Jean 14 versets 1 à 12
Pourquoi choisir de
prêcher sur un texte de Jean qui déroute, mais enthousiasme, tant il résonne au
tréfonds de nous même.
Pour ma part, cette
envie d’approfondir les thèmes traités dans ce passage résulte d’une
interrogation, de mon interrogation.
Cette
interrogation, c’est aussi celle de
Pilate face à un Jésus refusant de répondre à ses questions en termes compréhensibles
par un solide soldat Romain plongé dans la rude réalité des combats de tous
ordres.
Pilate exaspéré
s’écrie : es-tu oui ou non le roi des juifs ? Et Jésus répond « c’est
toi qui dit que je suis roi. Moi si je suis né et si je suis venu dans le
monde, c’est pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité
entend ma voix ».
Pilate lassé lui
dit alors « qu’est ce que la vérité ? ».
Et bien je me suis
demandé, comme Pilate, ce que Jésus entendait par l’expression « la vérité ».
En cherchant dans
les textes, je me suis aperçu que le mot « vérité » figurait 45 fois
dans l’évangile de Jean et seulement deux fois dans les évangiles synoptiques.
Paul pour sa part l’utilise à 52 reprises dans ses épitres.
Bien sûr ce
décompte ne tient pas compte de la formule « en vérité » qui émaille tous
les évangiles et est utilisée comme le mot amen pour attirer l’attention sur
l’importance de ce qui va être dit. C’est en quelque sorte le « oyez oyez
braves gens » du garde champêtre battant tambour.
Pour Jean le mot
vérité, si souvent employé, est lourd de sens et fait partie de sa catéchèse,
il sonne particulièrement bien au chapitre 14, en effet nul chrétien n’ignore ce
propos de Jésus proche du slogan
« C’est moi qui suis le chemin, la
vérité et la vie ».
Comment ne pas
songer en écho, au texte d’Exode 3 verset 14 ?
« Dieu dit à Moïse : Je suis
celui qui suis. Et il ajouta : C’est ainsi que tu répondras aux enfants
d’Israël : Celui qui s’appelle "je suis" m’a envoyé vers
vous ».
L’utilisation du
verbe être est en accord profond avec le
terme vie, « c’est moi qui suis » dit Jésus tout comme Dieu est «
je suis ».
Comment ne pas être
ému lorsque Jésus tout proche du supplice de la croix tente de rassurer des disciples
et des foules complètement désorientés, tant par le cours que prennent les
événements que par les propos de Jésus.
Lorsque Jésus
annonce sa mort, les foules juives lui répondent en Jean 12-34 :
« Nous nous avons entendu de la loi
que le Christ demeure pour toujours, comment donc peux –tu dire toi « il
faut que le fils de l’homme soit élevé »
Qui est ce fils de
l’homme ? »
Les deux apôtres
questionneurs du chapitre 14 sont en phase avec cette interpellation, leurs
questions rejoignent celles de ces foules.
Thomas s’exclame nous ne savons pas où tu
vas, comment en saurions nous le chemin et Philippe assène un ordre montre
nous le père et cela nous suffit.
Jésus ne se fait
pas comprendre, il en est terriblement affecté, comme un homme peut l’être par
un échec et c’est ce qu’il exprime par cette déchirante exclamation « il
y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas,
Philippe ! »
L’injonction de Jésus dès le début du texte à savoir « que
votre cœur ne se trouble pas. Mettez votre foi en Dieu, mettez votre foi en
moi » est vaine.
Les cœurs se
troublent et il semblerait que la foi des disciples vacille.
Philippe indique
clairement qu’il ne rentre plus dans les
débats portant sur la complexité de la nature de Jésus. Dorénavant il ne veut
plus passer par l’intermédiaire de Jésus mais veut directement qu’on lui montre
Dieu.
Il ajoute cruellement
un « cela suffit » exaspéré.
Quant à Thomas il
refuse d’entendre le discours de Jésus sur la place qu’il réserve aux fidèles,
car il ne sait pas où va Jésus.
Cette crise de foi
des apôtres ne cessera qu’à l’ultime instant précédent l’arrestation du maître.
C’est ce qui est relaté dans le texte de
Jean au chapitre 16 versets 25 à 33 :
« Je
vous ai dit tout cela de manière énigmatique, mais l’heure vient où je ne vous
parlerai plus de cette manière, mais où je vous annoncerai ouvertement ce qui
concerne le père. … je suis sorti du père et je suis venu dans le monde ;
tandis qu’à présent je quitte le monde et je vais au père » Ses disciples
lui dirent : voici que maintenant tu parles ouvertement et que tu
abandonnes tout langage énigmatique ; maintenant nous savons que toi, tu
sais toutes choses et que tu n’as nul besoin que quelqu’un t’interroge. C’est
bien pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu.
Jésus leur
répondit « Croyez- vous à présent ?
Voici que l’heure
vient et maintenant elle est là, où vous serez dispersés, chacun allant de son
côté, et vous me laisserez seul : mais je ne suis pas seul, le père est
avec moi.
Je vous ai dit tout
cela pour qu’en moi vous ayez la paix.
En ce moment vous
êtes dans la détresse, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde ! ».
Et nous, frères et
sœurs, ne sommes nous pas des Thomas ou des Philippe, exaspérés par le monde en
dérive sur fonds de malheur, d’injustice, de mépris, de cruauté et d’orgueil?
Notre dépit éclate
et nous pousse parfois à fuir au sein de tribus refermées sur elle même ou dans
les paradis artificiels que procurent les drogues de toutes sortes, allant de
la surconsommation de biens matériels ou culturels à la surconsommation
d’alcool, de stupéfiants ou à l’adoption de comportements déviants.
Voyez vous Jésus
vivait dans un monde encore plus repoussant que le notre et la phrase prononcée
au début de son calvaire « prenez courage j’ai vaincu le
monde » prend tout son relief pour nous.
Comment pouvons
nous, nous pauvres milliardième d’humanité, vaincre le monde ?
Changez
radicalement comme l’ont proclamé Jean le Baptiste puis Jésus.
Le moyen de ce
changement est fourni par l’enseignement de Jésus qui nous permet de trouver
un chemin éclairé par la lumière de la
vérité ouvrant à la vie.
Nous sommes des
créatures voulues par Dieu individuellement distinctes les unes des autres.
Uniques en quelque sorte.
Les chemins, que
nous inspirent personnellement le Christ, ne sont pas forcément ceux que
suivent nos frères et sœurs, mais comme l’affirme Jésus « il y a
beaucoup de demeures dans la maison de mon père »
Pour emprunter ce
chemin de vie il nous faut connaître la vérité.
Le terme traduit en
grec par vérité, a en Hébreux plusieurs significations, fidélité, probité,
constance, loyauté.
La vérité dont
parle Jésus c’est la fidélité de Dieu, sa constance dans le projet qu’il s’est
fixé.
Pour découvrir les
projets de Dieu il faut passer par la compréhension du message de Jésus.
Il importe pour le
chrétien de fuir les chemins de perdition en avançant à la lumière de ce qui
est vrai, la paix, l’amour, la joie, le pardon et en fuyant ce qui est
tromperie, la noirceur de la violence, de la haine de la tristesse.
Jean ne cesse
d’ailleurs d’utiliser l’adjectif vrai, le vrai pain du ciel, le vrai cep, le seul vrai Dieu.
Comme l’indique le
psaume 25 lu comme texte du jour et le Deutéronome au chapitre 32 verset 4
« Dieu est le
rocher, ses œuvres sont parfaites car toutes ses voies sont justes, c’est un
Dieu fidèle et sans iniquités, il est juste et droit »
Ce Dieu c’est le
notre, ce n’est pas une idole ou un Dieu folâtre et inconstant.
Dieu est un rocher
il est constitué par la vérité et il a conféré à Jésus le pouvoir de faire connaître ce fait
par la parole, c’est ce que dit Jésus dans Jean 8 versets 31 à 32
« Si vous
demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la
vérité et la vérité fera de vous des hommes libres »
J’ajouterai pour ma
part, la vérité vous fera vivre, car vivre c’est avoir les yeux décillés, c’est
se dresser lorsqu’on est abattu, c’est trouver du sens dans son existence.
Ce sont ces signes
de vie que les miracles de Jésus relatés par Jean signifient, retrouver la vue,
se lever pour cheminer à nouveau.
Sans la vérité
constitutive de Dieu nous sommes des morts vivants désorientés.
Contrairement aux
révolutionnaires qui proclamaient vouloir
vivre libres ou mourir, Jésus nous dit, vivez libres pour éterniser
votre vie.
Mais sachez, comme
dit Paul, que dans le cadre de cette liberté inconditionnelle, tout est permis
mais tout ne convient pas, les chemins de perdition sont ouverts, mais les
chemins de la grâce nous attendent
Vivez libres dès
maintenant en recherchant le Dieu vérité,
notre Dieu, à travers Jésus qui nous dit :
« Amen,
amen, je vous le dis, celui qui entend ma parole et qui crois celui qui m’a
envoyé a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, il est passé de la
mort à la vie» (jean 5-24).
Un jour un
centurion romain qui rendait forcément un culte à l’empereur de Rome considéré comme Dieu, s’adressa à
Jésus en qui il ne voyait à priori qu’un guérisseur.
A aucun moment il
n’eut un mot pour le reconnaître comme étant de Dieu. Toutefois il voulait
sauver son esclave et lui le chef puissant fit, par amour, une démarche impensable.
Hors sens, il
dit « Dis seulement une parole
et mon serviteur sera guéri »
Et Jésus s’exclama
je n’ai jamais rencontré autant de foi chez un homme et le serviteur fut guéri.
Le centurion mû par
une bouffée d’amour s’est fait serviteur de son serviteur, il est devenu vivant, il a été capable de transcender la
morale du monde, il s’est positionné sur le chemin de la grâce car la
vérité s’est imposée à lui. Ce centurion a probablement saisi l’occasion pour
éterniser sa vie en lui donnant un sens nouveau !
Je vous propose de
mémoriser ce résumé de la prédication.
Dieu ne peut être
appréhendé directement par l’homme, il est énergie, information.
Ce qui le fait
exister en nous, c’est le projet qu’il poursuit, cette volonté de transformer
le monde créé en s’appuyant sur le vivant.
La vérité dans ce
contexte est une part de Dieu rendue accessible aux hommes par le Christ Jésus.
Seigneur tu ouvres
à la vie.
Seigneur tu te
tiens à la porte et tu frappes et je voudrais tant t’accueillir pleinement
malgré mes conditionnements et présupposés car c’est toi qui es le chemin, la
vérité et la vie.
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