mardi 7 avril 2009

Jean 12 versets 20 à 33

Jean 12 20 à 33

Le chapitre 12 de l’évangile de Jean est bâti de telle sorte qu’il constitue un prologue aux événements à venir, arrestation de Jésus, jugement, mise à mort et résurrection.
Il se termine d’ailleurs par un paragraphe intitulé Epilogue.
Ce texte est un véritable récapitulatif du message Christique.
Il serait possible de l’extraire de l’évangile de Jean sans que le sens de cet évangile soit modifié.
Mais la lecture de ce chapitre 12 permet, à elle seule, de saisir la signification de l’incarnation de Dieu en un homme, Jésus.
Ne perdons pas de vue que l’évangile de Jean élaboré vers l’an 85 est écrit à l’attention d’une population majoritairement Grecque et non juive qui vit en Syrie, à Antioche et dans l’actuelle Turquie.
Cette population, 50 ans après la mise en croix du Christ, a comme guide deux apôtres, Jean l’apôtre et Thomas.
Comme Thomas, elle aimerait voir les stigmates de Jésus et y mettre le doigt pour adorer en clamant face à l’évidence, « Jésus mon seigneur et mon roi ».
Chassée des synagogues depuis peu, cette communauté s’interroge sur son devenir.
Les rédacteurs de l’évangile sont des disciples de Jean, ils s’inspirent de son héritage pour construire un texte permettant de fonder une religion non inféodée au judaïsme.
Dans ce chapitre 12, c’est le récit de la résurrection de Lazare qui est conté en premier.
Lazare est relevé par Jésus, alors que la mort le tenait dans ses griffes depuis 4 longs jours.
Parmi la foule innombrable montée à Jérusalem pour la Pâque, l’annonce de ce miracle se répand comme l’éclair.
Placé en exergue, ce texte souligne que ce dont il va s’agir dorénavant concerne l’avenir de chaque homme.
L’heure est venue où chacun est susceptible d’être immortalisé comme Lazare le fut et ce à l’initiative du seul Jésus.
Après cet épisode de miracle, sont présentées ce que l’on peut appeler les méprises, de la foule et des disciples.
Le miracle du relèvement de Lazare est reçu par la foule comme le signe de la royauté de Christ au sens de l’ancien testament.
Les textes cités par l’évangéliste, pour mettre en correspondance les événements et les prédictions prophétiques sont tirés de Zacharie et relatent l’arrivée d’un roi dépouillé monté sur le petit d’une ânesse.
La foule rassemblée sur le parcours de Jésus dans Jérusalem acclame donc un roi « Hosanna bénit soit celui qui vient, le roi d’Israël ».
Et elle danse en secouant des palmes, comme au temps de la fête Automnale juive des cabanes dénommée Succot.
Mais comme le note amèrement le rédacteur de l’évangile « c’était bien parce qu’elle avait appris qu’il avait opéré ce signe que la foule se portait à sa rencontre ».
Et la foule commet une double erreur, une double méprise, Jésus n’est pas venu pour être un roi qu’on adore prosterné, Jésus n’est pas venu pour devenir le roi d’Israël.
Cette foule quand elle sera détrompée par Jésus lui-même portera sa haine au niveau extrème auquel elle avait porté son enthousiasme le jour des rameaux

Des grecs au sein de cette foule, entendant parler de Jésus, de ce prophète, peut être de ce messie, voulaient le voir.
Ils étaient très semblables dans leurs attentes aux lecteurs ou auditeurs de l’évangile de Jean.
En dignes héritiers de l’apôtre Thomas si présent dans le quatrième évangile, ils rêvaient de voir et toucher pour croire.
Les récits de la vie de Jésus seraient tellement plus crédibles si on pouvait voir le sauveur en chair et en os et lui dire, comme le fit Thomas, « Mon seigneur, mon Dieu » !
Comme Jésus évitait de circuler ouvertement parmi les juifs (jean 11 54), pour accéder auprès de lui il fallait être introduit.
Très naturellement ces étrangers s’adressent à André qui portait un nom Grec et était très proche de Jésus.
Si André ne faisait pas partie de la garde rapprochée constituée par son frère Pierre, et les deux fils de Zébédée, Jean et Jacques , il était le quatrième intime du maître et constituait avec Philippe, qui portait lui aussi un prénom d’origine grecque, une des équipes de deux envoyées en mission pour répandre la bonne nouvelle.
André s’adressât à Philippe et les deux seuls disciples au prénom grec vinrent voir Christ.
Le luxe de ces détails, apparemment inutiles, vise à indiquer aux lecteurs non juifs de l’évangile que la réponse de Jésus les concerne au premier chef.
Jésus dans son discours s’adresse sans conteste à tous les habitants du monde et de tous les temps.
Quant à ces grecs, nul ne peut dire s’ils ont vu JC ou même s’ils l’ont entendu, et cela n’a aucune importance.
Finalement JC n’a peut être parlé qu’à ses disciples, en leur laissant la charge de transmettre son message à ces étrangers.
C’est d’ailleurs probable, pour la partie du texte se terminant au verset 26, car la phrase solennelle qu’il prononce en premier s’adresse à l’évidence à ses disciples.
« L’heure est venue où le fils de l’homme doit être glorifié ».
Déjà 6 fois dans l’évangile de Jean, Jésus les avait prévenu « l’heure vient »
Le monde antique tout entier a été dirigé par la croyance qu’il y avait une heure adéquate pour tout ce qu’on fait.
Pour construire une maison, se marier, faire la guerre, prendre une initiative, il fallait rechercher le moment favorable. Il fallait consulter pour cela quelqu’un de compétent, un prêtre, un astrologue, un voyant, un prophète.
L’heure est venue d’adorer le fils de l’homme.
Le temps est suspendu, un moment exceptionnel va imprimer dans le temps de l’humanité une marque indélébile.
C’est d’ailleurs ce que Jésus affirme « c’est maintenant le jugement de ce monde, c’est maintenant que le prince de ce monde sera chassé dehors ».
L’expression maintenant signifie tenir en main.
Le temps est tenu en main de telle sorte qu’il n’érode pas l’événement en le remisant dans le passé siège de l’oubli.
En somme l’événement introduit par cet adverbe est éternisé.
Le jugement du monde et l’éradication du malin sont ainsi, à partir de la résurrection, des événements passés, présents et à venir, en dehors du temps qui s’écoule. Leur valeur est devenue actuelle à tous moments.
Ainsi comme une fontaine dont l’eau s’est écoulée, s’écoule et s’écoulera, de même « l’esprit dit viens. Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut, prenne de l’eau de la vie gratuitement ». (AP 22-17) ; cette possibilité est éternisée, l’eau était là, elle est là, elle sera là.
Les disciples réunis autour du maître ne pouvaient manquer en entendant Jésus dire « l’heure est venue » de se remémorer la phrase suivante prononcée devant la Samaritaine en Jean 4 23
«Mais l’heure vient, c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs que le père cherche. Dieu est esprit ».
Le don de l’esprit permet de percevoir Dieu à travers son fils et de l’adorer comme père aimant, tel est le culte en vérité caractérisant les temps eschatologiques induits par l’incarnation de Dieu en Jésus.
L’adoration en vérité répond à la première méprise de la foule que j’évoquais plus avant.
Jésus n’est pas venu pour être un roi qu’on adore, qu’on se concilie en offrant des sacrifices.
Jésus est venu pour être suivi sur le chemin qu’il parcourt avant nous en éclaireur.
Pour nous cette heure est l’occasion d’un choix, non pas le choix entre mourir ou ne pas mourir, mais entre être stérile ou fertile.
La dernière parabole prononcée par Jésus est un testament, le grain de blé mourra et portera du fruit en abondance, car il n’est pas besoin de tout faire pour sauver une vie terrestre qui n’est que vanité en regard de l’honneur promis par le père à celui qui suit le chemin du Christ.
Ces grains de blé multipliés constitueront un pain partagé avec Christ à chaque eucharistie.
Mais oui, nous sommes placés devant un choix.
Soit nous choisissons le monde séculier attaché à la gloire humaine, au prestige de la forme extérieure et des apparences, c’est le monde de l’orgueil, celui des ténèbres, de la dissimulation, du mensonge et du jugement,
Soit nous choisissons le monde de la spiritualité, de l’aménité, celui de l’ouverture à tous les autres notamment aux plus faibles dans le respect des enseignements de Jésus.
Dans ces conditions la vie est plus risquée, lui font défaut les protections familiales, les règles de morale, la sécurité liée à la puissance de notre patrie, la richesse matérielle, les instincts de tous ordres.
Il s’agit proclame Jésus de faire le choix de le suivre.
Cela nous mène à aimer moins notre vie en ce monde pour l’éterniser.
Dans nos choix de vie, doit primer ceux conformes au modèle élaboré par Jésus qui nous dit « mettez votre foi dans la lumière ».
Et il ajoute pour tous ceux qui désespèrent devant les difficultés du parcours
« Moi quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi »
Par là il répond à la seconde méprise de la foule, il ne cherche pas à être le roi des seuls juifs, mais de tous les hommes qu’il tracte dans son sillage
L’homme reste libre de céder à la puissance de cette force d’attraction.
Celui qui accepte de suivre Jésus, malgré les risques et les renoncements, s’expose aux coups, car le monde prône l’épanouissement personnel égoïste.
Dans ce monde des apparences, il faut se réaliser, vivre sa vie pleinement en jouissant du maximum de plaisir, quitte à rejeter en dehors de sa voie les compagnons passés de mode ou accidentés de la vie, quitte à exploiter les plus pauvres, quitte à piller la subsistance des affamés, quitte à ravager la planète et compromettre l’avenir de ses enfants.
Le prince de ce monde nous tente de toutes les façons en présentant comme modèle de vie aux hommes, celui des nantis, des plus beaux, des plus forts dont les dons et pouvoirs permettent une tapageuse exposition aux regards des autres.
La culture du clinquant en quelque sorte qui marginalise ceux qu’un destin défavorable a diminué, affaibli.
L’heure est venue, une nouvelle alliance est conclue avec Dieu.
Notre temps s’arrête si nous ignorons l’offre de Dieu, et alors rendus inanimés nous sommes comme morts.
Ton horloge peut redémarrer maintenant si ton regard ne se dérobe plus à celui de Christ.
La prophétie de Jérémie se réalise « Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur, je serai leur Dieu et eux ils seront mon peuple ».
Tel est le choix qui nous est offert jour après jour tout au long de notre vie.
Dieu nous aime tellement, nous espère tellement que la part de Dieu, l’esprit, déposé de façon indélébile dans notre cœur est vouée à triompher, est voué à entrer en résonnance avec le créateur.
Il n’est jamais trop tard comme nous le rappelle la parabole des ouvriers de la dernière heure !
Nous sommes morts si nous ne répondons pas à l’appel, mais comme le clame Christ
« Je vous le dis l’heure vient, c’est maintenant ou les morts entendront la voix du fils de Dieu et ceux qui l’auront entendu vivront » (jean 5 25).

C’est maintenant que je dois et que tu dois choisir, c’est à chaque instant que tu optes pour l’éternité ou la mort.
A la fin du chapitre 12 de l’évangile de Jean, Jésus proclame « Si quelqu’un entend mes paroles et ne les garde pas, ce n’est pas moi qui le juge : car je ne suis pas venu pour juger le monde, je suis venu sauver le monde » (jean 12 47).
Tout est dit, Jésus te précède et t’attends pour que tu le rejoignes.
Amen

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