant 62-79 les deux strophes.
Maintenant est le temps de l'intercession. Nombre de nos frères et soeurs de
nos deux paroisses sont frappés par la maladie. Nous pensons fort à eux et à
ceux qui les aident fidèlement.
Je souhaiterais que nous énoncions la prière qui rassemble tous les chrétiens
en les associant à nous par la pensée comme s'ils étaient là . Notre père ,,,,,
Notre ami théologien Raphaël Picon est décédé, terrible perte pour le protestantisme
libéral,
A quelques jours de sa mort il écrivit cet éditorial à l'attention de nous tous qui
sommes aussi mortels. Ce texte servira d'envoi .
Certaines images de Dieu nous plaisent plus que d’autres, celles qui
portent une idée de mouvement, de créativité, de transformation ;
celles qui invitent à croire en dieu comme oeuvrant à l’embellissement
du monde, à l’enrichissement des possibilités du réel, à l’attraction
vers un avenir meilleur.
Il y a des images de dieu, plus subtiles encore, que nous aimons pareillement
: celles liées à une certaine instabilité, à un affranchissement
de nos conforts, de nos statu quo, de nos inerties. Bien des raisons
justifient cette affection pour ce dieu associé à une puissance
créatrice : amour de la vie dans son dynamisme, passion pour un dieu
pensé comme un élan vital, force de résistance politique contre une
certaine dogmatisation de la pensée religieuse. Mais un monde tellement
vivifié par ce dieu du mouvement pourrait s’avérer inhabitable si
nous lui ôtions tous les bénéfices d’un dieu de la stabilité. Qu’est-ce
que dieu, en effet, sinon cette équation à chaque fois improbable
d’aventure et de paix, de mouvement et d’arrêt, de créativité et d’enracinement.
C’est bien au coeur de nos tourmentes, quand tout bascule,
que l’idée biblique du « rocher » retrouve son étincelante vérité
et les paroles du psalmiste leur délicieuse saveur. « Éternel, mon rocher,
ma forteresse, mon libérateur ! Mon dieu, mon rocher, où je
trouve un abri ! Mon bouclier, la force qui me sauve, ma haute
retraite ! » (Ps 18,2). Magnifique ! dieu est donc ce qui, en nous, peut
être « éternel ». Dieu est ce qui fait que nous pouvons être, c’est-àdire
avoir une valeur en soi, libérés de tous mouvements, de tous projets,
de toutes réalisations.
Ma « haute retraite » devient alors ce Dieu au-delà de l’animé et de
l’inanimé, au-delà même de ce qui fait d’une existence guidée par Dieu
une dynamique créatrice.
C’est à ce titre qu’on peut dire de Dieu qu’il est un absolu, et que cet
absolu est libération. Mais il faut avoir d’abord déconstruit l’image
même de la stabilité pour la sauver de son risque de fixité mortifère, et
pouvoir alors la retrouver.
Levez vous pour recevoir la bénédiction de la part de Dieu.
Libérés par la grâce, vivez la liberté des enfants qui apprennent le
monde avec des yeux neufs. N'ayez aucune crainte, je suis ce qui en
vous est éternel.
Chant 14-03 st 1 à 8

mardi 20 octobre 2015

Donné à Aubagne le 18 Octobre 2015
Jésus et Satan

Au cours de vos lectures du nouveau testament vous vous êtes
certainement interrogé sur la signification des récits présentant les
fréquentes manifestations d’esprits mauvais inféodés à Satan, le prince
de ce monde.
Jésus lorsqu’il guérit intervient en chassant les esprits impurs ayant
investi les individus.
En m’appuyant sur des textes choisis dans l’évangile de Marc, je vais
tenter de clarifier quelque peu le sens de ces possessions et des actions
de Jésus pour les vaincre.
Gardons à l’esprit le récit symbolique de la Genèse contant la relation
entre le serpent et l’homme. Leurs sorts sont liés, l’un mord le talon
de l’homme, l’autre écrase la tête du serpent. Leur haine réciproque
empoisonne leur relation.
Le Satan est ainsi installé dans le coeur de chaque homme profitant de
toutes les occasions pour le soumettre à sa loi.
Jésus est celui qui ouvre la possibilité de rompre l’emprise infernale de
Satan.
Lors de son baptême l’esprit descendit sur Jésus comme une colombe
et lui permit de résister pendant 40 jours aux séductions du malin. La
malédiction fut alors rompue définitivement, ce qu’indique ce fameux
nombre quarante qui est le temps nécessaire pour garantir l’absence
de maladies contagieuses, lorsque le patient s’avère être en bonne
santé au terme de l’isolement.
En ce sens, Jésus, en se révélant intact au terme de 40 jours de
tentation, est l’homme qui libère l’humanité de sa dépendance au
Satan. Jésus n’a en quelque sorte plus l’infection diabolique !
Tout cela ressemble fort à un conte et pourtant très vite Jésus va faire
preuve de ses pouvoirs nouvellement acquis.
Au début de sa mission, dans la synagogue de Capharnaüm, alors qu’il
enseignait, « un homme possédé d’un esprit impur, s’écria.
Pourquoi te mêles –tu de nos affaires, Jésus de Nazareth ? Es-tu
venu pour notre perte ? Je sais bien qui tu es : le Saint de Dieu !
Jésus le rabroua en disant : Tais-toi et sors de cet homme.
L’esprit impur sortit de lui en le secouant violemment et en
poussant un grand cri »
Cette citation tirée de l’évangile de Marc au chapitre 1 inaugure une
série de guérisons de ce type.
Nous ne pouvons éluder cette évidence, ces guérisons relatées de la
même manière par les 3 évangélistes synoptiques ont une signification
profonde.
Je voudrais à ce stade vous faire remarquer que l’homme est certes
libre, mais cette liberté est toute relative. Nous sommes construits
1
comme tous les êtres vivants qui peuplent ce monde et une part de nos
comportements est dictée, comme pour eux, par nos réactions
instinctives. Il nous est toutefois possible à la différence des autres
êtres vivants d’y échapper partiellement en développant le recours à la
raison.
Nous savons comment cela est dur de se maîtriser, de raison garder. Il
n’est qu’à contempler les égarements des individus confrontés à des
choix portant sur des menaces réelles ou inventées concernant les
groupes humains aux quels ils appartiennent, famille, patrie, religions,
communautés humaines professionnelles ou sociales.
Le spectacle offert chaque jour par la montée des intégrismes et des
horreurs impensables auxquelles conduisent les déchainements de la
haine est malheureusement éclairant sur ce point.
Comment Jésus va-t-il libérer l’homme de ces conditionnements, lisons
ensemble l’explication que fournit Jésus de la parabole du semeur
« Le semeur sème la parole. Ceux qui sont le long du chemin ce
sont ceux en qui la parole est semée, mais à peine l’ont-ils
entendu que le Satan vient enlever la parole qui a été semée en
eux. Quant à ceux qui ont été ensemencés dans les endroits
pierreux, ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent la parole la
reçoivent aussitôt avec joie, mais ils n’ont pas de racine en eux
même ; ils ne tiennent qu’un temps ; sitôt que survient la
détresse ou la persécution à cause de la parole, c’est pour eux
une cause de chute. D’autres ont été ensemencés parmi les
épines ; ce sont ceux qui entendent la parole, mais les
inquiétudes du monde, l’attrait trompeur des richesses et
l’intrusion des autres désirs étouffent la parole, et elle devient
stérile. D’autres ont été ensemencées dans la bonne terre ; ce
sont ceux qui entendent la parole, l’accueillent et portent du
fruit : l’un trente, un autre soixante, un autre cent »
Ainsi la parole est la graine que Jésus utilise pour gagner à lui les
hommes.
En résumé, nous sommes conditionnés et des réponses irréfléchies
nous sont proposées automatiquement lorsque certains événements se
produisent.
Jésus nous propose d’échapper à ces pulsions lorsqu’elles nous
avilissent. Nous disposons pour ce faire de sa parole transcrite par les 4
évangélistes.
Malheureusement la mise en forme pratiquée par ceux-ci 50 ans après
la mort de Jésus n’est pas totalement fiable. Aux théologiens de nous
guider pour saisir l’intention véritable de Jésus.
Je me suis inspiré de l’un d’entre eux, le pasteur Suisse Marc Rossier,
que j’ai trouvé fort pertinente pour poursuivre cette prédication.
2
J’aimerai lire puis commenter un passage souvent escamoté par les
lecteurs tant il semble obscur.
Marc 3 20 à 27
Puis il revient à la maison, et la foule se rassemble encore : ils
ne pouvaient même pas manger.
A cette nouvelle, les gens de sa parenté sortirent pour se saisir
de lui, car ils disaient : il a perdu la raison.
Les scribes qui étaient descendus de Jérusalem disaient : il a
Belzébul ; c’est par le prince des démons qu’il chasse les
démons !
Il les appela et se mit à leur dire, en paraboles : comment Satan
peut-il chasser Satan ? Si un royaume est divisé contre luimême,
ce royaume ne peut tenir ; et si une maison est divisée
contre elle-même, cette maison ne peut tenir. Si donc le Satan
se dresse contre lui-même, il est divisé et ne peut tenir ; c’en
est fini de lui. Personne ne peut entrer dans la maison d’un
homme fort et piller ses biens sans avoir d’abord lié cet homme
fort ; alors seulement il pillera sa maison.
Le terme Belzébul signifie « le maître de la maison ». Or la maison est
le lieu de rassemblement de la famille groupée autour de son chef.
Jésus revient à sa maison qu’il situe là à Capharnaüm.
Or les gens de sa famille de sang contestent ce fait, Jésus disent-ils
perd la raison en quittant sa vraie maison, celle de Nazareth.
Tout ce passage tourne autour de la maison et de la famille. Les scribes
venus tout exprès de Jérusalem disent clairement que Jésus appartient
à la famille satanique. Jésus se moque de cette opinion en disant qu’il
ne peut chasser des démons s’il est lui-même un démon.
Jésus signifie clairement qu’il ne peut y avoir de lutte intestine dans un
royaume, c’est pourquoi le combat que nous constatons tout au long
des évangiles entre Jésus et les démons n’est pas issu d’une division
interne mais bien d’une lutte engagée entre deux royaumes bien
distincts.
Jésus poursuit son discours en racontant l’histoire de l’homme fort.
Qui est-il cet homme fort? C’est Satan le prince des démons
confortablement installé dans sa maison.
Et cette maison c’est le monde où règne Belzébul. Ce que l’évangéliste
Jean confirme quand il qualifie Satan de « prince de ce monde »
Voilà comment Jésus présente sa vision du monde.
Lui-même est dans une petite Maison entouré d’une petite foule de
curieux, au coeur du monde, au coeur d’une immense maison fortifiée
dominée par l’homme fort.
A la question de Jésus « qui peut entrer dans la maison d’un homme
fort et piller ses biens ? La réponse est : moi Jésus, je peux entrer dans
cette maison de Satan et j’ai commencé à piller ses biens !
3
Or ce sont justement les guérisons réalisées par Jésus qui le montrent
à tous.
Voilà un étonnant retournement de situation. Alors que Satan est
présenté en général comme le prédateur, le loup qui entre dans la
bergerie, ici, c’et l’inverse, Jésus surgit dans la maison de Satan et le
pille.
Et comment Jésus peut-il faire cela : il nous le révèle ici : il ne pourrait
pas arracher les hommes à la gueule des démons, s’il n’avait pas ligoté
auparavant l’homme fort. C’est dire, qu’avant même cette lutte contre
les démons il ya une victoire remportée sur Satan, celle au désert où la
lutte dura 40 jours !
Satan étant ainsi enchainé, Jésus peut chasser les démons et dérober
les biens de Lucifer.
Et ces biens ce sont évidemment les hommes et les femmes esclaves
du péché.
Esclaves dans le monde, esclaves de la maison de Satan comme étaient
esclaves les Hébreux dans la grande Egypte des pharaons.
L’objet du vol c’est toi et moi.
Celles et ceux qui font partie de la famille de Jésus, ce sont ceux qui
sont là et qui écoutent, contrairement à ceux appartenant à la famille
de sang de Jésus qui n’ont pas entendu son message et l’estiment fou.
C’est par sa parole que Jésus libère. Pour être libéré il faut d’abord
écouter.
Alors la parole de Dieu surgit en ce monde, comme celle de Moïse au
désert. Elle nous conduit au combat. Il n’est alors pas étonnant que les
démons connaissent l’identité de Jésus.
Ils n’ont pas besoin d’un dessin pour reconnaître en lui leur adversaire.
Cette histoire ressemble aux récits mythologiques antiques. Certains
n’iront pas plus loin, un conte de plus sans importance.
Pourtant cette histoire fournit des indications sur notre identité et sur
ce que Jésus nous propose.
Jésus n’est pas un simple compagnon de route, Jésus est un soldat qui
lutte avec les armes de l’amour, contre l’armée des égoïsmes, du
mépris, du désespoir et de la peur : dont nous sommes les esclaves.
Nous ne sommes pas des êtres qu’il faut laver de leurs fautes, nous
sommes des êtres qu’il faut arracher de la maison de servitude où ils
sont enfermés.
Le monde est une beauté en esclavage.
Ma famille c’est d’abord l’humanité mutilée, humiliée qui attend d’être
libéré des tentations de puissance par les forces d’amour sortant de la
bouche de Jésus. La puissance de la parole de Jésus n’est pas
émoussée par le temps qui passe.
N’oublions pas cet homme fort confortablement installé pour
contempler des esclaves recherchant l’avoir en oubliant l’être.
4
N’oublions pas ce voleur venant inlassablement tirer les hommes de
leur servitude par la parole.
N’oublions pas de maîtriser ces forces instinctives qui nous sauvent
souvent mais conduisent parfois à écraser les autres, ceux qui diffèrent
et n’appartiennent pas à nos cercles d’identité, ceux qui font peur car
ils mettent en péril le fragile équilibre de nos identités.
Laissons-nous habiter par ta parole chassant comme un flot puissant ce
qui relève des tentations des forces sataniques.
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mardi 14 avril 2015

2015/04/05 Pâques prédication donnée à Aubagne et La Ciotat

Pâques 2015 :Textes – Luc 24 29 à 53. Actes 1 1 à 3.  Osée 6 1 à 3
Chers frères et soeurs.
Déjà 40 jours se sont écoulés depuis le début du carême.
Peut être avez-vous consacré durant ce temps une attention particulière à la Bible et, tout spécialement, à la signification des événements décrits dans les récits de la passion.
Il y a là véritablement  matière, dans les difficiles moments que nous vivons, à dégager des pistes pour répondre à nos  interrogations et renforcer notre courage.
Les différents récits bibliques de la passion grouillent d’une vie incroyable, des hommes et femmes très divers y figurent, nous retrouvons, chez eux, nombre de travers et qualités humaines.
Aux veillées des Jeudi et Vendredi saints, Emmanuel et moi avons évoqué plusieurs de ces personnages.
Aujourd’hui, je vous présenterai, d’abord des considérations sur les textes relatant ces événements, puis une recherche sur le sens de cette résurrection si incroyable.
Commençons par les considérations sur les textes bibliques.
Les évangiles sont différents, le canon du nouveau testament en a retenu 4.
Il en existait d’autres, ceux de Thomas, Pierre, Philippe, Marie, Pilate, Judas notamment. Ils ont été pour la plupart égarés au fil du temps mais certains ont ressurgi des sables.
Plus on remonte le temps et plus ces documents attestent d’une diversité des théologies dans le monde chrétien des deux premiers siècles.
L’hétérogéinité des traditions orales et écrites concernant Jésus est forte dès la première génération des témoins directs de Jésus.
Les synagogues fréquentées par les chrétiens étaient nombreuses dans le monde antique, car la diaspora juive était installée tout autour du bassin Méditerranéen et même au-delà .
Des  comptoirs commerciaux étaient tenus par des juifs en Inde et en Chine.
L’apôtre Thomas vers les années 60 a pu, en allant, le long de la route de la soie, de synagogue en synagogue, atteindre l’état du Kerala en Inde, où subsiste encore, 2000 ans après, une communauté chrétienne revendiquant sa fondation par cet apôtre. Thomas a peut être atteint la Chine !
Il n’y a donc pas à s’étonner de trouver des divergences entre des récits évangéliques écrits plus de 40 ans après la disparition du Christ.
Mais c’est bien pour cela qu’ont été retenus dans le canon du nouveau testament, 4 évangiles. La diversité des témoignages est ainsi assumée par le collège des évêques aux 3me et 4me siècle.
A titre d’exemple, Luc, l’évangéliste auteur d’un évangile et des actes des apôtres, présente deux versions divergentes de l’ascension de Jésus, l’une à la fin de son évangile où elle a lieu dès le lendemain de sa résurrection et une autre au début des Actes où elle se déroule 40 jours après sa mort !
Cette constatation  montre que les évangélistes n’étaient pas outre mesure attachés à la vérité historique, puisque Luc, qui se targuait dans l’introduction à son évangile, d’être d’une grande rigueur dans la transmission des événements, présentait le même fait à des dates différentes !
Par ailleurs comme une litanie, tous les textes relatifs à la Passion ne cessent de préciser la conformité des faits relatés avec les prédictions contenues dans les  prophéties ou les psaumes de l’ancien testament.
Ainsi les évangiles, les actes et les épîtres  sont-ils ponctués  de la phrase « selon les écritures ».
Le texte du prophète Osée, que je vous ai lu, est ainsi utilisé comme modèle  du timing de la passion.
Bien évidemment pour les évangélistes, l’objectif, était de montrer au public Juif, lors des réunions dans les synagogues, que Jésus était bien le messie annoncé dans de nombreux passages bibliques. Cela dura jusque dans les années 80, période au cours de laquelle les juifs interdirent l’accès des synagogues aux chrétiens.
Nous ne pouvons donc sacraliser imprudemment les textes évangéliques.
Les théologiens sont là pour justement présenter des analyses textuelles et historiques évitant les égarements.
L’évêque épiscopalien John Spong leader de la théologie très novatrice du process, écrit dans son livre Jésus pour le 21me siècle
« Il est difficile d’oublier le fait qu’on nous a enseigné à lire les évangiles comme des comptes- rendus fidèles d’événements qui se seraient passés dans la réalité, mais nous n’avons pas le choix ; il nous faut écarter cette interprétation. Les évangiles plutôt que des rapports littéraux, sont en fait des interprétations du sens de l’engagement de Jésus, filtrées au travers de la vie cultuelle des juifs dans laquelle l’histoire de Jésus fut enregistrée et évoquée durant quelques générations avant que les évangiles ne soient rédigés. Les évangiles sont remplis d’images familières aux seuls juifs  et sont dépourvues de sens pour ceux d’entre nous qui n’ont pas la connaissance de cette tradition religieuse. Ce qui a abouti, vu notre ignorance de ce culte, à de graves malentendus. Puis nous avons concrétisé ces malentendus en les interprétants au mot à mot !
Les évangiles orientent ceux qui les lisent vers un mode de vie qui existait à un moment de l’histoire, mais ce n’était pas la vie quotidienne de cette époque qui avait réellement de l’importance pour les auteurs des évangiles ; c’était ce que signifiait  Jésus et ce quelque chose dont ils sentaient avoir fait l’expérience  à travers lui.
Paul l’a bien exprimé quand il écrivit dans les années 50  à propos de Jésus
« Aussi, désormais, ne connaissons nous plus personnes à la manière humaine. Si nous avons connu le christ à la manière humaine, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi »
( 2 Co 5,16).
Selon Paul la raison en est la suivante 
« Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature » (2Cor 5, 17).
C’est une description non pas d’un savoir humain, mais d’une expérience extatique, spirituellement épanouissante.
C’est pourquoi les évangiles ne furent pas écrits pour enregistrer les détails de la vie de Jésus, mais pour interpréter l’expérience de Jésus.
Il faut véritablement saisir cette distinction, faute de quoi nous n’échapperons jamais à la bataille futile qui écartèle l’Eglise chrétienne contemporaine entre ceux qui lisent les textes des évangiles au mot à mot, et ceux qui rejettent ces textes pris dans leur sens  littéral comme non crédibles.
Le premier objectif des auteurs des évangiles a été centré sur la mort de Jésus et sur l’expérience qui transforma la signification de sa mort, du désespoir à l’espoir d’une vie nouvelle. »

L’espoir d’une vie renouvelée c’est ce dont je vais vous parler dans la seconde partie de cette prédication.
Souvenez vous, selon les évangiles,  Jésus ne cessa de dire: je fais toutes choses nouvelles, changez radicalement, je ne suis pas venu abolir mais accomplir.
La mise en évidence de la nature révolutionnaire de la mission de Jésus ne pouvait avoir lieu qu’à proximité du temple de Jérusalem au cours des fêtes commémorant, pour les juifs, la libération du peuple Hébreux.
Ce peuple réduit en esclavage, partit dans la plus grande hâte vers une terre promise, située au-delà d’un désert dépourvu de ressources.
Saluons le courage de ces hommes et femmes dépendant pour leur  survie, durant 40 ans, de la seule mansuétude de Dieu et du charisme de Moïse!
Le peuple des Hébreux n’avait toujours pas, à l’époque où vivait Jésus, accédé à une terre promise qui leur était constamment arrachée par les empires  s’épanouissant en Mésopotamie, en Egypte, en Grèce ou  à Rome.
Un messie, un roi des juifs à l’image de David, était impatiemment attendu pour qu’enfin la promesse de Dieu se réalise.
Ce messie ne pouvait se révéler qu’à Pâques.
Jésus fit donc tout pour mourir durant cette période.
Sa décision de monter à Jérusalem était suicidaire, les disciples le savaient mais se refusaient à comprendre la démarche de Jésus, en dépit des annonces, trois fois répétées par celui-ci, de ce qui allait arriver.
La terreur les aveuglait totalement.
S’il est un mystère c’est bien celui du rétablissement de ces disciple après la crucifixion de Jésus.
Car la mise en croix disqualifiait complètement celui qui était martyrisé, tant aux yeux des Romains que des juifs comme le précise le texte suivant en Deutéronome 21 22-23
« Si un homme coupable d’un péché passible de la mort a été mis à mort et que tu l’aies pendu au bois, son cadavre ne passera pas la nuit sur le bois ; tu l’enseveliras le jour même, car celui qui est pendu est une malédiction de Dieu, tu ne rendras pas impure la terre que le Seigneur ton Dieu te donnes comme patrimoine »
Certains théologiens doutent de la réalité matérielle de la résurrection du Christ Jésus mais ils soulignent tous l’impensable dynamisation des disciples régénérés soudain par l’esprit saint.
Les yeux de ces humbles disciples s’ouvrirent, à l’image des yeux de 2 d’entre eux fuyant sur le chemin d’Emmaüs.
Ils se remémorèrent soudain leur maître, en voyant l’inconnu qui les accompagnait, rompre le pain et le leur donner, à l’image de celui qui deux jours plus tôt dans le chambre haute avait aussi rompu le pain. Subitement, tout l’enseignement du maître devenait limpide, les écailles tombaient de leurs yeux.
Vous noterez que Paul sur le chemin de Damas fut aussi illuminé, tomba de sa monture et fut frappé d’aveuglement, jusqu’à ce qu’il comprenne en un éclair le message de Jésus.
Voilà à minima ce que signifie la Pâque chrétienne.
Jésus, cet homme illuminé par Dieu, rayé du monde du fait d’une mort ignominieuse, se trouvait en quelque sorte révélé dans la mémoire de disciples qui passaient ainsi de l’obscurité à la lumière.
Transformés par cette révélation, ils se relevèrent de leur abattement et entreprirent l’annonce de cette bonne nouvelle au monde entier.
A leur tour, tous les hommes étaient  potentiellement inondés par le saint esprit, c’est là le don gratuit de Dieu, la grâce.
Cette effusion de l’esprit n’est pas réservée aux seuls disciples. A la Pentecôte tous les hommes peuplant la terre furent symboliquement rendus bénéficiaires de cette force
Du même coup Dieu habitait ainsi en chacun de nous comme le souligne Paul dans ses épîtres aux Corinthiens , Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes?
De ce fait le pasteur Persoz peut écrire
« La religion ne rayonne plus à partir d’un lieu sacré, mais à partir des hommes habités par l’esprit de Dieu. C’est maintenant à ces hommes de protéger Dieu de leur personne, de lui permettre d’exister. Ils doivent lui réserver un espace pour vivre». 
Le temple de Jérusalem peut être détruit il n’a plus d’importance comme séjour de Dieu.
Cela veut dire que les sacrifices pour faire venir Dieu dans un  temple de pierre bâti par les hommes n’ont plus aucune raison d’être.
C’est l’individu que Dieu prend en considération, c’est en lui qu’il habite. 
Dieu n’appartient plus à un peuple élu.
Voilà ce que Paque signifie pour nous chrétiens.
Plus précisément la loi figurant dans les livres du Pentateuque, si pointilleuse, exigeant une attention de tous les instants de la part des juifs pour éviter les interdits, les atteintes à la pureté, est considérée par Jésus comme seconde et dépassée. Le premier commandement est dorénavant « tu aimeras le seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, tu aimeras ton prochain comme toi-même »
Car aimer son prochain revient à aimer Dieu puisque ce prochain est, lui aussi habité par l’émanation de Dieu qu’est l’esprit.
Jésus en bon berger s’intéresse au troupeau certes mais s’attache surtout à ramener la brebis perdue.
Cette attention portée à l’individu est corrélée avec la libération de la pensée.
La loi ne s’applique plus sans discernement, chaque individu est libre et responsable, c’est ce que Paul exprime en 1 Corinthiens 6:12
« Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit. »
Pour moi c’est le texte le plus fort des épîtres de Paul.
Nous sommes libérés mais responsables en tant que dépositaires d’une parcelle de Dieu.
Nous sommes libérés de nos peurs quant au futur, habités par Dieu, nous sommes le temple sacré et ce temple ne saurait être détruit car Dieu est le maître du temps.
« Ne crains plus petit troupeau » s’exclame Jésus, soucie toi d’abord de faire vivre le  projet de Dieu dont  Jésus nous a dévoilé les tenants.
Luttons pied à pied contre les tentatives perpétuelles des humains pour affadir le sel de la terre que nous sommes.
Ces hommes et femmes nos frères et soeurs abattus par la peur, terrés dans la chambre haute à Jérusalem, cherchant à retourner chez eux en Galilée pour retrouver leurs activités, leurs familles et leurs habitudes se sont trouvés transcendés, réveillés, illuminés.
D’un coup ils saisirent la pleine signification des messages transmis par Jésus, ils accédèrent à la vie.
Mourir avec le vieil homme et renaître redressés, régénérés comme le furent aussi les hébreux sur les chemins du désert. Tel est le message de Paul que je vous propose de partager  ce jour de Pâques.
S’Il est un miracle, c’est celui de la soudaine renaissance de ces hommes terrassés, morts à l’espérance puis  ressuscités sous l’impulsion de l’esprit.
Ce n’est pas Dieu qui protège, contrairement à ce que les hommes recherchent en bâtissant des idoles mais nous qui protégeons Dieu en toute responsabilité.
Pour conclure, je veux ajouter cet enseignement symbolique.
Jésus fut baptisé d’eau par Jean Baptiste et Dieu fit descendre l’esprit sur lui.
Jésus est ainsi le premier homme à avoir reçu l’esprit.
De ce fait, Dieu restaurait l’homme tel qu’il l’avait conçu en l’Adam d’avant la faute.
Ce n’est pas par hasard que Jésus est conduit au désert par l’esprit, il y est tenté par Lucifer. Mais alors qu’Adam avait succombé à la tentation, Jésus résista.
Jésus fut alors véritablement le nouvel Adam.
Il retrouva l’immortalité de notre mythique ancêtre.
Comme les récits de la passion le rapportent la mort n’a plus d’emprise sur l’homme habité par l’esprit.

Jésus est ressuscité, les hommes aussi par la grâce de Dieu.
Amen